Ecclésiaste Deudjui

Blogueur camerounais 36 ans, célibataire sans enfant…

Hier c’était mon anniversaire, et je me suis rendu compte que mon profil ressemble étrangement à celui d’un demandeur de correspondance. Car je suis blogueur de profession, j’ai 36 ans, je suis célibataire et je n’ai même pas encore prévu de fabriquer mon premier enfant…

 

bougies 36 ans
Mes bougies d’anniversaire pourraient ressembler à ceci. Source: billetdebanque.panorabanques.com /CC0

 

Camerounais sans enfant

C’est toujours la première question qu’on me pose lorsque je rencontre une nouvelle fille : « Est-ce que tu as (déjà) des enfants ? », « Est-ce que tu es fertile ? », « Est-ce que tu as prévu d’avoir une progéniture un jour ? » Et je réponds toujours « Non », « Oui », « Peut-être » (dans l’ordre des questions). Puisque même quand je vais rencontrer mon paternel à Souza, il est toujours en train de me rappeler que « le temps ne fait que passer hein » ; comme si moi je lui avais dit que j’étais en train de faire la concurrence contre la montre… Tsuip !

En réalité hein, je n’avais jamais voulu avoir d’enfant au départ. Pas parce que je les déteste hein, au contraire ! Je suis même le père putatif de plusieurs enfants dans ma famille. Mais c’est parce que la vie est quelque chose de tellement difficile que je n’ai pas envie de la faire subir à quelqu’un qui ne m’a pourtant rien demandé (est-ce qu’on consulte les enfants avant de les faire venir ?). Je n’ai pas envie de leur imposer la naissance, la souffrance et la disparition. Je n’ai pas envie de les multiplier comme si c’était le seul moyen pour moi de donner une orientation et un sens à mon existence. Ou bien le seul moyen pour que les gens continuent à parler de moi après ma mort

Camerounais de 36 ans

C’est vrai que je suis déjà plus proche de mon tombeau que de mon berceau. Je suis déjà dans « l’autre versant » comme me le rappelle parfois mon ami Pierre La Paix Ndamè. Je suis déjà en train de me préparer tranquillement pour ma crise de la quarantaine qui aura lieu d’ici quelques années seulement…

J’ai déjà commencé à me réveiller avec des courbatures, parce que j’ai compris que c’est toujours comme ça que la vieillesse commence. Je suis déjà prêt à affronter un AVC ou alors une hypertension artérielle. Et comme j’avais décidé de ne plus boire la bière, je sais déjà que les sucreries que je consomme vont inéluctablement finir par me procurer le diabète !

Aujourd’hui j’ai trente-six ans et je l’assume. Je n’ai jamais modifié mon acte de naissance. Je suis déjà en train de cesser de me considérer comme un jeunot. Je n’ai plus peur de la mort, sauf lorsqu’elle me soutire les personnes qui me sont vraiment proches comme ma Pascaline. Je suis un Camerounais qui n’a même pas encore la moitié de l’âge de Paul Biya, et pourtant nous constituons au moins 50 % de la population camerounaise.

 

citation Gabriel Garcia Marquez sur la vieillesse
La vieillesse est d’abord mentale. Source: soriah.amahom.com /CC0

 

Camerounais et célibataire

C’est aussi une question que les filles me posent souvent tout le temps : « Est-ce que tu es marié ? », « Est-ce que tu vis seul ? », « Est-ce que tu es encore un cœur à prendre ? » Et je leur réponds toujours « Non », « Oui », « Peut-être » (toujours dans l’ordre). Puis je continue en disant que j’ai aimé beaucoup-beaucoup de Camerounaises dans ma courte vie, mais que généralement elles ont toujours préféré aller épouser d’autres personnes… Tsuip !

C’est vrai qu’au départ je n’étais pas un partisan du mariage. J’ai toujours pensé que l’amour ne dure que trois ans  et que l’âme sœur est une invention publicitaire pour faire rêver fantasmer les femmes au foyer. Et puis je détestais le mariage parce que je l’ai toujours trouvé trop monotone, trop monocorde mais aussi trop routinier. Je me disais que si tu veux vraiment bien aimer une femme pour toute la vie, il vaudrait mieux que tu la trompes ! Et c’est comme ça que, comme je philosophais beaucoup au lieu de les amener directement devant monsieur le maire, certaines filles m’ont déclaré que « tu me perds le temps, dis-donc ! » Et elles ont disparu. Et pourtant je les considérais parfois comme les femmes de ma vie…

 

Blogueur camerounais

Est-ce que le blogging est un métier ? Hein ? Au Cameroun, je veux dire. Parce que quand je dis à quelqu’un que je suis un informaticien-blogueur, il me répond généralement « Oui, mais je veux savoir quel est ton métier… »

Et moi je ne leur en veux pas. Je n’en veux même à personne de toute façon. J’ai quand même la chance d’exercer une activité qui me passionne, de connaître des gens dans le monde entier et de travailler avec les personnes que je choisis de mon propre chef. Je suis un blogueur de trente-six ans qui possède aussi un annuaire professionnel sur Internet (www.doualatour.net). Je n’ai pas du tout envie de me faire remarquer. J’aurai bien pu dire aux gens que je suis un « Social Media Manager » (ils aiment les titres en anglais), un chef d’entreprise, un activiste, un acteur de la société civile et que sais-je encore ! Certains de mes collègues se prennent carrément pour des influenceurs, mais bon, ça les regarde. J’ai commencé en disant que je n’en veux à personne et ce n’est pas avec mes propres coéquipiers que je vais commencer à me créer des bisbilles…

 

Ecclésiaste Deudjui en 1989 à Nkongsamba
En 1989 j’avais sept (07) ans et je vivais à Nkongsamba. Crédit photo: Pauline Magne /CC-BY

 

Je suis un blogueur camerounais de 36 ans, je suis célibataire et je n’ai pas d’enfant !

