Ecclésiaste Deudjui

500 articles, ce n’est pas cinq jours !

Ceci est mon 500ème article sur Mondoblog, et cela mérite quelque rétrospection. Car en tant que blogueur, la prolixité ne doit surtout pas devenir anodine. Puisque je n’aurais jamais pu rédiger tous ces billets si ma longévité n’avait duré que cinq jours seulement…


500 camerounaiseries, ce n’est pas cinq jours !

Mes articles sont généralement appelés des « camerounaiseries ». Car en tant que blogueur, j’avais décidé de me spécialiser dans nos camerounités et nos camerounismes, pour décrypter la mentalité camerounaise en utilisant nos divers langages et notre parler local.
Sur Mondoblog, je suis considéré comme un camerounologue. Mes articles ont pour but de raconter une expérience ou un événement que j’aurai vécu, de décortiquer un trait particulier de la psychologie ou la psyché camerounaise, ou alors de commenter une actualité internationale que parallèlement j’ai pu rapporter à la situation camerounaise…
Bref, je suis un écrivain passionné par la vie de mes tendres compatriotes. Et même lorsque je publie des extraits de mes manuscrits en tant que billets de blog, je les considère aussi comme des témoignages que les futures générations pourront lire dans dix ans, quinze ans, quarante ans, lorsque le Cameroun tentera enfin de redevenir un pays normal. Car nos petits-enfants se demanderont certainement un jour, comment est-ce que les Camerounais se comportaient-ils à l’époque du président Paul Biya.


500 lundis, ce n’est pas une semaine

Cela fait exactement huit ans que je publie tous les lundis ! Pourtant au départ, je n’avais pas de calendrier fixe. Je bouillonnais d’inspiration et je mourais d’envie de m’exprimer devant le monde entier, puisque j’étais l’heureux propriétaire d’un blog sur Radio France Internationale…
Au départ, je publiais deux ou trois articles par semaine ! Je les postais à la fois sur Mondoblog et sur mes réseaux sociaux, et ils récoltaient des dizaines et des dizaines de commentaires. J’avais la mauvaise habitude de ne pas répondre à mes followers, d’ailleurs ils ne pouvaient même pas me reconnaître physiquement puisque comme photos de profil, je n’utilisais que des avatars.
Et puis un beau matin, j’ai choisi le lundi. Entre 5 h 05 et 12 h 12. J’ai appris à tempérer mes inspirations foisonnantes, et à planifier mes publications. J’ai appris à peaufiner les articles qui sont dans mes tiroirs et à les programmer, ou à les décaler lorsque survient une actualité forte. Et laissez-moi vous dire que cela n’est pas toujours facile. Cela m’a demandé beaucoup de discipline, et beaucoup de sacrifices. Car il y a des lundis où j’étais sévèrement malade, voire handicapé. Il y a des lundis où j’avais de sérieux problèmes de connexion internet. Il y a des lundis où j’étais en déplacement hors du pays ou en plein voyage. Il y a des lundis où j’étais déconcentré par une cameruineuse du weekend. Et donc, je n’aurai jamais pu publier tous ces articles si ma longévité n’avait duré que le temps d’une petite semaine…


ordinateur article de blog
La rédaction d’un article commence souvent par une page blanche. Source: netoffensive.blog /CC-BY

500 autobiographies, ce n’est pas cinq romans

Ce qui me touche particulièrement dans mon blog, c’est ce que j’appelle les « papiers personnels ». Il s’agit des articles qui font référence à ma vie privée, ou à ma vie intime. Il s’agit des billets de blog qui sont sérieusement authentiques, et dans lesquels je dis des choses que je ne pourrais même pas révéler aux gens qui vivent pourtant à deux centimètres de moi…
Sur mes 500 articles, je parle assez souvent de mon célibat. Je parle régulièrement de ma postérité non procréée (je n’ai pas encore d’enfant) et je parle aussi de mes souffrances. En septembre 2021 par exemple, j’avais beaucoup parlé de la mort de mon père. Comme je parle aussi de l’amour de ma mère, et de la profonde admiration que je lui manifesterai éternellement…
Mes papiers les plus personnels, je les publie surtout le lundi qui suit —ou qui précède— mon anniversaire. Comme j’avais parlé de ma quarantaine, de mon enfance à Edéa, de mes déceptions amoureuses, de l’affection que je porte envers certaines personnes qui heureusement me le rendent en retour, ou encore de mes défauts caractéristiques et de mes angoisses les plus confidentielles…
Chacun de mes articles est une petite partie de moi, un petit bout de mon autobiographie générale. Chacun de mes textes est une trahison de ce que je suis secrètement, intrinsèquement. Chacune de mes phrases est un tissu de vie, une goutte de larme voire un océan de tristesse. Car l’humour que j’utilise souvent peut faire sourire, mais le roman inachevé que constituent mes camerounaiseries est beaucoup plus désobligeant qu’il n’y paraît.


500 000 lecteurs, ce n’est pas cinq visiteurs

Et Dieu merci, j’ai heureusement plein de lecteurs ! D’ailleurs je ne le dis pas pour me gargariser, car ceux qui me suivent savent que la flagornerie et l’égocentrisme n’ont jamais fait partie de mon vocabulaire.
Au bout de 500 articles, j’ai gagné 500 000 lecteurs. J’ai des amis qui sont éparpillés dans le monde entier, et qui sont d’ailleurs installés sur tous les continents. Je suis parfois reconnu dans la rue par des lecteurs fidèles (si, si, j’ai finalement mis une photo de profil), comme la fois où on m’avait reconnu à Logbaba, à la banque UBA de Akwa ou encore à la Bodega ici à Bonamoussadi.
Je ne cherche pas à devenir une star. Je suis pourtant ami avec des célébrités qui m’ont découvert exclusivement à travers ma littérature. Je ne cherche pas à plaire ni à séduire, comme je voulais occasionnellement le faire à mes débuts. Car dorénavant je suis cru, je suis froid, je suis presque impassible lorsque je décris certaines situations et certains personnages comme mon ami Pierre La Paix Ndamè. Je suis véridique et je n’attends presque rien de personne. J’ai déjà fait le tour du continent africain grâce à mon écriture, et pour cela je vous en serai éternellement reconnaissant. Je sais reconnaître les gens qui reconnaissent la bonne écriture, la vraie, et c’est désormais pour eux seuls que je vais écrire. La crise de la bloguantaine que j’ai eue en 2019 et qui a failli me faire abandonner pour de bon, elle est désormais loin derrière moi.
Puisque j’ai une lourde responsabilité, celle de ne jamais décevoir tous ces milliers de lecteurs anonymes qui ont déjà placé toute leur confiance en moi…


capture achouka.mondoblog.org
Voici à quoi ressemblait l’interface de mon blog, à ses origines. Capture: Ecclésiaste Deudjui /CC-BY

500 articles publiés hein, ce n’est pas en cinq jours !

