Ecclésiaste Deudjui

Chers Camerounais, prenez soin de votre vie!

Le dimanche 23 août 2015 à Bépanda, j’ai assisté au décès d’un jeune footballeur. Il évoluait à la Dynamo de Douala, et une crise cardiaque l’a foudroyé à la 33ème minute de la rencontre.

Pour tout vous dire, ça fait déjà quatre joueurs qui meurent de cette manière dans notre championnat en 2015…

N'entrez plus dans des véhicules qui ne sont jamais contrôlés
N’entrez plus dans des véhicules qui ne sont jamais contrôlés

 

NE METTEZ PLUS VOTRE VIE DANS LES MAINS DU SPORT CAMEROUNAIS !

Je vous en prie, ne remettez plus votre vie entre les mains de l’olympisme camerounais. Parce qu’en regardant nos compétitions sportives, tu ne vois même pas quel genre de maladie nos soi-disant soigneurs-là sont même capables de guérir…

Parfois ce sont des cousins qu’on a ramassé au quartier, pour leur donner cinq-cinq mille francs. Parfois ce sont des badauds à qui on a mis la tenue de la Croix-Rouge, alors qu’ils n’étaient même pas catholiques pour commencer. Parfois, quand tu regardes les Lionnes Indomptables, tu vois comment les « secouristes » se mélangent avec le mécanicien pour pousser l’ambulance, alors qu’il y a une joueuse qui souffre à l’intérieur… Tsuip !

Je vous le dis hein, ne confiez pas votre vie entre les mains de ces fanfarons ! C’est comme ça que ma mère a failli perdre son œil en 1984, dans un combat de boxe qu’elle regardait. C’est comme ça que j’ai un ami qui a failli mourir pendant un match de basket-ball ! C’est comme ça que moi-même qui vous parle, je me suis évanoui dans un match du championnat de vacances, en 2003. Et alors que je perdais connaissance, l’arbitre ne faisait que dire que : « Dis-donc ! S’il ne peut plus se lever qu’on le mette dehors ! »

Comment pouvais-je sortir puisque je ne pouvais même plus me lever ?

NE FAITES PLUS CONFIANCE À NOS SERVICES HOSPITALIERS

Le joueur de Dynamo qui est décédé n’avait pas passé de visite médicale. Je suis sûr que quand il est entré à l’hôpital pour la réclamer, les docteurs lui ont répondu: « Mon frère, quand je te vois là je sens que tu peux même jouer un match de rugby. »

Et puis je ne vous parle même pas des erreurs médicales, parce j’ai une amie qui est aujourd’hui infirme (on lui avait mal injecté la quinine). Pour les cas de chirurgie alors c’est grave !

Chers Camerounais, arrêtez de faire confiance au système hospitalier ! Vous-mêmes vous ne voyez pas que quand il est malade, notre président part toujours se soigner à l’étranger ?

Arrêtez de vous mettre en rang devant les dispensaires qui sont à côté des pompes funèbres ! Arrêtez d’emmener les malades là où on demande « Est-ce que tu as déjà acheté son carnet à la pharmacie ? » Évitez les urgences où en arrivant avec un corps ensanglanté, on te regarde comme si tu venais acheter des friandises.

Des endroits où quand tu n’as pas 2.499 francs CFA pour un médicament, on te laisse mourir comme un chiffon. Et ensuite on explique à la radio que tu es décédé d’une « courte maladie »…

 

NE REMETTEZ PLUS VOTRE VIE ENTRE LES MAINS DES CHAUFFARDS

Quand je suis allé à Makénéné pour une réunion de famille, je pensais seulement « Hum ! Donc vrai-vrai ma vie va s’arrêter ici ? »

Notre chauffeur ne faisait que téléphoner au volant. Ce chauffard ouvrait sa bouteille d’eau alors qu’il roulait à 140 Km/h et qu’il ne regardait même pas la route devant lui… Parfois même il conduisait avec sa main gauche, comme s’il était en train de s’amuser avec la vie des gens dans sa voiture…

Je vous dis la vérité hein, ne remettez plus votre vie entre les mains de certains chauffards ! Quand un bendskineur veut trop accélérer, demandez-lui de ralentir. Quand un chauffeur de taxi veut vous montrer qu’il est plus rapide que Lewis Hamilton, dites-lui d’aller s’inscrire en F1 plus tard mais que pour le moment il serait préférable modérer sa vitesse. Quand un chauffeur de camion ou un gros-porteur veut s’amuser à taper les commentaires avec les piétons, ordonnez-lui de s’arrêter et de bavarder autant qu’il voudra. Ensuite, et seulement ensuite, il pourra repartir.

Même si c’est votre ami qui veut vous raccompagner après une soirée bien arrosée alcoolisée, dites-lui simplement « Merci ». Mais n’oubliez pas de lui dire « Non » auparavant…

 

FAITES ATTENTION À VOTRE HYGIÈNE DE VIE

C’est vrai que le gouvernement camerounais ne prend pas soin de notre vie. C’est vrai que lorsqu’un Camerounais meurt à l’extérieur du pays (et même à l’intérieur), ça n’intéresse pas grand monde. Mais je crois qu’il y a quand même des choses que nous pouvons faire à notre petit niveau.

Par exemple, je vous conseille de ne plus vous installer dans les marécages. Parfois ton enfant attrape une maladie dans cette saleté-là, et après tu t’en prends à la sorcellerie. Je vous conseille d’utiliser les préservatifs en cas de besoin. Je vous conseille de ne plus écouter les charlatans qui disent qu’ils sont des guérisseurs miraculeux, ou encore les pasteurs qui vous escroquent au nom du Seigneur.

Camerounais, vous êtes beaucoup plus intelligents que ça.

Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire à notre petit niveau. Notamment, comme on sait déjà que les pompiers arrivent toujours trop tard (quand ils arrivent), évitez de laisser les bougies allumées avant de dormir. Il vaut mieux vérifier la bouteille de gaz avant de sortir. Ou ne jamais laisser les enfants seuls avec des objets dangereux, un drame est très vite arrivé.

Et puis le reste, bof, ça ne nous regarde pas. Nous sommes déjà habitués à leur laxisme depuis 1982…

Le jeune artiste M'Eric, disparu par négligence
Le jeune artiste M’Eric, disparu par négligence

 

MES CHERS COMPATRIOTES, JE VOUS SUPPLIE DE PRENDRE SOIN DE VOTRE VIE

Le footballeur décédé s’appelait Léopold Angong Oben, il n’avait que 26 ans. Il a laissé une petite amie et un enfant de quelques mois, et il s’en est parti pour l’éternité.

