Ecclésiaste Deudjui

Les Camerounais boivent hein, mais ils ne sont pas bêtes

Ça ne fait même pas trois jours, une fille m’a déclaré que je suis un bon salopard ! Seulement parce que quand je l’invite, je suis toujours en possession de quelques bouteilles de bière.

Elle m’a donc traité de mauvais Bamiléké, de garçon sans avenir, et elle est même allée jusqu’à me dire que c’est terminé entre nous deux ! Tout ça parce que dans notre pays-ci, les buveurs de jus ont toujours pensé qu’ils étaient plus responsables que les nous-autres…

 

La bière est un ingrédient indispensable lors des retrouvailles. crédit: Ecclésiaste
La bière est un ingrédient indispensable lors des retrouvailles. crédit: Ecclésiaste

 

LES CAMEROUNAIS BOIVENT HEIN, MAIS ILS NE SE TROMPENT PAS DANS LES FACTURES

Parfois les serveuses veulent nous embrouiller pendant que nous sommes dans la java, et elles essaient de biaiser quelques factures ! Parfois c’est le patron du bar qui augmente le prix des boissons sans même nous avertir ; parce que comme on a bu norr, n’est-ce pas il pense qu’il va nous escroquer ?

Nous on boit hein, mais on vérifie toutes nos factures ! Et quand il y a un problème, on se renseigne chez un autre soûlard : « Je dis hein, Pierre La Paix Ndamè ! Est-ce que quelqu’un a commandé la Heineken sur notre table ? »

Parfois ce sont les commerçants ambulants qui déambulent en nous pratiquant des prix extrêmement prohibitifs. Une simple chemise déjà délavée, le gars va te dire que c’est dans les 18.950 francs CFA. Kaï ! Toujours parce que c’est dans le noir ? Ou alors c’est parce que tu penses que nous sommes déjà presque cadavérés…

 

LES CAMEROUNAIS BOIVENT HEIN, MAIS ILS ENFILENT TOUJOURS LEUR PRÉSERVATIF

Ne voyez pas comme nous on rentre à 4h du matin avec les balles perdues hein, pardon. Ne nous confondez pas. Parce que même si on a bu combien de bières là-bas au snack, et même si la fille est déjà pintée jusqu’à ce n’est plus bon, il y aura toujours quelqu’un qui va dire à l’autre que « Donne-moi 100 francs-là j’achète les préservatifs ! »

Nous on boit hein, mais on sait qu’il y a les maladies sexuelles ici dehors ! Moi par exemple quand je faisais la Première à Ndikiniméki, j’avais des camarades qui venaient à l’école en pleurnichant jusqu’ààààààà… parce qu’ils avaient attrapé la chaude-pisse.

À part ça, il y a aussi le Sida qui nous effraie un peu ici ; même si les gens d’Afrique Média disent que ça n’existe pas ! Tsuip ! C’est pour eux là-bas. Moi je bois hein, mais j’enfile-moi toujours tranquillement mes préservatifs.

 

LES CAMEROUNAIS BOIVENT HEIN, MAIS ILS RENTRENT CHEZ EUX (PRESQUE) NORMALEMENT

Franchement si on me demande comment je rentre souvent chez moi à 3h du matin, je serai incapable de répondre. Je sais seulement que quand je commence déjà à soûler, je m’arrange toujours à garder mon argent de taxi dans un lieu très sûr ! Même mon passeport et mes pièces officielles, je les range dans des poches différentes. Comme ça même si on m’agresse comme on m’avait agressé l’année passée à Bépanda, je pourrai au moins interpeller un autre bendskineur : « Moto ! Pardon laisse-moi là à l’entrée BM à Makèpè ! »

On boit hein, mais on arrive toujours chez nous (presque) normalement. Parfois on se réveille et on voit une laide fille qui dort à côté de nous, mais ça ne nous surprend même pas. On vérifie juste qu’elle n’a rien volé avant de sortir de la maison, puis on part la mettre dans le taxi ou bien on lui remet rapidement son argent de transport…

 

LES CAMEROUNAIS BOIVENT HEIN, MAIS ILS SAVENT QUE LE CAMEROUN SE PORTE (TRÈS) MAL

Les gens pensent que comme nous on boit le matango, ça veut dire que le Cameroun se porte bien. Nôôô ! Nous on consomme hein, mais on sait que le Cameroun se porte très-très mal !

Quand nous on boit notre vin le vendredi soir, c’est pour parler des projets d’avenir. On ne s’attarde pas sur la politique parce que la politique ne nous apporte rien. On est plutôt en train de réfléchir que « Si j’ouvre un cybercafé dans le quartier-ci, est-ce que ça va même mordre ? » Et les autres buveurs nous répondent en sirotant leur whisky-Coca, et ils nous donnent quelques astuces sur les modalités de la création d’entreprise…

Les autres jours on boit parce que la journée a été rentable. Parfois c’est parce que la semaine a été très difficile. Souvent c’est pour se changer un peu les idées. Par moments c’est pour rencontrer un ami d’enfance qu’on n’avait pas revu depuis longtemps, ou alors pour concrétiser une fille qu’on a commencé à baratiner sur WhatsApp.

Et puis la soirée commence avec une simple bière comme les blagues, mais elle se termine avec des gens que tu ne connais même pas et que tu ne vas peut-être plus jamais revoir !

 

On boit souvent la bière pour faire la fête
On boit souvent la bière pour faire la fête

 

LES CAMEROUNAIS BOIVENT HEIN, MAIS NE CROYEZ SURTOUT PAS QU’ILS SONT DES BONS SALOPARDS

Donc quand la fille-là m’a dit que c’est terminé entre nous deux, elle a expliqué que c’est parce que je suis un soûlard qui a même déjà les yeux presque tout rouges.

Mais je n’ai rien dit, j’ai plutôt laissé couler son bavardage. Parce que quand j’avais dix ans, mon maître du Cours Moyen 2 nous disait souvent que « Si une femme est assez bête pour ne pas voir que tu la mérites, c’est toi qui seras stupide si tu ne comprends pas qu’elle ne te mérite pas ! »

 

On n’est pas bête hein, avant de boire on se demande d’abord si nos enfants ont bien mangé à la maison.