Donc ceci représente mon 500ème article sur Mondoblog, et cela méritait quelques rétrospections. Car en tant que blogueur, la prolixité ne doit évidemment pas devenir un fait anodin. Puisque je n’aurais jamais pu rédiger ces nombreux billets si ma longévité n’avait duré que cinq jours seulement…

500 articles, ce n’est pas cinq membres ! J’avais créé un groupe sur Facebook qui contient plus de 70 000 personnes, et je suis honoré de constater que je demeure une source d’inspiration pour de très nombreux blogueurs.
500 articles, ce n’est pas une personne ! Je fais partie des pères fondateurs de l’ABC, l’association des blogueurs du Cameroun que nous avons érigée en août 2017, et qui est devenue une référence internationale en termes d’activités sur le blogging.
500 articles hein, cela ne se rédige pas en cinq minutes seulement, puisque j’avais débuté sur Mondoblog le lundi 22 septembre 2014, à 21 heures…

Et paradoxalement, je n’ai pas vu le temps passer. Après neuf années d’écriture et d’observation de la mentalité camerounaise, j’ai conservé la même envie et le même engouement. Je suis devenu certainement plus mature, un peu moins émotionnel et invariablement plus exigeant. Mais malgré toute ma modestie, je suis bien obligé de reconnaître que les 500 articles que je viens de publier sur Mondoblog, c’est vraisemblablement un exploit.
Parce que c’est le genre de choses que vous ne pourriez jamais réaliser en  cinq jours seulement…


Ecclésiaste DEUDJUI, 500 articles, c’est toute une vie !
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À quoi ressemble la prostitution camerounaise ?

Je ne viens pas vous parler de la vente de piment qui a lieu à travers les réseaux sociaux, et qui est pratiquée par la plupart de nos influenceuses.Mais plutôt à quoi ressemble la prostitution de rue ici au Cameroun…


À quoi ressemblent les prostituées

Pour faire simple hein, ce sont des filles désespérées ! Je dirais même de vieilles femmes désespérées ; puisqu’il y en a qui sont entrées dans ce « métier » depuis leur plus tendre jeunesse, et qui pourtant sont dorénavant devenues des septuagénaires…
Les prostituées ne sont pas des filles qui rêvaient de devenir des prostituées. Ce sont de jeunes femmes qui s’y sont retrouvées par précarité ou alors par déperdition scolaire. Parfois c’est une grossesse inopinée qui les a plongées dans cet engrenage irréversible (puisqu’elles y seront condamnées jusqu’à la septantaine), ou alors parfois c’est tout simplement la drogue. Ce sont parfois des filles abandonnées qui ont grandi dans un environnement social défavorisé, sans aucune autorité parentale responsable. Mais, parfois aussi, et il faut bien le reconnaître, ce sont souvent des demoiselles qui ont librement choisi cette activité parce qu’elles aiment consommer l’alcool, la cigarette, la vie facile, l’argent facile, et aussi parce qu’elles aiment se retrouver régulièrement dans les ambiances et dans les réjouissances.
Les prostituées du Cameroun ne ressemblent pas forcément à nos vendeuses de piment qu’on retrouve sur SnapChat et sur WhatsApp. Certaines sont de jolies filles, et d’autres ont le corps meurtri de cicatrices. D’aucunes sont de petites adolescentes qui viennent à peine d’atteindre leurs dix-sept ans ou bien leurs dix-huit ans, mais qui se positionnent gaillardement tous les soirs devant des ruelles mal éclairées. Les déceptions amoureuses et les désillusions de la vie leur ont rempli le regard, au point où elles ont décidé de brader leur intimité et leur sexualité ; ce qui est pourtant censé être la chose la plus précieuse que devrait préserver une valeureuse femme camerounaise.


À quoi ressemble la prostitution ?

Je vous ai parlé des prostituées, mais la prostitution c’est encore pire ! Surtout la prostitution camerounaise. Parce que cela se passe dans des chambrettes, sur des matelas mal cousus, lorsque cela ne se passe pas sur des cartons déchirés et déchiquetés tout simplement…
Je viens de parler de « passe », parce que c’est de cela qu’il s’agit. La fille t’entraîne derrière un dédale labyrinthique d’un bâtiment en cours de construction, et c’est à même le sol que vous allez terminer votre petite affaire […] Ça se passe en quelques secondes seulement, comme si tu étais atteint d’éjaculation précoce comme mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè.
Les filles qui font la prostitution au Cameroun n’ont pas de temps à perdre ! Elles ont déjà perdu presque toute leur sensibilité émotionnelle : elles n’ont plus honte, elles n’ont plus peur, elles n’ont plus d’états d’âme et elles n’ont plus aucun scrupule. Elles se dénudent sur les bords des rues au vu et au su de tous les passants, devant les phares des voitures, et cela ne les indispose aucunement. Elles se déshabillent à longueur de journée devant des inconnus qui les trouvent parfois splendides ou hideuses, mais elles ne se focalisent plus sur ces appréciations-là. Elles traînaillent dans les bordels jusqu’au milieu du petit matin, sans aucune frayeur, et elles frayent avec des braqueurs et des agresseurs qui sont surtout des protecteurs pour elles, plus même que les éléments de notre Police et notre gendarmerie qui les rackettent systématiquement tous les soirs.
La prostitution camerounaise est crade ! Lorsque les filles ne sillonnent pas les trottoirs dans les sous-quartiers et dans les élobis, elles sont parquées dans des auberges mal loties où elles payent un loyer exorbitant à la fin de chaque nuitée. Elles multiplient les passes afin de rentabiliser leur activité peu rémunératrice, puisque le prix de la marchandise est relativement très insignifiant. Elles se fichent pas mal de leur santé biologique puisqu’elles respirent des odeurs irrespirables, elles mangent dans des conditions d’insalubrité inimaginables, et elles se mélangent avec des clients dont l’hygiène corporelle est… comment dire ça… incroyablement insupportable !
Sans parler de celles qui happent leurs clients et qui les emmènent derrière des bosquets publics, comme j’avais vu l’autre jour en plein carrefour ici au quartier Bonamoussadi…


Girls as young as 12 are working in the prostitution ring to survive in the slums of lagos, nigeria
Les prostituées camerounaises sont souvent parquées dans des chambrettes insalubres qu’elles doivent payer tous les soirs. Source: cameroun-muntunews.com /Image reprise sous autorisation

À quoi ressemblent les proxénètes ?

Ce que je trouve le plus effroyable dans cette affaire, ce sont les proxénètes. Les maquereaux, si vous préférez. C’est-à-dire des mecs qui vivent exclusivement de l’activité de péripatéticienne de leur petite amie, ou alors ceux qui ont pour profession de nettoyer les chambrettes, de faire payer des tributs aux filles tous les soirs, de les prostituer exagérément voire de les esclavagiser…
Lorsque j’étais un étudiant à Ngoa-Ekellé, j’avais vu un gars qui tenait sa lampe-tempête dans l’obscurité, et qui collectionnait les 200-200 francs à chaque fois qu’une fille venait utiliser l’un de ses minuscules espaces. Et ici à Douala, c’est grave ! Les proxénètes sont nombreux devant les « comptoirs » de ces filles, avec leur attitude patibulaire et leur apparence de délinquants récalcitrants et de tortionnaires. Les proxénètes de Douala demandent aux clients de se dépêcher lorsque ceux-ci ont déjà assez duré avec la prostituée, parce que le temps c’est de l’argent. Nos proxénètes défient la Police lorsqu’il y a des rafles, et ils se portent même souvent caution de ces pauvres filles. J’ai même envie d’imaginer que ce sont eux qui font prospérer cette activité dans nos deux grandes métropoles, même si ça reste tout de même l’un des plus vieux métiers de l’univers.
Mais je suis quand même un peu dégoûté par ce type de gangsters. Car ils tirent leurs dividendes de la prostitution de ces misérables filles innocentes, ils les martyrisent et ils les surexploitent à outrance. On dirait que ce que je voyais dans les films américains existe bel et bien ici dans notre pays le Cameroun…


À quoi ressemble cette profession ?

