25 mars 2024

De la paternité

Un ancien footballeur camerounais s’est retrouvé au centre d’une scabreuse affaire conjugale. De quoi reposer sur la table l’épineux problème de la paternité…


Geremi Ndjitap demande le divorce

L’ancien footballeur, c’est Geremi Sorel Ndjitap. L’ancien international camerounais aux 119 sélections avec les Lions indomptables, vient de réclamer le divorce devant les tribunaux. Pour cause, l’ex-sociétaire du Real Madrid et de Chelsea FC, aurait eu la preuve concrète (par tests ADN interposés) que les trois enfants d’avec son épouse n’étaient biologiquement pas les siens… Quelle stupeur !
De plus, Geremi Ndjitap a épousé Laure Fotso depuis 2012, et leurs premiers enfants —deux jumeaux— sont nés en 2008. Et c’est seize ans plus tard que l’ancien latéral droit de référence, vient de comprendre qu’il a été lamentablement lobé par la fille du feu milliardaire Fotso Victor…
C’est vraiment triste, même si je le narre en m’évadant. Mais c’est déchirant de devoir élever des enfants en leur accordant toute l’affection de l’univers, pour se rendre compte un beau matin qu’ils étaient intégralement le fruit de la précédente union de mademoiselle Laure Elvire Fotso…


Le géniteur et le père biologique

Je suis parti de Ndjitap mais en réalité il s’agit d’une problématique générale. Car ici au Cameroun, tous les enfants ont une mère mais tous les enfants n’ont pas systématiquement un père ! D’ailleurs sur certains actes de naissance, il y a souvent marqué PND qui signifie « père non déterminé ». Parfois on se moque de ces enfants-là qui n’ont pas officiellement de papas définis, en les appelant des bâtards. Parfois on dit que leur génitrice est une bordelle, une bonne à rien, une mère porteuse, bref, tout ce que vous voulez.
La vérité est que nous sommes dans une société qui ne protège pas assez les femmes ; et le résultat est sidérant : la majorité des femmes ont déjà accouché un ou deux enfants —avec des papas différents— avant leur premier mariage ; de nombreux enfants sont le fruit d’un viol, d’une relation incestueuse non forcément consentie, d’un acte de pédophilie, etc ; de nombreuses jeunes filles n’ont jamais appris les différentes méthodes de contraception, et donc certaines adolescentes tombent enceintes généralement involontairement, parfois même à la suite de leur tout premier rapport sexuel…
Pour ne rien arranger, les hommes sont des malhonnêtes. Ils profitent sexuellement de leur conjointe lorsque cela les arrange, mais dès qu’elle tombe enceinte ils sont les premiers à dire que « Est-ce que tu es sûre que c’est vraiment moi le père ? », « Est-ce que j’étais ton seul partenaire sexuel ? », « Est-ce que moi je t’ai dit que je voulais avoir un enfant avec toi ? », « Est-ce que je suis financièrement prêt pour commencer à entretenir un bébé à l’heure actuelle ? »
Et je vais vous aider, généralement ils répondent eux-mêmes NON et ils prennent immédiatement la poudre d’escampette.


Les hommes ne se posent pas souvent de question sur leur paternité biologique. Source : achrafpictures via Iwaria

Le papa putatif

Dans bien des cas nous avons plutôt des familles recomposées ici. C’est-à-dire que tu avais déjà tes enfants naturels auparavant, et puis tu te mets en couple avec une fille qui en avait déjà également plusieurs avant de te rencontrer.
Généralement, ce sont les femmes qui tirent les premières. Elles deviennent souvent mamans à 17 ou bien 18 ans, lorsque les garçons de leur âge sont encore sur les bancs de l’enseignement secondaire. Elles sont donc obligées d’attribuer ces enfants à leurs futurs prétendants qui auront une situation financière stable, en les conditionnant que « Celui qui veut m’aimer doit aussi aimer tous mes enfants ! »
Et c’est ainsi que des hommes généreux s’engagent dans cette voie-là, puisqu’ils épousent des femmes et qu’ils prennent convenablement soin de leurs premiers enfants. Ils les envoient à l’école, ils les élèvent décemment, ils les nourrissent, ils les choient, bref, ils les aiment et ils les aident comme s’ils étaient effectivement leur propre progéniture.
Et vous savez ce qui se passe ? Eh bien lorsque ces enfants seront matures, lorsqu’ils seront indépendants ou alors lorsqu’ils seront financièrement autonomes, généralement ils seront les premiers à revendiquer qu’ils ont envie de retrouver leur père biologique, celui qui les avait abandonnés mais que manifestement ils ont toujours considéré comme étant leur seul véritable vrai papa […]


