Ecclésiaste Deudjui

Cameroun : il ne faut plus condamner les homosexuels !

Samedi dernier, le 20 mai,  pendant le défilé pour célébrer la fête nationale du Cameroun, je rencontre un ancien collègue qui me dit : « sais-tu que le 17 mai c’était la Journée Internationale de la lutte contre l’homophobie ? », quand il m’a dit ça, je lui ai directement répondu que le Cameroun est certainement l’un des pays les plus homophobe au monde…

 

manifestations
Manifestations anti-homophobes lors d’un sommet UE-Afrique. Source: @europolitics

 

On ne choisit pas d’être homosexuel

Ce que les Camerounais ne savent pas, c’est que l’homosexualité ne se choisit pas. Ce n’est pas comme si, à ta naissance, quand on accouche ta mère, la sage-femme t’amenait directement devant tes parents et te demandait « je dis hein, as-tu envie d’être un hétérosexuel, un bisexuel ou alors un homosexuel ? » Nôôô ! Ça ne se passe pas comme ça. Parce que si on demandait à tous nos bébés de choisir leur orientation sexuelle, « personne ne choisirait une sexualité qui lui causerait autant de problèmes » (Desmond Tutu).

L’homosexualité n’est donc pas un choix. L’homosexualité n’est pas un caprice. L’homosexualité n’est pas un luxe. Et avant de savoir ce que c’est, il faut d’abord que je commence par vous expliquer ce que l’homosexualité n’est pas ne sera jamais…

 

L’homosexualité ne donne pas l’argent

Ça c’est encore une idée reçue de la population camerounaise. Parce que, quand tu deviens riche ici, on va directement commencer à raconter que tu es devenu homosexuel…

N’importe quoi ! Donc les gens ne peuvent plus travailler ? Les ministres ne peuvent plus voler normalement ? Les hommes d’affaires feymen ne peuvent plus nous escroquer en paix ? Les chefs d’entreprises ne peuvent plus exploiter leurs employés pendant des années et des années ?

Nôôô ! Il faut qu’on arrête ça. Il faut qu’on arrête avec la malbouche. Il faut qu’on vous informe aussi qu’il y a des homosexuels qui sont correctement pauvres misérables. Il faut qu’on arrête de désinformer nos jeunes étudiants qui sont à la recherche d’un travail. Il faut qu’on arrête de confondre les pratiques sectaires avec les pratiques sexuelles. Parce que si ça donnait vraiment l’argent hein, je vous jure que tous les Camerounais que je connais aujourd’hui seraient déjà automatiquement devenus des milliardaires !

 

Maître Alice Nkom
Maître Alice Nkom est une avocate camerounaise qui milite pour les droits des homosexuels camerounais. Source: Stv

 

L’homosexualité ne se résume pas à la sexualité

C’est même par là que j’aurai dû commencer. Parce que quand on dit « homosexuel », les profanes gens pensent directement au sexe, alors que ça n’est pas une histoire de sexe en réalité !

C’est parce que hein, laissez-moi vous informer que l’homosexualité ne se limite pas seulement à la sexualité. C’est simplement une autre façon d’être. C’est une façon d’être et de penser différente. C’est une sensibilité spécifique. Et c’est pour cela que beaucoup d’homosexuels sont artistes, par exemple de nombreux couturiers de Haute Couture, internationalement connus, sont homosexuels, ceux-là sont particulièrement sensibles à la beauté, aux lignes et aux couleurs.  D’une façon générale, les homosexuels n’aiment pas quand les gens pensent que l’homosexualité se résume exclusivement à la sexualité…

 

Il y a trop de préjugés sur les homosexuels

Le premier préjugé, c’est que les Africains pensent que l’homosexualité a été importée de l’Occident. C’est faux, faux et archi-faux !! Si vous lisez les textes du chercheur camerounais Charles Guebogo (il est encore vivant hein !), vous comprendrez que l’homosexualité existait déjà dans les empires Mandingue et Soudanais, bien longtemps avant l’arrivée des Européens. Et même au Sénégal, il y a un mot ancien (qui se prononce « goor jigeen ») qui désignait les hommes qui couchaient faisaient l’amour avec les personnes appartenant au même sexe…

Autre préjugé, c’est que les gens pensent que l’homosexualité donne le Pouvoir. D’autres personnes pensent aussi que c’est une malédiction qu’on a jetée sur la personne qui est devenue homosexuelle. Ou bien que c’est un fou. Ou bien que c’est une perversion. Ou bien que… Ou bien que… Ou bien que… Mais personne ne s’est jamais approché d’un homosexuel camerounais pour lui demander que « mon frère, pardon explique-moi un peu comment tu vis avec ton homosexualité-là au quotidien »

 

Les homosexuels camerounais vivent dans la persécution

 

Camerounais : il faut arrêter d’augmenter la souffrance des homosexuels !

Donc le mercredi 17 mai 2017, c’était bien la célébration annuelle de l’ « International Day Against Homophobia and Transphobia », ( l’IDAHOT). Et quand mon ami m’a rappelé ça, j’ai directement répondu que les Camerounais sont certainement les plus homophobes sur notre planète…

Il ne faut plus séquestrer les homosexuels ! Simplement parce qu’on a vu deux garçons ou bien deux filles qui sont juste en train de se promener la main dans la main…

Il ne faut plus rejeter les homosexuels ! C’est-à-dire les chasser du domicile familial, les expulser du quartier, ou alors les licencier au travail parce qu’ils ont manifesté un comportement qui vous paraît différent.

Ils sont différents, et alors ? Il ne faut plus stigmatiser les homosexuels, tout simplement.

