Ecclésiaste Deudjui

Les techniciens camerounais, c’est tout un programme !

Si je vous dis que ça fait déjà plus de deux semaines que je dors sans ventilateur, vous allez penser que j’habite dans la fraîcheur de Ngaoundéré ! Et pourtant non, je réside bel et bien dans la chaleur de Douala. Sauf que quand j’étais allé déposer mon ventilateur chez le réparateur qui est en bas de notre immeuble, il m’avait dit que « Tu auras ça d’ici trois jours ! »

Mais voilà déjà plus de deux semaines qu’il ne fait que me répéter que j’aurai mon ventilateur « d’ici trois jours » au plus tard…

 

un colleur de roues à Douala
Colleur de roues à Bépanda. Crédit: Ecclésiaste Deudjui (c) 2013

 

La propreté et le bureau

Le réparateur dont je vous parle, il travaille juste au pied de notre immeuble. Puisque quand je descends les escaliers pour aller verser ma poubelle, parfois il m’intercepte pour savoir s’il peut récupérer une pièce à l’intérieur de toutes mes ordures…

Nos techniciens camerounais, la propreté n’est pas leur première propriété. Laissons même les mécaniciens qui sont toujours en train de se maquiller en-dessous de ta voiture. Laissons même les menuisiers qui s’essuient toujours avec la suie. Laissons même les plombiers que quand ils se courbent pour regarder en bas de ton évier, tu as parfois envie de lui demander que « Type ! Est-ce que tu es toujours obligé de ne pas porter le caleçon ? »

Parce franchement, ces gars-là se foutent de leur « bureau » comme de leur corps. Car non seulement c’est poussiéreux et désordonné partout-partout, mais si c’est un réparateur de téléphones tu vas voir comment il y a de vieilles coques et de vieilles batteries qui sont malaxées dans son atelier-là jusqu’ààààààà…

 

Le diagnostic et le dépannage

Quand je dis « dépannage », ça ne veut pas dire qu’ils vous donnent de l’argent hein. Au contraire ! Puisque quand j’avais apporté mon ventilateur chez le rebobineur qui est en bas de notre immeuble, il m’avait demandé que « Tu dis que ça fait comment ? » Et sans même me laisser répondre, il a directement conclu que ça devait me coûter presque 8 255 francs CFA !

Leurs diagnostics, c’est pire que pour nos médecins ! Parfois mon électricien me donne tous ses diagnostics à vue d’œil ! Parfois le frigoriste de Pierre La Paix lui dit que son frigidaire a eu un problème de condensateur, alors qu’il n’a même jamais observé son frigo… Parfois le technicien te dit qu’il manque une pièce très-très-très importante dans ton imprimante, donc très-très-très chère ! Parfois un réparateur de splits ouvre ton climatiseur devant toi et il te dit que « C’est foutu, on ne peut plus rien faire ! » Et ensuite il te demande quarante mille francs CFA pour voir s’il peut encore quand même essayer de tenter quelque chose…

 

il faut des pièces pour faire travailler un médecin
Nos médecins et nos techniciens sont des machines à sous

 

Les vrais-faux rendez-vous

Les faux rendez-vous, c’est le genre que quand je passe après trois jours pour vérifier si mon ventilateur est déjà réparé, le rebobineur me redit encore que « Dis-donc toi aussi ! Tu ne peux pas supporter encore trois jours ? »

J’ai aussi un ami électronicien à Bépanda qui est comme ça. Et avec lui hein, il faut seulement aller le coincer à sa tontine du dimanche à 14h30 sinon tu ne vas jamais réussir à récupérer ton téléviseur !

J’ai aussi un oncle qui est couturier comme ça à Bafoussam. Et le type-là parle tellement bien que quand tu viens pour récupérer tes habits que tu avais commandés chez lui en février 2014, il va t’embrouiller jusqu’ààààààà… Jusqu’à c’est toi-même qui vas lui dire que tu vas plutôt repasser en 2018 pour venir récupérer tous tes vêtements…

 

Le service après-vente

Quel service après-vente ? Vous êtes fous ? Vous rêvez ? Vous avez déjà vu un cordonnier camerounais qui vous téléphone pour vous demander que « Tu as encore eu un problème avec ta chaussure ? » Mouff ! Ça n’existe pas encore ici au Cameroun !

Déjà que le service avant-vente n’est même pas d’abord efficace : on t’accueille mal, on te fait un faux diagnostic avec un devis qui est dévissé, on te donne plusieurs faux rendez-vous, aucune garantie, et dès que tu as récupéré ton appareil on ne te gère plus.

Tu vas aller te plaindre chez ton câbleur ?

 

il brûle son ordinateur au lieu de l'allumer
Il n’y a pas de service après-vente chez les réparateurs

 

Les réparateurs camerounais hein, c’est tout un programme !

Donc quand je dis à quelqu’un que ça fait déjà plus de deux semaines que je dors dans mon lit sans ventilateur, les gens me demandent souvent que « Je demande hein, tu habites au Pôle-Nord ? »

 

C’est tout un programme ! Les techniciens camerounais n’ont pas de diplômes mais ce sont parfois des experts en expertise.

Tout un programme ! Les techniciens camerounais arborent parfois une blouse blanche. Enfin, elle devait certainement être blanche auparavant.

Les techniciens camerounais hein, c’est vraiment un vaste programme : ils mentent, ils flattent, ils escroquent, ils dépouillent les gens qui sont naïfs et ils profitent de notre situation de détresse.

 

Ils ne veulent même pas savoir si tu vas revenir chez eux le lendemain avec un autre problème. Ils ne gèrent jamais les « retours ». Quand ils ne connaissent pas réparer quelque chose, ils ne vont jamais te dire qu’ils ne connaissent pas réparer quelque chose. Ils sont toujours prêts à te demander de l’argent quand tu viens pour déposer ton appareil, mais pour récupérer ta propre chose ça va devenir tous les problèmes du monde.

