Ecclésiaste Deudjui

Comment est mort Ben Laden ?

A l’heure où la lutte contre le terrorisme connaît un net regain d’intensité, nous avons bien voulu revenir sur la plus grande traque de l’histoire. Laquelle traque a abouti à l’une des opérations les élaborées de toute l’histoire de l’armée américaine : l’assassinat de Ben Laden en 2011…


ça s’appelle un executive order, lorsque les forces spéciales américaines déploient une opération dans laquelle il leur est demandé de tuer physiquement un individu.Depuis la loi Reagan dans les années 80’, qui interdit aux soldats américains de tuer des ressortissants étrangers lors d’une opération commando, il n’y a que le président américain qui a le droit de donner cet ordre-là. Et c’est ce que Barack Obama a fait sans hésiter, le vendredi 29 avril, lorsque les services secrets l’ont assuré de la présence de Ben Laden dans une villa de la petite ville pakistanaise d’Abbotabad.

Tout commence en 2003 à la prison de Guantanamo, lorsque des détenus de Al Qaïda dénoncent un des messagers personnels de Ben Laden, et dont ils ne connaissent que le nom de guerre. Après plusieurs années de filature, la CIA finira par retrouver l’identité officielle de ce messager, pour finalement localiser sa résidence en août 2010 dans la ville militaire d’Abbotabad. Très vite, ce qui était au départ un espionnage transitoire s’avère rapidement être une trouvaille bien étrange. D’abord, la résidence du messager occupe une surface huit fois plus grande que les autres résidences du quartier. Ensuite, les barrières font 5 mètres de haut et sont équipées de barbelés. Puis, le ‘fort’ ne possède que deux entrées qui sont ultra-sécurisés. Sans oublier que le bâtiment a trois étages, et que pourtant aucune des fenêtres ne donne sur l’extérieur. Enfin, la résidence ne possède ni téléphone, ni internet, ses habitants sont très discrets, ils brûlent eux-mêmes leurs ordures au lieu de les confier aux éboueurs…

La suite on la connaît, plusieurs mois de traques nocturnes, de survols de drones, de planification de l’attaque, et surtout de silence. Car s’il faut bien avouer une chose, c’est que Barack Obama a rehaussé son image de commandant des armées sur ce coup-là. Lui que les américains jugeaient trop timide, voire timoré, pas assez courageux, a fait montre d’une patience sans borne, et d’une discrétion de tous les instants. Jusqu’au vendredi soir où, avec la certitude la présence de Ben Laden, il a donné l’ordre de mettre sur pied l’assaut. Et de capturer l’ennemi juré des États-Unis Mort ou Vif. Surtout mort !

Justement. S’il n’est pas clairement établi que le Pentagone voulait absolument abattre le leader d’Al-Qaïda, il est également avéré que la mort de ce dernier ne les embarrasse pas plus que ça. Un Ben Laden vivant aurait eu droit à des procès qui auraient perturbé les élections américaines de 2012, suscité des prises d’otages avec revendication de sa libération, provoqué des attentats suicides et des manifestations de foule exigeant qu’il soit rapidement libéré… Sans oublier que Guantanamo est en train d’être fermé, et que les américains n’aiment pas trop incarcérer les terroristes sur leur territoire.

Donc, Barack Obama en sort grandi, et ce 10 ans après les attentas du 11 septembre. Surtout, l’opération tombe à point nommé, à un moment où les mouvements de contestation sont légion dans le monde arabe. De quoi faire passer la pilule plus facilement. Surtout que dans le fond, ce que les populations de ces régions aimaient chez le fondamentaliste Ben Laden, ce n’était ni le terroriste ni l’intégriste, mais l’anti-américain qui osait défier l’arrogance des gouvernements successifs d’Outre-Atlantique.

Enfin, il reste des questions. Il reste à savoir pourquoi la télé pakistanaise s’est amusée à diffuser un photomontage d’un Ben Laden abattu de déflagrations en plein visage, avant de le retirer quelques heures après. Il reste à savoir pourquoi les américains s’amusent à ne montrer aucune photo d’un Ben Laden mort, silence qui risque d’attiser une nouvelle fois les théoriciens du complot, qui pensent déjà que cet assassinat n’est pas réel et qu’il s’agit là encore d’une autre fumisterie yankee.

Il reste à se demander pourquoi les États-Unis annoncent avoir immergé le corps sous mer, expliquant vouloir être en règle avec les rites religieux musulmans, que l’ennemi ce n’est pas l’islam mais le terrorisme, ratiocinant qu’il fallait éviter un mausolée ou un lieu de rassemblement à ce terroriste impardonnable, etc, mais des doutes subsistent quand même. Parce que dans la religion musulmane, on ne jette pas le corps à la mer, mais on le renvoie à la terre nourricière c’est-à dire qu’on l’enterre. Ensuite, parce qu’un ennemi public numéro un de cette envergure, on ne se débarrasse pas de son cadavre comme ça. On peut donc légitimement penser que les soldats américains ramèneront la dépouille mortuaire sur leur territoire, pour le garder dans un endroit quasiment inaccessible.