Donc, puisque hier c’était mon anniversaire, je me suis rendu compte que mon profil ressemblait curieusement à celui d’un anonyme qui recherche des correspondantes. Parce que je suis un écrivain-blogueur, je viens d’avoir 36 ans, je suis un célibataire et je n’ai même pas encore prévu de préfabriquer mon premier enfant…

 

Blogueur camerounais de 36 ans. Je suis né le 27 mai 1982 à Njissé par Foumban, mais j’ai toujours gardé le même cœur du petit garçon insouciant que j’étais pendant mon adolescence.

Blogueur camerounais célibataire. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Ce n’est pas faute d’être trop exigeant. Ce n’est pas de ma faute si j’ai envie d’épouser une Camerounaise qui sera préalablement mon amie.

Blogueur camerounais sans enfant biologique, mais est-ce que vous savez alors que je suis le père spirituel de plusieurs milliers de personnes ici au Cameroun ?

 

Parce que si chacun de nous voulait bien se regarder devant un miroir, certains seraient capables de récapituler les mauvaises choses qu’ils ont faites ainsi que les bonnes choses qu’ils n’ont pas pu exécuter. Et même si mon profil à moi ressemble extraordinairement à une banale annonce qu’on pourrait retrouver dans les magazines féminins, pour le moment je ne regrette encore rien.

Et je préfère plutôt vous remercier d’avoir pensé à mon anniversaire.

 

Ecclésiaste DEUDJUI, merci pour vos nombreux vœux

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Certains Camerounais ne se mélangent pas avec les anges…

Quand je buvais encore la bière, j’avais une sale habitude-là que quand je te demandais ce que tu veux boire, je t’obligeais à prendre de l’alcool. Et puis je refusais les Malta sur ma table, je refusais que quelqu’un pose les jus de fruits devant mes yeux, et je détestais aussi que quelqu’un me rappelle qu’il commence déjà à se faire tard…

Bref, j’étais un Camerounais qui n’aimait pas se mélanger avec les agneaux.

 

deux jolies métisses
Les jolies filles ne se mélangent pas avec les laides filles. Source: ntrjack.mondoblog.org /Image reproduite sous autorisation

 

Les soûlards ne se mélangent pas avec les non-soûlards

Quand je buvais encore la bière, j’étais très catégorique ! Puisque quand je demandais à une fille ce qu’elle veut boire, je lui imposais mes directives : « Je te permets de tout prendre, hormis la Malta Guinness et les jus ! »

Car au Cameroun, les soûlards ont toujours beaucoup de problèmes avec les non-soûlards. Ça les dérange de voir deux personnes qui viennent s’asseoir dans un bar et qui commandent de l’eau minérale. Ça les embête quand ils sont déjà ivres jusqu’à ils montent même parfois sur la table, alors que toi tu es encore lucide et zen. Ça les turlupine de s’asseoir avec les non-soûlards parce que vous ne serez jamais sur la même longueur d’onde d’ébriété. Car pendant que les soûlards auront envie de commencer à draguer, c’est là que tu vas leur dire que toi tu as déjà envie de rentrer te coucher à la maison…

 

Les célibataires ne se mélangent pas avec les gens mariés

Moi-même je ne comprenais le pourquoi auparavant. Mais depuis que je marche avec mon beau-frère (le mari de ma tante), j’ai compris que les hommes mariés n’ont pas –du tout !– le même raisonnement que les Camerounais qui sont encore célibataires.

Déjà que l’homme marié ne pense jamais pour lui tout seul. S’il voit la viande rôtie qu’on vend en route, il va d’abord se demander si ça peut faire plaisir à son épouse. S’il voit comment vous dépensez gaspillez votre argent dans les alcools et dans les fausses ambiances, il va d’abord calculer le nombre de rations alimentaires que tout cet argent pourrait lui faire dans son foyer… Et pire encore les femmes mariées ! Parce qu’elles aiment souvent faire la discrimination envers les filles célibataires, et elles pensent toujours que celles-ci veulent seulement arracher leurs maris. Les femmes mariées pensent d’abord à la scolarité de l’enfant alors que la célibataire pense à la Heineken. Hein ? Et surtout que certaines femmes mariées se séparent de leurs anciennes meilleures amies parce qu’elles considèrent qu’elles ne font plus du tout partie de la même catégorie…

 

femme le jour du mariage
Certaines femmes mariées ne marchent plus avec les filles célibataires. Source: www.blacknwed.com /CC-BY

 

Les araignées ne se mélangent pas avec les filles de barrière

Tu as déjà vu une araignée qui se balade avec une fille de barrière qui prépare son Probatoire ou bien son Baccalauréat ? Hein ? Ou alors avec une fille de barrière qui n’est pas elle-même aussi une autre panthère ?

Parce que pour moi hein, je n’ai jamais vu la qualité-là ! Je n’ai jamais vu une fille qui met les greffes péruviennes qui se promène avec une fille qui fait encore les matòbò sur sa tête (sauf si c’est sa sœur). Je n’ai jamais vu une fille qui fume la cigarette qui te dit que sa meilleure copine est une lycéenne. Car même si de nos jours il y a déjà beaucoup d’étudiantes qui sont de vraies panthères, je ne les ai jamais vues avec des filles de bonne moralité. Et c’est souvent parce que les araignées et les prostituées n’aiment pas que tu viennes leur casser les oreilles avec tes stupidissimes leçons de morale !

 

Les chômeurs ne se mélangent pas avec les travailleurs

Je parle des vrais chômeurs hein, je ne parle pas des chômeurs techniques. Je parle des garnements qui s’asseyent au carrefour et qui ont créé leur Chambre basse qu’on appelle aussi souvent « Le Parlement ».

Et la particularité de ces « députés », c’est que personne parmi eux ne veut se trouver chercher un emploi. Ils sont plutôt spécialisés dans le décryptage de la vie privée des gens, et ils font ce kongossa-là à longueur de journée. Je wanda ! Ils sont aussi spécialisés dans les analyses politiques de comptoir, mais également sur les discussions savantes autour des salaires des footballeurs… Tsuip !