Si vous étiez au stade le jour-là, vous auriez vu comment le gars agonisait devant ses propres coéquipiers. Et vous auriez vu comment les secouristes ne savaient même pas par où ils devaient commencer…

Vous avez la vie devant vous, ne la confiez pas à ces brigands qui prétendent s’occuper de la population camerounaise.

Vous avez des projets pour votre avenir, évitez de vous mélanger dans les histoires de maraboutisme, d’argent facile, de disputes d’héritage, de crimes rituels, etc.

Que vous soyez un jeunot ou bien un vieillard, n’oubliez jamais que vous n’avez qu’une seule vie ici sur terre, je dis bien une seule vie ici sur terre !

 

Parce qu’au Cameroun, quand tu meurs, les gens t’oublient comme si tu n’avais jamais existé ! Voilà pourquoi je vous demande de prendre soin de votre famille, ainsi que de votre propre corps. Je vous demande de profiter de la vie comme tout le monde, et de bien regarder vos enfants grandir.

Parce que si vous comptez sur nos dirigeants, chers Camerounais, ils ne prendront jamais la peine de prendre soin de votre existence !

 

 

PS : cet article est dédicacé à Charles Ateba Eyené, à Koulibaly System, à Javis Nana, à Sorel Bélia, à Louis-Paul Mfédé, à M’Éric le graphiste, ainsi qu’à tous ceux qui meurent au Cameroun par négligence.

 

 

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Au Cameroun, il y a aussi le « business » de l’éducation

Le premier caramel que j’ai mangé dans ma vie, je l’avais acheté à ma maîtresse du cours préparatoire. Et comme elle vendait aussi les bonbons et les sucettes pendant les cours, c’est toujours chez elle que notre argent de beignets finissait pendant la récréation… Tsuip !

Au Cameroun, il y a un truc que j’ai déjà remarqué dans tout notre système éducatif : c’est le business !

 

on change les livres scolaires chaque année
on change les livres scolaires chaque année

 

IL Y A LE COMMERCE DES INSTITUTRICES

Comme j’achetais mes caramels à Nkongsamba en 1989, c’est aussi comme ça que vos enfants achètent leurs caramels à leur maîtresse de l’école primaire.

Quand tu arrives dans certaines écoles, tu vas voir les bonbons-sifflets remplis sur la table de la maîtresse. Et dès que la récréation arrive, c’est cette dernière qui vous impose de venir vite consommer sa marchandise…

Dans nos écoles primaires, tout commence d’abord par le business ! L’instituteur vous vend les cahiers, il vous vend les crayons, il vous vend la craie et il vous vend aussi le Bic rouge (il est libraire ?). Parfois même son fournisseur n’est personne d’autre que votre directeur !

IL Y A LES ASSOCIATIONS DE PARENTS ESCROQUÉS

Les APEE (Associations des parents d’élèves et enseignants) comme on les appelle. Au départ on avait créé ça pour dissimuler la paresse de notre gouvernement, mais aujourd’hui c’est devenu du n’importe quoi !

Dès que tu inscris ton enfant dans un collège ou dans un lycée, on va te demander les frais de couture ! Quand il va rentrer de l’école le 1er jour alors qu’il n’a même pas encore tous ses cahiers, il va te demander les frais d’informatique ! Après quatre jours de cours seulement, on va te dire qu’il lui faut absolument une tenue de sport comme pour Michael Jordan, sinon le prof de sport va commencer à le mettre dehors pendant les cours d’histoire…

Les APEE, ce sont de véritables machines à sous ! Car non seulement la pension est chère, les livres sont inaccessibles, la ration de l’enfant est insupportable, mais ces gens-là trouvent toujours moyen de vous exiger des frais exigibles.

Et vous savez pourquoi ? C’est parce qu’ils utilisent votre enfant comme une simple monnaie d’échange !

IL Y A LA MAGOUILLE DANS LES ENSEIGNEMENTS SUPÉRIEURS

Est-ce que vous savez qu’au Cameroun, tu peux acheter ton doctorat comme si tu achetais un pantalon dans un prêt-à-porter ? Hein ? Est-ce que vous savez que le prix pour que ton enfant devienne un enseignant, c’est 2 millions de francs CFA, et le prix pour le concours de l’Enam c’est plutôt 4 millions qu’il faudra débourser ? Hein ?

Dans nos universités, les professeurs vendent sexuellement les résultats à certaines jolies filles. Ils donnent leurs meilleures leçons pendant les cours de répétition. Ils organisent des travaux dirigés, et tout le monde sait que si tu donnes 5.000 francs CFA au chef de votre groupe, on va te déclarer « présent » pendant le reste du semestre…

Et puis je ne vous dis pas, les écoles supérieures coûtent encore très-très-très cher ! Je ne vous parle même pas des publicités à la télévision, où chaque établissement vient dire qu’il a eu 100 % aux examens. Je ne vous raconte même pas ce qui se passe dans les salles de composition du BTS, où le surveillant vient dire que « Donnez-moi mille-mille francs, et je vais vous laisser tricher comme vous voudrez ! »

IL Y A AUSSI LE « BUSINESS » DES MINISTÈRES DE L’ÉDUCATION

Comment est-ce que dans un pays, on peut avoir quatre ministères pour s’occuper de la même chose ? Hein ? Est-ce qu’on ne peut pas mélanger l’éducation de base, les enseignements secondaire et supérieur, ainsi que le ministère qui s’occupe de la formation professionnelle ? Hein ?

Au lieu de ça on nous impose un système éducatif qui ne cadre pas avec nos réalités, notre histoire, notre culture, et encore moins avec nos besoins technologiques !

Parce que dans chaque rentrée scolaire, on nous fait acheter de nouveaux livres ! Tu ne peux même pas laisser ton manuel à ton petit frère qui te suit directement. Tu ne peux même pas aller échanger tes bouquins au « poteau » comme auparavant. Tu ne peux même pas comprendre le système LMD qui te donne la DMLA, parce que nos fonctionnaires ne sont là que pour effectuer des négociations avec les éditeurs…

Partout où il y a l’argent de notre éducation qui circule (livres, tenues scolaires, jeux universitaires…), eh bien c’est là-bas que tu vas les voir !