On n’est même pas un peu bête ! C’est dans les bars qu’on effectue nos rencontres d’affaires, qu’on peaufine nos projets de famille, et qu’on fabrique des idées qui vont rester gravées dans votre mémoire…

On n’est même pas un peu idiot comme vous imaginez-là ; car c’est dans mes Mützig que j’observe les Camerounais tous les jours, et que je vous interpelle parce que moi je sais déjà qu’un autre Cameroun est possible.

 

Même si de temps en temps je me lamente, parce que je me demande si un jour je serai vraiment comme le Congolais Alain Mabanckou. Parce que quand nous on boit notre bière ici, les gens vont toujours nous prendre pour des vauriens et des imbéciles. Ils vont commencer à croire qu’ils sont plus intelligents et plus forts que nous, simplement parce qu’ils boivent les limonades qu’on vend dans les grosses bouteilles en plastique ! Ils vont monter sur leurs grands chevaux et ils vont commencer à nous faire la morale, comme s’ils savaient même ce qui se cache derrière la définition du verbe « Vivre »… Tsuip !

Les Camerounais boivent beaucoup l’alcool hein, je vous assure. Mais est-ce que ça veut alors dire que nous sommes des imbéciles ?

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI, je bois la Mützig mais je ne suis pas bête

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Quatre raisons d’esquiver les hommes en voiture

Une fille m’a barré l’autre jour pour rien comme ça, parce que j’étais à vélo. Pourtant je ne voulais même pas la draguer hein, je lui ai seulement demandé que « Pardon ma sœur, où se trouve le centre des handicapés ? » ; et elle m’a directement dit de la laisser tranquille, que je ne suis pas son genre de gars.

Wandaful ! Elle-même-là elle est sûre qu’elle est d’abord ma pointure ? Tsuip !

En tous cas j’ai continué mes renseignements à d’autres personnes. Mais si la fille-là pense qu’elle attend les hommes en voiture, elle ne sait même pas un peu dans quel bourbier elle est en train de s’ensevelir…

 

Certains hommes interdisent de parler dans leur voiture
Certains hommes interdisent de parler dans leur voiture

 

1- LES HOMMES EN VOITURE NE DONNENT JAMAIS L’ARGENT DU TAXI

La raison principale pour laquelle une Camerounaise vient à ton rendez-vous, c’est parce que tu vas lui donner son argent de taxi. Et elle sait que dans cet argent de taxi tu peux mélanger l’argent des mèches, l’argent des ballerines, l’argent de la bouillie de son enfant qu’elle avait accouché dehors (et qui sera bientôt ton enfant)…

Avec les hommes en voiture, oubliez l’argent du taxi ! Ils sont toujours là pour te trimballer dans toute la ville, et pour t’ambiancer avec des histoires qui ne sont même pas amusantes. Et quand vous voulez déjà vous séparer, ils écarquillent leurs gros yeux pour te demander que « Tu habites encore où là ? »

Toi tu crois qu’il s’amuse hein, mais le connard passe immédiatement en deuxième. Le salopard fait jusqu’à il part te déposer net-net devant ta maison, alors que toi tu attendais plutôt qu’il te propose ton argent du transport.

 

2- LES HOMMES EN VOITURE TE TROMPENT AVEC LEUR MÉCANICIEN

Je ne suis pas en train de dire qu’ils sont homosexuels hein, pardon. Ne faites pas comme ça on part emprisonner tous les Camerounais qui roulent en Toyota ! Nôôô, c’est juste une façon de parler. C’est juste pour dire que toi la fille tu peux l’appeler il ne décroche pas ; mais si c’est son mécanicien qui l’appelle, il va même raccrocher et puis rappeler avec son propre crédit

Les hommes en voiture, ils adorent leur mécanicien jusqu’ààààààà… Parfois tu les surprends au bar en train de boire leurs bières ensemble, jusqu’à la tombée de la nuit. Parfois le gars sèche carrément le travail pour aller passer sa journée au garage, parce qu’il y a son moteur qui ne ronronne plus correctement. Parfois le gars te laisse à la maison pour aller voir son mécano en bas d’une voiture, et il se met à lui raconter tous ses problèmes personnels.

Wèèèh mon frère ! Le mécanicien-là c’est ta femme ?

 

3- LES HOMMES EN VOITURE NE REGARDENT JAMAIS LES SÉRIES BRÉSILIENNES

Nôôô ! Ils ne sont pas eux dedans ! Ce qui les intéresse, c’est le magazine Auto-Moto sur TF1. Ils aiment aussi la trilogie Fast and Furious, et quelques rares Road Movies américains. Ils aiment le jeu-vidéo Fast-Car. Ils aiment les publicités de Michelin, Total, Volkswagen, Carglass. Ils aiment quelques documentaires sur la fabrication des Caterpillar. Ils aiment souvent aller perdre le temps au port de Douala, pour voir comment on liquide les voitures aux enchères. Ils aiment suivre Canal Presse quand il y a un sujet qui concerne le prix du carburant. Ils aiment aller à l’hôtel le Ndé pour voir s’il y a de nouvelles voitures, alors que toi tu voulais te balader avec eux, mais ils t’ont dit qu’ils n’avaient même pas un peu le temps !

En gros, ils aiment tout ce que toi tu n’aimes pas. Mais vous-vous êtes toujours là pour courir derrière eux « coungna-coungna »

 

4- LES HOMMES EN VOITURE N’AIMENT PAS LES FEMMES EN VOITURE

Voici alors leur point faible ! Parce que normalement, un homme en voiture utilise sa voiture pour impressionner les piétonnes. Mais si toi tu as déjà la voiture, il va encore t’impressionner avec quoi ? Hein ?

Parce qu’en vérité je vais vous dire, ce sont des machos de première catégorie. Ils savent que nos filles adorent le gasoil, et ils jouent avec ça. Ils viennent, ils garent devant nos hôtels et nos boîtes de nuit, et ils font « pip-pip » avec leur clé en main. Après chaque phrase il dit à la fille que « Ma voiture est dehors hein », comme si c’était sa voiture qui était en train de baratiner la fille… Tsuip ! Et quand tu lui dis que toi aussi tu as une voiture qui t’attend dehors, il se met alors à bégayer et à manger la bouche parce qu’il ne sait plus vraiment trop quoi dire.