Je vous jure hein, voilà déjà plus de deux semaines que je dors sans ventilateur dans la chaleur de Douala avec tous les moustiques que vous-mêmes vous connaissez-là…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je ne suis pas un réparateur

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Voici comment trouver le mari idéal

Pour dire vrai hein, je suis un mauvais petit ami ! Parce que quand j’ai déjà couché avec une fille, c’est très facile pour moi de ne plus jamais la rappeler. Et pourtant s’il faut bien voir, je ne suis pas un si mauvais compagnon que ça. Mais c’est parce que les femmes ne savent pas comment il faut se comporter pour rencontrer le mari idéal…

 

couple qui joue à la playstation
Une femme doit partager des moments de détente avec son homme

 

L’élégance

L’élégance est la porte d’entrée de l’amour. C’est-à-dire que pour qu’un homme tombe réellement amoureux d’une femme, il faudrait que cette femme-là essaye de rester toujours sexy et attirante devant ses yeux.

Ça veut dire que si je t’appelle et que je te demande de me retrouver quelque part à Ndokoti, il faudra que tu fasses l’effort de t’arranger au moins un peu avant de venir me retrouver. Parce que dans plusieurs ménages, il y a des femmes ici qui se négligent comme de vieilles serviettes parce qu’on leur a déjà mis la bague au doigt. Il y a des épouses qui ne savent pas que c’est tous les matins que tu dois essayer de re-séduire ton mari. Car pour moi hein, il faudrait que ton homme ait l’impression de te redécouvrir à chaque seconde. Il faut aussi que quand ton mari enlève ta jupe, il n’ait même pas une petite idée de ce qui peut (ou pas) se trouver à l’intérieur !

 

La nourriture

Ce n’est pas une question de gourmandise. Ça veut simplement dire que si j’ai une femme qui me fait à manger régulièrement et correctement, pourquoi voulez-vous que j’aille me casser la tête avec les filles qui ne font que me demander d’aller leur acheter les viennoiseries dans toutes les boulangeries de Douala ?

Puisque la nourriture dans un couple, c’est le nerf de la guerre ! Vous-mêmes vous ne voyez pas que quand un Camerounais baratine une Camerounaise, ça se passe toujours à côté d’un vendeur de poisson braisé, de poulet rôti ou bien de chawarma ?

Pour revenir à moi, j’étais tombé amoureux d’une fille parce qu’elle volait souvent la nourriture dans leur maison pour venir me donner cela dans ma petite chambrette là-bas à Déido… J’avais aimé une autre fille parce qu’elle venait de temps en temps me faire à manger, et parfois aussi elle me gardait une bonne bouteille de Guinness Smooth. Donc quand je vous dis que l’homme c’est la nourriture, je vous assure que vous pouvez transformer confisquer son gros cœur si vous décidez de vous occuper correctement de son petit ventre.

 

jeux amoureux dans un couple
Le sexe ne devrait pas être tabou dans une relation amoureuse. @dreamstime

 

Le bas-ventre

C’est presque la même chose que le ventre, mais c’est situé un peu plus bas. Et c’est un peu plus poilu aussi… Et il y a des hommes ici qui peuvent manger la chose-là trois fois par jour sans même se rassasier hein, alors que toi tu es déjà fatiguée jusqu’ààààààà… Mais… Mais pourquoi tu ne le laisses pas alors aller manger le piment-là avec les autres filles ?

Non, sérieusement, on ne s’amuse pas avec le bas-ventre ! Si tu sens qu’un homme sera capable de t’aimer t’apprécier un jour, donne-lui le machin-là ! Même si c’est le premier jour, il y a quoi ? N’est-ce pas il y a des gars ici qui attendent huit mois avant d’apercevoir ton caleçon, mais dès qu’il est monté sur toi n’est-ce pas il disparaît aussi le premier jour ? Hein ? Tu ne vois pas que celui-là t’a plutôt perdu beaucoup de temps pour rien ?

Parce que si ça ne dépendait que de moi hein, une femme doit satisfaire son mari à 99,99% de ses désirs (même si elle est en période). Mais attention hein, il faudra qu’elle innove un peu. Je ne suis pas en train de te dire que tu vas aller t’étaler sur le matelas comme un vieux crocodile qui a bu le somnifère hein, nôôô ! Il faudra que tu innoves un peu. Il ne faut pas laisser que ton mari fasse seulement des va-et-vient comme s’il était déjà en train de se métamorphoser en missionnaire…

 

L’intelligence

Ça c’est un point qui m’embête un peu. Parce que pour mon cas personnel, je n’aime pas trop sortir avec les longs-longs crayons. J’aime les filles qui ont une « belle intelligence ». C’est-à-dire une fille qui n’est pas trop scientifique, mais qui peut quand même te parler de presque tous les sujets. Une fille qui est connectée sur les réseaux sociaux pour de bonnes raisons, et qui peut aussi connaître la capitale politique d’un pays comme le Tadjikistan (non, non, là j’exagère !)…

Parce que ce qui effraie vraiment les hommes, ce sont surtout les demoiselles qui sont vraiment très stupides. Comme par exemple l’autre jour, je dis à une jolie fille qui était dans ma chambre que « Mets-moi un peu France24 ! » Et elle me demande : « 24 quoi ? » Tsuip ! Je lui ai directement demandé de me rétrocéder ma télécommande.

Parce que même si une fille n’a pas trop fréquenté est bête n’importe comment, il y a quand même des petites choses que ta petite amie devrait quand même essayer de connaître. Il y a des savoirs universels que toi-même tu peux lui inculquer de temps en temps, quand elle a déjà bien nourri ton gros ventre et surtout ton petit bas-ventre. Car il faudrait que les femmes apprennent à être curieuses pour se cultiver et s’informer un peu (il n’y a pas que la Saint-Valentin dans la vie), parce qu’un homme s’ennuie très vite avec une femme qui n’a rien d’autre dans le cerveau que la date de son propre anniversaire.