 

Parce que, comme je vous ai dit tout à l’heure, aucun individu n’aurait le courage de choisir une sexualité qui lui causerait autant de rejet et de difficultés. Aucun individu n’accepterait de survivre dans la persécution et dans la peur. Aucun Camerounais ne souhaiterait se mettre en marge de la Loi pour le simple plaisir. Aucun hétéro ne voudrait se faire passer pour un homosexuel ici au Cameroun, puisque cela pourrait lui coûter la vie dans un pays qui vient pourtant de célébrer ce que mon ami Pierre La Paix appelle souvent « l’Unité nationale »…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi je ne condamne personne

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Le Cameroun est un pays tellement dangereux…

L’autre jour en rentrant chez moi dans la soirée, je suis tombé sur deux individus qui roulaient sur une moto. J’ai d’abord pensé que c’étaient mes voisins, mais le type qui conduisait m’a dévisagé avec un regard de tueur. Et ensuite son ami est descendu avec un long couteau tranchant et en se dirigeant vers moi, puis il m’a menacé : « Je vais t’assassiner ce soir, imbécile ! »

Et je vous jure que hein, si je ne savais pas courir je serais aujourd’hui en train de me reposer tranquillement dans un cimetière…

 

bagarre avec couteau
De simples disputes se terminent parfois dans le drame

 

LE CAMEROUN EST UN PAYS D’AGRESSIONS

Ce n’était même pas la 1ère fois qu’on m’agressait comme ça hein ! Puisque le 14 juillet 2014, il y a deux gars qui m’avaient déjà planté un long couteau tranchant dans l’arrière de mon fessier gauche. En octobre 2011, il y a quatre bandits qui m’avaient coincé avec Pierre La Paix à l’intérieur d’un tourne-dos là-bas à Bonabéri. En septembre 2013, il y a un faux policier qui m’avait déshabillé là-bas vers Village. Puis le 18 août 2016, à Bépanda, il y a trois gars qui m’ont étranglé jusqu’à ils m’ont laissé évanoui parce que j’avais déjà complètement perdu connaissance…

Au Cameroun, les agressions physiques ont lieu partout-partout ! Il suffit qu’il fasse un peu noir, et tu vas voir des gens qui vont venir te réclamer ton ordinateur portable. Il suffit que tu roules avec ta moto dans une zone qui est « interdite » (demandez à mon ami Mathurin). Il suffit que tu sois un peu bourré, un peu ivre, et tu vas voir comment les brigands vont te dessoûler avec quelques violents coups de matraque. Il suffit que tu viennes de bouffer à ta tontine et quelqu’un soit au courant de ça. Il suffit que tu sois seul, que tu sois faible, ou alors que tu sois accompagné d’une jolie fille qu’ils sont sûrs qu’ils ne pourront jamais avoir dans leur vie, et là ils vont venir te barricader le passage : « Périka ! Argent-bijoux-portables ! »

 

LE CAMEROUN EST UN PAYS DE CAMBRIOLAGES

Si je vous liste le nombre de cambriolages qui ont lieu ici par jour nuit hein, vous allez penser que je suis déjà en train de dénombrer la population de la Chine !

Dans certains quartiers populeux, on cambriole déjà les boutiques en plein jour (allez demander à mon ami Jaguar) ! Dans certains sous-quartiers de Yaoundé, on « visite » régulièrement nos maisons presque toutes les soirées ! Dans les quartiers administratifs comme Bonanjo, on « perquisitionne » méthodiquement les bureaux climatisés. Et même dans les quartiers résidentiels comme Bonapriso qui sont pourtant sécurisés par les Français, les braqueurs escaladent parfois la barrière avec leur cagoule noire et leur pistolet automatique, et ils viennent chez toi pour te demander de faire l’amour avec ta propre fille !…

 

une casse
On déguerpit régulièrement les populations pauvres. Crédit: Ecclésiaste Deudjui

 

AU CAMEROUN, IL Y A LES CASSEURS DE TOUS LES CÔTÉS

J’ai vu type qui avait investi presque 500 millions de francs CFA sur une maison ici à Makèpè, et on est venu raser la maison-là comme si c’était un simple château de cartes ! Vrai-vrai ! Alors que quand nous on voyait le Caterpillar arriver, nous on se disait que c’est seulement pour le sissia : « Dis-donc ! Même si ce n’est pas son terrain, qui peut avoir le courage de casser une maison qui a coûté plus de 500 millions de francs CFA ? »

Et pourtant ça m’est arrivé à moi aussi, quand je possédais encore mon cybercafé en décembre 2013 (mais il ne valait pas de 500 millions hein). J’avais payé douze mois de loyer chez un type qui était noir comme le charbon, alors que le vrai propriétaire était rouge comme la bauxite. Et c’est la bauxite-là qui était venue détruire mon cybercafé pour y faire construire sa nouvelle villa…

À Yaoundé, Tsimi Evouna a semé sème la terreur en démolissant les maisons des petits Camerounais. On casse les marchés à Bafoussam sans demander la permission des commerçants. On rase les boutiques ici à Douala. On déguerpit les gens de leur domicile sans même les dédommager ici au Cameroun, et dans tout ça on ne cherche même pas à les relocaliser ou bien à les reloger quelque part…

 

LE CAMEROUN EST UN PAYS DE JALOUSIE EXTRÊME

J’avais vu une femme qui avait organisé un grand défilé de mode à Bonamoussadi, et elle avait donné à boire et à manger à tout le monde. Mais lorsque la pluie est venue gâcher la fête, ce sont ses « meilleures » amies qui étaient assises au 1er rang qui ont commencé à dire que « Dis-donc ! Elle croyait d’abord que quoi ? Hein ? Elle voulait épater qui avec son prêt-à-porter-ci ? Hein ? Elle voulait même d’abord nous montrer que quoi ?… »

Le Cameroun est un pays extrêmement dangereux ! Les gens d’ici aiment faire semblant de sourire avec toi, mais tu ne sauras jamais ce qu’ils ont réellement dans le cœur. Les gens d’ici sont prêts à accepter ta bière, à rire avec ton épouse, à accepter l’argent et le travail que tu vas leur proposer. Mais si jamais le Soleil disparaît sur tes projets, si jamais tu chutes ou si jamais tu commences à finir comme les funérailles, ils seront les premiers à se moquer de toi comme s’ils n’avaient jamais bénéficié de tes services auparavant…

 

une main menottée
La population carcérale ne fait que s’accroître d’années en années

 

EN RÉALITÉ HEIN, LE CAMEROUNAIS EST UN INDIVIDU TELLEMENT DANGEREUX…

C’est vrai que j’étais rentré un peu tard ce soir-là, et c’est vrai que j’étais légèrement ivre. Mais je ne savais pas qu’on agressait déjà dans mon quartier. Je savais que quelqu’un peut t’interpeller en route et puis te bousculer parce qu’il veut subrepticement te subtiliser ton portefeuille, mais je ne savais pas qu’un inconnu pouvait apparaître devant moi et me dire que « Viens ici, espèce d’imbécile ! Je te jure que je vais t’assassiner ce soir ! »

Jusqu’aujourd’hui j’en ai encore la chair de poule…

 

Au Cameroun quand il y a la bagarre, les gens ne séparent pas mais ils cherchent plutôt la machette pour te découper comme si tu étais déjà devenu la viande du crocodile.