Et le terrorisme, continuera-t-il ? Bien sûr que oui. Ses organisations seront certainement affaiblies, voire légèrement démobilisées, mais il faut rappeler que Ben Laden avait cessé d’être le financier, le commandant de guerre, et l’idéologue depuis longtemps. La nébuleuse Al-Qaïda est une pieuvre sans queue ni tête, à tel point que ses différentes branches sont totalement indépendantes. En plus, on peut craindre une résurgence du sentiment anti-américain ou anti-occidental, conduisant à des actions criminelles de masse. Pas obligatoirement immédiatement, même dans les mois ou les années à venir…

Il reste des tas d’autres questions, mais on n’aura jamais réponse à tout. C’est à peine si on sait ce qui s’est exactement passé dans cette villa d’Abbotabad, où on nous dit que les tirs ont duré près de 40 minutes. C’est à peine. Et pourtant, 40 minutes ou pas, Ben Laden est finalement mort comme il l’avait toujours souhaité, en martyr. Mais avouons qu’on l’y a un peu forcé quand même !

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Alain Mabanckou: apologie de son crack

Je ne suis pas Platon et Mabanckou n’est pas Socrate. Mais je voulais quand même vous dire (en deux mots) ce que je pense de ce génie littéraire…

 

L’autre jour j’ai fini de (re)lire Verre Cassé pour la 7ème fois, et, au vu du plaisir que je ressens à chaque fois, je me suis dit qu’il fallait absolument que je partage le talent de son auteur, Alain Mabanckou.

 

Avant de revenir sur le fameux Verre Cassé, je rappelle que Mabanckou est l’auteur de plusieurs autres livres à succès, à savoir « Demain j’aurai vingt ans », « Black Bazar », « African Psycho », « Mémoires de Porc-épic », « Le sanglot de l’homme Noir ». Avec un point commun au travers de toutes ces œuvres, le non-respect du conformisme et des règles grammaticales…

 

Pour donner une idée, Mémoires de porc-épic a remporté le Prix Renaudot en 2006 alors que le texte est écrit uniquement avec la virgule, que les paragraphes sont interminables, et que les premières lettres de chaque phrase sont tout le temps en minuscule…

 

Ce procédé avait déjà fait recette dans Verre Cassé en 2005, best-seller, livre qui relate les mésaventures d’un bar, Le Crédit a Voyagé, au travers du personnage ubuesque de Verre Cassé, soûlard invétéré, irresponsable matrimonial et mauvais enseignant, auprès de qui les clients du bar racontent leurs galères quotidiennes ainsi que leurs caractères lubriques et excentriques.

 

Dans Black Bazar, c’est la négritude parisienne que Mabanckou passe au peigne fin, décrivant au passage la vie artificielle des Africains de l’Hexagone.

 

Tout le contraire de African Psycho et Demain j’aurai vingt ans, deux romans qui se passent en Afrique villageoise et dans lequel le personnage central affiche une fausse naïveté qui fait merveille. Dans le 1er il s’agit dune parodie de American psycho (Bret Easton Ellis) version bantou-isée, et dans le second l’auteur nous offre une plongée au cœur de son enfance intime, sa mère qui l’a élevée toute seule, son père adoptif qui le considérait comme son propre fils…

 

Nul doute que ce Mabanckou-là est un génie. Sinon comment expliquer les centaines de références qu’il évoque à chacun de ses romans, et qui dévoilent sa culture générale intarissable ? Comment expliquer que son personnage principal puisse être un porc-épic, et que malgré tout on y croit quand il nous plonge dans les méandres du totémisme des traditions subsahariennes ? Comment comprendre qu’il écrive tout un livre, Verre Cassé, avec seulement la virgule comme signe de ponctuation ? Et que, dedans ce cafouillis de verbiage, on y retrouve la vie, le désordre, l’Afrique, l’amour, la joie, le bonheur, avec l’intertextualité pour nous saupoudrer tout ça ?

 

Et puis aussi, tous ses livres sont dédicacés à sa propre mère, Pauline Kengué, disparue depuis 1995. Ma maman aussi se prénomme Pauline. Mais ce n’est pas (seulement) pour ça que je trouve cet écrivain vraiment (très) exceptionnel…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Bienvenue sur la planète Cameroun…

La planète Cameroun me fait beaucoup rire hein, mais c’est le chez moi.