Ce qui m’énerve avec ces Camerounais fainéants, c’est qu’ils n’aiment pas se mélanger avec les travailleurs. Car dès que tu vas vouloir ouvrir ta bouche, ils vont te dire que « N’est-ce pas tu travailles ? » Dès que tu vas vouloir leur donner ton avis sur un sujet quelconque, ils vont te répondre que « Tu connais quoi plus que qui ici ? » Dès que tu vas leur dire que tu rentres te coucher, ils vont te balancer : « Surtout, ne reviens pas ! »

Et pour rien-rien hein.

 

Le marché de Yaoundé
La population camerounaise est gravement atteinte par le chômage. Source: www.cameroonvoice.com /Image reproduite sous autorisation

 

Les mauvais Camerounais ne se mélangent pas avec les anges…

Donc quand je consommais encore les bières, j’étais vraiment très catégorique : « Je te permets de tout commander sur ma table, hormis la Malta Guinness et les jus !… »

 

Les coureurs de jupons ne se mélangent pas avec les amoureux ! Car c’est trop routinier. C’est trop énervant de remplacer tes conquêtes alors que ton ami est toujours accompagné par la même-même compagne.

Les pauvres gens ne se mélangent pas avec les riches ! Quoi ? Les riches qui sont pédés là ? Les riches qui sont dans les sectes là ? Les riches qui sont corrompus comme je n’ai jamais vu la qualité-là ?

Les bandits et les agresseurs ne se mélangent pas avec les garçons de bonne éducation. Car tu risques les trahir un jour par dépit, ou alors tu risques craquer et mettre toute leur organisation en péril.

 

Et cette dichotomie est vérifiable dans presque toutes les strates de notre société, puisque même le Chef de l’État a refusé de se mélanger avec le peuple camerounais (vous avez vu sa sécurité ?). Surtout que dans notre pays-ci hein, ce sont généralement les mauvaises gens qui refusent de se mélanger avec les gens qui font le bien. Je vous assure ! Parce que quand je venais de rencontrer mon ami Pierre La Paix Ndamè en mai 2015, on avait déjà une sale habitude-là que quand tu refusais de boire notre bière, nous on s’éloignait-nous systématiquement de toi.

Et c’est parce que nous étions des Camerounais qui ne voulaient surtout pas se mélanger avec des innocents…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je ne me mélange plus avec les démons

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Ruptures !

Si on m’avait dit un jour qu’une femme allait me quitter et que cette séparation allait me causer de la peine, je n’allais même pas le croire ! Et pourtant depuis que j’ai perdu ma dulcinée, je ne fais que me lamenter.

Je crois que je viens de découvrir la définition du terme « rupture »…

 

un homme et une femme se tournent le dos
les ruptures amoureuses commencent toujours par la fin du dialogue. Source: nydivorcefirm.com /Image reproduite sous autorisation

 

Il y a les ruptures silencieuses

Les ruptures silencieuses, ce sont celles-là qui ne te font pas réellement souffrir. Comme par exemple quand c’est toi qui quittes la fille, ou alors quand la fille te quitte alors que toi tu ne savais même pas que cette demoiselle-là te considérait déjà comme son petit ami… Tsuip !

Les ruptures douces, c’est quand parfois tu ne te rends même pas compte que tu étais déjà séparé avec la fille hein ! Comme le jour où j’avais téléphoné à ma copine l’une de mes copines qui habitait à Yaoundé, et qu’elle m’avait répondu que « donc je ne t’avais pas encore informé que c’était terminé entre nous deux ? »

 

Il y a les ruptures qui ne sont pas vraiment des ruptures

Tous les Camerounais ont déjà connu ça ! Dans ce pays-ci où chaque garçon normal a au moins quinze concubines, et où chaque Camerounaise entretient au moins quarante-cinq petits amis au même moment… Tsuip !

Sérieux hein, tous les Camerounais savent que quand tu te chamailles violemment avec ta titulaire, tu peux aller te consoler dans les bras de ton deuxième voire de ton quatorzième bureau. Mais après quelques jours heures de bouderie et d’orgueil, tu vas rappeler ta Reine Mère pour lui demander que « Je dis hein bé’éé ! Ça te dirait qu’on aille déchirer le chawarma ce soir ? »

 

réactions après les ruptures amoureuses
Les hommes et les femmes ont des réactions différentes après une rupture. Source: momentbuzz.blogspot.com /CC0

 

Il y a les ruptures temporaires…

J’ai connu des anciennes petites amies qui sont allées accoucher des enfants chez leurs nouveaux petits maris avec qui elles me trompaient souvent. Mais est-ce que moi je gère ça ? Je sais seulement que quand on s’est revus plusieurs années plus tard, certaines parmi elles ont essayé de me reconquérir et même de me re-séduire. Car je sais que parfois tu peux dévierger dévirginiser une fille et puis tu disparais complètement de son existence, mais un jour-un jour vous allez inéluctablement finir par vous remettre encore ensemble. Je sais que quand tu as déjà accouché un enfant avec la fille de quelqu’un ici au Cameroun, vous êtes déjà presque irrémédiablement liés à vie. Puisque chaque fois que vous allez vous séparer « pour de bon » comme vous le faites toutes les trois semaines, vous allez toujours vous re-téléphoner pour vous dire que « L’enfant chauffe hein », « L’enfant n’est pas allé à l’école aujourd’hui hein », « L’enfant n’a rien mangé hein ». Et ensuite vous allez vous retrouver sans caleçon sur un matelas comme si vous vouliez déjà fabriquer le petit-frère de votre premier enfant-là…

 

…Et il y a les vraies ruptures

Les vraies ruptures, ce sont celles-là qui te feront vraiment souffrir ! Pas parce que vous êtes séparés hein, mais parce que vous n’êtes plus ensemble. Et surtout parce que tu sais que vous n’allez plus jamais vous recoller comme vous étiez vraiment collés-chewing-gum auparavant…

Pas parce que la personne t’a insulté(e) hein, nôôô ! Pas parce que la personne t’a déclaré que c’était terminé entre vous deux (est-ce que c’est la première fois qu’on te dit ça ?). Pas parce que la personne t’a bastonné(e). Mais c’est parce que quand tu observes lucidement la nature de votre rupture, tu es persuadé(e) –et tu sais– que même si vous reprenez encore un jour ensemble, eh bien ce ne sera plus jamais-jamais la même chose !