Dans notre pays-ci qui va accueillir la CAN 2019, on drogue encore les gens dans les taxis. On donne le somnifère aux filles qu’on a envie de violer. On empoisonne quelqu’un quand on est jaloux de lui ou bien quand on a envie de pratiquer les crimes rituels.

Dans le Cameroun de notre Paul Biya le-plus-beau-le-plus-fort, il suffit d’un moindre rien pour que n’importe quel événement bascule dans le drame.

 

Il suffit d’un mot déplacé. Il suffit d’un mauvais regard. Il suffit d’un mensonge qu’une Camerounaise est allée perpétrer sur ton prénom. Il suffit qu’un individu soit un peu affamé. Il suffit d’une dispute tribale ou familiale.

Parce que quand je pense comment j’ai commencé à crier « Au voleur ! Au voleur ! » en accélérant de toutes mes forces comme si j’étais déjà devenu un sprinter, je n’arrive même plus à fermer l’œil de toute la nuit. Et quand je pense aussi à ces Camerounais qui ont perdu leur vie à cause de l’insécurité grandissante, j’ai parfois envie de déposer les deux genoux au sol : « Oh, mon Dieu ! Comment ça s’est passé pour que le Cameroun devienne un territoire aussi dangereux ?… »

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi je ne suis pas dangereux

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Au Cameroun, personne ne sait que tu es un jongleur

Quand je pars souvent mettre le crédit dans mon téléphone, certaines call-boxeuses me disent toujours que « Dis-donc ! Un monsieur comme toi tu viens seulement faire le transfert de 250 ? »

Et donc parfois ça m’énerve, jusqu’à j’ai envie de leur expliquer que moi je ne suis qu’un simple débrouillard. Parce que dans notre pays-ci hein, la plupart des gens ne savent même pas que tous les Camerounais sont essentiellement des jongleurs…

 

un père et sa fille à l'hôpital
On a toujours des gens qui sont malades dans notre famille

 

LES JOLIES FILLES SONT DES JONGLEUSES

Ne voyez pas les jolies filles comme ça hein, ce sont aussi des jongleuses ! Ne les voyez pas avec les greffes brésiliennes qui sont plus longues que les rastafaris des Jamaïcaines, ou bien avec les tatouages qui sont comme pour le gars qui danse toujours torse nu derrière Maahlox LeVibeur (on me dit qu’il s’appelle Daddy Chanel).

Les jolies filles sont des jongleuses. Parfois tu vois une jolie jeune Camerounaise avec un pantalon qui est bien-bien moulant, mais elle n’a même pas cinq francs CFA dans son porte-monnaie (est-ce qu’elle a même d’abord un porte-monnaie ?) ! Parfois tu vois une jolie jeune métisse au volant de sa Carina ou bien de sa Pajero, mais elle ne sait même pas comment elle va mettre le carburant à l’intérieur. Parfois tu vois une midinette Camerounaise qui est mignonnette, jolissime, sexy jusqu’à ce n’est plus bon, mais c’est elle qui dit tous les jours à son miroir que « Miroir ! Dis-moi comment je vais faire pour réussir à me trouver un bon mari ici au Cameroun. »

Hein ? Vous pensez que c’est facile d’acheter les vêtements et de se coiffer tous les jours alors qu’on n’est pas sûres que ça va plaire aux malhonnêtes garçons camerounais qui passent leur temps à nous faire la cour ?

 

LES GENS QUI PASSENT A LA TÉLÉ SONT DES JONGLEURS

Moi-même-ci qui vous parle, je suis déjà passé à la télévision à plusieurs reprises. Mais… Est-ce que c’est alors pour ça que je vais arrêter de faire mes transferts de 250 ?

Sérieusement hein, les gens qui passent à la télévision sont des jongleurs ! Que ce soient les techniciens oooh, les journalistes oooh, les animateurs oooh, les panélistes qui viennent sur le plateau pour dire que « Il faut que Cabral Libii soit candidat en 2018 », tous les gens qui passent à la télévision sont des jongleurs !

Même Banda Kani qui était l’ancien président du MANIDEM, une fois il est venu dire dans une émission en direct que « Je possède une seule paire de chaussures. » Et les gens pensaient qu’il s’amusait hein ! Une autre fois je me suis retrouvé dans un taxi-brousse avec un célèbre musicien camerounais que vous voyez tous les jours sur Trace Africa, et c’était lui qui était notre chauffard ! Une troisième fois je me suis trouvé nez-à-nez avec un célèbre humoriste bamiléké qu’on écoute dans presque toutes nos chaînes de radio, et c’est lui qui me suppliait que « Mon frère ! Il n’y a même pas une minguili petite minuscule bière pour les pauvres ? »

 

On n’imagine pas dans quelles conditions les gens sont logés

 

LES FONCTIONNAIRES SONT DES JONGLEURS

J’ai la chance de connaître beaucoup d’amis qui sont des fonctionnaires comme Pierre La Paix Ndamè. Mais c’est plutôt une malchance, parce que vers le 15 ils sont toujours en train de m’envoyer des SMS du genre « Ecclésiaste ! Pardon prête-moi quelque chose je vais te remettre à la fin du mois. »

Hum ! Ça laisse qui ?