 

cours de répétition au quartier - Crédit: Ecclésiaste Deudjui
Cours de répétition au quartier – Crédit: Ecclésiaste Deudjui

 

L’ÉDUCATION NATIONALE EST DEVENUE UNE GRANDE ENTREPRISE

Donc quand je fréquentais à l’école publique Saint-Martin de Nkongsamba, je ne sortais jamais pendant la récréation. La maîtresse vendait le pain-haricot, les chewing-gums, les gros beignets qu’on vend avec le sucre, et elle avait aussi le ndjindja qu’on vend souvent dans les petites bouteilles de foleré…

En 2002, Paul Biya avait dit que l’école primaire serait gratuite ; mais les prix ne font que s’incrémenter depuis.

En 1990 sous l’effet de la crise économique, notre gouvernement a carrément supprimé la bourse universitaire.

Depuis l’opération Coup de Cœur en 1994, les proviseurs sont devenus des vendeurs de places dans les établissements secondaires.

Et comme je vous raconte tout ceci, c’est parce que voici la rentrée scolaire qui arrive ! Il y aura des parents qui vont stresser, d’autres qui vont s’endetter, d’autres encore qui vont se surpasser. Mais puisque nous sommes au Cameroun, je suis désolé de vous avouer qu’il y en a d’autres qui vont profiter pour s’enrichir.

 

 

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Cameroun : comment reconnaître un fonctionnaire fictif ?

Comme je ne rends pas trop visite aux membres de ma famille, certains cousins m’ont dit l’autre jour que je suis un cousin fictif.

Hum ! Fictif comment ? Hein ? Parce que s’il faut même voir, mon nom ne figure pas sur la liste des fonctionnaires fictifs qu’on a recensés au Cameroun.

D’ailleurs je vais vous expliquer comment les reconnaître…

 

Charles Ateba Eyené, dont le salaire continue de passer depuis sa disparition en 2014
Charles Ateba Eyené, dont le salaire continue de passer depuis sa disparition en 2014

 

IL Y A LES TITULAIRES QUI NE SONT JAMAIS PRÉSENTS AU POSTE

Mes cousins-là m’amusent hein, ils font comme si je suis invisible. Pourtant quand il y a mariage ou bien baptême dans notre famille, je suis toujours le premier à arriver avec mon appareil photo numérique. Ils veulent me voir que comment ?

Dans la fonction publique camerounaise, il y a des gens qui peuvent faire dix ans sans que leurs collègues ne mettent l’œil sur eux ! Parfois ils sont dans la même ville, mais ils sont toujours absents au poste de travail. Parfois ils ne veulent pas aller dans la brousse où on les a affectés, et ils négocient un arrangement à l’amiable avec leur chef de service sur leur salaire.

Vous allez passer par où pour les démasquer ?

 

IL Y A LES GENS QUI SONT DEJA MORTS DEPUIIIIIIIS

Moi au moins mes cousines savent que je suis encore vivant, parce que de temps en temps je change mon profil sur Facebook. Mais comment l’Etat va savoir qu’un fonctionnaire de Ndikiniméki vient de décéder ? Hein ?

Dans notre administration, on fait le business sur les cadavres ! Quand le banquier se rend compte que tu ne viens plus chercher ton salaire depuis un bon moment, il ne dit rien, mais il se partage ça avec ses collègues. Quand un enseignant trépasse et que toute sa famille comptait sur son salaire, son épouse vient supplier le proviseur que « Ééh ! Chef ! Pardon ne dites pas au ministre que mon mari est mort, parce qu’il m’a laissé au moins 4 bouches à nourrir. »

C’est comme le cas de Charles Ateba Eyené norr ! Tout le Cameroun sait qu’il est mort le 21 février 2014 ; mais est-ce que vous savez que son salaire continue de passer jusqu’aujourd’hui ? Hein ? Vous voulez me dire que c’est lui qui perçoit ça de l’autre côté ?

 

IL Y A LES DÉSERTEURS QUI NE VIVENT PAS DANS LE DÉSERT

Je ne vous apprends rien, tous les Camerounais rêvent de partir du Cameroun ! Parfois quand tu n’as pas encore l’argent pour entamer les démarches du visa, tu t’engages dans la fonction publique. Tu sais qu’on va te trimballer pendant deux ans et qu’on peut même te demander de raser tes cheveux, mais tu sais qu’à la fin il y aura au moins ton rappel

Et avec ce rappel, tu vas bien te rappeler de tes anciennes copines. Tu pourras partir en aventure comme on dit ici, ou alors te lancer dans une nouvelle affaire. Tu pourras aussi mouiller la barbe de deux ou trois supérieurs hiérarchiques, pour que ton salaire continue de passer même si tu te retrouves déjà en Mauritanie.

Il y a même quoi d’étrange ?

 

IL Y A LES CRÉATURES ADMINISTRATIVES

Pas ce que Jacques Fame Ndongo part dire à la télé qu’il est la créature de Paul Biya ! Si tu veux vraiment voir ce qu’on appelle la créature d’un créateur, il faut d’abord maîtriser la création d’un fonctionnaire.

Un ministère Y informe le MINFOPRA (le ministère des fonctionnaires) qu’il a besoin de personnel. Le MINFOPRA examine la liste des gens qu’on a envoyée, puis la transfère au ministère des Finances. Celui-ci vérifie qu’on peut les intégrer au fichier solde de l’Etat, donc qu’on peut les payer. Ensuite il renvoie cette liste au MINFOPRA qui l’enregistre avant d’aller en informer le ministère Y.

C’est facile norr ?

Sauf que dans la liste que le ministère Y avait envoyée au départ, il y avait beaucoup de personnes qui sont fictives ! Vous me comprenez ? Le MINFOPRA a aussi élargi la liste-là avec des gens qui sont totalement imaginaires. Vous me suivez bien ? Le ministre ministère des Finances a aussi dit que « A’aka ! Vous voulez seulement manger vous deux ? J’ajoute aussi ma part ! »

Et c’est comme ça qu’à la fin du mois, tu vas voir quelqu’un qui se retrouve avec 14 matricules de la fonction publique camerounaise…

 

Michel Ange Angouing, ministre de la fonction publique du Cameroun
Michel Ange Angouing, ministre de la Fonction publique du Cameroun

 

CAMEROUN : COMMENT RECONNAÎTRE UN ADMINISTRATEUR IMAGINAIRE ?