Les vraies tortures hein, c’est lorsque tu vois une fille qui pleurniche dans sa chambre pendant toute une soirée du solstice d’hiver (il paraît que ces nuits sont plus longues), parce qu’elle t’aime encore mais elle a compris qu’il vaudrait mieux que tu disparaisses de son existence ! Vrai-vrai hein ! Ou alors tu vois un costaud gars comme Pierre La Paix qui fait veut faire le dur, qui efface ton numéro de téléphone dans son répertoire alors qu’il est en train de déprimer jusqu’à ce n’est plus bon. Vous voyez ? C’est un peu comme ça que j’avais mal réagi le jour où je venais de me séparer de ma dulcinée…

 

couverture du livre Revenge porn
Nathalie Koah a publié un livre après sa rupture tumultueuse avec Samuel Eto’o. Source: a-free-can.com /CC0

 

Cassures !

Donc je l’avoue hein, auparavant je me prenais pour un caïd. Car si on m’avait annoncé qu’une femme allait me larguer et que cette séparation allait me procurer de la souffrance, j’allais demander à mon messager de me ficher le camp !

Mais c’est parce que je n’avais pas encore rencontré la fille qui vient de me quitter…

Rupture. Si tu vois une personne qui est traumatisée après une séparation, sache que c’est parce que cette personne-là a beaucoup aimé donné dans la relation.

Rupture. Si tu vois une fille qui a peur de s’engager dans une relation amoureuse alors qu’elle aime vraiment son compagnon de tout son cœur, sache que c’est parce qu’elle a simplement peur de la future séparation.

Ruptures. Si tu vois un vieux couple de Camerounais qui se chamaillent tous les matins et qui s’insultent chaque soir, mais qui ne veulent jamais se séparer, sache que c’est parce qu’il n’y a rien de plus douloureux que le divorce !

 

Parce que quand moi j’avais commencé à tomber amoureux de ma dulcinée qui vient de me laisser tomber, je ne savais pas que j’étais en train de m’amuser avec le feu. Quand on s’embrassait sur la bouche et quand on rigolait parfois en se regardant dans les yeux, j’étais en train d’augmenter la hauteur de mon atterrissage. Et puisque dans l’amour on sait seulement comment ça commence mais on ne sait jamais comment ça va se terminer, c’est comme ça que je me suis retrouvé en train de voltiger dans le néant lorsque la fille m’a déclaré que « Je suis désolée Ecclésiaste, mais c’est terminé entre nous deux ! »

Et c’est là que j’ai découvert la signification du terme « rupture ».

 

Ecclésiaste DEUDJUI, elle a rompu avec moi

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J’ai décidé de ne plus boire la bière !

Mon père a arrêté de boire la bière le 26 septembre 1997 ! Pas parce qu’il voulait hein, mais c’est parce que son docteur lui avait dit que « Mr Deudjui ! Si vous continuez avec l’alcool, vous allez bientôt perdre votre vue. »

Mais moi j’ai envie d’arrêter avec la bière parce que j’ai décidé de devenir une bien meilleure personne

 

bouteilles de bière sur la table
Les Camerounais consomment beaucoup de bière dans les bars. Crédit photo: Thierry Didier Kuicheu /tdkuich.mondoblog.org

 

J’ai déjà le gros ventre

Tous ceux qui me connaissent savent que j’ai gardé mon même poids depuis presque 1997 !  Mais quand je rencontre un ancien camarade de classe, il me demande d’abord que « Mon frère, tu pars où avec le ventre-là ? » Pourtant j’ai toujours le même poids hein ! Mais depuis septembre 2001 que Florian Ngimbis m’avait fait goûter ma première bière (une Castel à l’époque), j’avais continué à consommer les alcools jusqu’ààààààà… Jusqu’à mon ventre a poussé jusqu’à je n’arrive même plus à voir mon bangala lorsque je me mets debout pour pisser devant le bidet ou la cuvette des toilettes…

Et c’est pour cela que j’ai envie d’arrêter de boire ! Pas parce que j’ai envie d’avoir les tablettes de chocolat hein, nôôô ! C’est déjà trop tard. Mais c’est parce que quand je me couche avec une fille, je ne veux plus qu’elle me demande continuellement que « Je dis hein, tu as d’abord avalé une baleine avant de me dire de passer chez toi ? »

 

Quand je bois je dérange

J’ai du mal à l’avouer. Mais force est de constater que chaque fois que j’ai exagéré avec les bières, les gens sont venus se plaindre chez mon bailleur que « Vous ne pouvez pas enfermer le type-ci dans votre barrière ? »

Car en réalité, les gens qui boivent l’alcool ne constatent même pas quand ils ont déjà franchi la ligne rouge. Ils commencent seulement à bavarder, à crier, à vociférer et à danser devant tout le monde. Certains ivrognes se mettent à vomir et les autres commencent à turlupiner toutes les personnes qui se (re)trouvent à côté d’eux…

Puisque pour mon cas par exemple, j’avais perdu une jolie fille que j’aimais de tout mon cœur et qui se prénommait Armelle, parce que j’avais passé la soirée à lui caresser appuyer les seins parce que j’étais déjà à ma quatrième ou bien à ma cinquième bouteille. J’ai aussi déjà perdu un ami avec qui on s’était chamaillés pour rien-rien comme ça, ou alors je crois que c’est parce que nous étions soûls. J’ai aussi bagarré un jour avec un taximan, un bendskineur, un portier de bar, un caméraman, etc. J’ai aussi échangé des coups de poing avec un gars qui était venu me demander pourquoi est-ce que j’avais osé déposer mes sales mains sur les grosses fesses de sa copine…

 

violence conjugale
L’alcool est responsable de plusieurs violences conjugales. Source: adventistemagazine.com /CC-BY

 

Je ne suis plus un homme fidèle

C’est la conséquence logique du dérangement quand on est déjà soûl. Parce que quand tu bois déjà beaucoup jusqu’à ton pantalon commence à gonfler en dessous de ta ceinture, c’est grave ! Et si tu ne te contrôles pas tu vas te mettre à draguer Mélanie, Stéphanie, Barbara, et peut-être même un Robert (Dieu merci, ça ne m’est pas encore arrivé) !