Avec les fonctionnaires, ils ont un matricule et un salaire qui sont réguliers, mais ce n’est pas facile comme vous imaginez-là. D’abord que pour qu’on t’intègre au fichier Solde de l’Etat, tu vas d’abord bien transpirer faire presque deux ans sans goûter à la bonne nourriture (ton régime ce sera le tapioca). Le Gouvernement va t’envoyer travailler en brousse avec les singes jusqu’à tu vas même parfois vouloir te décourager ; mais tu vas quand même supporter parce que tu sais qu’au bout du bout du bout de toutes ces galères, on va te donner un gros rappel de quelques millions que les araignées vont t’aider à dilapider en moins de deux semaines…

 

MÊME LES MBEINGUETAIRES SONT DES JONGLEURS

Ou les mbeinguètaires ont même fait quoi pour que les Camerounais les respectent comme si c’étaient des magiciens oooh ? Je ne comprends pas ! Parce qu’à part monter dans l’avion, je ne vois vraiment pas ce que les « Voyageurs » ont déjà réalisé de si spécial…

Les diasporiens, comme on les appelle, ce sont aussi des jongleurs ! Ils vivent dans le froid et ils grelotent dans la neige en hiver, mais nous on pense ici que leur vie est un récital de tranquillité. Ils cumulent parfois deux jobs, parfois trois stages, parfois quatre boulots clandestins, mais nous on pense toujours ici que leur vie est facile. Ils sortent parfois avec de vieilles Blanches qui n’ont même plus une seule molaire dans la mâchoire, mais nous on est seulement là pour taper la bouche en disant que « Ça fait quoi ? Il y a même quoi de difficile là-dedans ? »

Ils travaillent dur, ils bossent, ils se battent, ils se débattent même. Mais malgré tous ces sacrifices, aucun Camerounais ne va jamais comprendre que les mbeinguètaires sont aussi des jongleurs.

 

le paradoxe du travailleur africain en france
On ne sait pas que les mbeinguètaires sont aussi des jongleurs. Crédit_ Royaume Attié

 

AU CAMEROUN, IL N’Y A MÊME PAS UNE SEULE PERSONNE QUI IMAGINE QUE TU ES UN JONGLEUR

Donc quand je fais souvent mes transferts de 250 ou bien de 100 francs CFA ici dans mon quartier, certaines call-boxeuses me demandent toujours que « Tu n’as pas honte ? On te voit-là comme un responsable alors que tu n’es même pas quelqu’un ! »

Est-ce que c’est moi qui leur ai demandé de me regarder comme un « responsable » ?…

 

Samuel Eto’o est un jongleur ! Vous savez comment c’est difficile de signer un contrat professionnel avec une équipe là-bas en Europe ? Et surtout à son âge ?

Paul Biya est un jongleur ! Non seulement il doit gérer son âge et ses maladies. Mais en plus il doit gérer ses relations avec Emmanuel Macron. Il doit aussi gérer les opposants camerounais qui sont décidés à le remplacer en 2018.

Tous les Camerounais sont des jongleurs ! Je mens ? Qui peut me citer une seule Camerounaise qui ne lui a pas encore soumis ses problèmes ici dehors ?

 

Parce que quand vous voyez comment nous on se photographie sur les réseaux sociaux et sur Facebook, vous pensez que c’est parce que notre vie est plus facile que la vôtre. Vous pensez que comme on a un bon travail, comme on a une grosse entreprise ou bien comme on a les maisons en location que notre père a laissées avant de disparaître, vous pensez toujours qu’il y a la vie d’un individu ici qui n’est pas difficile.

Et pourtant hein, laissez-moi alors vous informer que tous les Camerounais sont des jongleurs !

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi je suis un jongleur

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Il nous faut aussi un Macron ici au Cameroun…

Depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, il y a plusieurs personnes qui ont demandé à Cabral Libii de se présenter à la présidentielle de 2018. Et vous savez quoi ? Pour une fois je suis persuadé que les Camerounais ont raison.

 

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, candidat à la Présidence française à 39 ans

 

IL NOUS FAUT UN CANDIDAT QUI SERA JEUNE

Pas nécessairement pour gagner hein, mais pour insuffler quand même une nouvelle dynamique. Parce que quand vous allez voir la liste des candidats qu’il y aura ici en 2018, vous allez trouver les 85 ans dedans, les 79 ans, les ba-78 ans et demi et consorts…

Bref hein, il nous faut un candidat qui sera jeune comme Martial Bissog ! Il nous faut quelqu’un qui aura 55 ans au maximum. Il nous faut quelqu’un qui sait ce que signifient WhatsApp et Facebook. Il nous faut quelqu’un que si on le vote lors de nos prochaines élections présidentielles en 2018, il soit quand même en bonne santé comme Pierre La Paix Ndamè. Au lieu de gaspiller l’argent du contribuable pour aller se faire soigner régulièrement en Suisse à l’étranger…

 

IL NOUS FAUT UN CANDIDAT QUI NE VIENNE PAS DU SÉRAIL

C’est presque la même chose que la jeunesse. Parce que si on obtient un candidat qui respire la jouvence, comment voulez-vous qu’il provînt du sérail ? Puisque tous ceux qui sont dans le sérail politique actuel, ils étaient déjà aux affaires bien avant le premier jour de notre naissance

Sérieux hein, il nous faut une météorite qui provienne de la planète Crypton comme Superman. Sinon on sait que lors de nos prochaines élections présidentielles qui auront lieu ici en 2018, il y aura toujours les mêmes-mêmes noms et les mêmes-mêmes visages (un peu vieillis quand même) qu’on connaît depuis 1992 : Paul Biya, John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Garga Haman Hadji, Anicet Ekanè, etc.