Parce qu’en réalité ce n’est pas ton amour qui les intéresse, mais c’est plutôt leur amour-propre !

 

En saison pluvieuse, les hommes en voiture sont des très convoités
En saison pluvieuse, les hommes en voiture sont des très convoités

 

400 BONNES RAISONS D’ESQUIVER DÉFINITIVEMENT LES HOMMES QUI ROULENT EN VOITURE

J’ai donc laissé la fille de PK11 partir avec sa malchance, et je me suis renseigné chez les gens qui ne simplifiaient pas trop mon vélo. Mais je dis encore à la fille-là que si ce sont les hommes en voiture qu’elle recherche, elle ne sait même pas un peu dans quel Viêtnam elle est en train de mettre ses larges pieds là…

 

Les hommes en voiture dépensent tout leur argent dans les stations d’essence, sans même savoir si leurs enfants ont déjà petit-déjeuné à la maison.

Les hommes en voiture volent de bordel en bordel dans tous les quartiers, et c’est comme ça qu’ils mentent à leur femme qu’ils sont partis en mission à Bétaré-Oya.

Les hommes en voiture croient que quand tu es déjà entrée dans leur climatiseur, ils n’ont plus aucun effort à faire pour tenter de te séduire…

 

Et c’est comme ça qu’ils font les problèmes quand tu frôles leur carrosserie. C’est comme ça qu’ils aiment le volume alors qu’ils ne connaissent rien dans la musique. C’est comme ça qu’ils risquent ta vie en téléphonant au volant, ou alors en batifolant avec l’accélérateur…

Et pourtant quand j’ai fini de dire ça, j’avoue quand même que je suis un peu jaloux des Camerounais qui se renseignent en voiture.

 

 

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Ne paniquez pas, ce sont les petits mots de Yaoundé

J’ai eu un petit différend avec mon voisin d’en bas ce matin. Il paraît que quand je lave les assiettes dans ma cuisine, l’eau circule dans les tuyaux que mon cousin était venu m’installer l’autre jour, et ça part se verser dans le salon de mon voisin d’en bas.

Pour se venger, le gars a carrément bloqué mon compteur d’eau (c’est lui le bailleur ?). Et quand je suis allé lui demander ce qui se passe, il s’est mis à me sortir le long français de Yaoundé.

N’est-ce pas il voulait comme ça me faire paniquer ?

 

Certains Camerounais utilisent l'intimidation pour dominer les autres
Certains Camerounais utilisent l’intimidation pour dominer les autres

 

POUR ME FAIRE PANIQUER TOUT DE SUITE, IL M’A DIT : « Tu me connais même ? »

Vrai hein, j’ai d’abord cru qu’il voulait parler du « Connais-toi toi-même » de Socrate. Mais quand je regarde bien sa tronche, je ne suis pas sûr que le gars-là a réussi à fréquenter jusqu’à la classe de terminale…

Franchement, il veut que je connaisse quoi sur lui ? Hein ? C’est lui Samuel Eto’o ? Je sais déjà qu’il s’appelle Dagobert (regardez le nom de quelqu’un !) et ça me suffit comme ça. Et j’ai même su ça par hasard, parce que j’avais entendu comment le bailleur l’interpellait l’autre jour : « Dagobert ! Si tu me tournes encore je te coupe la lumière ! »

POUR QUE JE TREMBLE LÉGÈREMENT, IL A AJOUTÉ : « Tu es même né quand ? »

Il fait quoi avec ma date de naissance ? Il veut m’offrir un cadeau d’anniversaire ?

Sérieusement, les Camerounais m’amusent ! Quand quelqu’un veut venir te faire le sissia, il te demande que tu es né quand ? Où est le rapport avec le problème que vous êtes en train de discuter ?

À mon avis, c’est une façon pour eux de te demander de fermer ta sale bouche, parce qu’ils sont plus vieux mûrs que toi ; puisqu’on dit ici que les aînés ont toujours raison (c’est pour ça que Paul Biya ne se trompe jamais)… Tsuip ! Mais la prochaine fois que quelqu’un va me demander ça, je vais lui répondre du tic au tac : « Je suis né le jeudi 27 mai 1982 à Foumban, aux environs de 18 h 30. Ma mère réfléchissait sur mon prénom après l’accouchement, pendant que mon père était en train de nettoyer ses lunettes dans la salle d’attente. »

Bon, puisque tu sais tout désormais, tu peux maintenant aller me rouvrir mon compteur d’eau ?

POUR M’IMPRESSIONNER ET ME FAIRE TAIRE, IL M’A CRIÉ : « Tu vas voir le feu ! »

Quel feu encore ? Hein ? Franchement le gars-là exagère ! C’est toujours les intimidations comme ça ?

Pour me faire paniquer, Dagobert m’a dit que je vais voir le feu. Comme s’il pouvait m’apprendre quelque chose sur le feu ! Il sait même d’abord à quoi ça sert ?

Je lui rappelle que le feu a été inventé par hasard, il y a environ 500 000 ans. Les premiers hommes l’utilisaient pour se réchauffer, pour s’éclairer dans la nuit, pour faire peur aux prédateurs, mais surtout pour la cuisson de certains aliments durs. On a même retrouvé des traces de feu dans la poterie des hommes du paléolithique.

Qu’est-ce que mon voisin d’en bas-là veut encore me montrer sur le feu ?

POUR QUE JE VACILLE UNE BONNE FOIS POUR TOUTES, IL M’A MENACÉ : « Tu vas voir ! »

Mais évidemment que je vais voir ! Donc tu croyais que comme on se chamaille là, j’allais subitement devenir un malvoyant ? Dis donc ! Vous êtes même comment ici au Cameroun ?

Et ce qui m’amuse, c’est que quand un Camerounais te dit que tu vas voir, il prend sa main droite pour bien ouvrir son œil droit. Et si par malchance quelque chose t’arrive dans les jours qui suivent, il va maintenant bien ouvrir ses deux yeux avec ses deux index : « Tu as alors vu ce que je t’avais dit norr ? »

ET POUR M’ACHEVER POUR DE BON, DAGOBERT M’A DEMANDÉ : « Tu es fou ? »

Ça, c’est quand toutes les intimidations ne marchent pas comme prévu. C’est alors là qu’on te traite de fou, de maboul, de détraqué, de délinquant sexuel, de maquisard comme Um Nyobè, ou encore de dictateur comme Paul Biya. C’est là que le gars commence à capituler par lui-même, il te dit « Oui, j’accepte ! » Et il commence à dire que c’est même quelle malchance comme ça, que sa part est venue, que tu restes ça te trouve, qu’il a son oncle qui est commissaire, notaire, procureur, etc.

