9 octobre 2023

À quoi ressemble la prostitution camerounaise ?

Je ne viens pas vous parler de la vente de piment qui a lieu à travers les réseaux sociaux, et qui est pratiquée par la plupart de nos influenceuses.Mais plutôt à quoi ressemble la prostitution de rue ici au Cameroun…


À quoi ressemblent les prostituées

Pour faire simple hein, ce sont des filles désespérées ! Je dirais même de vieilles femmes désespérées ; puisqu’il y en a qui sont entrées dans ce « métier » depuis leur plus tendre jeunesse, et qui pourtant sont dorénavant devenues des septuagénaires…
Les prostituées ne sont pas des filles qui rêvaient de devenir des prostituées. Ce sont de jeunes femmes qui s’y sont retrouvées par précarité ou alors par déperdition scolaire. Parfois c’est une grossesse inopinée qui les a plongées dans cet engrenage irréversible (puisqu’elles y seront condamnées jusqu’à la septantaine), ou alors parfois c’est tout simplement la drogue. Ce sont parfois des filles abandonnées qui ont grandi dans un environnement social défavorisé, sans aucune autorité parentale responsable. Mais, parfois aussi, et il faut bien le reconnaître, ce sont souvent des demoiselles qui ont librement choisi cette activité parce qu’elles aiment consommer l’alcool, la cigarette, la vie facile, l’argent facile, et aussi parce qu’elles aiment se retrouver régulièrement dans les ambiances et dans les réjouissances.
Les prostituées du Cameroun ne ressemblent pas forcément à nos vendeuses de piment qu’on retrouve sur SnapChat et sur WhatsApp. Certaines sont de jolies filles, et d’autres ont le corps meurtri de cicatrices. D’aucunes sont de petites adolescentes qui viennent à peine d’atteindre leurs dix-sept ans ou bien leurs dix-huit ans, mais qui se positionnent gaillardement tous les soirs devant des ruelles mal éclairées. Les déceptions amoureuses et les désillusions de la vie leur ont rempli le regard, au point où elles ont décidé de brader leur intimité et leur sexualité ; ce qui est pourtant censé être la chose la plus précieuse que devrait préserver une valeureuse femme camerounaise.


À quoi ressemble la prostitution ?

Je vous ai parlé des prostituées, mais la prostitution c’est encore pire ! Surtout la prostitution camerounaise. Parce que cela se passe dans des chambrettes, sur des matelas mal cousus, lorsque cela ne se passe pas sur des cartons déchirés et déchiquetés tout simplement…
Je viens de parler de « passe », parce que c’est de cela qu’il s’agit. La fille t’entraîne derrière un dédale labyrinthique d’un bâtiment en cours de construction, et c’est à même le sol que vous allez terminer votre petite affaire […] Ça se passe en quelques secondes seulement, comme si tu étais atteint d’éjaculation précoce comme mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè.
Les filles qui font la prostitution au Cameroun n’ont pas de temps à perdre ! Elles ont déjà perdu presque toute leur sensibilité émotionnelle : elles n’ont plus honte, elles n’ont plus peur, elles n’ont plus d’états d’âme et elles n’ont plus aucun scrupule. Elles se dénudent sur les bords des rues au vu et au su de tous les passants, devant les phares des voitures, et cela ne les indispose aucunement. Elles se déshabillent à longueur de journée devant des inconnus qui les trouvent parfois splendides ou hideuses, mais elles ne se focalisent plus sur ces appréciations-là. Elles traînaillent dans les bordels jusqu’au milieu du petit matin, sans aucune frayeur, et elles frayent avec des braqueurs et des agresseurs qui sont surtout des protecteurs pour elles, plus même que les éléments de notre Police et notre gendarmerie qui les rackettent systématiquement tous les soirs.
La prostitution camerounaise est crade ! Lorsque les filles ne sillonnent pas les trottoirs dans les sous-quartiers et dans les élobis, elles sont parquées dans des auberges mal loties où elles payent un loyer exorbitant à la fin de chaque nuitée. Elles multiplient les passes afin de rentabiliser leur activité peu rémunératrice, puisque le prix de la marchandise est relativement très insignifiant. Elles se fichent pas mal de leur santé biologique puisqu’elles respirent des odeurs irrespirables, elles mangent dans des conditions d’insalubrité inimaginables, et elles se mélangent avec des clients dont l’hygiène corporelle est… comment dire ça… incroyablement insupportable !
Sans parler de celles qui happent leurs clients et qui les emmènent derrière des bosquets publics, comme j’avais vu l’autre jour en plein carrefour ici au quartier Bonamoussadi…


Girls as young as 12 are working in the prostitution ring to survive in the slums of lagos, nigeria
Les prostituées camerounaises sont souvent parquées dans des chambrettes insalubres qu’elles doivent payer tous les soirs. Source: cameroun-muntunews.com /Image reprise sous autorisation

À quoi ressemblent les proxénètes ?