Alors que si on a une Kah Wallah qui se présente pour la deuxième fois seulement, si on a un Mboua Massock ou bien un Abel Elibi Lobè qui sont capables de soulever les foules, si on a un Pascal Messanga Nyamding ou alors un Joshua Osih qui représentent des Partis obsolètes mais qui symbolisent quand même une nouvelle dynamique, le paysage politique va un peu changer. Et les Camerounais pourront rêver que leur situation peut quand même un peu s’améliorer un jour…

 

politiciens camerounais
Quelques acteurs politiques pour 2018

 

IL FAUT QUELQU’UN QUI N’A PAS PEUR DE PENSER

Les Camerounais ont trop peur de réfléchir. Ils ont trop peur de penser par eux-mêmes. Ils sont toujours en train de dire que « Mon père a dit que… », « Mon professeur a dit que… », « Paul Biya avait dit que… », Tsuip !

Paul Biya a dit quoi ? Toi-même tu ne peux pas aussi réfléchir ? C’est quoi cette classe politique où on a de vieux papas qui sont pourtant des ministres et des députés et des sénateurs et des gouverneurs, mais qui sont toujours en train de dire que c’est Paul Biya qui est en train de réfléchir à leur place ? Hein ? Est-ce qu’ils s’entendent même parler ?

Et c’est pour ça que si on avait un Macron comme Olivier Bilè qui raconte parfois des sottises mais qui propose quand même ses propres idées à lui, ce serait déjà pas mal. Si on avait un Macron comme Maurice Kamto qui peut démissionner du Parti au Pouvoir pour créer son propre Parti politique, ce serait vraiment chouette ! Si on avait encore un Charles Ateba Eyené qui nous a quittés trop tôt (paix à son âme !), on n’aurait même plus besoin d’avoir aussi un autre Macron ici au Cameroun…

 

IL FAUT QUELQU’UN QUI NOUS RESSEMBLE

Les politiciens camerounais ne nous ressemblent même plus. À commencer par le Président de la République du Cameroun. Ils ne nous ressemblent même plus un peu. Ils sont déconnectés, démodés, ils font de fausses promesses tous les jours et ils ont même déjà dépassé le stade de la honte et de la pudeur…

Les politiciens camerounais ne nous ressemblent même pas un peu. Ils ne connaissent même pas le prix du pain. Ils ne connaissent même pas les coupures de lumière. Ils ne savent même pas comment nous sommes surchargés dans les taxis. Ils ne connaissent même pas la couleur de l’eau qui sort de notre robinet. Ils vivent sur la planète Crypton comme je vous ai dit tout à l’heure, mais eux ils sont des roches archaïques et non pas des météorites supersoniques. Et c’est pour ça qu’il faut qu’ils partent disparaissent pour nous laisser avec un Macron camerounais qui pourra au moins nous ressembler un tout petit peu…

 

affiche Elecam
Le changement camerounais doit passer par le vote

 

IL NOUS FAUT AUSSI PLUSIEURS MACRON ICI AU CAMEROUN

Donc depuis quelques jours sur Facebook précisément, il y a des milliers de personnes qui ont demandé à Cabral Libii de se présenter comme candidat à la Présidentielle de 2018. Et vous savez quoi ? Pour une fois je suis 100% d’accord avec le message que les Camerounais sont en train de vous envoyer…

 

Il nous faut un Mathias-Éric Owona Nguini. Il est jeune, il est calme, il est intelligent, il est patriote et il n’a pas peur de vous dire ce qu’il ressent profondément.

Il nous faut un Banda Kani. Non seulement il n’a pas peur de la France, mais c’est quelqu’un qui milite pour que les Camerounais Africains prennent enfin conscience de leurs gigantesques potentiels souterrain et humain.

Il nous faut un homme savant comme le professeur Jean Bahebeck : scientifique, réformiste, moderniste, technocrate et progressiste.

 

Parce que si on attend toujours que le changement vienne de nos hippopotames qui sont au Pouvoir, nous n’allons jamainement sortir de cette auberge. Si on attend que les dinosaures-là nous cèdent eux-mêmes leur trône, nous allons attendre cela jusqu’à-jusqu’ààààààà… Si on ne commence pas dès maintenant à s’inscrire sur les listes électorales, à concevoir un projet pour le bien-être de tous les Camerounais, et à choisir un jeune candidat qui pourra valablement nous représenter en 2018, nous allons encore bien galérer ici au Cameroun pendant plus de trente-cinq années encore. Alors qu’il suffit d’un seul mot pour que tous les Camerounais décident aussi de se mettre enfin « en marche »…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, il nous faut aussi le changement

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Comment j’ai réussi à obtenir ma carte d’identité au Cameroun

Je vous jure que c’est plus facile de réussir un doctorat en biologie moléculaire que d’obtenir une carte d’identité ici au Cameroun. J’avais entamé mes procédures le 1er février, et ce n’est que le vendredi 21 avril 2017 que j’ai finalement pu rentrer en possession de ce précieux sésame.

 

des gens en rang sous la pluie
Même sous la pluie on se met en rang pour la CNI. Crédit: Ecclésiaste Deudjui

 

J’AI RÉUSSI À COMPOSER MON DOSSIER

Apparemment, ce sont les Français qui sont chargés de la sécurité de notre nouvelle carte d’identité (c’est normal ça ?). Et donc quand j’ai perdu mon ancienne CNI qui était sortie de ma culotte pendant que je testais encore ma nouvelle moto Nanfan, je suis allé dans un commissariat et on m’a dit que « Il te faut l’extrait du casier judiciaire. Il te faut le certificat de nationalité. Il te faut le certificat de perte. Il te faut la confirmation de ta profession. Il te faut une copie certifiée conforme de ton acte de naissance… »

Massa ! J’allais arriver ?