Je vais commencer par quoi et laisser quoi ? Dire que c’est le Cameroun dans tout son ensemble qui me fait rire ? Ou alors pleurer ? Dire que je le déteste tout autant que je l’adore ? Que, tous ici, nous rêvons parfois d’y partir dans le seul but de pouvoir s’offrir le luxe de « revenir » ?

 

Bon beh je vais quand même le dire, la planète Cameroun c’est le chez moi. C’est le chez nous. Ce qui se passe dans notre triangle national-ci est in-racontable. C’est à peine si c’est vivable. Voilà, j’ai trouvé, c’est « survivable ».

 

Quand j’étais petit, j’entendais les gens dire que le Cameroun c’est le Cameroun. Et jusqu’aujourd’hui, je me demande toujours pourquoi est-ce que cette lapalissade n’est vraie que pour mon cher pays. Hein ? Pourquoi est-ce que les gens ne disent jamais que le Gabon c’est le Gabon ? Ou les Seychelles les Seychelles ? Ou la France la France ? Ou la Papouasie Nouvelle-Guinée la Papouasie Nouvelle-Guinée ? Je m’interroge.

 

En plus c’est clair que nous ici nous nous comprenons sans mot dire, dans cette jungle urbaine, parce que notre vie c’est notre vie, notre parler c’est notre parler ; nos coutumes ce sont nos coutumes, etc… Je n’invente rien, n’importe quelle tautologie dans mon pays devient une formule philosophique très universelle […]

 

D’abord, pour te raconter le chez moi et les « Camerounautes », je vais préciser deux choses : de un, le langage qui est utilisé ici est le meilleur ingrédient pour essayer de capter nos atypiques modes de vie. Chez nous le français il est élastique, chez nous quand tu multiplies un adjectif ou un adverbe dans une phrase, tu lui donnes plus-plus de force ; chez nous on mélange all the languages dans un mismo paragrafo. Chez nous quand tu utilises un verbe, en réalité c’est que tu vas accomplir l’action contraire. « Je ne te dis pas ».

Laisse tomber, chez moi c’est… très-très-très compliqué.

 

De deux (je ne m’égare pas ; tu me connais même ?), le Cameroun est un pays très difficile à comprendre. Les Camerounais alors c’est grave. C’est pourquoi moi je ne passe pas par derrière, je pense que si quelqu’un doit changer cette planète extraordinaire, ça doit d’abord être les Camerounautes eux-mêmes…

 

En tous cas moi je dis hein, chez moi il y a la pauvreté, la famine, le banditisme, la sous-scolarité, le chômage, la corruption, la saleté, l’incivisme… Ouf ! Ça c’est ce que les Blancs ils connaissent. Même les petits Asiatiques, on leur dit en classe que l’Afrique noire c’est le bordel, c’est le foutoir. D’accord.

Mais chez moi c’est aussi la vie, le vivre, la joie de vivre, la joie, le bonheur, l’espérance, la simplicité, la complicité, l’aspiration à l’émergence en 2035 (on sera là ?).

 

Chez moi il y a un président de la république qui est presque comme un dieu. Pardon, c’est Dieu qui est presque comme notre président de la rue publique. Chez moi il y a les Lions Indomptables qui ne savaient même plus miauler, avant que Njié Clinton n’arrive. Chez moi il y a des mouvements révolutionnaires tacites, des sociétés civiles non civiques, parce que les Camerounais aiment trop leur vie pour la risquer sous les coups ou sous les balles. Pourquoi je tremble même pour dire ça : LES CAMEROUNAIS SONT DES LÂCHES !

 

Chez moi il y a parfois la misère et la pauvreté, pendant que d’autres détournent l’argent du contribuable pour s’enrichir et devenir multimilliardaires en euros et en dollars. Tu me parles de quoi ?

 

J’ai vu les gens souffrir ici, j’ai vu des femmes qui cherchent le mariage avec la torche, j’ai vu des pères qui bastonnent leurs fils, et des fils qui étranglent leur propre père… J’ai vu les vendeuses de nourriture souffrir, et souffrir encore. Ce n’est pas une vie la vie qu’elles vivent. Ce n’est pas une vie la vie que les prostituées vivent. Ce n’est pas une vie la vie que les débrouillards vivent, des gens qui sont docteurs en biochimie alimentaire mais qui croupissent sous l’effet du chômage incessant.

 

Ce n’est pas une vie que celle de nos pauvres bendskineurs, ces types qui conduisent des motos taxis et à qui on donne cent francs seulement pour une (très) longue distance. Tu ignores quoi ? Ce n’est pas une vie la vie des call-boxeuses, ces filles qui s’asseyent sous le soleil du matin jusqu’au soir, avec leurs téléphones-là qui sont volumineux comme les parpaings de quatorze, et avec lesquels on passe nos coups de fil(ature). Ce n’est pas une vie, ce n’est pas une vie.