C’est le plus vieux métier du monde, comme j’ai dit tout à l’heure. C’est un « travail » qui ne disparaîtra jamais de la surface de la Terre. C’est une activité inhérente à la réalité de la bestialité humaine, puisque le sexe fait partie intégrante de notre animalité la plus élémentaire…
C’est une conséquence de la promiscuité financière. Pauvreté mentale, spirituelle, éducationnelle ou pécuniaire. Parce que la plupart des filles de joie sont persuadées qu’elles ne perdent rien du tout en offrant leur corps, et pourtant elles perdent beaucoup de choses sur leur aura et sur leur bonne fortune. La plupart de ces filles qui pratiquent la prostitution y sont entrées par effraction, par accident ou par hasard. Elles ont pensé résoudre un problème temporaire après lequel elles retrouveraient une vie presque normale, mais hélas, elles ne redeviendront plus jamais les filles ordinaires qu’elles étaient pourtant auparavant. Elles finiront par cracher sur la société à force de désespérance, elles s’accoutumeront malheureusement à la chosification masculine dont elles sont victimes, et elles en voudront involontairement aux autres filles qui ne donnent pas leur sexualité à n’importe qui, et qui leur apparaissent indiscutablement comme étant « épousables ».
Les filles qui pratiquent cette activité déshumanisante y vieillissent sans même s’en rendre compte. Elles ne sont pas enregistrées à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), elles n’ont pas de salaire ni de plan de retraite, et elles sont devenues des parias dans la société mais également pour leur entourage. Elles ont vite compris que c’est difficile pour un homme acceptable de les accepter avec cette déformation de la vie nocturne, et elles ont fini par se faire une raison. Elles traînent de bars en bars et d’auberges en auberges, en fonction des opportunités et des saisons. Parfois elles changent de ville pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Elles promettent de quitter cette activité avilissante le plus rapidement possible, mais qu’est-ce que tu veux bien qu’elles fassent d’autre ? Hein ? Rien du tout ! À part se déshabiller et enfiler des préservatifs à longueurs de journées, qu’est-ce qu’elles ont bien appris à faire d’autre ? Hein ?
Et même lorsque vous souhaitez les réinsérer socialement, vous perdez votre temps puisqu’elles retourneront inéluctablement vers cette activité de dévergondage.


des prostituées camerounaises qui discutent en journée
Les prostituées sont généralement encadrées par des proxénètes. Source: griote.tv /Image reproduite sous autorisation

À quoi ressemble la vraie prostitution au Cameroun ?

Donc je ne viens pas ici pour vous parler de la vente de piment qui a lieu sur Instagram ou sur TikTok, et qui est pratiquée par la plus grande majorité de nos filles sur internet. Mais plutôt à quoi ressemble réellement la prostitution de rue ici au Cameroun…

À quoi ressemble la prostitution camerounaise ? Cela ressemble à un fourre-tout, à une échappatoire, surtout dans une société où les femmes démunies sont généralement condamnées au dénuement et à l’indigence.
À quoi ressemble la prostitution au Cameroun ? Cela ressemble à un esclavagisme moderne, individuel, volontaire, inextinguible. C’est une forme de protestation pour certaines femmes qui estiment qu’elles ont été délaissées et abandonnées par nos autorités gouvernementales.
À quoi ressemblent finalement les prostituées ici au Cameroun, puisqu’il n’y a jamais eu de recrutement mais leur nombre ne fait que se multiplier de jours en jours…

Mais c’est parce que le pays est dur, même si je ne souhaite aucunement leur accorder une quelconque circonstance atténuante. C’est parce que la société ferme les yeux sur ce phénomène qui est pourtant ostentatoire et criard, de jour comme de nuit, et qui n’a rien à voir avec la pimenterie sophistiquée que vous pouvez consommer à travers les réseaux sociaux.
Car la vraie prostitution hein, c’est une expérience qui va vous bouleverser durant tout le restant de votre vie !


Ecclésiaste DEUDJUI, à quoi ressemble la bordellerie ?
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Le Moulinex, les bendskineurs et les agresseurs…

Pour lutter contre l’insécurité, le ministre de l’administration territoriale a déclaré qu’il était le Moulinex, et les bendskineurs récalcitrants des condiments qu’il fallait absolument qu’il écrase.
Mais au fait, est-ce que c’est de cette manière qu’il pourra rétablir l’ordre public ?


C’est quoi un Moulinex ?

Dans son propos de menaces, le ministre de l’AT a déclaré que « Le maintien de l’ordre public c’est le Moulinex, et les malfaiteurs sont des condiments. » Sauf que le ministre Atanga Nji a oublié que le mot Moulinex représente plutôt une marque de mixeur, à moins qu’il en ait voulu faire la publicité de manière assez subliminale…
Il existe plusieurs fabricants de mixeurs : Philips, Braun, Bosh, Kenwood, Beko, Moulinex et j’en passe ! Notre ministron aurait pu au moins se prévaloir de quelques précautions oratoires, ou du moins ceux qui lui ont suggéré une telle sortie de piste. Même si, pour sa défense, on peut subodorer qu’il a peut-être voulu utiliser un vocabulaire qui serait compréhensible par ses bendskineurs et camionneurs d’interlocuteurs…


Qui est le ministre de l’administration territoriale ?

Paul Atanga Nji, c’est le ministre camerounais de l’administration territoriale. Le type s’est fait remarquer à travers ses saillies verbales, ses menaces répétitives à l’endroit de certains partis politiques comme le MRC, et surtout son regard assez antipathique et patibulaire.
Paul Atanga Nji, c’est celui qui avait dit une fois qu’il allait nous envoyer des serpents affamés. C’est lui qui avait conseillé que « Quand on vend les œufs, on ne cherche pas la bagarre. » C’est encore Paul Atanga Nji qui avait inventé la formule de « la lecture de l’heure », que tous les Camerounais utilisent aujourd’hui presque quotidiennement…
C’est un ministre belliciste, un administrateur provocateur qui s’inscrit systématiquement dans la confrontation (même avec des généraux d’armée), et qui finit toujours ses interventions par l’interpellation du chef de l’Etat, son Excellence monsieur Paul Biya. Paul Atanga Nji est devenu l’un des dirigeants les plus populaires auprès de la jeunesse camerounaise, puisqu’il est régulièrement cité, parodié, imité, caricaturé, trollé, moqué, paraphrasé, parce que ses admonestations sont en réalité beaucoup plus hilarantes que réellement très effrayantes.


des bendskineurs dans les rues de Douala
Les bendskineurs sont de plus en plus nombreux dans les villes du Cameroun. Source: actucameroun.com /CC-BY

Bendskineur = agresseur ?