 

le couple Macron
C’est Brigitte Macron qui a complètement façonné son compagnon

 

Voici comment « fabriquer » le mari idéal

Donc comme je vous disais hein, je suis parfois un mauvais petit ami comme Pierre La Paix Ndamè. Mais s’il faut bien voir, c’est surtout parce que les filles que j’ai aimées m’ont laissé croire que je n’avais pas encore rencontré la femme idéale…

 

Pour que je devienne un bon compagnon, il ne faut plus que les filles me soumettent des problèmes d’argent à chaque fois qu’elles ouvrent la bouche, comme si j’étais subitement devenu un porte-monnaie ambulant.

Pour que moi je devienne « fiançable », j’ai aussi envie de savoir que ma copine pourra m’aider lorsque moi aussi je vais me retrouver parfois dans des difficultés.

Pour qu’on ne pense plus que je suis un mauvais garçon qui s’évapore dans la nature dès qu’il a déjà obtenu sa chose, je ne veux plus que les femmes couchent avec moi comme si elles me faisaient une récompense.

 

Je ne veux plus qu’elles m’interdisent de me promener avec mes amis ou bien avec ma famille. Je ne veux plus qu’elles me parlent seulement du mariage et de nos fiançailles. Je ne veux plus qu’elles me comparent avec les autres maris du quartier ou bien avec leurs anciens ex. Je ne veux plus qu’elles se comparent elles-mêmes avec les femmes qui se maquillent souvent dans les séries brésiliennes.

Parce que si un homme est tranquille avec sa femme et que la fille-là reste simple, honnête, très peu jalouse et toujours disponible pour essayer de le conseiller et de le comprendre, l’homme-là va tout faire dans sa vie pour devenir romantique avec cette Camerounaise jusqu’à la fin de ses jours.

Et c’est pour ça que les gens vont dire qu’il est le mari idéal…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je ne suis pas (encore) le mari idéal

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Cameroun : mais que se passe-t-il avec les réseaux sociaux ?

En l’espace de quelques semaines, on a vu comment le rappeur Maahlox, puis l’évêque de Bafia, puis la chanteuse Charlotte Dipanda se sont succédé à la Une sur les réseaux sociaux. Mais dès qu’il faut parler des vrais sujets il n’y a plus personne !

 

téléphone connecté à Facebook
Certains Camerounais ne s’informent que par les réseaux sociaux

 

La désinformation

La spécialité n°1 des Camerounais sur les réseaux sociaux, c’est la désinformation. En effet, dès que quelqu’un entend parler d’une rumeur, il se met à divulguer cette intoxication sans réfléchir ! Comme chacun veut montrer aux autres qu’il est très bien informé, du coup tout le monde est capable de nous désinformer à n’importe quel moment…

Sérieusement, les Camerounais aiment trop nous montrer qu’ils ont le fax. Ils aiment trop nous montrer qu’ils ont le scoop. Et c’est pour ça que dès que quelqu’un propage une fausse information sur WhatsApp, tous les autres Camerounais vont « partager » cette fausse information sur Facebook, simplement parce qu’ils veulent vous démontrer que eux aussi ils sont déjà à la page…

 

Le divertissement

J’ai l’impression que les Camerounais utilisent les réseaux sociaux comme s’il s’agissait d’une partie de Monopoly ou bien de Scrabble. Quand je discute avec un facebookeur professionnel, il me répond toujours : « je suis venu sur Facebook pour me divertir et pour télécharger le jeu Candy crush sugar… » Tsuip !

Sur WhatsApp alors là c’est grave ! Si ce n’est pas pour aller inboxer les filles qui viennent de poster leurs photos dans un nouveau groupe de discussion, le Camerounais va carrément te dire : « WhatsApp me sert à quoi d’autre ? »

Sur WhatsApp il n’y a que le divertissement et la drague. Sur Facebook il n’y a que le narcissisme et le voyeurisme (on publie même les photos des cadavres !). Sur Instagram ce n’est que le photoshopisme. Sur Twitter, ici au Cameroun chacun se prend pour un « influenceur », mais j’attends toujours une révolution un hashtag qui va enfin « influencer » le quotidien de tous les petits Camerounais…

 

panorama de réseaux sociaux
Quelques réseaux sociaux utilisés par les Camerounais

 

La distraction

La distraction ce n’est pas le divertissement hein, il ne faut pas confondre. Il ne faut pas mélanger les choses. Il ne faut pas confondre le divertissement avec la diversion. Parce que quand tu te distraies de toi-même comme Pierre La Paix Ndamè, ce n’est pas très grave. Mais quand on vous tourne en bourriques et qu’on vous fait réfléchir sur la sexualité de Charlotte Dipanda alors que vous avez des problèmes plus sérieux que ça, alors là c’est très-très-très grave ! Quand on vous fait parler de Maahlox LeVibeur, d’Ingrid Betancourt (pas la Colombienne hein), de Nathalie Koah et de Samuel Eto’o qui était son ex-goléador, vous pensez que ça va changer quoi à votre situation ?

Quand je vois comment les Camerounais sont toujours en train de discuter de sujets futiles sur les réseaux sociaux, ça me donne seulement la surtension ! Jusqu’à il y a même des groupes sur Facebook où les seuls sujets de conversation sont : Cristiano Ronaldo, le prix de la bière, les meilleures coiffures de Chantal Biya, le regard perçant de Pierre Abena, les occasions ratées de Vincent Aboubakar, etc.

 

L’endoctrinement

L’endoctrinement c’est presque la même chose : parfois tu peux te connecter et tu vois comment un marabout est en train de te proposer tous ses services. Parfois tu peux tomber sur un vendeur de produits qui te promet que ton bangala sera plus costaud et plus long que celui de Rocco Sifredi. Parfois tu vas rencontrer un faux pasteur (est-ce qu’il y a même les vrais ?) ou bien un faux prêtre, et c’est lui qui va te dire qu’il connaît le chemin qui peut vous mener tous les deux vers le Paradis…

Parfois tu vas tomber sur un charlatan qui sait comment on soigne le VIH-Sida depuis les années 1991. Tu vas tomber sur un homosexuel qui va essayer de te convertir. Tu vas rencontrer un partisan du SDF qui va te démontrer que « John Fru Ndi est encore jeune jusqu’ààààààà… » Et c’est cet opposant qui va te demander de ne pas faire confiance à Cabral Libii pour les élections de 2018…

 

citoyen en possession d'un smartphone
La majorité des Camerounais dispose d’un smartphone pour accéder à Internet

 

Cameroun : mais que se passe-t-il au juste avec les réseaux sociaux ?