Quand tu l’énerves même trop, il te dit qu’il a un lien de parenté avec le ministre de la Défense…

 

altercation entre Assou Ekotto et Benjamin Moukandjo pendant le Mondial 2014
altercation entre Assou Ekotto et Benjamin Moukandjo pendant le Mondial 2014

 

NE PANIQUEZ PLUS, CE NE SONT QUE LES PETITS MOTS DES CAMEROUNAIS

J’ai donc fait ce que je fais souvent quand je colle une jolie fille en boîte de nuit, j’ai demandé à Dagobert (c’est aussi le nom de mon bangala) de se calmer un peu. Je lui ai dit que je sais qu’il a les grandes relations ici dehors ; mais que s’il pouvait nous trouver un simple petit plombier, un plombier seulement, ça nous résoudrait déjà bien le problème…

Les Camerounais sont toujours sur le qui-vive, et c’est pour ça qu’ils aiment dire que « Ce n’est pas parce que tu me vois comme tu me vois là hein ! »

Les Camerounais sont toujours sur la défensive, c’est pour ça qu’ils aiment vous mettre en garde : « Si tu me cherches, tu vas trouver ce que tu cherches ! »

Les Camerounais aiment vous faire croire qu’ils sont très importants dans cette République : « Si je passe un coup de fil, tu vas dormir à New-Bell aujourd’hui même ! »

 

Et pourtant on les voit souffrir avec nous tous les jours, et pourtant on les voit prendre le pain chargé et les beignets-haricot à crédit, et pourtant on les voit marcher à pied sur de longues, longues distances, sans que leurs soi-disant « relations » ne viennent leur porter secours.

Et vous voulez que moi-ci, Ecclésiaste Deudjui, je commence à paniquer quand un voisin me sort ses petits mots de Yaoundé ? Hein ? Vous m’avez bien regardé ? Est-ce que vous savez même d’abord exactement à qui vous avez affaire ?

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Et si le vrai modèle du Cameroun, c’était le Brésil ?

Un ami m’a dit hier que si Eto’o Fils était un Brésilien, il aurait sûrement gagné le Ballon d’Or en 2006. Est-ce que je sais ? Je travaille à France Football ? Et puisque nous étions dans un bar, tout le monde a pensé que mon ami était en train de faire une plaisanterie.

Sauf moi ! Parce que quand je regarde autour de nous, j’ai constaté que les Camerounais sont de plus en plus admiratifs de la tradition sud-américaine…

 

groupe de supporters Brésiliens
groupe de supporters Brésiliens

 

LE MODÈLE DE LA CHEVELURE CAMEROUNAISE, CE SONT LES GREFFES BRÉSILIENNES

Je vous apprends quoi ? C’est même devenu la terreur des gars qui ont de nouvelles copines. Quand une fille lui dit « Je veux les mèches », le gars commence à pisser dans son pantalon…

Au début moi je ne paniquais pas trop, parce que j’achetais encore les mèches NINA qu’on vendait à 1.500 francs CFA seulement. Mais depuis quelques années, c’est devenu Shanghai ici à Douala !

La vendeuse te montre un petit lot cheveux comme ça-là, et elle te dit que ça coûte dans les 62 à 64 mille francs CFA… Mince ! Et le pire c’est qu’on te dit que tu dois acheter quatre lots comme ça hein ! Surtout si ta copine veut le genre de coiffure pour ressembler à Chantal Biya…

Non, franchement, je suis contre ce modèle. Au lieu d’importer les sérums antitétaniques qui manquent dans nos hôpitaux, nous on préfère plutôt importer les cheveux ? C’est même quoi ça ? Est-ce que nos femmes ne peuvent pas faire les nattes comme les filles qu’on drague dans les collèges ? Hein ? Est-ce qu’elles ne peuvent pas laisser leurs cheveux au vent, ou alors les raser à la façon nappy ? Est-ce qu’il y a besoin des cheveux d’une Brésilienne pour être jolie comme une Camerounaise ?

LE MODÈLE DE LA TÉLÉVISION CAMEROUNAISE, CE SONT LES SÉRIES BRÉSILIENNES

Je ne suis pas encore marié hein, et heureusement ! Parce que je redoute déjà ce moment fatidique où tu dis à ton épouse « Chérie, chauffe-moi un peu la sauce-là », et elle te répond « peux-tu attendre que Léonardo embrasse Cataluna »… Non, mais je rêve !

Je demande hein, c’est la malchance ? C’est quoi cette histoire que des histrions brésiliens sont plus intéressants que ton propre mari ? Hein ? Vous croyez qu’on ne sait pas comment ils produisent ces piètres séries ?

Déjà, ça s’appelle des Soap Opera ; c’est-à-dire des opéras de savon. Parce que quand on inventait ces feuilletons-là aux États-Unis, c’était pour faire la publicité du savon pendant que les ménagères regardent. C’est pour ça que pendant les pauses on vous montre les laits de beauté, les mayonnaises, les serviettes hygiéniques, etc.

Les séries brésiliennes, moi je sais comment on concocte ça : on crée un faux suspens qui n’a aucun sens, on met un peu d’huile sur les cheveux des acteurs, on choisit des actrices qui sont jolies et qui n’ont même pas de cicatrice… Et pour bien faire rêver les femmes, on crée des histoires d’amour qui n’ont ni queue ni tête. Mais ce qui m’étonne avec ces scénarios stupides, c’est que c’est le genre que les Camerounaises aiment regarder !

Franchement, et nos marmites brûlent tous les jours vers les 19 h 30 ? Hein ? Pourquoi on ne nous montre pas plutôt les séries camerounaises, avec des réalisateurs camerounais ? Pourquoi il faut toujours attendre soixante-cinq épisodes pour savoir si Léonardo va finalement embrasser Cataluna ?