Mais ce que je veux dire c’est que l’alcool renforce les infidélités. L’alcool te donne le « courage » de draguer une fille qui passe en route alors que tu es déjà un homme marié. L’alcool te fait envoyer des SMS à tout ton répertoire à minuit. L’alcool te donne même les beaux mots et les belles phrases que tu pourras balancer à la fille. L’alcool te donne le style, le groove, la galanterie et la poésie romantique de mon ami Pierre La Paix Ndamè.

Mais le pire du pire de tout ce que l’alcool te « donne », c’est que tu n’es même plus capable de distinguer que la fille que tu es en train de baratiner n’était même pas une jolie fille…

 

Je mets déjà trop ma vie en danger

J’ai décidé de ne plus boire la bière le jour où on m’avait agressé pour la énième fois. Puisque comme j’étais soûl, j’avais voulu leur résister. Comme j’étais ivre, j’avais changé la destination qui me ramenait chez moi. Comme j’avais perdu la rationalité parce que j’avais déjà consommé plusieurs bouteilles de grandes Guinness (est-ce que la grande Guinness s’amuse ?), je croyais que si on enfonce le couteau dans mon gros ventre eh bien je n’allais même pas ressentir la moindre douleur !

Et c’est comme ça que je me suis fait agresser à Village, à Bonabéri, à Bépanda, à Ndogbong, à Makèpè-Missokè. J’ai déjà perdu une moto neuve à Madagascar et une autre moto neuve dans mon propre quartier. J’ai déjà été cambriolé à Déido parce que j’étais parti boire la bière à la Cité des palmiers. J’ai déjà été percuté par un camion d’Hysacam. J’ai déjà été poignardé à 3h du matin jusqu’à mes agresseurs m’avaient laissé pour mort ! Et c’est quand je me suis réveillé à l’hôpital que j’ai compris que ma vie ne m’appartenait plus (elle appartient désormais à mes fans et à tous les gens qui m’aiment). Et c’est net-net à ce moment-là que j’ai décidé de ne plus jamais mettre ma vie en danger à cause de la bière…

 

bouteilles de grande Guinness
La grande Guinness est une boisson très enivrante. Source: verogist.wordpress.com /Image reproduite sous autorisation

 

Cette fois c’est décidé, je ne vais plus jamais boire la bière !

Donc depuis que le docteur avait dit à mon paternel qu’il risquait de devenir un aveugle, le gars avait arrêté l’alcool là-là-là ! Mais quant à moi hein, j’ai décidé de ne plus boire la bière parce que j’ai tout simplement envie de devenir une bien meilleure personne…

J’ai décidé d’arrêter avec la bière ! Car on peut aussi s’amuser avec les Top Grenadine, avec les bières sans alcools, avec les bouteilles d’eau minérale ou encore avec les mixtures de jus de fruits naturels.

J’ai décidé de ne plus jamais consommer les whiskies ni les champagnes. Parce que d’abord ça coûte cher, mais aussi parce que ça nous détruit petit-à-petit les organes.

J’ai décidé de ne plus jamais consommer les bouteilles de vins ni même les simples spiritueux, parce que je devenais de moins en moins intelligent et je devenais aussi un peu très maladroit envers les filles…

 

Parce que pour vous dire vrai l’alcool nous détruit, ça nous affame, ça nous abrutit et ça nous fatigue. L’alcool nous fait dépenser beaucoup d’argent sans nous en rendre compte, et c’est le lendemain matin qu’on va le regretter. L’alcool nous fait monter sur des inconnues sans même enfiler un préservatif. Ça nous fait rentrer tard, se réveiller très-très tard, et ça nous rend irresponsables alors que nous avons besoin de toute notre énergie pour rebâtir notre cher et beau pays le Cameroun.

Hein, les gars ? Est-ce que vous ne voyez pas que vous devez aussi décider de ne plus jamais consommer la bière ?

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je ne bois plus la bière !

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Coming-out

J’ai un ami qui vit à Yaoundé et comme il n’est pas encore marié, sa mère lui demande souvent : « Je dis hein, tu es un homosexuel ? »

Et il lui répond toujours non, évidemment. Comme toutes ces personnes qui ne veulent jamais dévoiler leur véritable sexualité ici au Cameroun…

 

main dans la main
Il est impossible pour les homosexuels de s’afficher en public. Crédit photo: Katrin Ganster /afrik.com

 

Moi j’ai fait mon coming-out

Je ne suis pas un homosexuel hein, mais j’ai déjà fait mon coming-out. Puisque depuis que j’ai côtoyé ces Camerounais qui sont marginalisés et systématiquement stigmatisés, j’ai décidé de ne plus négliger leur cause. J’ai décidé de chercher à les comprendre. J’ai décidé de lutter contre l’homophobie parce que l’homophobie est vraiment très présente et très prégnante ici au Cameroun…

Bref, j’ai déjà fait mon coming-out. Il y a même des gens qui ont décidé de ne plus jamais me parler parce que je serais devenu un « acolyte » des homosexuels. Il y a des gens qui m’ont bloqué sur leur page Facebook. Il y a aussi quelques amis qui se méfient de moi, parce que je mange avec les homosexuels, je danse avec les homosexuels et je pars souvent en boîte de nuit avec les lesbiennes qui sont de vraies ambianceuses ici à Douala…