Depuis plusieurs semaines, on voit comment Rigobert Song puis Monique Koumatékel puis encore Bernard Tchoutang se sont tous succédé à la Une sur nos réseaux sociaux. Mais dès qu’il faut s’inscrire sur les listes électorales il n’y a plus personne !

Que se passe-t-il sur Facebook ? Les Camerounaises vendent le piment, les Camerounais prennent les photos des accidentés et ils les publient, les antisportifs malparlent des artistes pour faire le buzz et les autres anonymes se contentent de la manipulation, de la jalousie, de la mégalomanie et du kongossa.

Que se passe-t-il sur WhatsApp ? Les blagues de Robert Mugabè qui ne me font pas rire, les jeux de mots pourris et les devinettes à la con, les groupes qui ne t’apportent rien d’autre que les mangeuses de nkondrè qui sont encore là pour te revendre la même-même pistache.

Mais que se passe-t-il au juste sur Google+ ? Ou sur Snapchat ? Ou sur Messenger ? Ou sur Imo ? Ou sur l’écran d’accueil de n’importe quel téléphone smartphone Androïd ?

 

Parce que, ici au Cameroun, dès qu’il faut parler des vrais sujets il n’y a plus personne ! Dès qu’il faut se mobiliser pour défendre la condition des femmes et la situation des enfants africains, il n’y a plus personne. Dès qu’il faut parler de la corruption dans les services administratifs, du chômage, de l’injustice dans les tribunaux et de la défaillance de nos systèmes éducatifs et sanitaires, il n’y a plus personne. Dès qu’il faut demander à Paul Biya de laisser le pouvoir et d’aller se reposer parce qu’il est déjà totalement et complètement vieux déconnecté, il n’y aura plus aucun Camerounais pour discuter avec vous sur les réseaux sociaux.

Sauf si… Sauf si vous leur demandez de participer à une autre futilité comme le #BidoungKpwattChallenge

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je ne sais pas ce qui se passe

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L’affaire Charlotte Dipanda

Ça ne fait même pas encore un mois que je vous disais ici que l’homosexualité n’est pas un péché. Et moins de trois semaines plus tard, les Camerounais sont déjà en train de raconter partout-partout que Charlotte Dipanda est une lesbienne !

 

Charlotte Dipanda avec une guitare
L’artiste-musicienne Charlotte Dipanda

 

Info ou intox ?

On sait quoi ? Est-ce qu’on dort avec elle ? Est-ce qu’on lui a déjà posé la question ? Est-ce que quelqu’un a déjà eu le courage d’aller se placer devant Charlotte Dipanda et de lui demander : « Je dis hein, Charlotte, est-ce que tu es vraiment une lesbienne ? ».

Donc pour le moment ça reste encore une rumeur. Je peux même dire que c’est une « infox ». Puisque du jour au lendemain, on a seulement vu comment Facebook était assailli par une série de photos sur lesquelles notre chanteuse était en compagnie d’une autre femme. Et les Camerounais ont directement conclu que Charlotte Dipanda était homosexuelle…

 

C’est quoi le problème ?

Même si elle était effectivement homosexuelle, je ne vois vraiment pas où se situerait le problème. Parce que n’est-ce pas chacun a sa vie ici dehors ? N’est-ce pas chacune peut décider de sortir avec celui (ou bien avec celle) qu’elle veut ? N’y a-t-il pas des filles qui me barrent tous les jours la route en me disant que je ne suis pas leur type de mec ? Hein ? Est-ce que je suis alors allé leur faire un procès d’intention à cause de ça ?

Non, sérieusement, je ne vois même pas où est effectivement le problème. Surtout que Charlotte Dipanda n’a même pas encore nié hein, mais les gens continue toujours de bavarder. Donc on veut me dire qu’elle est la seule lesbienne qui existe ici au Cameroun ? Et même si elle faisait effectivement l’amour avec une autre femme, on veut me dire qu’on va porter plainte contre elle au tribunal ? Que Pierre La Paix ne va plus acheter ses CDs et que nous allons la boycotter lors de ses concerts ? Que les gens vont aller se désabonner de sa page Facebook en disant que c’est parce qu’elle serait homosexuelle ?

 

Charlotte Dipanda en compagnie de Patricia Essombo
Voici les photos qui ont provoqué le scandale

 

Qui sont les filles sur les photos ?

Revenons même à l’origine du « problème ». Parce que la semaine dernière je suis tombé sur des publications où les gens disaient que Charlotte Dipanda est la cible d’une campagne de calomnie, de dénigrement et de sabotage.

Quel sabotage ? Et comme je ne comprenais rien à tous ces gens qui écrivaient sur leur mur que « Je suis Charlotte Dipanda », j’ai même failli penser qu’elle était morte. Et c’est après ça que j’ai reçu des photos sur lesquelles elle était en train de se faire enlacer et bisouter par une autre fille. Puis on m’a dit que cette autre fille avait pour nom Patricia Essombo et qu’elle était la cousine germaine de notre Dipanda. On m’a dit que les deux cousines sont très très proches (trop trop proches même). Que les deux voyagent toujours partout ensemble. On m’a dit que Patricia Essombo aime toujours faire beaucoup-beaucoup de bisous à toutes les personnes qui sont vraiment ses amies. Et que les photos qu’on nous présente aujourd’hui comme étant la preuve de l’homosexualité de Charlotte, ce sont en réalité des images qui ont été filmées depuis le 1er trimestre de l’année 2015…

 

Pourquoi cette rumeur a-t-elle causé autant de bruit ?