Et là où il se trompe, notre ministre, c’est que « bendskineur » ne signifie pas « agresseur ». Parce que même si des bandits de grands chemins opèrent à l’aide de motos lors de leurs funestes exactions, cela ne signifie pas que ces derniers sont consubstantiellement des bendskineurs.
Là où le MINAT se trompe, c’est qu’il ne faut pas semer la confusion au sein de cette population pourtant débrouillarde. Car les bendskineurs sont la conséquence d’une politique sociale et de scolarisation qui a échoué. Les bendskineurs sont le produit du sous-emploi excessif, du chômage massif de nos jeunes délaissés et désorientés, et d’une absence totale de vision économique tendant à nous conduire véritablement vers l’émergence.
Et au lieu de les combattre continuellement, on devrait plutôt chercher à les assagir. On devrait régulariser et assainir ce milieu qui est devenu hyper désorganisé, et on devrait traquer ceux qui se camouflent derrière les bendskineurs pour tenter toujours de leur faire jeter l’opprobre. Et rien que pour ces raisons-ci, je trouve inadmissible qu’on continue de les considérer irrespectueusement comme des condiments.


La violence d’en haut est comme la violence d’en bas…

Pour vous dire vrai hein, le désordre qui sévit en milieu bendskineurs et chauffeurs camions, c’est l’exacte réplique du désordre violent qui s’est instauré au sein de notre élite dirigeante. Parce que nos ministres volent des milliards de francs CFA en plein jour, et personne ne leur réclame jamais rien ! On connaît tous leurs scandales sur le bout des ongles, mais ces personnalités ne sont jamais inquiétées. Il y a le détournement de la Covidgate, il y a le braquage du stade Olembé, il y a les chantiers routiers qui ne sont jamais achevés ni livrés, il y a les projets énergétiques et leurs maquettes qui passent au journal de la CRTV, et cætera, et pourtant nous perdons beaucoup d’argent sans jamais daigner oser le revendiquer…
Les agressions qui ont lieu à petite échelle, dans nos sous-quartiers et dans nos ruelles, c’est la conséquence directe de l’impunité qu’on observe au plus haut sommet de notre République. Car pourquoi voulez-vous qu’un individu comme Pierre La Paix Ndamè se prive de cambrioler une boutique, lorsque les prévaricateurs de la fortune publique circulent librement en toute impunité ? Comment voulez-vous faire comprendre à un petit voleur de chèvre, qu’il est plus dangereux que les gens qui avaient détourné les camions de riz de la société Orca ? Comment peut-on stopper les crimes rituels barbares, les agressions diurnes et nocturnes, les assassinats crapuleux ou passionnels, lorsque la rumeur circule que parmi nos propres dirigeants, il y en a qui exercent la sorcellerie et même des exécutions sacrificielles, uniquement dans le but de se maintenir ad vitam æternam au pouvoir ?


Paul Atanga Nji devant des micros
Paul Atanga Nji est le sulfureux ministre de l’administration territoriale au Cameroun. Source: ocamer.com /CC-BY

Le mixeur, les moto-taximen et les agresseurs…

Donc pour lutter contre l’insécurité croissante, le ministre de l’administration territoriale a déclaré qu’il était le Moulinex, et les bendskineurs récalcitrants des condiments qu’il fallait absolument qu’il écrabouille.
Mais au fait, est-ce que c’est de cette manière qu’il pourra sereinement rétablir la tranquillité ?

Le Moulinex, les bendskineurs et les agresseurs ! Atanga Nji s’est exprimé devant les syndicats de mototaxis et de camionneurs, et il a promis la plus grande fermeté en ce qui concerne la sévérité dans le maintien de l’ordre public.
Les arachides, le ndjansang et l’ail ! Ce sont ces trois condiments que le ministre a pris en exemple, promettant d’en faire une pâte alimentaire avec laquelle il comptait sûrement réaliser sa sauce d’arachide.
Le Moulinex, les transporteurs et les malfaiteurs, mais au cœur de triangle il y a de nombreux Camerounais qui sont des victimes.

Parce que rien que pour le mois d’août 2023, Yaoundé a dénombré 700 cas d’agressions, 300 cas de viols, 110 détournements d’itinéraires et 900 cas d’accidents graves, dont certains des blessés resteront des handicapées durant tout le restant de leur existence. Il s’agissait donc là d’une question de sécurité nationale, puisque la situation est sensiblement similaire —et même plus grave— ici dans la ville de Douala.
Mais au fait hein, est-ce que c’est avec un simple mixeur que nous pourrons rétablir cet ordre public ?


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Il faut radier Martin Hongla !

Un footballeur international qui tient des propos tribalistes, tendant à semer la division et à propager la xénophobie au sein de la population camerounaise, c’est tout simplement inacceptable !
Et c’est pour cette raison qu’il faut radier Martin Hongla…


Des propos tribalistes

Dans une conversation sur SnapChat, l’international camerounais Martin Hongla a déclaré que « Dans notre famille, on n’épouse pas les filles bamilékés ! »
Quel blasphème ! Déjà que de par sa stature, il n’aurait pas dû proférer de telles paroles sur un réseau social, avec tous les risques que cela encourt. Cela dénote un caractère ostraciste de la part de sa famille, mais aussi des relents de xénophobie manifeste. Et puis, pourquoi avoir ciblé une tribu spécifique en particulier, alors que sa réponse aurait pu être intelligemment généralisée ?
Le pire, c’est que dès le lendemain de cette polémique, Martin Hongla s’est affiché en compagnie de son épouse (une Bassa’a comme lui), chantant fièrement en langue vernaculaire. Comme pour narguer tous ceux qui ont été offusqués par ses propos maladroits, au lieu de procéder plutôt à son mea culpa en public. Une façon ostentatoire d’assumer son dérapage, et de laisser paraître qu’il n’est pas du tout contrarié à l’idée d’avoir été interprété comme un tribaliste anti-bamiléké.


Un contexte général mais dissimulé

Je l’ai répété à l’envi : ce que Hongla a dit n’est pas fondamentalement inédit. D’ailleurs cela s’entend dans presque toutes les familles camerounaises, où on dit souvent aux garçons que « Je ne veux pas que quelqu’un me ramène une fille du village X dans notre famille ! »
Cela est bien courant. Sauf que cela se dit en sourdine, et principalement en privé. Cela n’empêche pas les Camerounais de se marier de manière interethnique dans les mairies d’arrondissements, et cela ne perturbe pas le moins du monde notre vivre-ensemble.
Sauf que, dans le cas de Hongla, il l’a dit en public, ou du moins en privé sur une plateforme qui appartient à l’espace public. Et de ce fait, compte tenu de sa personnalité, en tant que Lion indomptable sénior, il aurait dû mesurer la teneur de ses déclarations. Il aurait pu le dire subtilement d’une autre manière, ou alors se débiner astucieusement. Car la question des origines tribales avant le mariage se pose pour presque tous les Camerounais, mais elle n’a jamais empêché une véritable union entre deux compatriotes qui s’aiment, ni ciblé une aire géographique spécifique en particulier. Et de surcroît, le joueur aurait dû faire profil bas après que ses propos ont involontairement fuité, ce qu’il n’a malheureusement pas eu la bonne idée de faire immédiatement.