Donc je le redis encore, ce n’est pas parce que je ne rends pas visite que vous allez penser que je suis un cousin imaginaire. Car si j’étais vraiment fictif comme certains fonctionnaires, vous n’auriez même pas l’occasion de me voir pour me raconter ce genre de choses…

 

Pour reconnaître un fonctionnaire fictif, c’est le genre de personne qui a triplé son salaire depuis qu’on l’a envoyé à la retraite.

Pour savoir qu’un fonctionnaire est louche, c’est quand il vit déjà au Gabon, mais qu’il vient toujours retirer son salaire à Bamenda.

Pour reconnaître un vrai fonctionnaire qui n’existe pas, c’est quand son oncle vient toujours percevoir son argent par procuration (pendant cinq ans ? Mon frère !).

 

Et donc on a recensé 10.375 fonctionnaires fictifs au Cameroun ; je dis bien 10.375 fonctionnaires imaginaires ! Et si tu calcules ce que ça coûte au contribuable camerounais pendant seulement 12 mois, tu vas presque te retrouver dans le vertige : 24,9 milliards de francs CFA !

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Un jour, moi aussi je deviendrai un courtisan Camerounais

Avant, quand mon père n’était pas encore parti à la retraite, il y avait toujours au moins 15 personnes autour de lui ! Les gens lui disaient qu’il était beau, qu’il était propre, qu’il avait raison, et qu’il était même très sage. C’est comme les types qui disent aujourd’hui que Paul Biya est l’homme le plus intelligentissime du monde !

Un jour, vous allez comprendre que ces gens-là ne sont que de bons flatteurs…

 

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Nos hommes politiques sont des flatteurs

 

UN JOUR, MOI AUSSI JE DRAGUERAI À LA MANIÈRE CAMEROUNAISE

Pour draguer comme un Camerounais, c’est très simple ! Si la fille te dit qu’elle s’appelle Mélanie, tu dois lui répondre « Waouh ! Quel beau prénom ! ». Si elle te dit qu’elle se prénomme Pascaline, tu dois lui répondre « Waouh ! Quel beau prénom ! ». Si elle te dit que son 1er prénom c’est Marie-Antoinette, tu dois lui dire que tu adores son prénom parce que ça te rappelle un peu l’histoire de la révolution française… Tsuip !

Les Camerounais, ils sont extraordinaires dans la drague ! Quand tu es noire ils disent qu’ils n’aiment pas trop les filles qui font le maquillage. Quand tu fais le maquillage ils disent qu’ils n’aiment pas les filles qui sont noires comme le charbon. Quand tu as déjà accouché ils disent que ça prouve que tu n’es pas une fille stérile. Quand tu n’as pas d’enfant, ils disent que c’est exactement la qualité de femme-là qu’ils étaient en train de rechercher…

Quand tu as un peu le gros corps, ils aiment les filles qui sont bien potelées comme Zakougla. Quand tu es plutôt maigrichonne, ils aiment maintenant les filles qui sont mannequins jusqu’ààààààà…

Un peu comme les filles qui sont sur la couverture des magazines people.

 

UN JOUR, MOI AUSSI J’ENVERRAI MON CV AVEC DES BOUQUETS DE FLEURS

Tu as déjà vu comment on demande le travail ici chez nous ? C’est presqu’avec des bouquets de fleurs !

Dans ta demande manuscrite, tu dois préciser que tu admires la société-là à mort ! Dans ta lettre de motivation, tu peux mentionner que tu connais le PDG de cette entreprise, et que depuis qu’il est petit il a toujours été très pertinent et très intelligent (tu étais là ?)

Dans ton Curriculum Vitae, tu ne dois mettre que les informations qui intéressent les recruteurs. Et si tu connais le sport préféré du DRH, il faut à tout prix mettre ça parmi tes hobbies même si tu n’as jamais eu de hobby.

Un jour, moi aussi j’enverrai mon CV en indiquant que je suis du même village que le grand patron.

 

UN JOUR, MOI AUSSI JE LANCERAI DES ATALAKOUS AUX GENS

Dans les boîtes de nuit c’est grave ! Si tu t’appelles Samuel Eto’o et que les gens se disent que tu as un peu, c’est le DJ qui va commencer : « Eto’ooooooo… Eto’o ! Eto’ooooooo… Eto’o ! » Ensuite il va annoncer au micro que tu viens d’entrer dans la salle, et raconter comment tu es un pacha. Si tu t’assois sans le regarder, il va insister pour que tu ne « gâtes pas ton nom ». Dis donc ! Ou tu es un président ou tu n’es pas un président…

Et c’est la même chose avec tes voisins du quartier, ils vont t’appeler « Baobab » chaque fois qu’ils vont te voir au carrefour. Ou bien « Maestro », ou bien « Ambassadeur », ou bien « Pichichi », ou bien « Sénateur ». Tout ça c’est pour que tu leur déposes quelques bières sur la table…

 

UN JOUR, MOI AUSSI JE DIRAI QUE PAUL BIYA EST LE SEUL PRÉSIDENT QU’IL NOUS FAUT AU CAMEROUN

Parmi tous les courtisans que je viens de citer, voici vraiment ceux qui me font le plus de mal. Non seulement parce qu’ils me font du mal à moi, simple Camerounais, mais surtout parce qu’ils font du mal à toute la population camerounaise

Un jour, je n’ai pas du tout envie d’être comme eux ! Ils disent que Paul Biya a toujours raison, et qu’il ne se trompe jamais. Ils disent que notre président a un bon cœur, mais que c’est son entourage qui a un mauvais cœur. Ils disent que même si le type-là est au pouvoir depuis 1982 (et dans l’administration depuis 1961), il a encore la santé mentale d’un jeune homme de 17 ans ! Et le plus grave, en 2015, c’est qu’ils veulent nous faire croire qu’il n’y a pas un autre Camerounais dans le monde qui peut occuper notre poste de chef de l’Etat.

Vous voyez alors le summum de la flatterie ?