C’est très simple : cette rumeur a causé autant de bruit parce que Charlotte Dipanda est une icône musicale nationale. Elle chante bien, elle est presque jeune, et en plus elle est très-très-très belle. Elle a réussi à remplacer la gracieuse Grâce Decca pour devenir l’égérie internationale de la beauté camerounaise…

Donc, elle est très belle. Tous les hommes d’affaires fantasment sur elle (et même les hommes qui ne font pas les affaires). Et comme on ne la voit jamais avec un homme dans ses bras ou alors avec une star qui va lui promettre le mariage en Mondovision, ça nous étonne quand même un peu. Comme elle n’aime pas trop parler de sa vie sentimentale alors qu’on sait bien qu’elle a forcément une vie sexuelle, ça laisse la porte ouverte à toutes les rumeurs. Et c’est pour ça que quand ce ragot est arrivé sur son homosexualité, ça nous a fait oublier les enquêtes sur l’évêque de Bafia ou encore les défaites des Lions Indomptables contre la Colombie (0-4) et ensuite le Chili (0-2)…

 

Charlotte Dipanda qui sourit
Charlotte Dipanda est une artiste très appréciée des Camerounais

 

L’affaire du lesbianisme de Charlotte Dipanda

Donc ça ne fait même pas encore un mois que je vous parlais de l’homosexualité ici. Et en moins de trois semaines, les Camerounais sont déjà en train de propager que Charlotte Dipanda serait devenue une lesbienne !

Charlotte Dipanda est une artiste ! Et c’est la seule chose que nous devons retenir, puisque c’est la seule chose qui nous a permis de remarquer qu’il y a une Camerounaise qui s’appelait Charlotte Dipanda.

Charlotte Dipanda a aussi le droit à sa vie privée. Ça peut plaire comme ça peut déplaire, mais elle n’est pas obligée de nous révéler avec qui elle fricote ou bien avec qui elle fait ses galipettes.

Charlotte Dipanda n’est pas réellement une homosexuelle, comme c’est ce que vous aviez envie de savoir.

 

Parce que ce qui m’énerve vraiment ici chez certains Camerounais, c’est parce qu’ils sont toujours intéressés par des histoires qui sont inintéressantes. C’est parce que c’est très facile de les dérouter et de les distraire avec quelques maigres photos. C’est parce qu’au lieu d’aller se faire inscrire sur les listes électorales pour changer leur pays quotidien, ils sont seulement là en train de vouloir savoir si leur chanteuse préférée est déjà devenue une partisane du saphisme.

Et à la fin hein, voilà comment une affaire banale peut devenir la priorité de tous les Camerounais qui habitent aussi déjà sur les réseaux sociaux…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je suis #Maahlox

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Maahlox, mouff ta maman !

Quand je vois comment quelqu’un qui est censé représenter un modèle pour la jeunesse camerounaise se comporte comme un cochon sur les réseaux sociaux, je suis vraiment un peu dérangé. Et le pire dans tout ça, c’est que Maahlox LeVibeur n’est pas la seule personne à condamner dans cette histoire…

 

Le comportement de Maahlox lui aurait valu une convocation au SED, selon certaines rumeurs. Source: @Le quatrieme pouvoir

 

Qui est Maahlox LeVibeur ?

Normalement je ne devais même plus le présenter puisque tout le monde tous les Camerounais le connaissent déjà bien. Mais depuis que j’avais écrit ici que j’étais un fan de lui en juin 2016, j’ai l’impression que je ne le reconnais plus. J’ai l’impression que le musicien Kenfack Jean-Jules (c’est son vrai nom) s’est définitivement spécialisé dans la pornographie et dans le trash. Car même si ses beats et ses mélodies se sont nettement bien améliorés depuis ces derniers mois, j’ai encore beaucoup-beaucoup de mal à me retrouver au beau milieu de ses paroles et de ses totems…

 

pochette du single de Maahlox "écraser le pistache"
Maahlox s’inspire surtout de la grivoiserie camerounaise pour composer ses chansons

 

C’est quoi son problème ?

Son premier problème, c’étaient d’abord les textes de ses chansons. Puis il a levé le niveau en réalisant des vidéogrammes dans lesquels il exposait la nudité et les fesses de nos Camerounaises (c’est pour ça que ses clips sont interdits dans la plupart de nos chaînes de télé). Puis il a commencé à se chamailler avec les managers et les artistes qui sont dans le milieu du show-business camerounais… Tsuip !

Son vrai problème, c’est son langage. Comme par exemple lorsqu’il avait insulté les gens des Canal d’Or. Mais ce qui m’a vraiment choqué et énervé, c’est quand il a déshonoré la mémoire de l’évêque de Bafia qui se serait jeté dans les eaux de la Sanaga. Et ce n’était même pas la première fois ! Puisque sur sa page Facebook il n’y a que les « Mouff, ta maman », les « Sales porcs », les « Fils de vipère », les « Cafards », les « Sales putes » et les « Le cul de sa maman il se suicide qu’il a les problèmes plus que les qui ici dehors ? » (sic)

 

Quelques réactions de Maahlox sur sa page Facebook

 

C’est quoi sa défense ?

Au début je le trouvais un peu cohérent malgré son peu d’instruction. Je le trouvais même un peu cultivé à vrai dire. Je le trouvais un peu structuré dans le choix de ses thématiques et dans l’argumentaire de ses explications. Mais quand j’ai discuté avec Pierre La Paix hein, j’ai compris que tout ça ce n’était que de l’esbroufe…

Parce que même si le gars-là passe le temps dire qu’il ne fait que répéter ce qui se reproduit tous les jours au sein de la société camerounaise, il doit savoir qu’il y a une manière de savoir dire les choses. Il doit savoir qu’il y a une manière de savoir montrer les choses. Il doit savoir que ce n’est pas parce que les choses existent qu’on doit dire n’importe comment qu’elles existent. Il doit savoir qu’il n’est pas le seul artiste qui observe ce qui se passe dans la communauté camerounaise. Qu’il n’est pas le seul Camerounais qui a grandi dans le ghetto. Qu’il n’est pas le seul qui connait dire « Mouff, ta maman ! » Et que nous sommes parfois d’accord avec certains de ses messages hein, mais que le véritable problème c’est son comportement en public et surtout la façon dont il est très trivial et très sauvage dans la plupart de ses lyrics.