La minute d’Ecclésiaste au sujet des propos tribalistes de Martin Hongla

Lettre ouverte aux soutiens de Hongla

Et à tous ceux qui soutiennent Martin Hongla, je vous informe que vous ne perdez rien pour attendre. À tous ceux qui proclament « qu’il a bien parlé », « qu’il n’est pas hypocrite » et que sais-je encore, je leur rappelle que les conflits interethniques ont une date de déclenchement qui est connue, mais qu’on ne sait jamais quand est-ce qu’ils pourront définitivement se terminer.
L’exemple du NoSo nous le rappelle à escient, cette crise séparatiste qui s’est déclenchée sur un simple petit malentendu. Le cas du Rwanda peut aussi faire école. Car à cause d’un minuscule quiproquo, le 6 avril 1994, les Hutus et les Tutsis s’étaient déchiquetés à coups de machettes et de haches, pour un bilan inimaginable de 800 000 morts en quatre-vingt-dix jours seulement…
À tous ceux qui disent que Martin Hongla est un héros, je les rassure qu’ils ne perdront rien pour attendre. Car c’est le tribalisme et la xénophobie qui ont conduit l’humanité à l’esclavage, à l’apartheid ou encore à l’extermination des peuples juifs. C’est le tribalisme qui est la cause des génocides, des guerres civiles et des razzias. Les gens qui minimisent les propos de Martin Hongla, et qui le soutiennent tels des imbéciles, ils ne mesurent pas les enjeux de telles déclarations. Ils ne savent pas que la guerre dans un pays commence par de petites phrases mal positionnées, par des idées vénéneuses qui finissent par s’implanter au sein d’une population potentiellement belliqueuse. Ils n’ont pas compris que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, surtout lorsque nous vivons dans un contexte aussi explosif que celui de notre pays le Cameroun.
Et lorsque la guerre arrivera, je vous promets que les soutiens de Hongla seront les tout premiers à le regretter du fond de leur chair, et à souhaiter que les hostilités s’arrêtent le plus rapidement possible.


Le Cameroun a besoin de l’unité nationale

Car en ce moment, le Cameroun vogue sur des braises ardentes. Nous avons des tensions sociales à tous les niveaux de notre société, et toutes ces énergies négatives peuvent provoquer une détonation à tout moment.
Nous avons la question de la transition présidentielle qui interroge. Nous avons les problèmes de la vie chère. Nous avons besoin de l’électricité, de l’eau et des routes accessibles. Nous avons le problème des enseignants qui ont déjà trop supporté. Nous avons la question du chômage. Nous avons les affaires foncières qui sont une véritable bombe à retardement. Et avec tout ceci, vous voulez également nous rajouter des conflits inter-tribaux ?
Martin Hongla n’aurait pas dû dire ce qu’il a dit, et pour cela il doit être radicalement suspendu. Radié à vie ! Martin Hongla s’est positionné en leader d’une fibre tribaliste haineuse, bien malgré lui. Le Cameroun n’a pas besoin de fixation ou de stigmatisation sur une tribu particulière, et je ne le dis pas uniquement parce que je suis un ressortissant de la communauté bamiléké.


Il faut immédiatement radier Martin Hongla !

Donc un footballeur international qui tient des propos tribalistes, tendant à semer la division et à propager la xénophobie au sein de la population camerounaise, c’est tout simplement abject et impardonnable !
D’ailleurs c’est pour cette raison qu’il faut sévèrement punir Martin Hongla…

Il faut suspendre Martin Hongla ! C’est un footballeur que j’aimais bien jusqu’à présent, mais ses sorties sont maladroites, impromptues, et sa radiation devrait permettre de restaurer la sérénité au sein de la tanière des Lions indomptables.
Il faut suspendre Martin Hongla ! Cela serait un message clair et limpide, signifiant à tous les Camerounais qui veulent s’opposer à notre cohésion nationale, que nous ne laisserons pas la xénophobie prospérer au sein de de notre population pacifiste.
Il faut radier Martin Hongla de notre sélection nationale préférée, et cela pour une durée incompressible de quatre-vingt-dix-neuf ans !

Parce qu’il n’a jamais été un joueur indispensable à notre équipe ; il est un footballeur moyen qui végète dans les clubs européens de seconde zone, et il est déjà arrivé au maximum de ce qu’il pouvait représenter dans le monde du football. Martin Hongla vient de dégrader son image, il a attiré une lumière négative sur sa personnalité dorénavant détestable, et maladroitement il s’est fait plein d’ennemis.
On n’a jamais eu besoin de tribalistes comme Martin Hongla ici au Cameroun.


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L’éducation à la gestion financière au Cameroun

Je connais beaucoup de Camerounais qui sont plus nantis que moi, mais paradoxalement ils sont toujours en difficulté pécuniaire. Et vous savez pourquoi ? C’est parce qu’ils n’ont pas été initiés à une bonne éducation à la gestion financière…

Règle N°1 : l’humilité

La première leçon si vous souhaitez ne pas avoir de problèmes d’argent, c’est de savoir rester simple ! Vous devez cultiver votre humilité pour ne pas prioritairement chercher à impressionner votre entourage, sinon vous foncerez tout droit dans le mur !
La simplicité, ça se travaille. La modestie doit devenir votre seconde nature. L’imitation et la comparaison doivent disparaître de votre vocabulaire. Il faut savoir que ce que vous possédez réellement, c’est beaucoup plus important que ce que les autres croiront que vous possédez. Parce que parmi mes amis qui sont riches, il y en a qui ont des revenus incroyablement exorbitants. Mais paradoxalement ils sont toujours en difficulté pécuniaire, parce que bien souvent, ils vivent bien au-dessus de leurs moyens. Ils s’engagent aussi régulièrement dans des dépenses qui sont davantage ostentatoires que réellement nécessaires…
N’achetez pas des choses superflues juste pour épater la galerie. N’organisez pas des cérémonies dispendieuses pour impressionner votre voisinage. Apprenez à maîtriser méticuleusement quels sont vos revenus réels, et surtout quelles sont vos charges impondérables. Pensez aussi à épargner. Ne vous mettez pas dans la peau d’un milliardaire alors que vous n’êtes qu’un prolétaire, et surtout cultivez incessamment votre humilité. Si on vous demande de faire une dépense alors que vous sentez que vous en êtes incapable, répondez tout simplement que « Je ne peux pas ! »

La gestion des dettes

Je vous avais déjà dit ici que je ne vais plus jamais prêter mon argent à un Camerounais ! Parce que quand ils te demandent un emprunt ils sont toujours obséquieux et mielleux, mais dès que tu leur réclames ton remboursement ça devient que « Mon frère, il y a même quoi avec toi ? À cause d’une maigre petit dix mille francs que tu m’as prêté, je ne vais plus respirer avec toi ? »
Vous voyez alors les Camerounais ?
Bref, je n’aime pas prêter de l’argent mais je n’en emprunte pas non plus. Parce que la deuxième leçon, c’est d’emprunter de l’argent exclusivement en cas d’extrême nécessité ; ou en cas d’urgence !
Il y a des femmes ici qui s’endettent pour aller s’acheter des mèches brésiliennes (ce n’est pas la sorcellerie ça ?). Il y a des hommes ici qui s’endettent pour aller s’acheter une nouvelle voiture. Il y a même de petits adolescents qui s’endettent auprès de nos opérateurs téléphoniques MTN et Orange, parce qu’ils ont besoin de quelques forfaits data pour aller se pavaner inutilement sur TikTok… Tsuip !
La dette doit être quelque chose de rentable ou bien de viable. Si vous voulez prendre un crédit, ça doit être pour vous rapporter de l’argent. Ça doit être pour acquérir un matériel de travail, financer une formation ou un apprentissage, ou alors pour rémunérer l’un de vos prestataires. Vous devez engager des dettes uniquement si elles sont productives ou vitales, et vous devez maîtriser les mécanismes qui vous permettront de les rembourser sans toutefois vous mettre en difficulté…