Mais heureusement que quand tu arrives devant la mairie, tu donnes tes 2 500 FCFA et on part légaliser ton acte de naissance sans même se rassurer si c’est vraiment l’authentique ou bien si c’est une fabrication de Kumba. Quand tu arrives devant le tribunal de 1ère instance, tu donnes tes 2 500 FCFA et tu reviens le lendemain pour récupérer ton certificat de nationalité (même si tu n’es pas Camerounais hein). Et enfin, au lieu de 2 800 FCFA comme c’est prévu par l’Etat, tu viens avec tes fap kolo et tu glisses ça dans la poche du policier qui est chargé de vous établir les récépissés…

 

J’AI RÉUSSI À ME RÉVEILLER À 05H DU MATIN

Au départ je pensais que c’était la blague ! Je suis arrivé devant le commissariat de Bonamoussadi vers les 11h du matin, et une policière m’a demandé que « Tu es en France ? ». Je suis revenu le lendemain matin à 08h30 et elle m’a répondu que « On ne reçoit pas les gens en culotte ici ! »

Et c’est comme ça que je suis parti vers Bépanda pour retenter ma chance. Je suis allé dans un commissariat à Bonanjo et j’ai trouvé un rang qui était plus long que la Grande Muraille de Chine. Je suis revenu du côté de Bonabéri mais il n’y avait pas d’électricité dans tous les commissariats de là-bas. J’ai donc passé plus de quatre semaines à monter et à descendre avec tous mes papiers, jusqu’au jour où j’ai compris que ça ne servait à rien de se réveiller à 04h du matin alors que tu sais que tu vas toujours arriver en retard. Et que c’est plutôt mieux d’apprêter tes fap kolo que tu vas aller glisser dans la poche du policier qui sera chargé de vous établir les récépissés…

 

J’AI RÉUSSI À SUPPORTER LES POLICIERS

On dit comme ça hein, les policiers camerounais ne sont pas faciles ! Surtout les chefs de postes. Surtout les inspecteurs de Police. Surtout les gardiens de la paix. Surtout les commissaires divisionnaires. Surtout les commandos des unités spéciales. Parce que dans tous les commissariats où je suis passé pour établir ma carte d’identité camerounaise qui est pourtant contrôlée par la France, on nous insultait comme si on était des chiffons : « Mouff ! Tu ne sais pas lire ? », « Mouff ! Tu ne connais plus le nom de ton père ? », « Mouff ! Tu as oublié le nom de ton village ? »

Jusqu’à il y a une policière qui était en train de manger son poisson braisé pendant que les gens l’attendaient dehors pour qu’elle leur remette leurs récépissés. Jusqu’à il y a un autre policier qui était en train d’avaler ses bières, et qui ne faisait que nous gronder que « Quittez à la porte ! ». Et en même temps il disait à sa collègue que son cousin vient de l’inviter pour venir participer à l’enterrement d’une petite Guinness…

 

J’AI RÉUSSI À SURVIVRE DANS UN COMMISSARIAT

Hormis même les policiers hein, la vie dans un commissariat camerounais c’est quand même quelque chose d’étrange. Parce que non seulement ça ressemble à une vieille maison abandonnée, mais on dirait que les gens qui vont là-bas sortent tous d’un hôpital psychiatrique !

Tu vois une femme qui vient se plaindre que ça fait plus de trois jours que son mari ne lui dit plus bonjour. Et la commissaire lui demande que « Où est le problème ? » Tu vois un gars qui vient se plaindre parce qu’il ne sait pas comment on rédige une plainte. Tu vois comment le commissariat est rempli avec des herbes qui ne sont même pas défrichées, et c’est dans les herbes-là qu’on part garder les voitures et les motos en fourrière. Tu vois comment les gens sont assis-là du matin jusqu’au soir en train de taper leurs commentaires parce qu’ils attendent leur carte d’identité, et en même temps il y a un antigang qui est en train de parler fort sur son talkie-walkie : « Allô Bravo, ici Epervier noir. Alerte rouge au carrefour Ndokoti à cause des bendskineurs. Vous me recevez ? »

 

carte d'identité ecclésiaste deudjui
Voici mon ancienne CNI que j’avais perdue

 

J’AI FINALEMENT RÉUSSI LE CONCOURS DE LA CARTE D’IDENTITÉ CAMEROUNAISE

Donc je n’ai pas encore le doctorat comme Pierre La Paix hein, mais si je m’engageais je suis sûr que j’allais l’obtenir avant d’entrer en possession de ma nouvelle carte d’identité…

 

J’ai enfin réussi le concours de la patience. Parce que quand tu arrives dans un poste de Police, on ne veut même pas savoir si tu es occupé ou bien si  tu as profité de ta pause pour venir récupérer ton récépissé.

J’ai enfin réussi le concours de la maîtrise. Parce que quand je voyais comment on insultait les parents des gens là-bas, j’avais vraiment envie de me mettre en colère mais j’ai pensé à ma carte d’identité.

J’ai enfin réussi le concours de la « camerounité » si je peux dire, parce que toutes les personnes que j’ai rencontrées étaient des gens qui voulaient simplement confirmer qu’ils sont des Camerounais.

 

Puisque malgré toutes ces difficultés, nous étions toujours là. Malgré que ça ne nous donne pas l’argent et que ça nous fait plutôt dépenser au contraire, nous avons quand même accepté de venir nous mettre en rang. Malgré que la carte d’identité soit devenue plus compliquée qu’un concours, j’ai enfin réussi à réaliser que les gens qui habitent ici ont vraiment envie de se comporter comme de bons citoyens camerounais…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je suis un citoyen camerounais

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Jeux de hasard : on parie que les Camerounais vont parier

Depuis que la Guinness Smooth ne gagne plus, certains amis me disent souvent que je suis un imbécile au carré ! Parce que quand on arrive dans un bar par exemple et que moi je commande toujours la même-même chose, ils sont toujours en train de me demander que « Tu es même normal ? Comment tu laisses les bières qui gagnent pour aller boire les bières qui ne gagnent même pas ? »

 

un jeune homme qui pèse la nourriture
Les Camerounais ont toujours besoin d’un arbitre

 

LES CAMEROUNAIS NE BOIVENT QUE LES  BIÈRES QUI GAGNENT

C’est rare que tu croises un Camerounais qui soit fidèle à une seule bière (ils sont même fidèles dans quel domaine ?). Parce que quand la serveuse vient pour demander le goût de chacun, leur première réponse sera : « Qu’est-ce qui gagne même dans ce bar ? » Leur deuxième réponse sera : « Quelle est la bière qui est en promotion ici ? » Et leur troisième réponse sera : « Est-ce que votre barman accepte les capsules ? »

En réalité hein, c’est parce que les Camerounais consomment tout ce qui mousse ! Ils n’ont pas de goût à vrai dire. Et quand ils ont l’espoir qu’en ouvrant une bouteille ils peuvent avoir la chance de gagner un écran plasma ou bien une autre bouteille tout simplement, comment voulez-vous qu’ils laissent ça pour aller boire les bières qui ne vont même rien te donner ?