 

Les Camerounais mentent pour atteindre leurs objectifs
Les Camerounais mentent pour atteindre leurs objectifs

 

NON, MOI JE NE SERAI JAMAIS UN COURTISAN CAMEROUNAIS UN JOUR

Et donc depuis que mon père est parti à la retraite en 2005, il n’y a même plus 2 personnes autour de lui (sauf si on compte son épouse). Les gens ne viennent plus lui dire qu’il est beau, qu’il est propre, qu’il a raison, et qu’il est même très sage.

Il va même d’abord les voir où pour qu’on lui dise ce genre de choses ?…

 

Un jour, je ne dirai jamais à une fille que j’ai envie de passer le reste de ma vie avec elle, alors que j’ai seulement envie de passer le reste de la nuit soirée avec elle.

Un autre jour, je ne dirai jamais à mes amis qu’ils sont sur le bon chemin, alors que j’ai déjà constaté qu’ils sont en train de foncer contre le mur.

Un jour si je réussis à trouver le travail ici à Douala, je ne dirai jamais à mon patron que son entreprise se porte à merveille, alors que je suis seulement en train de calculer comment il va « bien me regarder »…

 

Et pourtant au Cameroun c’est le contraire, les gens sont devenus des flagorneurs. Ils apprécient la photo des mbeinguètaires, ils disent que tu es le meilleur bailleur, ils n’ont jamais rencontré un homme valable comme le Délégué du gouvernement. Ils vont même jusqu’à flatter la fille qui vend les condiments au marché central, parce qu’ils espèrent qu’elle va leur donner le « cadeau ».

Et vous pensez qu’on peut avancer dans un pays où il n’y a que des courtisans ?

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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J’ai testé les nouvelles mesures de sécurité au Cameroun

Le week-end dernier j’étais à Makénéné pour notre réunion de famille. Ce qui m’a surpris dans ce pays qui est en guerre, c’est que je n’ai même pas été contrôlé pendant mes multiples voyages.

La seule fois où la police nous a interpellés, c’était au niveau de Nkongsamba. Et pendant que je fouillais ma poche arrière pour voir si je n’avais pas oublié ma carte d’identité, le chauffeur est venu nous dire : « C’est bon ! »

Il venait de mettre 1.500 francs à l’intérieur de son permis de conduire…

 

les voyages en bus se font sans véritable sécurité
Les voyages en bus se font sans véritable sécurité

 

J’AI TESTÉ LES DÉTECTEURS DE MÉTAUX

Vrai hein, les premiers jours j’ai d’abord cru qu’on était dans un film américain. Quand il y a eu attentat-suicide à Maroua la 2e fois, Douala est subitement devenue une zone de couvre-feu ! À la rue de la Joie, j’ai vu comment les gens s’alignaient devant les boîtes de nuit pour qu’on les contrôle. J’ai même vu un vigile envoyer ses grosses mains dans le caleçon d’une fille androïde, les gens qui étaient dans le rang ont seulement dit : « Mon frère ! C’est toujours pour la sécurité comme ça ? »

Quand j’ai changé de milieu pour aller boire le vrai vin dans la zone estudiantine, on nous a fait passer à un détecteur de métaux. Et comme j’avais les clés de ma chambre dans la poche de mon pantalon, le détecteur a fait « pip-pip ». Les gens se sont écartés de moi comme si j’avais attrapé la maladie de la vache folle… Tsuip !

Mais ce qui est surprenant, c’est que le videur m’a laissé entrer sans même vérifier que c’étaient effectivement ce signal était dû aux clefs. Quand j’ai voulu les lui montrer, il m’a hurlé dessus : « Entre là-bas, dis donc ! On t’a dit que j’ai du temps à perdre ? »

J’AI TESTÉ LA FERMETURE DES BARS À 19 HEURES

Quand nous sommes arrivés à Makénéné il était presque 19 heures, les bars étaient en train de s’ouvrir ?

Je suis entré dans un bar et j’ai demandé à la serveuse de m’apporter vite une Mützig avant qu’on ne vienne fermer l’établissement. Elle ne voulait pas être précipitée : « Tu ne vois pas que le commissaire lui-même est en train de boire ses Gold Harp là-bas à côté ? Tu es pressé pour aller où ? »

Non, franchement, aucun bar ne ferme à 19 heures au Cameroun ! Ça doit être un poisson d’avril en retard. Ça doit être une plaisanterie pour détendre un peu l’atmosphère pendant ces moments de tension. Ça doit être un préfet qui ne savait pas comment faire pour passer au journal de la CRTV à 20 heures. Parce que je vais le redire encore ici, aucun bar ne ferme à 19 heures dans le pays.

C’est vrai que parfois la police peut surgir au milieu de la nuit dans un snack-bar et vous demander vos pièces d’identité. Mais comment les policiers vont voir vos papiers avec nos multiples jeux de lumière ?

J’AI TESTÉ LES COMPORTEMENTS SUSPECTS

N’est-ce pas, on vous a dit qu’on avait attrapé 2 gars à l’église de Bépanda parce qu’ils étaient suspects ? Hein ? Pourquoi on ne vient pas aussi vous dire qu’on les a déjà relâchés ?

Franchement, votre suspicion, c’est vous seuls qui savez comment la définir. Mais de grâce, ne venez pas nous faire plonger dans la paranoïa ici au Cameroun !…

Parce que si c’est comme ça, il faudrait d’abord soupçonner toutes les filles qui attachent leur ceinture au niveau de leur ventre… Je suis sérieux ! Qu’est-ce qui nous prouve que les larges ceintures-là ne sont pas des explosifs ?

Et puis, ce n’est pas parce que quelqu’un a la tête en l’air que vous allez penser que c’est un terroriste ! Prenons mon cas par exemple ! L’autre jour j’avais rendez-vous avec une araignée à Bonamoussadi, et comme la go ne venait pas j’ai commencé à m’impatienter. Après 15 minutes seulement, je transpirais déjà à grosses gouttes. J’ai commencé à regarder les gens de façon bizarre, et j’ai même commandé une Malta Guinness (il n’y a pas plus suspect qu’un homme qui boit la Malta Guinness).

À un moment donné, mes mains sont carrément devenues moites. Et je vous jure que si la fille n’était pas venue dans les secondes qui ont suivi, quelqu’un allait composer le 1500 et se décider à me dénoncer à la gendarmerie…

J’AI TESTÉ L’INTERDICTION DE LA BURQA

Franchement je n’ai pas testé l’autre, là ! Je vais d’abord m’approcher d’une femme qui a la burqa par rapport à quoi ? Hein ? Qu’est-ce qui me prouve même d’abord que c’est une femme qui est à l’intérieur ?