Homme qui utilise son téléphone et sa carte de crédit
Très peu de Camerounais tiennent un journal sur leurs dépenses et leurs avoirs au cours d’une période donnée. Source: wearetech.africa /Image reprise sous autorisation

La discipline financière et la rigueur

La discipline financière c’est un peu comme l’humilité, sauf que c’est un peu plus compliqué à pratiquer pour certaines personnes.
Je m’explique : tu as de l’argent dans ton compte en banque ou alors dans ton Orange money, mais tu refuses de t’accorder certains plaisirs tant que cet argent est insuffisant pour réaliser tous tes projets. Hein ? Combien de Camerounais sont-ils capables de tenir cette discipline ?
Parce que dès que quelqu’un a un peu de « riz » ici à Douala, c’est toute la République qui doit le savoir ! Alors que la rigueur financière nécessite une certaine astreinte, et que pour bien gérer son argent, il faut souvent savoir faire des sacrifices. En français facile, cela signifie qu’il faut savoir faire des privations. Car ce n’est pas parce que tu as un peu d’argent que tu dois te permettre le luxe de t’acheter tout ce que cet argent pourrait t’offrir, sinon tu vas rapidement te retrouver complètement déplumé. Ce n’est pas parce que tu as gagné 50 000 FCFA au cours d’une petite transaction, que tu dois aller offrir la bière à tous les gens du carrefour pour que des inconnus t’appellent « président ». Ce n’est pas parce que tu viens de percevoir ton salaire, que tu dois absolument aller déguster les escargots ou les gambas dans un restaurant VIP de Bonapriso. Non, non et mille fois non !
Il faut savoir rester sobre. Il faut parfois savoir se faire violence. Il faut être frugal, et se contenter du strict nécessaire. Il faut se concentrer sur les dépenses prioritaires et se distancer des appétences qui sont superfétatoires. Il faut quelquefois se faire plaisir aussi de temps à autre, bien sûr, bien évidemment, mais sans jamais se lancer dans les folies et les excès. Et si vous souhaitez réaliser un gros achat ou alors une dépense qui est relativement importantissime, rassurez-vous au préalable que cet investissement ne va absolument pas vous mettre en difficulté !

L’anticipation des dépenses

Il faut savoir anticiper sur vos dépenses. Je veux dire, il faut éviter d’être surpris. Car si vous êtes un bon gestionnaire, vous devez déjà identifier complètement quelles sont vos charges fixes. Vous devez savoir que vous avez le loyer à payer, le câbleur, les factures d’eau et d’électricité, les imprévus, les maladies, la bouteille de gaz, etc.
Évitez d’être désorientés par des choses qui sont pourtant prévisibles et même anticipables. Si vous devez rencontrer votre bailleur à la fin du mois, commencez déjà à réserver son argent au moins deux semaines à l’avance. Si vous savez que vous ne gagnez pas beaucoup d’argent, évitez de multiplier les conquêtes féminines et les rendez-vous galants qui vous coûtent une fortune. Si vous êtes un modeste salarié ou pourquoi pas un simple petit jongleur, pourquoi absolument vouloir faire une dizaine d’enfants uniquement pour démontrer que vous êtes un véritable Bantou ? Hein ? Vous faites même ça comment ?
Selon votre budget, il faudra impérativement prévoir les imprévus, et cela vous évitera de contaminer vos urgences à votre entourage. Il faut vivre selon vos moyens, et ne pas vous engager sur des choses qui vont vous rattraper plus tard. Il ne faut pas chercher à vivre comme mon ami Pierre La Paix Ndamè, parce que vous ne connaissez pas l’origine de sa fortune et vous ne savez pas comment il a travaillé pour accumuler tout cet argent. Il faut contrôler vos entrées et vos sorties. Il faut éviter d’être à la merci de son employeur et même de la vie en général, c’est-à-dire que vous devez être capables de survivre presque normalement (pendant au moins six mois) même lorsque vous venez de perdre votre travail !

FCFA / Tyck via Iwaria

L’éducation à la rationalité financière

Donc je connais beaucoup de Camerounais qui gagnent bien leur vie, mais paradoxalement ils sont toujours en difficulté pécuniaire. Et vous savez pourquoi ? C’est parce qu’ils n’ont pas encore été initiés à une bonne éducation à la gestion de leurs finances…

L’éducation à la comptabilité ! Si vous voulez bien gérer votre argent, vous devez déjà parfaitement maîtriser ce que vous gagnez, ce que vous dépensez et ce que vous investissez durant une période bien déterminée.
L’éducation à la responsabilité ! Car bien gérer son argent, c’est surtout le dépenser de façon responsable. C’est assumer pleinement les charges qui s’avèrent indispensables, au détriment des nombreuses dépenses qui sont souvent facultatives voire surérogatoires.
L’éducation à la gestion financière, c’est un cours d’éducation civique que l’on devrait enseigner à tous les Camerounais.

Parce que je connais beaucoup de compatriotes qui gagnent beaucoup d’argent, mais paradoxalement ils sont systématiquement toujours foirés ! Ils sont généralement endettés pour la plupart, et quand ils gagnent un petit gombo ils vont immédiatement le dilapider dans les inutilités. Et si tu viens leur parler de la gestion de leur argent, ils vont te demander que « Ah’ka, c’est ça qu’on mange ? », puisqu’ils savent qu’ils pourront régulièrement compter sur la générosité d’un parent ou bien d’un ami.
Alors que tout le monde peut être riche hein, mais à condition de savoir parfaitement manipuler et bien rentabiliser son argent.


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Sodoma e Camaroès

Mon pays est devenu un territoire de dépravation morale et de déliquescence des mœurs. Et au lieu d’une « Rivière des crevettes », j’ai plutôt l’impression que nous sommes en train de retourner à l’époque de Sodome et Gomorrhe…


Sodomie et Camaroès

Mon pays est devenu un territoire de sodomie généralisée ! Parce que non seulement l’homosexualité a désormais pignon sur rue, mais les pratiques sexuelles entre les hétérosexuels sont dorénavant de moins en moins orthodoxes…
On a les partouzes, les gangs-bangs, les fist-fuckings et que sais-je encore… On a les gadgets sexuels et les poupées gonflables qui se vendent comme des petits pains, et pourtant ils coûtent généralement une fortune.
La « Rivière des crevettes » que les Portugais avaient découverte autrefois, est devenue un territoire de dévergondage sexuel et de perversité généralisée. La prostitution de rue s’affiche à tous les carrefours, et la vente du piment se fait dans les milieux publics en plein jour, ou sur les réseaux sociaux à longueur de journée. Les hommes et les hommes pratiquent la sodomie entre eux pour des raisons émotionnelles ou bien financières, ou alors pour accéder à des nominations ou à des postes de pouvoir. Lorsque nous ne versons pas tout simplement dans les incestes, les viols, la pédophilie envers les petits garçons ou bien les petites filles, etc.