 

LES CAMEROUNAIS VONT PARIER SUR LES ÉTALONS

Il y a un truc ici qu’on appelle le PMU machin quelque chose. Et je me rappelle que quand ça venait d’arriver au Cameroun dans les années 1990, les Camerounais pariaient sur les chevaux jusqu’ààààààà…  Jusqu’à même moi-même-ci qui vous parle, j’ai dû composer un ticket de Tiercé+ lorsque je faisais la classe de Quatrième à Edéa !

Les courses de chevaux, hum, elles ont eu leur heure de gloire. Je me rappelle que j’avais un oncle qui versait d’abord l’argent du Quarté+ avant de verser l’argent de la ration à son épouse. Je me rappelle que quand je partais souvent chez lui pendant les vacances, il se me réveillait parfois en pleine nuit pour me demander de noter le 14, l’as, le 17, le 51 et parfois il me demandait carrément de lui proposer un numéro au hasard ! Et après sa mort j’ai compris pourquoi on avait invité un quintette pour s’occuper de la chorale le jour de ses funérailles…

 

une supportrice de Chelsea contre une supportrice de Manchester United
Les Camerounais parient sur les championnats étrangers. Crédit: SOHIN.VN

 

 LES CAMEROUNAIS CONNAISSENT TOUS LES CHAMPIONNATS DE FOOTBALL

Quand moi j’étais jeune, nous on ne connaissait que les championnats français (colonisation oblige) et italien (le Calcio était le meilleur championnat à l’époque). Et aussi un peu quelques championnats de vacances…

Aujourd’hui ? Mince ! J’ai mon petit-frère qui fait seulement le Cours Élémentaire 1, mais l’enfant-là peut te donner le classement du championnat qu’il y a en Ouzbékistan ! Je vous jure hein, je ne suis pas en train de plaisanter. Parce que depuis que le Parifoot est arrivé ici au Cameroun, tous nos enfants connaissent déjà tous les résultats de toutes les équipes qui sont dans toutes les compétitions ici au monde…

Et c’est comme ça que quand tu discutes avec un militaire pendant les jours de l’Europa League, lui il va te demander si la Lazio pourra vraiment pulvériser Trabzonspor. C’est comme ça que quand tu regardes un match du championnat espagnol dans un bar, il y a des badauds qui seront concentrés plus que la concentration. Et vous savez pourquoi ? C’est parce qu’ils ont parié toutes leurs économies que le FC Barcelone va l’emporter par au moins sept buts d’écart !

 

LES CAMEROUNAIS ADORENT LES CASINOS

J’avais dragué une fille qui travaillait dans un casino à Akwa. Et chaque fois que je partais la chercher vers 3h du matin, elle me répétait toujours que « Mon frère ! Est-ce que tu sais même que les Camerounais aiment parier ? »

On dit aussi que Geremi Ndjitap, l’ancien Lion Indomptable, est un champion du monde du taper-taper. Qu’on ne sait même pas comment il fait pour ne pas attraper le panaris du 1er jusqu’au 31…

On dit aussi que si tu veux jouer le vrai poker, mais alors le vrai-vrai, il faut miser à partir de cent mille francs CFA pour montrer que tu as l’argent. On dit qu’il y a une machine au casino où tu mets tes jetons, tu tires sur une manivelle et ça te remboursera 25% de tout l’argent que tu avais déjà déversé dans cette machine.

Et puis, ce n’est pas qu’on m’a dit mais moi-même j’ai vu ça avec mes propres yeux hein, il y a un oncle de Pierre La Paix qui aime jouer au billard électrique (flipper) en consommant ses bâtons de cigarettes. Et le type-là peut jouer comme ça pendant plusieurs jours sans même jamais sortir de la salle !

 

Les Camerounaises adorent les soldes

 

JEUX DE HASARD : ICI C’EST PARI !

Donc depuis que la Guinness Smooth ne gagne plus, certains amis me disent souvent que je suis devenu un extraterrestre ! Ils n’arrivent pas à comprendre comment je bois toujours la même-même bière, je ne joue jamais au Loto, je supporte toujours la même équipe de football (Fovu de Baham), et je n’entre moi jamais dans un casino ou bien dans une salle de jeux (sauf si c’est pour aller récupérer une nouvelle petite)…

 

Les Camerounais vont parier ! Quand ils jouent aux cartes, quand ils jouent au Ludo ou bien quand ils font une partie de Playstation entre eux.

Les Camerounais vont désigner un katika quand ils sont au carrefour en train de discuter sur une discussion qui les a divisés.

Les Camerounaises qui sont dans les foyers et dans les domiciles, elles n’achètent jamais n’importe quel cube.

 

Ni n’importe quel lait. Ni n’importe quel savon. Ni n’importe quelle huile végétale. Parce que si ça ne gagne pas, qu’est-ce qu’elles vont bien pouvoir faire avec ça ? Hein ? Si ce n’est pas en promotion ou bien en solde, qu’est-ce que tu veux qu’on fasse avec des objets qui ne vont même rien te donner ? Hein ?

Parce que quand moi je m’assois dans un bar par exemple, j’ai souvent envie de demander aux Camerounais que « Je demande hein, vous êtes même normaux ? Comment vous abandonnez les bières qui vous plaisent pour aller consommer des boissons qui ne vous plaisent même pas ? »

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi je ne parie pas !

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Cameroun : ces fêtes qui sont 100% business !

Je drague une fille le 13 décembre 2016, et elle me parle déjà du pagne du 08 mars ? Hein ? Je drague une autre fille le 21 janvier 2017, et elle me rappelle déjà que bientôt ce sera la fête du 14 février ? C’est simple ?