Non, sérieusement, je pense que celui qui a interdit la burqa ne devait pas s’arrêter en si bon chemin. Il devait aussi interdire le jogging et les pull-overs. Il devait interdire les kabas que nos grand-mères portent dans les villages. Il devait aussi interdire les longues robes de mariage. Il devait demander aux femmes qui marchent avec les vibromasseurs-là que « Je demande hein, est-ce que vous êtes même d’abord obligées de maigrir ? »

Le type qui a pris sur lui d’interdire la burqa dans son territoire de commandement, il devait d’abord interdire la gandoura à notre président de l’Assemblée nationale; parce que c’est ce dernier qui avait dit que « les terroristes sont parmi nous ». Comment est-ce qu’il a fait pour savoir ce genre de choses ?

De toute façon là-bas à Makénéné, je n’ai vu personne arborer la burqa ! Les gens buvaient eux leur bière à côté du commissaire qui buvait ses Gold Harp, et personne n’est venu nous turlupiner avec ses histoires de détecteurs de métaux.

Vous voulez venir changer la vie des gens ?

 

la fermeture des bars à 19h n'est qu'une rigolade
La fermeture des bars à 19 h n’est qu’une rigolade

 

CAMEROUN : J’AI TESTÉ LES NOUVELLES MESURES D’INSÉCURITÉ

Donc quand je farfouillais ma poche arrière pour voir si je n’avais pas oublié ma CNI là-bas à Douala, c’est là que le chauffeur est venu nous dire que « C’est bon ! J’ai déjà donné l’argent, donc asseyez-vous on part ! »

Quand j’avais pris le ticket de Douala pour Bagangté, le chef d’agence nous avait dit que « Tous ceux qui n’ont pas leur carte d’identité doivent me donner 1.000 francs CFA. »

Quand je m’étais installé au milieu du gros porteur, aucun passager ne savait même ce qu’il y avait dans mon sac à dos.

Quand on a donc rencontré la police sur le chemin du retour, à Nkongsamba, j’ai entendu un brigadier dire à son collègue : « Chef ! Le chauffeur t’a déjà donné les 1500-là ? »

Et c’est comme ça que nous on fonctionne avec la sécurité ici, dans un laxisme qui n’a même pas d’équivalence. Parce que dans les lieux publics, dans les transports en commun, dans les domiciles et même dans les villages, personne de nous ne fait preuve de vigilance !

Et si tu viens leur dire que le Cameroun est dans une période de crise, ils vont te regarder comme si tu étais un marabout : « Donc on ne doit plus vivre parce qu’il y a Boko Haram ? »

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Montre-moi ton bureau camerounais, et je te dirai qui tu es

J’étais dans le bureau d’un avocat l’autre jour, à Bonanjo. Ou le type voulait seulement me provoquer oooh ! Il m’a fait attendre plus de 25 minutes en face de lui, parce qu’il était en train de manipuler son ordinateur portable. Un Mac. À un moment il s’est arrêté et il m’a regardé, comme s’il voulait enfin m’adresser la parole. Puis il s’est remis à faire des bruits bizarres avec ses longues phalanges, sous prétexte qu’il dactylographiait avec la méthode aveugle… Tsuip !

Je suis sorti de son cabinet sans même lui demander la permission, car j’en avais déjà marre. Et si son but c’était de m’impressionner avec ses chaises Louis XIV qu’il y avait partout dans la pièce, je dois lui dire qu’il a menti !

Car je connais déjà tous les bureaux qu’il y a ici au Cameroun !

 

l'activiste Delor Magellan Kamga a utilisé la rue comme bureau de revendication
L’activiste Delor Magellan Kamga a utilisé la rue comme bureau de revendication

 

IL Y A LES BUREAUX DES NOUVEAUX MILLIONNAIRES

Je parle des gens que l’argent a surpris norr, vous ignorez quoi ? Les gens que quand ils étaient tout petits, ils vendaient le maïs avec les prunes à l’intérieur du marché central…

Les nouveaux riches, c’est très facile de reconnaître leur bureau ! Déjà que c’est plus vaste que leur propre appartement. Déjà qu’il y a la moquette dans leur bureau alors qu’il n’y a même pas le Gerflex dans leur maison. Déjà qu’il y a un grand canapé en cuir, mais également des fauteuils au mur et des chaises en face de sa table…

Les nouveaux riches, on dirait qu’ils veulent seulement impressionner les gens qui leur rendent visite. Sinon pourquoi il y a en même temps un split et un climatiseur ? Hein ? Ce n’est pas la même chose ? Pourquoi il y a un large écran plat sur le mur alors que personne n’a même le droit d’aller augmenter le volume ? Hein ? Pourquoi il y a aussi toutes ses photos de famille depuis qu’il a l’âge de 9 ans ? Est-ce que ça a un rapport avec le travail ?

 

IL Y A LES BUREAUX DES ENTREPRISES QUI NE PAYENT PAS LEURS IMPÔTS

Je parle de milliers et de milliers d’entreprises. Parce qu’on le veuille ou non, la plupart de nos entreprises sont essentiellement des esquiveuses fiscales !

Dans leurs bureaux, il y a une pagaille-là qui m’a toujours dépassé. Parfois tu vois quelqu’un concentré devant un ordinateur, alors que l’ordinateur-là est éteint. Parfois il y a déjà la poussière sur les dossiers qu’on a traités ça ne fait même pas encore 30 secondes. Parfois c’est le menuisier qui vient vous demander de vous lever d’abord, parce qu’il veut partir avec votre table. Parfois il y a deux ventilateurs qui tournent rapidement jusqu’ààààààà… mais qui ne vous donnent même pas une seule goutte d’air ! Parfois tu trouves les employés en train de taper eux leurs commentaires, ou bien en train de manger eux leur pain-haricot. L’avocat-là croit qu’il va me montrer quoi que je n’ai pas encore vu ici ?

 

IL Y A LES BUREAUX DES CRÉATEURS D’ENTREPRISES

Est-ce que ce sont même des bureaux ? Il y a plein de gars, ici qui te disent qu’ils ont monté leur entreprise, mais va alors leur demander de te recevoir ! Tu vas voir comment ils vont commencer à manger la bouche : « Heu… c’est-à-dire que… le premier ministre a dit que… » Philémon Yang a quoi à y voir avec ton bureau qu’on te demande ?

