10 août 2020

Le roman de ma mère

J’ai des sœurs qui sont extraordinaires. J’ai aussi des amies qui sont fantastiques. Je connais beaucoup de Camerounaises qui sont merveilleuses. Mais la meilleure femme que j’aie jamais rencontrée dans ma vie, c’est ma mère !

Pauline Magne, Ecclésiaste Deudjui et Monica
Avec ma mère et la petite Monica en 2011

Le roman de ma naissance

C’est vrai que j’adore ma maman parce que c’est d’abord elle qui m’avait fait venir au monde. Puisqu’elle aurait très bien m’avorter, me renier, m’abandonner ou encore me déposer dans un bac à ordures comme le font souvent certaines femmes irresponsables.
Ma mère m’a accouché très précisément un jeudi soir. Et d’après ce que mes oncles m’ont raconté, j’étais d’abord sorti la tête la première. Je lui avais causé une parturition quelque peu douloureuse, surtout que c’était son tout premier accouchement. Elle avait été enceintée par mon paternel alors qu’elle était seulement en classe de Première, et voilà comment elle s’était retrouvée dans cet hôpital de Njissé (c’est à Foumban) et que finalement elle avait décidé de laisser tomber ses études…


Ma mère, cette orpheline

Ma mère n’a pas connu la chance que j’ai aujourd’hui d’avoir eu un papa extraordinaire.
Le sien, c’est-à-dire mon grand-père, il est parti très tôt : 1973 ! Elle n’avait même pas encore atteint sa puberté, et voilà qu’il fallait déjà jouer les secondes mamans aux côtés de sa sœur aînée et de ma grand-mère…
Ma mère était le deuxième enfant de mon grand-père qui s’appelait Kouagang. Avant elle, il y avait eu sa grande sœur qui s’appelait Sita Thérèse, mais que nous avons malheureusement perdue le dimanche 8 juin 2014. Puis ensuite elle a eu des frères cadets et des sœurs cadettes qui ont grandi dans la débrouillardise, dans les travaux champêtres, dans les petits commerces, etc.
C’est peut-être pour cette raison que j’avais passé ma première année à Foumban, puisque ma grand-mère ne voulait décidément pas nous perdre. Elle avait répondu à mon paternel qu’elle n’approuvait pas ce mariage, et elle m’avait même déjà baptisé Kouagang Salvador Patou. Mais ma mère venait d’avoir vingt ans à peine, et elle n’avait jamais vraiment connu l’amour auparavant. Donc voilà pourquoi Maman Gisèle avait bien dû finir par nous laisser partir.

Tchuendem Thérèse
Ma mère a perdu sa soeur aînée (Sita Thérère) le 8 juin 2014

L’éducation de ma mère

Je suis devenu ce que je suis aujourd’hui pratiquement grâce à ma mère ! Parce que ma mère ne ment pas, ma mère ne vole pas, ma mère n’est pas du tout hypocrite comme la plupart des autres Camerounaises, et surtout ma maman aime toujours faire confiance aux gens puisque généralement elle n’agit qu’avec un seul cœur.
C’est elle qui m’avait dit que « Il faut manger pour vivre, et non vivre pour manger ». C’est elle qui m’avait appris la modestie et la sobriété dans la vie de tous les jours. C’est elle qui m’avait encouragé à écrire, à rechercher ma liberté coûte-que-coûte, et jusqu’aujourd’hui c’est encore elle qui me prodigue ses conseils grâce auxquels je suis finalement devenu un Camerounais épanoui.
Ce que j’ai surtout retenu de ma maman, c’est qu’il faut que je reste un homme honnête. Que, même si les gens autour de moi considèrent ma simplicité et ma docilité comme de la naïveté, il faudrait quand même que je continue de rester honnête. Parce que ma maman a reçu une éducation de probité morale qui provient certainement de ma grand-mère, et je pense que c’est ça le meilleur héritage que nous puissions un jour léguer à tous nos enfants.


Un cœur pur

Et donc, elle a un très bon cœur. Je n’ai jamais vu une femme aussi généreuse. Je n’ai jamais connu une femme aussi accueillante. Je n’ai jamais rencontrée une Camerounaise qui n’attire que de la sympathie, de l’empathie, de l’amour, de la convivialité, etc.
Parce que ma maman est véritablement quelqu’un de formidable, et je ne mesure même pas encore la chance que nous avons de l’avoir ! Je ne mérite pas d’avoir une maman qui ne sait même pas se fâcher, et qui ne saura jamais punir. Je ne mérite pas d’avoir une génitrice qui considère tous les enfants du monde entier comme ses propres enfants. Je ne mérite pas d’avoir une amie comme elle, une alliée aussi indéfectible plus que mon ami Pierre La Paix Ndamè, et enfin une maman éternellement inquiète et qui restera toujours présente.
D’ailleurs les mots me manquent pour vous expliquer de quoi est réellement fait le cœur de ma maman.

Pauline Magne, Ecclésiaste Deudjui, Michael Pagop et Eric Bertrand Deudjui
En 1987 avec ma mère, en compagnie de mes frères Eric (à droite) et Michael (le bébé)

Le livre de ma mère

Donc j’ai des sœurs qui sont extraordinaires. J’ai aussi une nourrice qui est fantastique. Je connais personnellement beaucoup de Camerounaises qui sont bienveillantes. Mais la meilleure femme que j’aie jamais rencontrée depuis ma naissance, ça reste ma maman !

Le roman de ma mère ! Parce que je me rappelle de tous les cadeaux qu’elle m’avait faits durant mon adolescence, et le plus beau c’était ce maillot de David Beckham qu’elle m’avait acheté en septembre 1997.
Le roman de ma mère ! Je n’aurai jamais assez de temps sur cette Terre pour lui témoigner ma reconnaissance, mais grâce à elle je considère que ma vie est déjà réussie.
Ce roman de ma maman n’est pas réellement un roman à vrai dire, mais c’est le journal d’un fils qui remercie le Ciel de lui avoir donné une maman aussi extraordinaire.

Puisqu’elle aurait très bien pu me déposer dans un orphelinat par exemple, puisqu’elle n’avait que dix-neuf ans ! Puisqu’elle n’avait pas bien connu son père car il était déjà décédé lorsqu’elle avait rencontré mon paternel. Puisque ma grand-mère n’avait même pas voulu de ce mariage dès le départ, puisqu’elle m’avait déjà baptisé avec le patronyme de mon feu grand-père.
Mais les meilleurs romans sont souvent ceux qui sont écrits de la manière la plus imprévisible…


Ecclésiaste DEUDJUI, joyeux anniversaire maman !
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Commentaires

Magne
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Merci ! fils pour ce témoignage ,il n y a pas plus fort que l amour et surtout aimons nous vivant. Ta maman qui t'aime tant, ❤️❤️

Ecclésiaste Deudjui
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Moi je t'aime vivant norr :-)