Il faut même que je vous parle de ces fêtes camerounaises qui sont 100% business…

 

salle de banquets avec des invités
Les Camerounais aiment organiser de grandes cérémonies

 

IL Y A D’ABORD LA FÊTE DE NOËL

Je suis obligé de commencer cette fête-ci, parce que franchement je ne sais pas comment elle a réussi à traverser la Mer Rouge pour atterrir jusqu’ici en Afrique !

Déjà, le Père Noël est toujours un homme de race blanche. Il a toujours entre cinquante-cinq ans et l’âge de Paul Biya. Ensuite, ses couleurs ont été choisies par la société Coca-Cola qui commercialise l’eau sucrée teintée. Ensuite encore, il est toujours dans la neige avec ses traîneaux et ses rennes, alors que nous au Cameroun on n’a rien de tout ça (ni la neige, ni les traîneaux, ni les rennes. Par contre on a un roi).

Pour finir, on nous dit que c’est pour célébrer la naissance de l’enfant Jésus-Christ qui était aussi un Blanc comme d’habitude. D’accord ! Mais pourquoi on nous oblige alors à acheter les jouets ? Hein ? Pourquoi si tu ne dépenses pas le jour-là pour acheter les gros poulets avec un long-long sapin de noël, les gens vont seulement te regarder comme si tu étais devenu un extraterrestre ?

 

IL Y A LA FAMEUSE SAINT-VALENTIN

Peut-être c’est parce que moi je suis rarement amoureux hein, mais j’ai toujours eu un sérieux problème avec la célébration de la Saint-Valentin (et encore plus avec les valentines).

Parce que le 14 février 2014 par exemple, j’étais assis avec Pierre La Paix et on regardait comment les filles ne faisaient que défiler devant nos yeux avec de gros-gros cadeaux dans leurs sacs en plastique… Kaï ! Ou qu’est-ce qu’elles disent donnent même aux garçons le jour-là pour qu’ils deviennent aussi généreux oooh ?

En tous cas la fête des amoureux hein, pour moi c’est du 100% business ! On utilise l’affection que tu as pour ta petite amie, et on te fait acheter un parfum de 99 900 FCFA ou bien les mèches brésiliennes. On rend même souvent certaines filles malhonnêtes, parce que quand le 14 février arrive les Camerounaises ne barrent plus aucun baratineur… Je vous jure hein ! Il y a des filles ici qui alignent quatorze rendez-vous avec quatorze dragueurs différents pour le seul jour de la Saint-Valentin !

 

une petite fille avec les effigies du Cameroun
Le goût de la fête commence dès l’enfance

 

IL Y A LA SOI-DISANT JOURNÉE DE LA FEMME

Quand la fille-là m’avait parlé du pagne du 08 mars, c’est comme si elle m’attendait seulement. Mince ! Tu dragues une fille le 13 décembre 2016 et elle te parle déjà des choses qui sont programmées loin là-bas en mars 2017 ?

Parce que je vais vous dire, le 08 mars c’est le graal pour les Camerounaises. Elles ne connaissent même pas la thématique que les gros fonctionnaires de l’ONU ont fixée pour leurs débats intellectualistes, mais elles vont aller boire la bière jusqu’ààààààà… Jusqu’à tu vas voir des femmes mariées qui vont aller découcher pendant plus de trois jours. Tu vas voir un simple couturier qui va se retrouver multimillionnaire. Tu vas voir comment l’industrie de la coiffure va exploser, le secteur de la manucure péter, et il y aura même des inflations boursières sur le cours normal de la ballerine…

 

IL Y A MÊME AUSSI LA FÊTE DU TRAVAIL

Quelle fête même ? Déjà que ce sont surtout les chômeurs qui aiment beaucoup célébrer la fête du travail. Pourtant si ça ne dépendait que de moi hein, la fête du travail allait se limiter à travailler jusqu’à l’heure de ta pause !

Parce que comme les gens savent qu’il y aura le défilé, c’est aussi comme ça que les sérigraphes et les infographistes et les dessinateurs nous balancent du n’importe quoi ! Casquettes oooh, t-shirts oooh, chemises oooh, pancartes oooh, banderoles oooh ! Mince ! C’est toujours le business comme ça ?

Et c’est pour ça qu’à partir du 28 avril, presque tous les patrons du Cameroun commencent à s’agiter comme s’ils avaient mangé le piment des pygmées. Vrai hein ! Tu vas les voir en train de courir partout-partout entre le service-traiteur et les photoreporters. Même le Directeur commercial ne sera jamais au bureau, parce qu’il aura rendez-vous dans un pressing pour aller vérifier si sa veste est déjà programmée pour le repassage…

 

des villageois en train de manger et de rire
Les fêtes sont aussi une occasion de se retrouver en famille. Crédit photo: Ecclésiaste Deudjui

 

AU CAMEROUN, (PRESQUE) TOUTES LES FÊTES SONT 200% BUSINESS

Donc la fille que j’ai draguée le 21 janvier de cette année, elle me rappelait déjà que le 14 février c’est pour bientôt. Malchance ! Est-ce que moi je lui ai dit que moi j’étais déjà tombé amoureux d’elle ?

 

Nos fêtes sont 100% business ! C’est pour cela que nos filles organisent leur anniversaire une fois par mois : c’est parce qu’elles savent que les dragueurs vont venir pour donner leur contribution et leurs cadeaux.

Nos fêtes sont 200% business ! C’est pour ça que quand les Lions ont gagné la CAN 2017, il y a des vautours qui ont organisé la tournée nationale du trophée et ils se sont partagé plus de 450 millions de FCFA !

Nos religions sont 300% business ! Puisque même pendant le Ramadan, vous n’avez pas encore remarqué que le prix du mouton a toujours augmenté de plus de 400% ?

 

Parce que pour vous dire la vérité hein, toutes ces fêtes-là sont 900% business ! C’est vrai que parfois ça nous réjouit le cœur, c’est vrai que ça nous fait manger les frites de plantain et que ça nous fait boire le vin rouge jusqu’à ce n’est plus bon, mais quand même ! Une société ne peut quand même pas se développer si elle passe seulement son temps à organiser des grandes cérémonies pour un n’importe quoi…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi je ne suis pas business

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