LE MODÈLE DE LA CONDUITE CAMEROUNAISE, CE SONT LES AUTO-ÉCOLES BRÉSILIENNES

A’aka ! Quelle conduite brésilienne ? Quand tu entres dans ces auto-écoles, c’est toujours le code Rousseau qu’on va te présenter (si jamais on te présente quelque chose). Mais on sait que quand tu vas lire « auto-école brésilienne », tu vas rapidement courir pour venir concourir à notre permis de conduire…

Wèè’kè ! Et puis si vous croyez que je raconte seulement des histoires, demandez à un moniteur de là-bas quelle est la langue qu’on parle au Brésil. Demandez-lui si là-bas le volant est à gauche ou bien à droite. Demandez-lui si ce sont les Noirs ou bien les Blancs qui habitent à Rio de Janeiro.

Pourquoi je complique même ? Demandez-lui « À Brasilia, quelle est la couleur du feu quand le feu passe au rouge ? »

LE MODÈLE DE NOTRE SPORT MAJEUR, C’EST LE FOOTBALL BRÉSILIEN

N’est-ce pas quand une équipe aligne trois passes au championnat de vacances, on dit déjà que ce sont les Brésiliens ? Vous n’avez pas encore remarqué ça ? Même moi quand j’étais au lycée, nous on jouait les inter-classes avec le maillot jaune, le short bleu et les chaussettes blanches. Et quand on gagnait un match on était le « Brésil », mais quand on perdait on devenait la « 3e M3 espagnole »…

Je sais, c’est bizarre.

Mais dans les corpos, dans les Coupes Top, dans les clubs de vétérans, dans les santés, etc., dès que tu fais un petit pont ou alors un passement de jambes, on dit déjà que tu es Neymar, Pelé, Garincha ou encore Ronaldinho.

Mais personne ne va dire que tu es virevoltant comme l’était Bonaventure Djonkep.

 

Ronaldo, l'un des fleurons de l'histoire du football brésilien
Ronaldo, l’un des fleurons de l’histoire du football brésilien

 

ET SI LE VRAI MODÈLE DES CAMEROUNAIS, C’ÉTAIENT UNIQUEMENT LES ÉTRANGERS ?

Donc d’après mon ami d’hier, Samuel Eto’o aurait eu le ballon d’Or en 2006 s’il s’appelait « Eto’odinho ». Et il aurait ainsi coiffé tous les champions du monde italiens, et principalement leur capitaine Fabio Cannavaro.

Le modèle de notre musique, c’est qu’on écoute les artistes étrangers dans nos radios, dans nos télés, dans nos concerts et dans nos boîtes de nuit.

Le modèle de notre vestimentaire, c’est qu’on s’habille avec les costumes et les cravates au détriment de nos pagnes, de nos boubous et de nos kabas.

Le véritable modèle dans les affaires, c’est qu’on préfère toujours traiter avec les gens qui viennent d’un autre continent (alors qu’il y a des fournisseurs qui sont à côté de notre porte).

Parce que c’est comme ça ici, nous on n’aime que ce qui vient de l’autre côté. On aime les banques suisses, la friperie française, les montres canadiennes. On aime les religions occidentales. On aime quand tu dis que ta valise vient de la Belgique. On aime manger dans les restaurants japonais avec les baguettes. On aime quand quelqu’un a déjà fait 6.000 km avant de venir proposer son idée à Paul Biya, parce qu’une bonne idée ne peut pas ressortir de Dibombari…

En fait, nous on part toujours du principe que rien de bon ne peut jamais provenir de nous-mêmes !

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Au Cameroun, le spectacle commence par la Justice…

 

Quand je regarde l’actualité dans notre pays, j’ai souvent beaucoup de mal à me retrouver ! Que ce soit en football, je n’y comprends pas grand-chose. Que ce soit en musique, je suis complètement déconnecté.

En fait, j’ai compris qu’il faudrait que je me reconvertisse en juriste. Car croyez-moi, c’est le seul moyen de comprendre les divertissements qui se passent au Cameroun…

 

Joseph-Antoine Bell, dont la candidature à la tête de la FECAFOOT a été rejetée
Joseph-Antoine Bell, dont la candidature à la tête de la Fécafoot a été rejetée

 

LE SPORT CAMEROUNAIS COMMENCE PAR LA JUSTICE

Quand tu veux suivre notre football, on ne va jamais te parler des footballeurs ! On va te dire que le Comité de normalisation a déjà revisité les statuts. On va te dire que l’Assemblée générale a élu Tombi A Roko à la Fécafoot, mais que Abdourahmane Ahmadou est contestataire du processus électoral.

Avant ça, il y avait eu des plaintes que les gens avaient déposées au TAS (Tribunal arbitral du sport). Bien après, on avait incarcéré Iya Mohamed pour des affaires de malversation financière. Avant de m’intéresser à notre football camerounais, je ne savais même pas ce que c’est que la Chambre de conciliation et d’arbitrage…

LA CULTURE CAMEROUNAISE PASSE TOUJOURS PAR LA JUSTICE

Avant qu’on ne dégage Ama Tutu Muna, j’avais déjà appris beaucoup de choses sur le droit public. Par exemple, je ne savais qu’un simple ministre pouvait s’opposer à son premier ministre. Je ne savais pas que tu peux dissoudre une société comme la CMC, et puis la remplacer par la Socam pour faire les mêmes-mêmes choses.

Quand tu suis une émission de culture au Cameroun, le thème principal c’est toujours les droits d’auteur. Souvent c’est un compositeur qui se plaint parce qu’il n’a pas reçu sa part de guitare. Souvent c’est un humoriste qui n’est pas là pour faire rire, et qui se plaint que la culture ce n’est pas seulement la musique. Parfois c’est un ancien administrateur qui vient pour expliquer les droits mécaniques, les droits voisins, la gestion collective. Il y a même des avocats qui se battent pour qu’on ait enfin une salle de cinéma ici au Cameroun…

LA TÉLÉVISION CAMEROUNAISE, C’EST PARFOIS UNE AFFAIRE DE JUSTICE

Je sais qu’on a chassé Afrique Média parce que ses panélistes bavardaient un peu trop fort, mais je n’ai pas vraiment bien compris la suite.