 

La plupart des chansons de Maahlox concerne la sexualité incontrôlée

 

C’est quoi son rôle normalement ?

Le vrai rôle de Maahlox, c’était normalement de devenir un modèle. Parce que quand Dieu t’a donné la chance d’avoir la visibilité et d’être suivi par des centaines de milliers de personnes, il faut plutôt regarder cela comme une responsabilité que tu devrais avoir. Il faut surveiller ton langage, tes manières, tes habitudes et tes fréquentations. Il ne faut plus utiliser les mots « nyassement » et « écrasement » à tout bout de champ. Il ne faut plus chanter sur le « bon plantain » et le « bon pistache » alors qu’il y a beaucoup d’enfants qui te considèrent comme une référence. Il faut plutôt miser sur ton talent artistique comme tu as fait dans la chanson « Le fou », car c’est une chanson qui est vraiment très bien écrite et qui n’a rien de calamiteux ni de pervers. Il ne faut pas penser que c’est parce que tu fais as fait le buzz que ce que tu es en train de nous dire est forcément bien apprécié. Il ne faut pas miser toute ta carrière sur les clashes, les scandales, les fautes d’orthographe, les provocations personnelles, etc.

Parce que ton vrai rôle c’est de devenir un leader hein, Maahlox, mais j’ai l’impression que tu es en train de profiter de la saleté de la mentalité camerounaise pour en faire de ça ton principal fonds de commerce…

 

capture d'écran du clip "tu montes tu descends"
La nudité et les alcools sont très présents dans les vidéogrammes de Maahlox

 

Maahlox LeVibeur et tous les autres, mouff vos mamans !

Donc franchement, quand je vois un « artiste » qui est censé représenter un modèle pour la jeunesse de mon pays et qui se comporte comme un proxénète dans la plupart de ses chansons (« Tu as combien ? »), ça me fait vraiment beaucoup-beaucoup de peine. Et le pire hein, c’est que Maahlox LeVibeur n’est pas la seule personne à condamner dans toute cette histoire…

 

Mani Bella, mouff ta maman ! Tu viens nous parler du beat alors qu’on sait que tu veux parler du mbitt comme tu fais souvent pour déranger dans tes morceaux pala-palas qui sont généralement pornographiques ?

Moutanguigna Papillon, mouff ta maman ! C’est quel français que tu veux léguer à la postérité camerounaise ? Hein ? Tu dis que ton ami A Moto a fait quoi sur la moto avec les moutons de la moutonnerie ?

Longuè Longuè, mouff ta grand-mère ! Tu chantes bien hein, mais pourquoi tu veux toujours utiliser ta musique pour vouloir régler tous tes problèmes personnels avec Petit-Pays les gens ?

 

Parce que ce qui donne du succès à certains « artistons » comme Maahlox qui sont en réalité des anti-modèles pour notre société, c’est la dépravation des mœurs au sein de la population camerounaise. C’est parce que notre grand public n’est plus du tout vraiment intelligent. C’est parce que nos enfants ne s’éduquent plus que par de la mauvaise musique. C’est parce que les gens qui habitent ici adorent les histoires salaces qui se déroulent en-dessous de la ceinture, et donc ils aiment les musiciens qui montent sur scène et qui se déshabillent et qui insultent les gens et qui se permettent de commencer tous leurs concerts en disant carrément « Mouff, ta maman ! »

 

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Les dérives de l’affaire de l’évêque « dans l’eau »

Dans la nuit du mardi 30 au mercredi 31 mai 2017, on a trouvé la voiture d’un évêque sur le pont de la Sanaga, à Ebebda. Sur les sièges, il y avait un mot : « Je suis dans l’eau ».

Et là, les problèmes des Camerounais ont commencé.

 

évêque Balla
Portrait de l’évêque disparu Jean-Marie Benoît Ballla

 

D’abord, les faits

Personne n’était là. Mais on raconte que Monseigneur Jean-Marie Benoît Balla a quitté le diocèse vers les 23h30. Ensuite, il est monté dans sa Prado de marque Toyota (les prêtres camerounais aiment les grosses voitures), il a mis un CD de James Brown et il a directement pris la route qui le menait vers la sortie de la ville de Bafia.

Personne n’était là. Mais, pour une raison que l’on ignore, il n’est pas d’abord rentré chez lui pour enlever au moins sa soutane. Puisque, quand il a pris la route pour Yaoundé,  on a seulement retrouvé son véhicule à près de 55 km de Bafia, dans la petite ville d’Ebebda. C’était sur le pont de la Sanaga. La portière du chauffeur était grandement ouverte. Et, sur les sièges, on a trouvé un trousseau de clés avec une carte d’identité et aussi un petit mot qui était bien lisible et qui disait que « Je suis dans l’eau ».

 

pièces d'identité dans la voiture
Les pièces d’identité de Mgr Balla ont été retrouvées dans son véhicule

 

Puis les réseaux sociaux

J’ai appris la disparition de Monseigneur Jean-Marie Benoît Balla par pur hasard ! D’ailleurs, je ne savais même pas qu’il vivait… Mais comme j’étais dans le bureau d’une secrétaire qui était constamment connectée sur Internet Facebook, c’est elle qui nous informé que l’évêque de Bafia venait de se « suicider ». Puis quand j’ai discuté avec Pierre La Paix sur WhatsApp, c’est lui qui m’a envoyé les premières images de cette disparition de missionnaire.

Le lendemain, le #JeSuisDansLeauChallenge était déjà sur les réseaux sociaux. Mince alors ! Le respect a foutu le camp dans ce pays-ci ! Comment est-ce possible que quelqu’un disparaîsse, et de surcroît un envoyé employé de Jésus-Christ, et que les Camerounais s’amusent avec sa mémoire comme ça ? Parce que, même sur Instagram, je n’ai pas vu une seule photo de compassion ! Je n’ai pas vu un seul tweet de commisération sur Twitter. J’ai seulement vu des gens sur les réseaux sociaux qui faisaient des jeux de mots sarcastiques avec les phrases « Je suis l’eau », « Je suis dans le bar », « Je suis dans la chambre », « Je suis chez ma bordelle ».