Le rôle des femmes dans la paternité

Ce que je viens d’expliquer est même encore acceptable. Mais le pire des cas, comme dans l’affaire du cocufié Geremi Sorel Ndjitap, c’est lorsque ta femme te fait accroire que tu es le papa biologique de tous les enfants que vous avez actuellement à la maison…
Je m’explique : tu épouses une femme que tu avais mise chez toi, et vous avez déjà fait de nombreux enfants ensemble. Sauf que certains parmi eux —sinon tous— ne sont pas génétiquement issus de ta semence. La plupart des femmes ont en effet tendance à concevoir une grossesse à l’extérieur du foyer conjugal, et à la faire endosser au paterfamilias comme disaient nos amis les Romains de l’Antiquité. Certaines femmes le font par naïveté, par luxure ou tout simplement par ignorance. D’autres femmes le font par amour, parce qu’elles veulent donner une progéniture à leur Prince Charmant du dehors, mais qu’en même temps elles ne souhaitent pas abandonner tous les avantages matériels et pécuniaires de leur relation maritale.
Et puis, il y a celles qui croient bien faire, qui savent intérieurement que leur mari est morphologiquement stérile, mais qui ne veulent pas que l’opprobre s’abatte sur la belle-famille. Elles vont donc porter une grossesse volontairement désirée à l’extérieur, elles la posent sur la tête de mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè qui ne se doute jamais de rien, et voilà comment le bon monsieur élève ces nombreux bambins pendant toute une vie ; en les chérissant, en les caressant, en les adorant et en étant systématiquement très fier de chacun d’eux.
Et pourtant, il n’y a que ta femme qui peut te déclarer avec certitude qui est le véritable papa de chacun de « tes » enfants…


C’est la femme qui connaît le véritable père de chacun de ses enfants. Source : Image par Lawrence Crayton de Pixabay

De la paternalité

Donc un ancien footballeur camerounais, Geremi Sorel Ndjitap, s’est retrouvé au centre d’une scabreuse affaire d’enfants non légitimes. De quoi relancer l’épineuse problématique de la paternité…

De la maternité ! On est au moins sûrs d’une chose, c’est que les enfants biologiques sont tous des enfants de leur propre mère, puisqu’on les a vus surgir des entrailles de la cameruineuse qui les a enfantés.
De la parentalité ! Le fait d’être un parent ne signifie pas forcément qu’on est le parent biologique, mais c’est plutôt un ensemble d’attitudes, de comportements, de responsabilité et d’amour que vous devez consacrer volontairement à chacun de vos descendants.
La question de la paternité va redevenir un sujet crucial ici au Cameroun, surtout si les femmes continuent à utiliser l’enfantement comme un objet de manipulation voire de traficotage de l’héritage.

Lire aussi : Pourquoi les Camerounais font des enfants ?

Parce que ce sont les mamans qui éduquent les enfants, et ce sont elles qui les renseignent sur la véritable identité de leur papa émotionnel. Ce sont les femmes qui créent le grabuge en cas d’infidélité ou d’adultère, et ce sont elles qui dissimulent les secrets les plus insoupçonnables et les plus inavouables. Ce sont les femmes qui refusent les tests ADN dans presque tous les foyers camerounais, sinon il y aurait déjà eu des centaines et des centaines de milliers de divorces ici dans notre pays.
Mais que voulez-vous ? Puisque la plupart des hommes ont décidé de se contenter de la pseudo-paternité…


Ecclésiaste DEUDJUI, je suis le fils de mon père
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