Je ne leur en veux pas, c’est parce que leur bureau se trouve dans leur mallette ! Quand le gars a gagné un marché, il ouvre son sac et tu vois alors les agrafeuses, les trombones, les papiers en-tête… Si tu insistes trop pour qu’il te reçoive, il va aller quémander le studio de son grand-frère qui est installé là-bas à Bali !

Donc si un jour vous traitez business avec un Camerounais qui vous reçoit toujours dans les snack-bars et dans les glaciers modernes, ne cherchez plus où se trouve son bureau : c’est juste en bas de votre table !

 

IL Y A LES BUREAUX DE NOS TECHNICIENS ET DE NOS RÉPARATEURS

A’aka ! Je n’ai même pas envie de perdre le temps sur la qualité de bureaux là. Quand c’est un bailleur, c’est la véranda de sa maison. Quand c’est une call-boxeuse, c’est son parapluie avec sa chaise en bois. Quand c’est un contrôleur routier, c’est un bungalow qu’on a confectionné avec les vieux bambous de Chine. Quand c’est un colleur de roues, le gars est lui gaillardement installé sur le siège d’une voiture qui a perdu toute sa carrosserie. Quand c’est un réparateur de vélos, tu vois comment ton type se noie dans une montagne de vieux vélocipèdes abandonnés, et après il sort sa grosse tête pour te demander que « Je te cherche même combien de cylindres ? ».

Et c’est la même chose avec les réparateurs de frigo, ainsi qu’avec les réparateurs de téléviseurs. Ils aiment quand ils travaillent à côté des vieux appareils gâtés jusqu’ààààààà…

Mieux encore les coiffeurs que quand il n’y a pas de client dans son salon, il peut au moins s’amuser à tourbillonner avec sa modeste chaise roulante.

 

IL Y A LES BUREAUX DES FONCTIONNAIRES CAMEROUNAIS

Je n’aime pas trop la politique hein, pardon. Je sais seulement que quand tu entres dans le bureau d’un fonctionnaire camerounais, il y a toujours la photo de Paul Biya quand il accédait encore au pouvoir (donc le type là aura toujours 49 ans ?). Parfois il y a aussi la casquette du RDPC sur la table de bureau, ou alors l’écharpe du CPDM si c’est un fonctionnaire du Sud-Ouest. Mais dans tous les cas il y a des tonnes de documents qui ne servent à rien, parce que je n’ai toujours pas compris pourquoi les Camerounais refusent de s’informatiser, et donc de tout décentraliser… Tsuip !

Pour savoir que tu es dans un bureau de fonctionnaires, les gens arrivent à 10 h, ils sortent manger à 11 h, ils reviennent prendre leur sac à 14 h, et ils sont déjà chez eux à 15 h.

Mon avocat-là veut même me montrer que quoi ?

 

le bureau de certains vendeurs d'aliments, c'est sur l'axe-lourd
Le bureau de certains vendeurs d’aliments, c’est sur l’axe lourd

 

MONTRE-MOI TON BUREAU CAMEROUNAIS, ET JE TE DIRAI CELUI QUE TU PEUX ÊTRE…

J’ai donc claqué la porte de cet avocat-là en catimini, et je suis rentré chez moi sans même regarder mon derrière. Comment ça !

 

Dans les bureaux camerounais, il y a toujours une cafetière alors que personne n’aime boire le Nescafé ici.

Dans les bureaux de Yaoundé et même de Douala, les gens passent le temps à s’intriguer et à raconter le kongossa les uns sur les autres.

Dans les bureaux du Grand-Nord, ou bien dans ceux du Grand-Sud, il y a toujours un vigile maguida qui joue essentiellement le rôle de la secrétaire…

 

Et puis les gens sont toujours en costard pour les hommes, et en tailleur pour les dames ; comme s’ils avaient besoin d’une cravate et d’une jupe droite pour bien réfléchir. Alors que ce qu’il nous faut ce sont des ateliers de fabrication, des chaînes de montage, des usines de production. Il nous faudrait aussi de vastes plantations et des hectares de champs, parce que notre développement passera forcément par une excellente agriculture.

Et par les bureaux qui seront mis en place pour soutenir ce genre d’initiatives !

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Radioscopie du tribalisme à la camerounaise

Je discutais avec un étudiant de Ngoa-Ekellé l’autre jour. Je crois qu’il doit faire sociologie. Il m’expliquait comment le Cameroun est un pays qui ne connaît même pas la xénophobie (ah bon ?). Je n’ai pas eu besoin d’un laser pour lui prouver que nous sommes un vrai peuple de tribalistes.

J’ai juste eu besoin de quelques rayons X.

 

Au Cameroun, on vérifie d'abord l'ethnie avant de s'engager pour le mariage
Au Cameroun, on vérifie d’abord l’ethnie avant de s’engager pour le mariage

 

ON DIT QUE LES DOUALAS SONT DE GROS FAINÉANTS

Ce n’est pas le tribalisme ça ? Hein ? Vous qui jugez les Doualas alors que vous ne les connaissez même pas !

Ce n’est pas tribaliste, de dire que ce sont de vrais gros fainéants ? Hein ? De raconter partout que leurs filles connaissent seulement vendre le pain-haricot le matin, et les beignets-haricot le soir ? Hein ?

Si vous voulez mon avis, je trouve cela très tribaliste ! On dit que les gars Douala connaissent seulement attendre 16 h pour aller jouer à la santé. On dit que du matin jusqu’au soir, ils sont là devant les kiosques du Parifoot. On dit que la seule voiture qu’ils utilisent pour quitter la maison parentale, c’est un long corbillard noir ! On dit que dès qu’ils ont moindre deuil, ils profitent pour barrer les routes qui passent devant leur maison au quartier. On dit que ce sont eux qui se brossent les dents le matin en plein carrefour. On dit même que parfois tu les vois avec de gros costumes et de grosses chaussures, alors qu’ils ne savent même pas ce qu’ils vont manger à la maison le soir…

 

ON RACONTE QUE LES BAMILÉKÉS SONT CHICHES JUSQU’À CE N’EST PLUS BON

Est-ce que ça c’est même un secret ? Mais ce qui m’étonne, c’est que les Bamilékés du Cameroun assument leur chicheté-là avec indifférence (c’est comme ça qu’on écrit « chicheté » ?).