 

Les hétérosexuels ont fait leur coming-out

Tout le monde sait bien que les Camerounais adorent les femmes, et que les femmes camerounaises adorent le plantain mûr. Mais cela ne dérange personne ! Puisque tant que tu es restes un hétérosexuel comme Pierre La Paix Ndamè, tu peux même monter sur un tabouret et tu cries au carrefour que « Je suis un homme marié mais je dors avec plein de maîtresses dans les auberges ! »

Vous voyez alors l’injustice ? Pourquoi la sexualité désordonnée des uns peut-elle être publique, et la sexualité ou l’asexualité des autres devraient forcément vous paraître condamnables ? Hein ? Et c’est pour cela que certains homosexuels sont même souvent prêts à mentir en public, à dire qu’ils sont des hétérosexuels, parce que cela passe facilement. Tu peux même dire que tu es un polygame et cela ne dérangera personne. Tu peux même sortir avec la sœur les sœurs de ton épouse. Tu peux même devenir un parent et un conjoint irresponsable. Tu peux même pratiquer l’inceste. Mais tant que tu restes un homme qui aime les femmes ou alors une femme qui adore sucer les cannes à sucre, tu peux tranquillement continuer à faire ton coming-out en public !

 

Maître Alice Nkom
Maîre Alice Nkom est une avocate au service des homosexuels au Cameroun. Source: Wikimedia commons /CC0

 

Les homophobes ont fait leur coming-out

Les homophobes, ce sont ces gens-là qui détestent les homosexuels pour rien-rien comme ça ! Et ils ont même poussé le bouchon loin, puisque je vous ai raconté que j’ai des amis virtuels qui m’avaient bloqué sur Facebook parce que je serais devenu un « acolyte » des homosexuels mâles et aussi des lesbiennes… Tsuip !

Les homophobes ont déjà fait leur coming-out. Puisqu’ils peuvent s’exprimer librement sur les réseaux sociaux, et que cela ne choquera personne. Ils peuvent en appeler à la haine et à la violence en public. Ils peuvent insulter les gays de « pédés » et les intersexuels de « tarlouzes ». Ils peuvent demander à un policier de faire incarcérer un efféminé ou bien un garçon manqué, et ils ont aussi le droit de violer les jolies lesbiennes (collectivement) pour soi-disant « corriger » leur sexualité qui serait biologiquement déficiente…

 

Les homosexuels ne peuvent pas faire leur coming-out

Si dans un pays comme le Cameroun où vous avez le droit de montrer vous vanter que vous flirtez avec mille copines à la fois, et que dans le même temps il y a vos amis homophobes qui vous ostracisent déjà, alors vous imaginez bien la suite ?

Eh bien la suite c’est que les homosexuels n’ont plus le droit à la parole ! Ils n’ont même pas de droit public à l’amour. Ils sont exposés à des maladies vénériennes, à vivre en cachette et à batifoler en secret. Ils n’ont même pas le droit de dire en public qu’ils possèdent une autre orientation sexuelle que la nôtre, sinon on va les lyncher en direct. Ils sont obligés de faire comme tout le monde, c’est-à-dire de se marier avec une personne du sexe opposé et de lui faire pondre des enfants. Ils vivent ainsi dans la supercherie et dans le mensonge, et ils mènent parfois une deuxième voire une quatrième vie en secret. Car la société camerounaise est encore très fermée pour eux, et la loi n’est pas vraiment de leur côté. Et parmi toutes les idoles et les icônes qu’il y a ici dans notre pays, il n’y a pas encore eu une seule vedette qui s’est placée devant les caméras pour nous révéler qu’elle était biologiquement et génétiquement une homosexuelle !

 

deux gays sous la bannière homosexuelle
L’homophobie est un véritable fléau ici au Cameroun. Source: stophomophobie.com /CC-BY

 

Coming-in

Donc quand tu n’es pas encore marié avec une femme ici au Cameroun, tes parents peuvent souvent te demander : « Mais je dis hein, tu ne serais pas un homosexuel par hasard ? »

Et tu leur répondras toujours non, évidemment. Comme tous ces homosexuels qui n’ont pas le droit de déclarer leur véritable sexualité ici au Cameroun…

 

Coming-out ! Selon les chiffres officiels, il y a au moins 10 % de la population camerounaise qui aurait une orientation sexuelle qui est différente de l’hétérosexualité.

Coming-out ! À force de pousser les homosexuels à se cacher et à se taire, vous ne les protégez pas contre les maladies. Vous les éloignez progressivement du bonheur. Vous ne les considérez pas comme des Camerounais.

Et c’est pour cela que j’ai envie de vous faire mon propre coming-out, même s’il faudrait pour cela que je vous révèle que moi aussi je suis un homosexuel !

 

Parce que ce qui fait que l’homophobie se propage ici dans notre pays-ci, c’est parce que les gens voient encore l’homosexualité comme si c’était une étrangeté. C’est parce que les gens qui sont homosexuels ne le déclarent jamais publiquement. C’est parce qu’ils sont pourtant nombreux dans notre Cameroun qui sont de vrais gays et aussi de vraies lesbiennes, mais qu’ils préfèrent mener une double vie en catimini.

Alors qu’on peut faire changer les choses si on décidait tout simplement de venir faire notre coming-out…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi j’ai fait mon coming-out

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J’aurai le syndrome de Stockholm

Il y a deux bandits qui m’ont agressé l’autre jour là-bas vers Makèpè-Missokè. Et pendant que l’un d’eux me serrait la gorge, il y a son complice qui me défigurait avec des coups de poings, il a même presque failli me démolir la mâchoire.

Mais vous savez quoi ? Je n’arrive même pas à les détester…

 

Le syndrome de Stockholm peut forcer une victime à aimer son bourreau
Source: Pinterest /CC0

 

C’est quoi le syndrome de Stockholm ?