Sadomasochisme et Cameroun

Les Camerounais sont devenus une population de violence. D’extrême violence, même. Les Camerounais sont devenus un peuple de sanguinaires. Nous aimons voir le sang, nous aimons le faire couler, nous aimons la sauvagerie à la limite de l’animalité, bref, nous sommes pratiquement déjà en train de retourner à l’époque de Sodome et de Gomorrhe…
Les Camerounais sont des masochistes également. Ils aiment se complaire à la souffrance, d’ailleurs il y a une sorte de fascination dans leur regard lorsqu’ils se mettent à inventorier la liste de leurs mésaventures…
Les jeunes Camerounais poignardent leurs enseignants dans la cour de l’école, et les hommes camerounais assassinent leurs compagnes à la suite d’une dispute conjugale ou de certaines déceptions amoureuses. On photographie tranquillement les victimes de la route à la suite d’un accident mortel, on lynche les voleurs de bouteille de gaz en public, on exécute les journalistes trop curieux après leur avoir administré une inimaginable torture […]
Et puis, nous supportons une dictature depuis plus de soixante ans ! Nous nous plaignons des prix sur le marché qui ont considérablement amenuisé notre pouvoir d’achat, mais nous ne revendiquons jamais rien en commun. Nous subissons notre pauvreté en silence, nous souffrons dans un environnement rempli d’hostilité et de décès précaires, mais nous nous consolons à travers de pseudo-concepts qui ont systématiquement trait à la résilience…


des élèves qui font du sexe en classe
De jeunes élèves qui s’adonnent à la débauche. Source: Facebook /CC-BY

Soudoiement et corruption

Et puis, nous sommes dans un pays de corruption. Entre 1997 et 1998, le Cameroun avait remporté la Palme d’or de la corruption à l’échelle internationale, suivant les critères du très sérieux Transparency International. Et depuis lors, nous nous attelons méticuleusement à conserver au moins notre place sur le podium.
Au Cameroun, les dignitaires du régime volent notre argent en plein jour ! Ils ne se contentent plus de quelques centaines de millions de francs CFA, ils pillent dorénavant en milliards ! L’impunité caractéristique de notre paradigme social les y encourage implicitement, puisque les plus grands prévaricateurs ne risquent presque rien. Car dans un pays où le SMIG n’atteint même pas 100 euros, on a de simples agents de Douanes ou des Impôts qui touchent seulement 85 000 FCFA par mois, mais qui roulent carrosse ! Ils se font construire des châteaux, des parvis, des terrasses avec vue sur l’Océan, des palaces, des milliers d’hectares de plantations, etc.
Les scandales du CANgate ou de la COVIDgate n’y ont rien fait, les vols de deniers publics continuent de s’amonceler. On a englouti des centaines de milliards pour le stade d’Olembé qui n’a toujours pas été réceptionné, et finalement ce détournement massif n’intéresse personne. La Cour des comptes rend ses comptes au même titre que la Chambre des comptes, mais leurs rapports accusateurs sont bien souvent enfoncés au fin fond de certains tiroirs. Car la réalité est bien claire, c’est que tout le monde a le droit de piller la fortune de l’Etat comme bon lui semble, mais à condition qu’il ne cherche pas à viser le strapontin du ngomna qui est situé là-bas à Yaoundé au quartier Etoudi…


Déliquescence et Gomorrhe

La déliquescence des mœurs. L’irresponsabilité de notre parentalité. L’absence d’éducation civique, et même des bonnes mœurs. Les gens qui vivent au Cameroun ont perdu tout sens éthique et même tout esprit critique, car presque toutes les principales valeurs ont été dévoyées. Les enseignants sont des zéros, tandis que les influen-suceuses sont devenues des héroïnes. Les rues sont jonchées d’ordures, et les espaces publics ne proposent pas de toilettes adéquates pour leurs nombreux usagers. Nos petites filles —et même les grandes— ne vivent plus que pour la rotondité de leurs seins et de leurs fesses. Les hommes sont devenus des pervers, et quand ils vieillissent ils deviennent des sugar daddies comme mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè. Les femmes commencent les avortements dès la classe de Quatrième, à l’âge de quinze ou seize ans. On se bagarre dans la rue pour un oui ou pour un non. On s’éduque par téléphones interconnectés interposés. De jeunes adolescents se rassemblent en bandes organisées pour semer la terreur dans la ville de Douala, et constituer ce que l’on appelle les microbes. Parfois, les garçons du quartier s’organisent pour aller batailler avec les garçons d’autres quartiers, à travers ce que l’on appelle ici le « retour ». Les bendskineurs roulent sur les routes à contre-sens, ils ne respectent ni les feux de signalisations ni la Police, et ils finissent généralement leur parcours sous les roues d’un camion.
Tout le monde insulte tout le monde, tout le monde méprise tout le monde ; d’ailleurs si tu fais l’erreur de vouloir redresser le comportement d’un enfant turbulent du quartier, il va te répondre que « Mouff ! Tu es mon père ? »


Sodome et Cameroun

Donc mon pays est devenu un territoire de dépravation mentale et de déliquescence de nos mœurs. Et au lieu d’une « Rio dos Camaroès », j’ai plutôt l’impression que nous sommes définitivement retournés à l’époque de Sodome et de Gomorrhe…

Rivière de serpents ! Car le Cameroun est dorénavant un marigot de crocodiles, un troupeau de loups affamés où tout le monde essaie de profiter des autres, même lorsque cela les conduira inéluctablement vers le cimetière.
Rivière de crevettes ! Nous étions un pays sage au départ, avec des nationalistes et des valeurs morales inébranlables, mais désormais les Camerounais habitent dans leur propre pays comme s’ils y étaient en transit.
Le Cameroun est devenu une société en totale déliquescence, un territoire de non-droit où y règne définitivement la sodomie.

Parce que nous n’avons plus de bonnes mœurs, nous n’avons plus de modèles sociaux et nous n’avons plus de véritables effigies qui doivent nous servir de repères. Nous avons perdu le patriotisme et la vertu, d’ailleurs nous n’avons jamais développé un appétit intellectuel pour notre propre histoire. Nous vivons dans un désordre absolu, nous naviguons à vue et nous nous réfugions systématiquement dans les alcools et dans la sexualité désorganisée.
Bref, bienvenu dans le Sodome et Gomorrhe des temps modernes…


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Le coup d’éclat au Gabon

La majorité des Camerounais a félicité le renversement militaire qui s’est déroulé au Gabon. Mais après mûre réflexion, s’agissait-il effectivement d’un coup d’Etat ?