En tous cas, tribalisme ou pas tribalisme, on raconte beaucoup de choses sur les gens de l’Ouest. Que si tu pars dans n’importe quel village du Cameroun, tu vas trouver la boutique d’un Bamiléké dans le village-là. Qu’ils aiment faire la tontine jusqu’ààààààà… Et qu’ils n’épousent jamais les femmes qui viennent d’un autre village.

Les Bamilékés ? Pardon cessez de dire qu’ils ne subissent pas le tribalisme ! Sinon, pourquoi vous dites qu’un gars N’graphi sera jamais président de la République du Cameroun ? Hein ? Vous croyez que nos oreilles sont bouchées quand vous racontez ça partout, partout ?

Vous dites que les Mbouda aiment trop manger l’avocat ; et alors ? Vous dites que les Dschang aiment trop manger la viande du porc ; et alors ? Vous dites que les Bagangté aiment trop se vanter dans le vide ; et ça fait quoi ? Vous dites que les Bandjounais sont sales, que les filles Bafoussam ne savent même pas faire l’amour, et que les Bafang passent leur temps à célébrer les crânes des ancêtres au lieu d’aller prier dans les églises occidentales…

Ce n’est pas ça le tribalisme ?

 

ON DIT MÊME QUE LES EWONDOS AIMENT TROP LA SEXUALITÉ

Bon là, je ne suis pas trop certain que je peux contredire […]

Franchement, qui peut me citer une seule femme Ewondo qui n’aime pas faire les galipettes ? Personne ? Même si c’est une fille Sangmélima, même si c’est une fille Boulou’ou, même si c’est une fille Etonn’, Béti, Monatélé… Qui peut me citer une seule femme de là-bas qui n’aime pas trop faire les galipettes ?

Moi j’appelle ça le tribalisme ! Déjà, on les appelle les Nkwa’as. On dit que les Etonn’ ont 5 minutes de folie par jour. On dit que les Ewondos vendent le terrain avec la fronde. On dit que dès qu’ils ont touché leur salaire, le lendemain c’est déjà tout fini jusqu’à ils empruntent les allumettes à la voisine. On dit que leurs filles adorent la bastonnade jusqu’ààààààà (vous avez déjà vu qui qui adore la bastonnade ?).

On dit que quand tu rencontres une fille Yaoundè le matin, le soir c’est sa grand-mère qui vous accueille dans sa chambre : « Allez vous coucher sur mon lit, moi je vais allez dormir chez tonton Atangana ».

Mékanéva’aa.

 

N’EST-CE PAS ON RACONTE QUE CE SONT LES ANGLOPHONES QUI ONT APPORTÉ LA BORDELLERIE ICI ?

Les Banyanguès plus précisément. Ou c’est vrai oooh, ou ce n’est pas vrai oooh ! En tous cas je suis persuadé qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.

Nos prostituées anglophones d’ici, elles se transmettent la bordellerie de génération en génération. Et quand elles « travaillent » leur argent, ça part rester dans les microfinances de Kumba ou bien de Buea. C’est avec ça qu’elles envoient leurs enfants à l’école, et qu’elles s’occupent un peu de leur famille au village.

Je sais, j’exagère. Mais les préjugés disent que quand on vend le poisson braisé à Kumba, il y a pour 500 et pour 600. Et que si tu veux pour 1 000 francs CFA, la vendeuse va te demander d’aller l’attendre à l’auberge…

 

ON PENSE PARFOIS QUE TOUS LES NORDISTES SONT EUX DES MUSULMANS

Vrai, vrai hein, il y a des gens ici qui pensent que tous les Nordistes sont eux des musulmans. Je vous jure ! Il y a des gens ici qui pensent que là-bas, il fait chaud du matin jusqu’au soir. Alors que le froid qu’il y a à Ngaoundéré, on dirait que c’est un froid qui sort tout droit du congélateur.

Franchement, le tribalisme commence d’abord avec les Nordistes ! On ne les distingue pas, on les met tous dans le même panier : les Foufouldés, les Wadjos, les M’bororos (c’est comme si on mélangeait un Yambassa avec un gars de Bertoua). On dit que les Toupouris sont tous pourris. On sait que là-bas il y a Boko Haram et les coupeurs de route, mais ça ne nous émeut pas normalement comme il le faudrait. On sait que là-bas il y a l’analphabétisation infantile, mais ça nous regarde même avec quoi ? On sait que là-bas il y a le choléra, et que parfois on assassine les albinos dès leur naissance, mais est-ce que ça nous concerne ? Vous avez déjà entendu un Sudiste dire qu’il va aller passer ses vacances là-bas au Nord ?

 

On dit que les Etonn' ont 5 minutes de folie par jour
On dit que les Etonn’ ont 5 minutes de folie par jour

 

RADIOSCOPIE COMPLÈTE DU TRIBALISME À LA SAUCE CAMEROUNAISE

Donc mon petit étudiant de Ngoa-Ekellé-là, qu’il arrête ses discours que nos « intellect-tueurs » sont en train de lui fourrer dans le crâne. Car ce que les gens-là lui disent, ça ne s’appelle pas de la sociologie !

 

Nous sommes tribalistes, parce que nous pensons que toutes les jolies filles de Kribi sont des mamy wata.

Nous sommes tribalistes, parce que quand je suis allé à Ebolowa l’autre jour, mes amis m’ont dit de ne pas manger la tête du poisson qu’une fille va me donner (on dit qu’elles ont le charme).

Nous sommes tribalistes, parce que si tu rencontres une femme et que tu commences à lui donner tout ton argent comme un imbécile, tout le monde va dire que tu viens de Bamenda.

Nous sommes tribalistes, parce que quand tu vas dire à ton père que tu es tombé amoureux d’une jolie fille Bafia, il va te dire : « Ééh mon fils ! Pardon quitte vite derrière les problèmes ! »

 

Et c’est la même chose avec les Bassa’a, c’est la même chose avec les pygmées, c’est la même chose avec les gens qui sont originaires des peuples Bamouns. C’est la même chose avec l’équilibre régional. C’est la même chose qui se passe dans toutes nos entreprises. Ce ne sont pas les compétences qui nous intéressent, mais exclusivement les origines ethniques.

Des choses que les Camerounais passent le temps à renier, alors que nous savons pertinemment que nous sommes essentiellement des tribalistes !

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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