Pour ceux qui ne sont pas aussi âgés que moi, sachez que c’est en août 1973 qu’on a diagnostiqué ce syndrome. Deux cambrioleurs avaient braqué une banque de Stockholm (Suède) pendant six jours, et avaient séquestré quatre employés en otage.

On a constaté qu’après leur libération, les otages en question avaient manifesté de la « sympathie » et de l’empathie pour leurs bourreaux ! Ils les avaient même défendus devant la police. Ils ont refusé de témoigner contre ces derniers au tribunal. Ils leur ont ensuite rendu visite en prison. Et le pire du pire, c’est qu’il y a même une employée qui avait développé une relation sentimentale amoureuse avec Jan Erik Olsson, alors que ce dernier s’était pourtant révélé comme étant le plus dangereux de ses deux tortionnaires…

 

Pourquoi je ne déteste pas mes agresseurs ?

Pour revenir au Cameroun à mon cas, disons que je ne suis pas près de tomber amoureux de mes deux agresseurs (il faudrait que je sois un homosexuel pour cela). Mais quand même, quand je suis retourné sur les lieux de mon agression le lendemain matin vers les 6h30, j’ai trouvé qu’ils avaient emballé mes chaussures neuves dans un sachet en plastique. Ils avaient aussi fouillé vidé mon portefeuille mais ils avaient quand même pris la peine de remettre ma carte d’identité à l’intérieur, ainsi que les clés de ma chambre.

Et ce qui fait en sorte que je ne les déteste plus, c’est qu’ils ont mis tout ça en route de façon que hein, même si je suis un aveugle hein, je vais voir qu’ils n’avaient pas du tout envie que je me sépare de mes nouvelles chaussures ainsi que de ma nouvelle carte d’identité

 

ce sont les petits qui donnent le Pouvoir aux grands
Ce sont les petites gens qui donnent leur pouvoir à leurs dirigeants. Source: steemit production / CC-BY

 

Qu’est-ce que je pensais des bandits auparavant ?

Avant mon agression de l’autre jour, j’avais déjà atteint un niveau où je me moquais de l’avis la vie de tous les bandits qu’il y a ici au Cameroun ! Et cette aversion avait commencé à Bafoussam en 2003, à cause de mes habits que j’avais séchés à la véranda. Des énergumènes avaient escaladé notre barrière en pleine nuit et avaient forcé notre porte (sans succès, heureusement), mais ils étaient quand même repartis avec mon nouveau survêtement que mon grand frère venait tout juste de m’offrir…

Après cet épisode, j’ai habité à la Nouvelle Route 7ème à Bépanda en 2006, et je voyais comment les bandits cambriolaient les maisons des gens presque tous les jours ! Et j’avais peur. Je voyais comment les braqueurs de Bonabéri sont capables de te poignarder en se souriant, et en te laissant comme un cadavre ! Et même si depuis l’autre jour j’ai quand même un peu changé d’avis à cause de mes deux agresseurs de Makèpè-Missokè, je dois reconnaître que quand on lynchait publiquement un bandit de Village, de Déido ou encore de Bonamoussadi devant mes yeux, eh bien moi je regardais toujours ces scènes macabres-là avec une de ces indifférences !

 

Pourquoi y a-t-il  des bandits au Cameroun ?

Je crois que c’est même cela la vraie question que nous devrions d’abord nous poser. Parce que si j’étais le Président de la République du Cameroun depuis 1982, j’irais utiliser ces braqueurs-là plutôt comme des militaires dans les unités d’élite. J’appellerais les cerveaux de ces gangs, et je les introduirais dans les services de renseignement.

Si j’étais même seulement un simple petit maire dans notre pays-ci, ou alors un simple Chargé de la culture comme mon ami Pierre La Paix Ndamè, j’irais me battre pour que les Camerounais continuent à se battre sans jamais chercher à les déranger. Parce que même si c’est vrai que les malfrats ne disparaîtront jamais de ce monde, je pense que nos dirigeants – et leurs acolytes – ont beaucoup fait pour qu’il y ait une démultiplication du nombre de gangsters qu’il y a ici au Cameroun.

 

tenue du RDPC avec Paul Biya
Les militants du RDPC sont victimes du syndrome de Stockholm. Crédit: chateaunews.com /CC-BY

 

J’aurai bientôt le syndrome de Stockholm

Et donc pendant que le premier bandit voulait presque m’étrangler, il y a son complice qui m’enchaînait avec les coups de poings, il a même presque failli me bousiller toute la mâchoire.

Mais vous savez quoi ? Je n’ai même pas un peu envie de vouloir commencer à les détester…

 

J’aurai le syndrome de Stockholm ! Parce que chaque fois que des Camerounais me braquent, ils font toujours tout et tout pour que je ne décède pas pendant la bagarre, et ils ne me poignardent jamais à des endroits qui pourraient me coûter le souffle de la vie.

J’aurai bientôt le syndrome de Stockholm ! Parce que quand on m’avait cambriolé l’année surpassée par exemple, les voleurs étaient venus déposer mon acte de naissance juste devant l’entrée de notre portail.

J’ai même déjà attrapé le syndrome de Stockholm, parce que j’ai compris que tous mes agresseurs font ce « travail » là parce que le Cameroun est devenu un pays vraiment très difficile.

 

Alors quand quelqu’un prend la peine de risquer sa vie alors que j’ai crié « Au voleur ! Au voleur ! », quand quelqu’un s’arrange à arracher mon téléphone portable mais à me restituer quand même mes pièces les plus importantes, quand quelqu’un dépose tout ceci sur mon chemin de telle manière qu’il est certain que je ne vais pas manquer de pouvoir récupérer toutes mes affaires, je n’ai surtout pas envie de le détester ou même tout simplement de le haïr.

Et c’est pour ça que j’aurai aussi bientôt le syndrome de notre Cameroun.

 

Ecclésiaste DEUDJUI, j’ai déjà le syndrome de Douala

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Imbécile, la mort !