Il paraît qu’ils avaient contesté la décision du CNC (Conseil national de la communication) de les suspendre, et que la police les avait expulsés manu militari. De toute façon même s’ils sont désormais en Guinée équatoriale ou bien ailleurs, la loi camerounaise est claire là-dessus : ils n’ont plus le droit d’émettre sur notre territoire !

Et puis ce n’est pas le seul problème, il y a aussi l’affaire de la carte de presse. Jusqu’aujourd’hui, les juristes se creusent la tête pour savoir ce qu’on doit mettre dans la définition d’un vrai journaliste

MÊME l’AMOUR EST PARFOIS UNE AFFAIRE DE JUSTICE

Pas toujours hein, et heureusement ! Mais je pense que si les Camerounais (es) faisaient valoir leurs droits, on serait de plus en en plus au tribunal pour des affaires de concupiscence…

En attendant, il y a toujours nos bonnes vieilles affaires de divorce. C’est là où tu comprends que l’expression « biens communs » est directement liée aux commissaires-priseurs. C’est là où tu te rappelles tout ce que le maire vous disait à la mairie, et que toi tu prenais pour une simple récitation.

En fait, j’ai toujours pensé que le seul bon moment dans une histoire d’amour, ce n’est que le commencement. Parce qu’après le début, on va seulement consulter les avocats et les huissiers. On va discuter tous les jours sur les affaires de l’héritage. On va chercher à savoir qui aura la garde des enfants. On va se renseigner sur les droits que possèdent les femmes en veuvage, et ainsi de suite.

L’amour est un spectacle qui est censé être joyeux, mais dans certains cas il se termine par le judiciaire !

 

c'est parfois le Premier Ministre qui prend les décisions sur notre football
C’est parfois le premier ministre qui prend les décisions sur notre football

 

AU CAMEROUN, LA JUSTICE EST PARFOIS LE PLUS GRAND DES SPECTACLES

Donc je regrette un peu d’avoir fait informatique à l’université, au lieu de choisir le droit comme tout le monde. Car dorénavant je suis largué, je suis dépassé, je suis mis à côté de la plaque. Je n’arrive même pas à comprendre la législation qui réglemente l’activité des câbleurs…

Pour écouter de la bonne musique camerounaise, il faut d’abord savoir si Ndedi Eyango est un Américain ou bien un Camerounais.

Pour connaître le meilleur joueur de notre championnat de football, il faut comprendre pourquoi on a rejeté la candidature de Joseph-Antoine Bell.

Pour payer les primes de nos sportifs et de nos artistes, payer les droits des retraités et payer les militaires de la Minusca, c’est toujours une décision qui appartient à notre ministère de la Justice.

Et au final, les vrais acteurs sont devenus de simples pions dans leur propre pays. Ce ne sont pas des footballeurs qui gèrent notre football. Ce ne sont pas des artistes qui gèrent notre culture. Et comme dans presque tous les domaines, ce sont toujours les juristes à qui on accorde le dernier mot.

Et c’est normal, puisqu’ils tiennent leur jurisprudence avec les comportements de notre chef de l’État !

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Je dis hein, vous vous retrouvez même ici au Cameroun ?

Une petite m’avait invité à la veillée de sa grand-mère, mais je n’ai pas pu la rencontrer ! Pourtant la fille m’avait bien dit de marcher tout droit, de traverser une borne fontaine, puis de contourner derrière l’église qui est située net-net en face de la boulangerie…

Après 45 minutes sans me retrouver, j’ai donc décidé de rentrer chez moi. Ensuite j’ai appelé la fille pour lui demander de m’oublier, et de ne plus jamais m’inviter quelque part !

Dis donc ! Vous faites même comment pour vous retrouver ici au Cameroun ?

 

les marchés camerounais sont des capharnaüms - crédit: Ecclésiaste Deudjui
les marchés camerounais sont des capharnaüms – crédit: Ecclésiaste Deudjui

 

JE DEMANDE HEIN, VOTRE MONTRE-LÀ EST MÊME À L’HEURE ?

Franchement, c’est comme si on avait cassé la montre de tous les Camerounais ! Je vous dis vrai ! C’est comme si quand un Camerounais entre dans une horlogerie, le vendeur lui demande : « Vous voulez qu’on casse votre montre maintenant ou bien après l’avoir achetée ? »

Je suis sérieux hein, je ne plaisante pas. C’est comme si quand tu pars acheter ton pendule à Yokadouma ou bien ton réveil à Yagoua, le brocanteur te demande que « Tu veux un décalage de combien d’heures ? Hein ? Tu veux avoir l’heure des Philippines alors que tu habites au Cameroun ? »

Parce que sinon, dites-moi pourquoi est-ce que les Camerounais n’arrivent jamais à l’heure ! Tout le monde a une montre Swatch au poignet, mais personne n’arrive jamais à l’heure ! Même le marié qui a mis sur les billets que son mariage va commencer à 19 heures, lui-même il arrive à 23h30 ! Même la fillette de trois ans dont vous organisez l’anniversaire, vous voulez qu’elle s’endorme à quatre heures du matin ? Ya’ah ! Même là-bas dans nos télévisions, parfois tu attends une émission à 20h mais ça va commencer vers les vingt-et-une heures et trente…

Franchement, soyons sérieux ! Dans les enterrements, on enterre toujours le cadavre en retard (c’est vrai qu’il n’est pas pressé mais…). Dans les réunions de travail, on commence toujours le briefing à l’heure du débriefing. Dans les veillées comme celle où j’ai failli assister l’autre jour si je m’étais retrouvé, on te fait venir à 18h mais c’est à 22h30 qu’on va te distribuer le Nescafé…

 

JE DIS QUE HEIN, VOUS N’AVEZ PAS LES ADRESSES SUR VOS MAISONS-LÀ ?

Je me suis séparé avec la fille-là pour rien comme ça, parce qu’elle n’arrivait pas à m’indiquer la maison où il y avait la veillée de sa grand-mère.