 

parodie de Mink's
L’une des multiples parodies sur la disparition du prélat de Bafia

 

Puis, les enquêtes officielles

J’espère que ça ne va pas tomber « à l’eau », comme la plupart des commissions d’enquêtes que Paul Biya met souvent sur pied pour calmer nos esprits. Parce que, dès le premier jour, on a vu des préfets et des sous-préfets en train de se photographier sur le vieux pont de la Sanaga. On a vu des experts en graphologie, qui ont pris le petit papier où il y avait écrit « Je suis dans l’eau », et ont dit qu’ils allaient vérifier si c’était la vraie signature de monsieur Monseigneur.

Les enquêteurs ont d’abord pensé à un enlèvement, puis à un suicide, puis à un assassinat. On a vu les pompiers du Département du Mbam fouiller les eaux pendant plus de 48 heures, et avec l’aide de quelques pécheurs. On a vu le lieutenant Columbo, qui nous a indiqué l’absence de traces d’agression physique sur la Land Cruiser blanche. On a même pensé à un exil déguisé, puisque des criminologues chevronnés ont imaginé que « Je suis dans l’E.A.U. » voulait en réalité dire « Je suis dans l’Exil Aux Usa ».

 

enquêteurs autour d'une voiture
Brigade d’enquêteurs sur les lieux de la disparition

 

Puis, les dérives

La première dérive a eu lieu lorsque j’ai lu le papier de J. Rémy Ngono. Il faisait la liste des prélats qui ont été assassinés au Cameroun depuis 1982, depuis que Barthélémy Mvondo est au pouvoir (donc, si l’on suit son raisonnement, c’est lui qui les a tués ?).

La deuxième dérive a eu lieu lorsque les pasteurs des églises réveillées ont profité de cette histoire pour dire à leurs fidèles : « Voilà Satan qui est déjà en train de reprendre le Pouvoir ! »

La troisième dérive a eu lieu quand des gens ont balancé l’image d’un accident qui avait eu lieu en Côte-d’Ivoire en août 2011, en faisant croire qu’on venait de retrouver le corps de l’évêque Balla.

La quatrième dérive a eu lieu quand le chanteur Maahlox LeVibeur (qui est censé être un modèle pour la jeunesse) s’est exprimé trivialement et irrévérencieusement au sujet de la disparition d’un homme de Dieu.

Et a cinquième dérive, c’est lorsque mon ami One Love a sorti une chanson sur cette affaire en moins de 24h ! Il a chanté « Je suis download », mais tout le monde comprend bien qu’il voulait nous informer qu’il était aussi déjà dans le marigot…

 

fouilles dans la Sanaga
La recherche du cadavre a nécessité 48 heures de fouilles

 

L’histoire de l’évêque de Bafia qui « se serait » jeté dans la Sanaga…

Donc depuis le mercredi 31 mai 2017, les Camerounais ne comprennent plus rien dans cette affaire ! Soit il s’est vraiment jeté lui-même dans l’eau oooh… Soit on a seulement jeté son corps dans l’eau oooh… Soit il a voulu se jeter dans l’eau parce que les mauvaises langues racontaient que son évêché était devenu le plus grand centre de formation de la pédophilie et de l’homosexualité oooh…

 

Il nous a mis dans l’eau en tous cas. Parce qu’on ne sait pas pourquoi il a fait ça, qui l’a aidé à faire ça ou si on l’a forcé à exécuter ce genre de bêtise.

Il nous a révélé qu’il était « dans l’eau ». Puisqu’au Moyen-Âge, cette expression signifiait que tu étais pris dans un piège et que tu ne savais pas que faire pour t’en extirper.

Il nous a noyés comme on noie les poissons qui ne savent pas nager : comment peux-tu restas plus de deux jours dans un fleuve, sans que ton ventre ne soit ballonné et qu’en plus, on ne trouve pas d’eau dans tes poumons ?

 

Et c’est pour ça que, lorsqu’on a retrouvé son corps vendredi matin, dans une petite rivière de la circonscription de Monatélé, les gens ont commencé à parler de vampirisme et de sorcellerie. Les traditionalistes ont répété que c’était une honte de se suicider ici en Afrique. Les grands théologiens ont commencé à nous parler de théories du complot. Le nonce apostolique a été affecté en Indonésie. Les grands marabouts ont commencé à invoquer les grands esprits ainsi que les grands ancêtres. Les grands médecins légistes ont commencé à examiner le cadavre ; puis, ils ont confirmé qu’il s’agissait bel et bien de cet évêque, né le 10 mai 1959 à Oweng, et qui avait été nommé par le pape Jean-Paul II au cours du mois de mai de l’année 2003.

Et à l’époque, tous les gens qui pleurnichent aujourd’hui ne savaient même pas qu’il y avait un évêque exerçait, là-bas, dans la ville de Bafia.

              

Ecclésiaste DEUDJUI, je ne suis pas dans le lot

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Aujourd’hui j’ai trente-cinq ans !