Ce n’est pas parce que je viens de perdre Pascaline que je suis en colère contre la mort. Mais c’est parce que cette mort ne veut jamais cesser de se comporter comme une imbécile !

 

Ecclésiaste Deudjui et Pascaline avant sa mort
Rencontre en 2013 avec Fabrice Nouanga (à gauche), Marlyse Boueko (à droite) et Pascaline (à ma droite). Crédit photo: Eric Bertrand /CC-BY

 

La mort est une lâche !

Dans la majorité des cas, la mort nous frappe par surprise. Et c’est cela qui nous fait de la peine, en réalité. Parce que si l’on avait au moins une occasion de dire « Au revoir » ou bien « Adieu » à tous ces gens qui nous ont quittés subitement, on aurait peut-être eu un peu moins de souffrance.

Bref, la mort est une vraie lâche ! Elle nous fauche sans distinction de sexe, de race, d’âge ou d’obédience religieuse. Elle ne veut même pas savoir si nous nourrissons des projets ou des rêves. Elle est une briseuse de vies, parce qu’elle fait surtout du mal à ces vivants qui vont devoir survivre après le décès de leur regrettée personne défunte…

 

La mort est une opportuniste

Parce qu’elle profite de la moindre faille tout. Elle n’a besoin que d’un prétexte, en réalité. Elle ne recherche que le motif qu’on va proclamer à la radio, lorsqu’on dira par exemple que tu es mort « des suites de longue maladie », comme on l’a fait pour ma Pascaline.

La mort est vraiment cruelle et méchante. Elle se frotte les mains lorsqu’il y a des guerres. Elle est souvent au rendez-vous lorsqu’il y a des séditions à la Boko Haram ou bien des cambriolages dans nos sous-quartiers. Elle s’invite aussi lorsqu’il y a des crises anglophones ou bien de simples petites bagarres. Elle est toujours là dans les hôpitaux, à tout moment, en train de sillonner les couloirs et de renifler les corps. Elle est à la fenêtre des personnes âgées chaque matin et chaque soir, lorsque ces personnes se réveillent mais aussi aussi lorsqu’elles veulent se rendormir…

 

Ecclésiaste Deudjui et Pascaline Assiémé en 2013
Pascaline était devenue une amie personnelle pour moi. Crédit Photo: Eric Bertrand /CC-BY

 

La mort est irréparable

Ce qui me fait mal avec la mort, et qui me fait la traiter d’imbécile, c’est surtout parce qu’elle est irréparable. Elle ne s’amuse pas, si on peut dire. Car on ne meurt jamais par erreur. On ne meurt jamais deux fois. On ne meurt jamais par essai. Et c’est pour cela que quand la mort frappe à votre porte, tout le monde se met à pleurer. Parce que quand la mort vient et nous prend quelqu’un comme notre Pascaline, ce n’est pour ne plus nous la remettre. Car quand la mort vient pour te prendre un être très cher (la mort se fiche de vos sentiments), elle ne veut même pas regarder les conséquences. Elle ne veut même pas regarder la suite. Elle ne veut même pas regarder les circonstances. Elle est tout simplement comme un verre cassé, c’est-à-dire qu’elle est à la fois irréversible et irréparable !

 

La mort est très mystérieuse

Je ne vous apprends rien si je vous dis que la mort concerne tout le monde. Y compris vous-mêmes, parce que vous allez bientôt mourir. Et je suis vraiment navré de vous le répéter de cette façon…

Nous allons forcément disparaître, évidemment, mais ce n’est pas cela le pire. Le pire c’est que nous ne savons même pas quand cela aura lieu, ni comment. Ni où, ni avec qui, ni pourquoi. Nous ne savons même pas où est-ce que nous irons, si tant est que nous soyons prédestinés à nous rendre quelque part après notre disparition

Bref, la mort est tout simplement cynique. Elle est narquoise et elle est présomptueuse. Elle est condescendante. Elle a rendu tous les Hommes égaux. Elle anéantit tous les efforts que nous faisons sur la Terre parce que ça sert à quoi d’avoir des vies différentes si nous aurons finalement tous le même sort la même mort ? Hein ? Ça sert à quoi de vivre longtemps si nous ne savons même pas pourquoi est-ce que nous devons obligatoirement mourir ? Ça sert même d’abord à quoi de vivre et d’exister, tout simplement ?

Hein, mon ami Pierre La Paix Ndamè ?

 

faire-part Pascaline Assiémé
Pascaline sera inhumée ce samedi 21 avril 2018. Photo: Degros /CC-BY

 

La mort est une imbécile !

Donc ce n’est pas parce que je viens de perdre ma Pascaline hein, mais je suis sérieusement fâché contre la mort. Parce que je ne comprends pas pourquoi elle ne veut jamais cesser de se comporter comme une vraie imbécile…

Machiavélique, la mort ! Comment peux-tu prendre la vie d’une femme qui vient de donner la vie par accouchement, et comment peux-tu prendre la vie d’un nouveau-né qui n’a même pas encore respiré l’air de la nature ?

Injuste, la mort ! Parce que si tu étais impartiale raisonnable, tu commencerais d’abord par les gens qui font du mal et tu continuerais après par les gens qui sont de bonne moralité.

Criminelle et dévastatrice, la mort ! Parce que tu viens de nous prendre notre Pascaline alors qu’elle venait à peine de célébrer ses quarante ans !

 

Puisque quand je l’avais connue entre 2001 et 2002, elle venait de devenir la femme de mon oncle. Et ensuite elle était devenue la mère de mes cousins. Puis elle est devenue mon amie intime. Puis elle était devenue l’amie personnelle de toute ma famille, et voilà que je parle d’elle à l’imparfait de l’indicatif alors que je n’ai même pas eu l’occasion de lui glisser un tout petit au revoir…

Et tout ceci c’est à cause d’une imbécile !

 

Ecclésiaste DEUDJUI, à la mémoire de Pascaline Assiémé

WhatsApp: (+237) 696.469.637

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