Ici au Cameroun, on ne regarde jamais sur la carte ! Si tu parles du Nord à quelqu’un, il va directement voir Fotokol et Kolofata. Si tu lui parles de l’Ouest, il va te dire que c’est le village des Bamilékés et des Bamouns… Non, ici au Cameroun on ne regarde jamais la boussole ! Si tu veux même parler d’un plan à quelqu’un, il va se dire que tu veux l’embarquer dans un plan pour aller cambrioler l’une de nos microfinances…

Ici chez nous, on connaît plutôt « derrière la mosquée ». Vouaaaaaaala ! Si tu dis qu’on te laisse à l’« entrée Bépanda », il y a plus de 300 entrées mais le bendskineur va savoir là où tu pars. Mais si tu viens dire qu’on te dépose à « 341, Avenue des Cocotiers », hum, j’espère que tu n’as pas un malade qui t’attend à l’hôpital…

Franchement, nos destinations m’ont toujours dépassé ! Quand tu vas dire « Feu-rouge » sans préciser, on va te déposer là-bas à Déido. Quand tu vas dire « Rond-point » sans rien ajouter, on va toujours te déposer là-bas à Déido. Quand tu vas même dire « École publique », malgré les centaines d’écoles publiques qu’il y a ici à Douala, le taximan va seulement te dire : « Dedans ! »

Parce que comme tu n’as rien précisé, n’est-ce pas ça signifie que ça se trouve là-bas à Déido ?

Et puis il y a aussi un truc qui m’interloque. Quand Petit-Pays construisait à côté d’un rond-point à Makèpè, c’est devenu le « rond-point Petit-Pays ». Quand la mère de Samuel Eto’o habitait dans un carrefour à Bonamoussadi, c’est devenu le « carrefour Samuel Eto’o ». Il y a même un quartier qui s’appelle Nylon (rien à voir avec le plastique), et qu’on retrouve à la fois à Bafoussam, à Douala et à Yaoundé.

Donc vous voulez me dire que les noms de quartiers sont finis ici dehors ?

 

PARDON DITES-MOI ! VOUS TERMINEZ TOUJOURS VOS CHOSES PAR LE COMMENCEMENT ?

Je ne sais pas comment les gens font pour se retrouver ici au Cameroun ! Eux ils commencent toujours leurs choses par la fin, et ils terminent toujours leurs choses par le commencement.

Le gars qui vient te dire qu’il a déjà envie d’apprendre à conduire, sois en sûr qu’il possède déjà son permis de conduire… Le gars qui vient te dire qu’il ne sait pas comment il va faire pour obtenir son permis de bâtir, sois-en sûr qu’il a déjà commencé à bâtir… Le gars qui vient te dire que « wèèèh ! Je vais même faire comment pour me marier avec la fille-là éééh ? », sois en sûr qu’il a déjà quatre enfants avec la fille en question, qu’il habite avec elle depuis les attentats du 11 septembre, et qu’il est même déjà parfaitement (re)connu dans la belle-famille !

Tu vois, moi-même j’ai dit « belle-famille » alors qu’il ne l’a même pas encore épousée

 

ESSAYEZ DE M’ÉCLAIRER SUR VOTRE NOMENCLATURE…

Quand Charles Ateba Eyené contestait notre nomenclature, on était là pour dire que « A’aka ! Lui aussi il bavarde trop. »

Vous-même dites-moi, voici les noms de nos carrefours : Sorcier, Sans Caleçon, Famlà’a, Trois Bordelles, Tournant-Dangereux, Mille Problèmes, Immeuble De La Mort, etc…

Si un enfant grandit dans un carrefour comme « Matango », comment voulez-vous qu’il devienne un non-saoulard ? Hein ? Dites-moi ! Si vous élevez votre enfant dans un carrefour comme « J’ai raté ma vie », vous pensez vraiment qu’il va réussir la sienne ? Hein ? Si pour aller à Village (qui n’est même pas ton village pour commencer), tu peux traverser Brazzaville, Dakar et Madagascar, comment tu auras encore l’envie de demander le visa normalement ? Hein ? Vous ne savez pas que les noms-là jouent sur notre psychologie ?

 

certaines pistes sont impraticables
certaines pistes sont impraticables

 

VRAI-VRAI HEIN, COMMENT VOUS FAITES MÊME POUR VOUS RETROUVER ICI AU CAMEROUN ?

Donc je n’ai plus jamais rappelé la fille de la veillée, même si je reconnais que ce n’était pas de sa faute. Ou alors disons que j’ai profité de cette histoire pour définitivement me séparer d’elle […]

 

Je dis hein, pourquoi c’est quand le feu passe au rouge, que tous les bendskineurs de Douala commencent à accélérer subitement ? Hein ?

Je demande hein, pourquoi c’est toujours le Chef de l’Etat qui choisit le coach des Lions Indomptables ?

Je veux savoir hein, pourquoi quand il faut acheter les avions de la Camair-Co, on confie ça aux gars de la Primature et de la Présidence, alors qu’ils ne connaissent rien de bon dans l’aéronautique ? Hein ?

 

Et dans tous les domaines c’est pareil, parce qu’on ne met jamais les bonnes personnes aux bons endroits. On organise toujours les choses à la dernière minute, et on est très-très à l’aise dans le désordre. J’ai même parfois l’impression que nos dirigeants achètent leur calendrier à Yokadouma…

« Vous voulez un décalage de combien d’années ? Vous voulez avoir la date du Moyen-Âge alors que nous sommes déjà au 21ème siècle ? Hein ? Comment vous faites même pour vous retrouver là-bas au Cameroun ? »

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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Nous sommes Camerounais, est-ce qu’on fabrique ?

Je demande hein, les Togolais sont même normaux ? L’autre jour je buvais avec un ami qui vient de Lomé, et on a passé notre soirée à taper les commentaires. Mais quand j’ai voulu lui glisser l’argent du taxi avant de rentrer chez moi dormir, il m’a dit « Non, ça va ! ».

Je me suis donc levé et je l’ai abandonné là, en me demandant s’il sait même dans quel pays il se trouve. Parce que nous ici au Cameroun, on nous a appris qu’il ne faut jamais refuser quelque chose…

 

il ne faut pas chercher la femme idéale
Il ne faut pas chercher la femme idéale

 

NOUS SOMMES CAMEROUNAIS, EST-CE QU’ON FABRIQUE LA BIÈRE ?