Ce que je trouve le plus effroyable dans cette affaire, ce sont les proxénètes. Les maquereaux, si vous préférez. C’est-à-dire des mecs qui vivent exclusivement de l’activité de péripatéticienne de leur petite amie, ou alors ceux qui ont pour profession de nettoyer les chambrettes, de faire payer des tributs aux filles tous les soirs, de les prostituer exagérément voire de les esclavagiser…
Lorsque j’étais un étudiant à Ngoa-Ekellé, j’avais vu un gars qui tenait sa lampe-tempête dans l’obscurité, et qui collectionnait les 200-200 francs à chaque fois qu’une fille venait utiliser l’un de ses minuscules espaces. Et ici à Douala, c’est grave ! Les proxénètes sont nombreux devant les « comptoirs » de ces filles, avec leur attitude patibulaire et leur apparence de délinquants récalcitrants et de tortionnaires. Les proxénètes de Douala demandent aux clients de se dépêcher lorsque ceux-ci ont déjà assez duré avec la prostituée, parce que le temps c’est de l’argent. Nos proxénètes défient la Police lorsqu’il y a des rafles, et ils se portent même souvent caution de ces pauvres filles. J’ai même envie d’imaginer que ce sont eux qui font prospérer cette activité dans nos deux grandes métropoles, même si ça reste tout de même l’un des plus vieux métiers de l’univers.
Mais je suis quand même un peu dégoûté par ce type de gangsters. Car ils tirent leurs dividendes de la prostitution de ces misérables filles innocentes, ils les martyrisent et ils les surexploitent à outrance. On dirait que ce que je voyais dans les films américains existe bel et bien ici dans notre pays le Cameroun…


À quoi ressemble cette profession ?

C’est le plus vieux métier du monde, comme j’ai dit tout à l’heure. C’est un « travail » qui ne disparaîtra jamais de la surface de la Terre. C’est une activité inhérente à la réalité de la bestialité humaine, puisque le sexe fait partie intégrante de notre animalité la plus élémentaire…
C’est une conséquence de la promiscuité financière. Pauvreté mentale, spirituelle, éducationnelle ou pécuniaire. Parce que la plupart des filles de joie sont persuadées qu’elles ne perdent rien du tout en offrant leur corps, et pourtant elles perdent beaucoup de choses sur leur aura et sur leur bonne fortune. La plupart de ces filles qui pratiquent la prostitution y sont entrées par effraction, par accident ou par hasard. Elles ont pensé résoudre un problème temporaire après lequel elles retrouveraient une vie presque normale, mais hélas, elles ne redeviendront plus jamais les filles ordinaires qu’elles étaient pourtant auparavant. Elles finiront par cracher sur la société à force de désespérance, elles s’accoutumeront malheureusement à la chosification masculine dont elles sont victimes, et elles en voudront involontairement aux autres filles qui ne donnent pas leur sexualité à n’importe qui, et qui leur apparaissent indiscutablement comme étant « épousables ».
Les filles qui pratiquent cette activité déshumanisante y vieillissent sans même s’en rendre compte. Elles ne sont pas enregistrées à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), elles n’ont pas de salaire ni de plan de retraite, et elles sont devenues des parias dans la société mais également pour leur entourage. Elles ont vite compris que c’est difficile pour un homme acceptable de les accepter avec cette déformation de la vie nocturne, et elles ont fini par se faire une raison. Elles traînent de bars en bars et d’auberges en auberges, en fonction des opportunités et des saisons. Parfois elles changent de ville pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Elles promettent de quitter cette activité avilissante le plus rapidement possible, mais qu’est-ce que tu veux bien qu’elles fassent d’autre ? Hein ? Rien du tout ! À part se déshabiller et enfiler des préservatifs à longueurs de journées, qu’est-ce qu’elles ont bien appris à faire d’autre ? Hein ?
Et même lorsque vous souhaitez les réinsérer socialement, vous perdez votre temps puisqu’elles retourneront inéluctablement vers cette activité de dévergondage.


des prostituées camerounaises qui discutent en journée
Les prostituées sont généralement encadrées par des proxénètes. Source: griote.tv /Image reproduite sous autorisation

À quoi ressemble la vraie prostitution au Cameroun ?

Donc je ne viens pas ici pour vous parler de la vente de piment qui a lieu sur Instagram ou sur TikTok, et qui est pratiquée par la plus grande majorité de nos filles sur internet. Mais plutôt à quoi ressemble réellement la prostitution de rue ici au Cameroun…

À quoi ressemble la prostitution camerounaise ? Cela ressemble à un fourre-tout, à une échappatoire, surtout dans une société où les femmes démunies sont généralement condamnées au dénuement et à l’indigence.
À quoi ressemble la prostitution au Cameroun ? Cela ressemble à un esclavagisme moderne, individuel, volontaire, inextinguible. C’est une forme de protestation pour certaines femmes qui estiment qu’elles ont été délaissées et abandonnées par nos autorités gouvernementales.
À quoi ressemblent finalement les prostituées ici au Cameroun, puisqu’il n’y a jamais eu de recrutement mais leur nombre ne fait que se multiplier de jours en jours…

Mais c’est parce que le pays est dur, même si je ne souhaite aucunement leur accorder une quelconque circonstance atténuante. C’est parce que la société ferme les yeux sur ce phénomène qui est pourtant ostentatoire et criard, de jour comme de nuit, et qui n’a rien à voir avec la pimenterie sophistiquée que vous pouvez consommer à travers les réseaux sociaux.
Car la vraie prostitution hein, c’est une expérience qui va vous bouleverser durant tout le restant de votre vie !


Ecclésiaste DEUDJUI, à quoi ressemble la bordellerie ?
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