Le plus grand Camerounais de l’Histoire, c’est Biya !
Depuis samedi dernier, cela fait exactement trente-neuf ans que Paul Biya a accédé à la magistrature suprême. Et même si je le considère comme un président incompétent, il faut bien reconnaître que ce monsieur-là est manifestement le plus grand Camerounais de notre Histoire.

Déjà, on ne devient pas un vieillard du quatrième âge par hasard. Car ce n’est pas le qui veut, mais qui le peut ! Puisque Paul Biya appartient à une rare génération d’êtres humains qui sont nés dans le premier tiers de l’ancien siècle (il est né en 1933 !), et qu’il continue malgré cette âge avancé de rester quand même solidement debout sur ses jambes.
Paul Biya est un être exceptionnel parce qu’il a vu mourir presque tous les individus de sa catégorie d’âge. Il a su adopter une hygiène de vie quasiment irréprochable. Il est dans une condition physique à toute épreuve, au point de pouvoir résister à l’inévitable épreuve du temps. Car très peu sont les personnes qui peuvent se targuer d’avoir atteint son âge de presque 89 ans aujourd’hui, sans présenter l’apparence d’être déjà complètement tout rabougri …
Sa longévité au pouvoir
Bientôt quarante ans ! Toute une vie, ou presque. Presque deux générations de dictature. Car Paul Biya est aux commandes du Cameroun depuis le 6 novembre 1982, et il n’a même pas l’intention de vouloir s’accorder la moindre petite pause.
C’est un dirigeant exceptionnel ! Pas pour ses qualités hein, mais il a quand même vu défiler sept présidents américains et cinq présidents français. Il a vu se succéder des communistes chinois, des chanceliers et chancelières allemands, des empereurs et des monarques du monde entier qui sont décédés pour la plupart, et aussi quelques papes comme Jean-Paul II, Benoît XVI et plus récemment Sa Sainteté le pape François Ier…
Il a connu tellement d’épopées depuis son accession inattendue au pouvoir, qu’il en maîtrise désormais tous les rouages. Il a su garder le cap (de son strapontin, bien sûr) malgré des pressions internationales souvent très fortes. Il a su faire semblant d’instaurer le multipartisme et la démocratie dans un pays qui a pourtant soif de son remplacement, et se réinventer à travers des slogans aussi creux et pompeux que Les Grandes Ambitions, Les Grandes Réalisations, La Force de l’Expérience, etc.

Sa connaissance et sa maîtrise du Cameroun
Cet homme-là maîtrise le Cameroun à la perfection. Parce qu’il a vécu dans ce pays-ci bien avant les indépendances, il est un témoin privilégié de l’Histoire coloniale et post-coloniale de notre Cameroun. Parce qu’il a aussi travaillé au sein de notre administration avant d’en devenir le chef inamovible. Parce qu’il a surtout été le collaborateur privilégié de Son Excellence Ahmadou Ahidjo, notre tout premier président. Parce qu’il a également vécu à l’époque du Maquis. Il sait donc parfaitement ce qu’il s’était passé lorsque l’armée française exterminait les villages qui abritaient les soi-disant maquisards. Enfin, parce qu’il était aussi présent lors des exécutions d’Ernest Ouandié, Ruben Um Nyobè, Osendé Afana, etc.
Ce type-là connaît le Cameroun sur le bout de ses ongles. Il a été chargé de missions à la Présidence, ministre d’Etat, secrétaire général à la Présidence de la République, directeur du cabinet civil puis Premier ministre. Il a assisté à la Réunification du Cameroun avec la partie anglophone en octobre 1961. Il nous a « apporté » la démocratie, ou en tous cas le multipartisme. Il était la cheville ouvrière des plans quinquennaux qui étaient mis en place par son illustre prédécesseur, afin de faire prospérer notre pays sur les plans économique et industriel. Il a côtoyé toutes les plus hautes personnalités de notre Panthéon qui sont déjà décédées pour la plupart. Je le considère présentement comme une sorte de dernier des Mohicans.
Sa gestion des crises
En ce qui concerne les moments difficiles, Paul Biya a été servi ! Déjà parce que dès le 6 avril 1984, il a dû échapper à un assassinat qui était prémédité. Dès le début des années 1990, il a miraculeusement échappé au Vent de l’Est et aux Villes Mortes. Il est demeuré Président de la République en 1992 alors qu’il avait vraisemblablement perdu les élections. Il a interdit la Conférence nationale souveraine alors que tous les habitants du Cameroun la réclamaient. Il a fait modifier la Constitution en 1996 pour limiter les mandats présidentiels à deux seulement, puis il l’a modifiée de nouveau en 2008 en arguant que « la limitation des mandats est une disposition anti-démocratique ».
Paul Biya a su se faufiler entre les velléités de la communauté internationale qui ont vainement cherché à le renverser. Il est toujours parvenu à faire plaisir aux Occidentaux pour qu’ils ne cherchent pas instamment à le déstabiliser. Il manie avec dextérité l’art de ne pas se faire remarquer lors des réunions internationales, et aussi l’art de collaborer indistinctement avec tout le monde (les Chinois, les Russes, les Français, les Américains, les Vénézuéliens, etc). Il a su résister aux annonces de son décès en 2004 et en 2020, à la guerre terroriste contre la secte Boko Haram qui a terrorisé le Grand-Nord, à la crise sécessionniste qui perdure dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à la montée en puissance du MRC dont certains militants sont favorables à l’insurrection généralisée et à la désobéissance civile…

Le plus grand camerounais de notre Histoire, c’est Paul Biya !
Donc depuis samedi dernier, cela fait exactement trente-neuf ans que Paul Biya a accédé à la magistrature suprême. Et même si personnellement je le considère comme un président médiocre, je dois bien reconnaître que cet octogénaire est indiscutablement le plus grand Camerounais de tous les temps…
Le plus grand Camerounais de l’histoire, c’est Biya ! Parce que ses citations sont devenues aujourd’hui des aphorismes légendaires, à l’exemple de « le Cameroun, c’est le Cameroun », qui reste probablement sa déclaration la plus philosophique !
Le plus fameux Camerounais du siècle, c’est Biya ! Que ce soit celui actuel où il incarne le seul président qu’aura connu notre pays jusqu’ici, ou alors le siècle dernier où il avait intégré la Très-Haute Administration dès la fin des années 1960 !
Le plus puissant Camerounais que j’aie jamais connu dans ma vie, c’est Paul Biya ! Et pourtant j’ai quand même connu des gens importants, comme mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè…
Mais c’est parce que quand je regarde la vie de ce patriarche, je suis quand même quelque peu impressionné. Et je me demande comment ce petit séminariste d’un village perdu du Cameroun qui s’appelle Mvo’omeka, a pu devenir notre président de la République et a su se maintenir pendant environ quarante ans.
Surtout qu’il y aura des élections en 2025, et que le bon monsieur n’est même pas encore sur le point de vouloir se reposer…
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