Musique camerounaise : il faut sauver le soldat copyright

Article : Musique camerounaise : il faut sauver le soldat copyright
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25 septembre 2014

Musique camerounaise : il faut sauver le soldat copyright

Vraiment de Dieu ! Quand quelqu’un va encore parler, n’est-ce pas on va dire que les Camerounais bavardent beaucoup ?
L’autre jour sur Equinoxe télé, j’écoutais Raymond Tcheunga se plaindre de la condition des artistes Camerounais.

  • –    Il paraît qu’on a offert 102 guitares à 102 artistes du terroir, comme si tous nos musiciens étaient des guitaristes. Et comme s’il n’y avait que 102 guitaristes au Cameroun…
  • –    Il paraît que pour leur payer leurs droits, on les aligne en rang comme des enfants de l’école primaire. Et que les répartitions n’obéissent à aucune logique.
  • –    Il paraît que de temps en temps on les embarque dans les meetings du chef de l’état, et qu’on leur balance de l’argent pour qu’ils chantent jusqu’à-jusqu’à… comme des griots…

MAIS DE QUI SE MOQUE-T-ON ?

Moi j’ai vraiment mal quand je pense à la condition des hommes de musique dans ce pays. Parce que jusqu’à preuve du contraire, on ne les place pas à leur juste valeur.
Comment se fait-il qu’on rencontre nos hommes de culture dans des cabarets banals, dans des baptêmes insignifiants, et dans des cérémonies impopulaires ? Comment se fait-il qu’on en rencontre dans des lieux publics, qui vendent les maillots des Lions Indomptables ? Comment se fait-il que tout le monde puisse leur offrir à boire ? Et qu’ils comptent sur notre farotage pour (sur)vivre ? Et qu’on les serre comme des sardines dans les taxis ?…

Les problèmes qui tendent à clochardiser nos hommes de scène sont non seulement identifiables, mais en plus ils ne sont pas insolubles : il y a la piraterie, il y a l’escroquerie, il y a la xénophobie, il y a l’incompétence.

Il y a que les chansons de Mani Bella, on entend ça partout mais elle n’en touche même pas un centime dans son propre pays…
Il y a que les chansons que tu as passé des mois et des mois à composer, on trouve ça dans tous les carrefours à 200 FCFA le CD…
Il y a que quand nos mécènes organisent des concerts culturels, ils mettent en avant les musiciens étrangers du Nigeria ou bien de la Côte-d’Ivoire
Il y a que dans les bars on joue les chansons des artistes sans demander leur avis. De même que dans les boîtes de nuit, de même que dans les restaurants, de même que dans les chaînes de télé, de même que dans les enterrements, de même que dans les mariages et dans les campagnes d’entreprises…

Il y a que les gens qu’on met là-bas en haut pour recueillir les droits d’auteur, ils ne font pas leur travail comme ils devraient. Et c’est ainsi qu’ils ont fait dissoudre la SOCINADA, la SOCILADRA, la CMC, puis la SOCAM, à force de se remplir les poches au détriment de leurs affiliés qui demeurent misérables.

POURQUOI EST-CE QUE LES CAMEROUNAIS SONT SI EGOÏSTES ? POURQUOI EST-CE QUE LES ÊTRES HUMAINS SONT SI MECHANTS ?

Est-ce que ça ne vous fait pas plaisir de suivre votre musique dans votre voiture ? Est-ce que ça ne vous émeut pas d’écouter des chansons mélancoliques lors de vos funérailles ? Est-ce que vous n’êtes pas satisfaits le samedi, lorsque vous vous déhanchez en boîte de nuit sur la piste de danse ? Est-ce que les chansons de Grâce Decca, ou de Ben, ou de Dora, ne vous ont pas aidés à embrasser votre partenaire, avec plus de passion et plus de tendresse ?

Moi je suis choqué parce qu’il n’y a pas de vie sans la musique. Et encore plus parce qu’il n’y a pas de musique sans musiciens. Sans la musique, la vie serait une erreur (Nietzsche). Moi je suis outré parce que je sais comment on compose une chanson. Je sais comment ça prend du temps. Je sais comment ça dépend de l’inspiration, et que si cette inspiration te vient à 4h du matin, tu es obligé de te lever à 4h du matin pour travailler.
Je sais comment les artistes ont envie de nous transmettre un message. Et qu’ils abandonnent tout pour se consacrer à cette mission. Je sais comment Mathématik nous conseille, comment Fingon Tralala nous amuse, comment Petit-pays nous émerveille, comment Lady Ponce nous fait bouger…

Je sais comment en écoutant Talla André-Marie, tu te demande pourquoi est-ce que ce type-là a perdu la vue. Je sais comment Richard Bona s’élève, et qu’il nous élève avec lui. Comment Dina Bell nous fait fantasmer, nous fait rêver, nous fait aimer. Je sais comment le petit Martino Ngallè explore tous les genres de musique, et que dans tous ces genres-là il essaie de laisser son empreinte.
Je vais citer qui et laisser qui ? Erico ? Narcisse Pryze ? Longuè Longuè ? Annie Anzouer ?
Je sais comment quand tu écoute les X-Maleya, tu as seulement envie de continuer à vivre sur cette planète…

Alors je vais le dire en un mot comme en mille, IL FAUT SAUVER LE SOLDAT COPYRIGHT AU CAMEROUN ! Il faut donner à nos musiciens ce qu’ils méritent, sans jalousie et sans complaisance. C’est pour cela que ça s’appelle les DROITS d’AUTEURS, ça veut dire que ce sont d’abord des droits. Il faut faire des répartitions équitables, il ne faut pas que ça ait les yeux.
Il faut construire une maison de la culture. Il faut une école des Beaux Arts. Il faut arrêter avec ces conflits syndicaux et ces bagarres, et ne mettre en avant que l’intérêt de l’artiste.

Bon Dieu ! J’ai l’impression qu’au Cameroun, tout le monde adore la musique mais que personne ne l’aime !…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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