Quand je disais ici l’année surpassée que j’avais déjà trente-trois ans, moi-même je pensais que c’était la blague ! Mais samedi dernier pendant mon anniversaire, j’ai constaté que je viens d’avoir complètement trente-cinq ans. Et j’ai compris qu’il faut qu’on apprenne parfois à faire le bilan de notre vie…

 

Ecclésaiste Deudjui et Maman Gisèle à Foumban
En 2013 j’étais à Foumban avec ma grand-mère

 

Je ne suis pas (encore) marié

Pas parce que les femmes me manquent hein, mais parce que je suis certainement un garçon désordonné. Et parce que quand j’étais plus jeune, je m’étais toujours imaginé que le mariage ne servait franchement à rien. Je m’étais imaginé que les femmes sont absolument des diablesses. Je m’étais imaginé que l’amour dure seulement trois ans, mais ensuite j’ai compris qu’on n’a pas seulement besoin d’amour lorsqu’on a envie de passer le restant de sa vie avec une Camerounaise…

Je ne suis pas encore un homme marié. Et si le mariage avait été mon objectif, alors ce serait peut-être moi le problème. Puisque je viens de comprendre que c’est très important de se mettre avec une femme et pourtant je ne me marie toujours pas. Puisque je suis vraiment tombé amoureux de beaucoup-beaucoup de filles, mais que ça n’a jamais duré plus de trois ans. Puisque les femmes que j’ai vraiment voulu épouser n’ont jamais voulu me marier. Puisque j’ai déjà trente-cinq ans, et donc si je ne suis pas encore marié c’est que c’est forcément moi le problème…

 

Je suis déjà en train de vieillir

Pas seulement en âge hein, mais aussi physiquement. Parce que quand tu rencontres tes anciens amis et qu’ils te disent que « Mince alors ! Tu as pris du poids hein », ça craint. Quand tu postes ta photo sur WhatsApp et que l’une de tes nièces te dit que « Tonton, tu as vieilli hein », ça te laisse songeur. Quand tu vois comment ton petit ventre est en train de prendre de l’ampleur, comment ton visage se froisse et se plisse, et comment tu n’arrives même plus à courir, c’est là que tu comprends que tu es vraiment déjà correctement en train de vieillir…

Aujourd’hui j’ai trente-cinq ans, mais je ne le dis pas à tout le monde. Il y a beaucoup de collégiennes qui peuvent me zapper rien que pour ça. Il y a certains concours administratifs que je ne peux même plus faire. Il y a des compétitions sportives où je ne peux même plus m’inscrire (je m’inscris plutôt chez les vétérans). Il y a des émissions à la télévision que je ne peux plus regarder en public. Il y a des coiffures osées que je ne peux plus oser tenter de faire. Il y a des vêtements que je ne peux plus jamais porter. Et si par hasard j’oublie par malheur que je suis déjà en train de vieillir, il y aura toujours un petit garçon dans la rue qui sera forcément en train de m’appeler « Le père ! »

 

photo de famille au lycée de Ndikiniméki
C’est en 1997 que j’ai rencontré Florian Ngimbis et Fabrice Nouanga

 

Qu’est-ce que j’ai fait pour mon pays ?

Jusqu’ici, rien du tout ! Parce que depuis que je suis né, je n’ai jamais voté par exemple. Est-ce que c’est alors bien ? Est-ce que nous allons continuer à rester sur notre canapé et à poster sur Facebook que « Paul Biya doit partir » ? Hein ? Est-ce qu’on change de Président comme si on commandait la Malta Guinness au bar ? Est-ce qu’on va passer notre temps à critiquer le Gouvernement sans jamais leur proposer une alternative ? Est-ce qu’on va continuer avec le népotisme et la gabegie ? Est-ce qu’on va continuer à voler quand c’est nous qui sommes dans le mangement et dans la mangeoire ? Hein ? Parce que c’est bien beau de se demander ce que votre pays a prévu pour vous hein, mais moi j’ai déjà commencé à me demander ce que je prévoirai pour le Cameroun…

 

Qu’est-ce que j’ai fait pour ma famille ?

Jusqu’ici, pas grand-chose ! En dehors de l’amour, bien sûr, puisque j’aime les membres de ma famille plus que n’importe quoi ou bien n’importe qui au monde…

Aujourd’hui j’ai trente-cinq ans, et je viens de souhaiter une bonne fête des mères à ma maman et à ma nourrice. J’attends la fête des pères pour aller embrasser mon papa à Souza. Je suis un fanatique de tous mes neveux, puisque je les ai vu grandir dans mes mains et certains parmi eux sont dorénavant devenus des adultes !

Je n’ai pas encore fait grand-chose pour ma famille, et pourtant certains parents ont déjà commencé à disparaître. Certains sont partis sans atteindre la moitié de mon âge, et d’autres sont déjà devenus très-très-très vieux. Comme ma Maman Gisèle qui est à Foumban, et qui m’a élevé pendant mes premières années. J’ai souvent envie de me poser la question de savoir ce que j’ai déjà réellement fait pour ma grand-mère.

 

Ecclésiaste Deudjui et Limaleba Franck William en tenue de sport
En 1997 je rêvais de devenir un footballeur avec mon ami Nino

 

Je viens d’avoir trente-cinq ans…

Donc l’année surpassée, je disais à Pierre La Paix que j’ai l’âge de Jésus-Christ et moi-même je pensais que c’était une farce. Mais le 27 mai lors de mon anniversaire, j’ai constaté que j’ai compris qu’il faut qu’on apprenne à faire parfois le bilan de notre vie…

 

En 1987 j’avais cinq ans. J’avais un seul petit-frère, je vivais à Nkongsamba, j’étais amoureux d’une petite métisse que je n’ai plus jamais revue et qui s’appelait Armelle.

En 1997 j’ai eu quinze ans. Je venais de passer mon BEPC, je rêvais de devenir un footballeur et c’est là que j’ai rencontré les meilleurs amis de toute ma vie.

En 2007 j’ai eu vingt-cinq ans le 27 mai, et c’est là que je suis tombé amoureux de la ville Douala. J’ai aussi commencé à aimer les Camerounaises et je suis devenu un fanatique de l’écrivain Alain Mabanckou.

 

En 2027 j’aurai quarante-cinq ans, si je suis malheureusement encore vivant. Parce que quand les gens ont commencé à me souhaiter « Joyeux anniversaire » le samedi dernier, j’ai constaté que je suis déjà en train de mourir. Je suis déjà en train de me rapprocher de la tombe. Je suis déjà en train de m’éloigner de la jeunesse. Je n’ai pas vu le temps passer puisque hier j’avais seulement cinq ans, et aujourd’hui j’ai déjà plus de trente-cinq ans. Et c’est là que j’ai compris qu’il faut qu’on apprenne à faire rapidement le bilan de notre existence…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, merci pour tous vos vœux

WhatsApp: (+237) 696.469.637

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