Si le Togolais-là était Camerounais, il allait bien me comprendre. Parce qu’ici au Cameroun, nous on ne fabrique pas la bière ! Même si c’est le PDG de la Camair-Co que tu croises dans un bar, demande-lui : « Tu bois quoi ? » Tu vas voir comment il va sauter de sa chaise, et puis il va dire à la serveuse d’apporter n’importe quelle bouteille qui mousse.

Il fabrique ?

Et c’est la même chose avec les autres Camerounais, qu’ils soient riches ou bien qu’ils ne soient pas pauvres. Tu vois un multimillionnaire qui est dans un séminaire avec les dirigeants de Bolloré, et c’est lui le premier à demander : « Dis-donc ! Il n’y a même pas les petites bières dans votre réunion-ci ? »

Avec les panthères alors c’est grave ! Tu l’appelles à 14 heures, elle est fatiguée, elle n’a même pas envie de sortir parce qu’elle est rentrée ce matin à 8 h 30, mais elle vient quand même parce qu’elle sait que tu vas lui donner le chawarma et quelques bouteilles de Heineken… Tsuip ! Est-ce qu’elle travaille aux Brasseries ?

Tu vois même les gens qui sont prêts à voyager pour aller boire la bière dans les enterrements. Je ne comprends pas… Ils ne pouvaient pas acheter leur bière ici à Douala avec l’argent du transport-là ?

 

NOUS SOMMES CAMEROUNAIS, EST-CE QU’ON A LE MOULE POUR FABRIQUER ?

Fais un peu l’expérience ! Tu dis à ton pote que ta nga va venir avec sa copine. Tu crois qu’il va refuser parce qu’il est marié ? Mouff ! Il va s’adapter, mon ami ! Même si la copine-là est grasse jusqu’à ce n’est plus bon, ce n’est pas son problème ! Même si elle est squelettique comme les nouveaux cure-dents que les Chinois fabriquent, où est alors le problème là-dedans ? Même si elle arrive et qu’elle est njouksa-njouksa, avec les pieds mabongos comme pour le chef suprême des armées camerounaises, ça te fait mal de quel côté ? Hein ? Tu peux fabriquer un être humain ? Et puis d’ailleurs, est-ce que tu as même d’abord le moule pour commencer ?

Au Cameroun, on ne choisit pas la femme qu’on va baratiner. Si tu veux rester là pour faire les chichis, c’est ton affaire ! Si tu veux rester là pour dire que « Ma femme doit être comme Charlotte Dipanda, elle doit avoir les fesses de Beyonce, elle doit être cultivée comme Kalla Lobè et se coiffer comme Chantal Biya… », reste là pour l’attendre ! Tu crois que si ton père avait attendu ce genre de femme, tu crois que tu serais là pour nous expliciter le genre de femme que tu veux avoir ?

 

NOUS SOMMES CAMEROUNAIS, EST-CE QU’ON TRAVAILLE À LA BANQUE ?

Tu donnes l’argent de taxi à un Togolais et il ose même refuser ? Il se prend même pour qui ?

Non, franchement, l’affaire-là m’énerve. Quand je vois comment nos députés d’ici, on leur donne le crédit de 2.000 francs CFA dans le téléphone, et eux ils acceptent gaillardement. Le Togolais-là pense qu’il les dépasse ? Quand je vois comment nos musiciens d’ici, tu montes sur le podium et tu mets 500 FCFA dans son t-shirt pendant qu’il transpire, et lui il accepte en te remerciant au micro. Quand je vois comment dans les grands bureaux de nos petits ministres, tu leur glisses l’argent du carburant et ils mettent ça au fin fond de leur 2e tiroir, en exposant leurs 32 dents. Quand je vois comment les Lions indomptables grèvent pendant les compétitions internationales, à cause des primes d’entraînement, je me demande même sur quoi le Togolais-là compte. Il croit qu’il dépasse tous les Camerounais que je viens de citer là ? Hein ? On lui donne l’argent de taxi et lui il refuse ? Dis donc ! Alors que pour une Camerounaise, elle peut plutôt t’empoisonner parce que tu as oublié de lui donner son argent de transport

 

NOUS SOMMES CAMEROUNAIS, EST-CE QU’ON REFUSE LE TRAVAIL ?

Jean-Miché Kankan parlait comme les blagues hein. Il disait : « Ce que je vois je fais, ce que je ne vois pas je ne fais pas ». Mais aujourd’hui, tu vas même d’abord voir le travail où pour commencer à refuser l’autre ?

Sérieux, au Cameroun le travail n’est pas donné à n’importe qui. Même pour frapper les parpaings, on va d’abord te sélectionner. Même pour vider les conteneurs, on va d’abord vérifier si ton nom n’est pas sur la liste noire. Même pour aller décharger les sacs de riz qui pèsent sur ta tête comme si c’étaient les sacs de fer, on va d’abord te demander que : « Je dis hein, tu dis même que c’est qui qui t’a envoyé ? »

Et c’est la même chose à Hysacam pour devenir un ramasseur d’ordures, c’est la même chose pour nos vigiles qui risquent leur vie dans l’obscurité, c’est la même chose pour les jeunes filles qui souhaitent simplement devenir des femmes de ménage.

Et qui deviennent les objets sexuels des patrons dans les domiciles ?

 

même les enfants acceptent la bière
Même les enfants acceptent la bière

 

NOUS SOMMES CAMEROUNAIS, QU’EST-CE QU’ON FABRIQUE MÊME AU JUSTE ?

Le lendemain j’ai appelé mon ami togolais pour m’excuser et reconnaître qu’il n’est pas gourmand comme mes compatriotes. Parce que quand on y réfléchit bien, qu’est-ce que les Camerounais fabriquent même au juste ?

 

Quand tu leur promets quelque chose, ils t’agressent sur ça comme si c’était devenu une obligation.

Quand tu demandes à quelqu’un ce que tu peux lui offrir pour son anniversaire, il te répond « N’importe quoi mon frère ! Est-ce que je fabrique l’autre ? »

Quand ton père meurt ou bien une autre personne décède, c’est tout le monde qui vient discuter les choses qu’il avait laissées dans sa maison (ils vont te dire qu’ils ne fabriquent pas).

 

Et si tu viens dire aux gens là que c’est de la mendicité, ils vont te demander si Robin des Bois était un Camerounais. Parce que dans notre pays-ci, ce sont même souvent les riches qui acceptent l’argent des pauvres !

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

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