Le renversement militaire au Gabon

Dans la matinée du mercredi 30 août, un groupe de militaires s’est présenté devant les antennes de la télévision présidentielle, pour annoncer la dissolution des institutions. Le porte-parole de ce groupuscule (constitué de membres de la garde républicaine gabonaise) a aussi annoncé l’annulation des élections, et la mise en place d’un comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Dans la foulée, le général Brice Oligui Nguema a été porté en triomphe dans les rues de Libreville, devant une foule en liesse.
Ce « coup d’Etat »  a été perçu par la majorité des Africains comme étant salutaire, puisque la victoire proclamée d’Ali Bongo était très controversée. L’ex-président gabonais était critiqué pour son inaptitude à conserver le pouvoir, lui qui souffre d’un AVC depuis le 24 octobre 2018, et qui était accusé de diriger le pays par procuration.
C’est donc un vent d’enthousiasme qui s’est répandu sur tout le continent, sans véritable condamnation de la communauté internationale. Un coup d’Etat « légitime » venait de renverser un président longévicrate, et on espérait que le CTRI allait enfin positionner le Gabon dans la droite ligne de la démocratie…


Les « bons » coups d’Etat en Afrique

Si je parle de liesse populaire, c’est parce qu’il existe aussi des coups d’Etat qui sont très populaires. On a par exemple vu au Burkina Faso, au Mali, au Niger et en Guinée Conakry, des renversements militaires qui ont paradoxalement été applaudis par les populations de ces mêmes pays.
C’est que, en fait, la plupart de nos régimes dits « démocratiques », ne sont démocratiques que de faciès. Pour le cas du Gabon par exemple, on était dans une lignée qui perdurait depuis déjà cinquante-six ans, avec le père qui a régné pendant quarante-deux ans (1967-2009), et le fils qui vient d’être déboulonné après quatorze années de magistrature ininterrompue (2009-2023). Pire, on avait toute une République (environ deux millions d’âmes) qui était gouvernée par une petite clique d’individus, appartenant soit à la même famille, soit à la région du Haut-Ogooué. Et inutile de vous rappeler que les dirigeants africains ont souvent le don de s’enrichir de manière assez déraisonnable…
Les bons coups d’Etat, ce sont donc ceux-là qui permettent de renverser un plénipotentiaire qui ne pourrait jamais partir de lui-même, puisque maître dans l’art de merveilleusement tripatouiller les élections. Ali Bongo avait par exemple pris la peine de couper internet pendant le scrutin électoral, d’interdire les observateurs internationaux, d’instaurer le couvre-feu, de fermer les frontières territoriales et de bloquer l’espace aérien, de faire proclamer les résultats à 4h du matin lorsque tous les Gabonais somnolaient encore, et que « sa » Cour constitutionnelle le désignait tranquillement comme étant le vainqueur à hauteur de 64,27 % des suffrages…


Le cas du Cameroun

Pourquoi personne ne veut parler du Cameroun ? Lorsque je demande à mes voisins si ce qui s’est passé au Gabon pourrait aussi se reproduire au Cameroun, ils me répondent simultanément « Non ! » Et pourtant c’est clair comme l’eau de roche que nous sommes quasiment dans la même configuration…
Ici au Cameroun, nous avons un président qui va bientôt faire quarante-et-un ans au pouvoir. Nous avons un chef d’Etat sénile, qui ne possède manifestement plus la même fraîcheur qu’à ses 49 ans, lorsqu’il accédait au pouvoir. Nous avons des clans clandestins qui s’affrontent ostensiblement pour se positionner pour la succession. Nous avons des prévaricateurs de la fortune publique, des militaires milliardaires, des amasseurs de butins colossaux qui alimentent la crise anglophone au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, bref, tous les ingrédients nécessaires pour un cocktail d’affrontements qui s’annoncent explosifs.
Pourquoi personne ne veut parler de Paul Biya ? Ses protecteurs continuent de clamer qu’il est l’homme de la situation, mais on sait bien qu’ils se dédisent immédiatement lorsqu’ils sont en privé. On continue de présenter ce nonagénaire décrépiscent comme étant le futur candidat pour 2025, lorsque ce ne serait pas son fils Franck Biya qui serait héréditairement mis sur orbite (tiens, tiens, comme au Gabon). Nous vivons sur des relents de frustrations tribales, sur des querelles de terrains qui risquent de nous plonger dans une crise foncière très-très grave, et dans une pauvreté généralisée qui va bientôt nous débarrasser de notre sempiternelle résilience.
Car oui, ce qui se passe au Gabon n’est pas exclu de se reproduire ici au Cameroun…


Coup d’Etat ou coup d’éclat ?

Mais en réalité, était-ce réellement un coup d’Etat ?
Parce que s’il faut bien voir, cela ressemblerait plutôt à un jeu de chaises musicales. On aurait plutôt assisté là à une révolution de palais, déguisée sur fond de restauration de l’ordre démocratique, et le peuple gabonais aurait été berné sans pour autant en avoir eu pour son argent…
Peut-on réellement parler de coup d’Etat lorsque, quelques heures seulement après sa prise de pouvoir, le général Brice Oligui Nguema s’exprimait déjà gaillardement à travers les colonnes du journal Le Monde ? Peut-on réellement parler de putsch, de renversement ou encore d’alternance, lorsque le nouvel homme fort est le fils de la cousine de l’ancien président Omar Bongo, qu’il est originaire de la même région que le président qu’il aurait soi-disant « renversé », et qu’il fait partie intégrante de l’élite administrative qui dirigeait le Gabon depuis plusieurs décennies ?
Et puis, si ce comité transitoire était vraiment là pour la refondation et la transition, pourquoi n’a-t-il pas recompté les résultats, et proclamé le nom du réel vainqueur de ces pourtant récentes élections présidentielles ? Pourquoi dissoudre toutes les institutions, et puis les restaurer uniquement pour que le général-président puisse immédiatement prêter serment ? Quelle crédibilité peut-on accorder à ce type de mouvement ?
Et à la fin, nous ne sommes plus dupes. Il s’agit d’un clan d’une même clique qui a renversé un autre clan de la même clique, pour s’adjuger définitivement le pouvoir. Le général Oligui Nguema avait ses entrées dans les arcanes du palais du bord de mer, lui qui en était le chef de la garde présidentielle. On le dit d’ailleurs très proche de la sœur du président déchu, la bien sulfureuse Pascaline Bongo. Et nul doute que la « transition » dont il est dépositaire sera manifestement plus longue que la durée d’un mandat présidentiel ordinaire…


Malika Bongo félicite Brice Oligui Nguema sur Twitter
Malika Bongo, la fille d’Ali Bongo, a félicité le nouveau président Brice Oligui Nguema sur Twitter. Source: Twitter /CC-BY

Le scoop d’Etat au Gabon

Donc la majorité des Camerounais (y compris mon ami Pierre La Paix Ndamè) a félicité le renversement militaire qui s’est déroulé au Gabon. Mais après maintes réflexions, s’agissait-il effectivement là d’un coup d’Etat ?

Le coup d’éclat du Gabon ! Le vainqueur de l’élection présidentielle s’appelle Albert Ondo Ossa, 69 ans, mais le nouveau président du Gabon se nomme Brice Clotaire Oligui Nguema, âgé de 48 ans.
Le coup d’éclat de la France ! Parce que malgré les apparences, ce simulacre de renversement semble pourtant avoir été orchestré par la métropole, elle qui voulait absolument préserver ses intérêts politico-économiques dans ce pré carré.
Le coup d’Etat au Gabon est une actualité inquiétante qui pourrait se reproduire au Cameroun, même si chacun de mes voisins préfère répéter que « Cela est totalement impossible ! »

Parce que nous avons un président qui est complètement fatigué, nous avons un code électoral qui est inéquitable et injuste, et nous vivons sous un régime qui est minimalement très répressif. Nous n’avons aucune chance d’accéder à l’alternance par les urnes, d’ailleurs nous n’avons même pas la simple liberté de manifestation.
Alors oui, un coup d’éclat au Cameroun n’est indiscutablement plus à exclure…


Ecclésiaste DEUDJUI, il n’y a pas eu coup d’Etat au Gabon
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