 

Les intellectuels on les emprisonne, les journalistes on les embrigade, les écrivains on les embastille et on les étouffe. Les adversaires politiques on les admoneste. Si je te parle de tout ce qui se passe dans le petit pays-ci hein (pas le chanteur de Makèpè), hum, tu vas sauf que t’étonner. Tu vas te demander comment est-ce que nous faisons pour faire semblant de nous en sortir, pour poster nos photos de bonheur sur Facebook ou sur Twitter, avec tous les sous-problèmes que nous avons ici. Nous sommes 22 millions de personnes, mais on a plus de 22 milliards de problèmes…

 

Et puis si tu veux tu me crois, si tu veux tu ne me crois pas. Je t’ai déjà dit que chez nous ici c’est très compliqué. Mais tu vas voir, si tu t’abonnes sur mon blog (https://achouka.mondoblog.org), tu vas voir comment je vais te « dé-compliquer » tout ça…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Mais que vaut la vie camerounaise ?

Je suis encore sous le choc du décès de notre compatriote en Algérie, le footballeur Albert Ebossè. Aux dernières nouvelles, la FIFA serait très émue de ce drame qu’a subi le football international. La CAF aurait d’ailleurs décidé de frapper fort, et de condamner sévèrement toute forme de vandalisme dans les stades. En sus, la fédération algérienne de football aurait décidé d’accorder une indemnité de 100.000 dollars (environ 50 millions de FCFA) à la famille du défunt, en plus de faire percevoir à celle-ci l’intégralité du salaire du joueur tout au long de la durée restante de son contrat…
Mais ce n’est pas tout ça qui m’intéresse.

Qu’ont dit les autorités camerounaises de ce drame ? Qu’a fait le ministère (clandestin) des sports ? Où sont passées les SYNAFOC (syndicat national des footballeurs camerounais) et autres associations de protection des droits des joueurs ? Que va faire le comité provisoire de (a)normalisation ?
Les uns passent le temps à se positionner pour la présidence de la FECAFOOD (fédération camerounaise de nourriture), les autres à proroger leur mandat à la tête de certaines commissions, et au final personne ne s’intéresse au sort du pauvre footballeur décédé sur la pelouse de Tizi Ozou

Nous qui aimons trop prendre les exemples chez les étrangers, pourquoi on ne prend jamais l’exemple de leur communautarisme, de leur nationalisme, de leur chauvinisme, de leur altruisme ? Pourquoi on ne remarque jamais leur sollicitude lorsqu’un Américain est pris en otage, ou lorsqu’un journaliste Français est retenu prisonnier au Mali, en Syrie, en Afghanistan ? Ou décapité en Algérie ? Pourquoi on n’imite pas les Espagnols et les Russes qui demandent des enquêtes claires et nettes, chaque fois qu’un quelconque de leurs ressortissants est concerné par un crash d’avion ? Pourquoi on ne fait pas comme les Anglais, qui conseillent à leurs compatriotes de ne pas voyager vers les pays atteints d’une épidémie ? Ou comme les Allemands, qui regroupent tous les Germaniques pour les évacuer d’un pays en train d’entrer en situation de crise ? Pourquoi on ne fait pas comme Tsahal, l’armée israélienne, qui a pour devise : « Israël ne laisse jamais personne derrière » ?

Chez nous c’est le silence, chez nous c’est le je-m’en-foutisme, chez nous on continue comme si de rien n’était. Chez nous le Président de la République n’a rien à dire sur la vie d’un Camerounais. Ça ne l’émeut en aucune manière. Chez nous, même si tu es Charles Ateba Eyéné, on rafistole ton enterrement et on passe à autre chose.

POURQUOI NOTRE VIE EST-ELLE SI NÉGLIGEABLE ?
Pourquoi est-ce que nos autorités nous font ça, hein ? Pourquoi est-ce qu’on nous donne l’impression que nous sommes des étrangers sur notre propre territoire ? Que tout ce que nous abattons ici sur terre, ça ne sert à rien ? Que la nationalité que nous avons, ça ne nous apporte que des tracasseries et de l’indifférence ? Pourquoi est-ce qu’on nous donne l’impression que nous sommes des orphelins de notre Nation ? Qu’un Sénégalais peut te mettre en prison dans ton propre pays, quand bien même c’est toi qui aurais raison ?
A quoi nous servent nos ambassades à l’étranger ? Pourquoi est-ce qu’elles ne disent rien, quand on expulse les Camerounais de la Guinée Equatoriale, manu militari ?

Il y a trois mois on a appris qu’un compatriote avait été assassiné en pleine rue, en Chine. Rien. Après cela il y a eu le décès tragique de notre jeune humoriste, Koulibaly System. Encore rien. Et puis, on a vu comment Abega Théophile est parti dans l’indifférence, de même que Louis-Paul Mfédé. On a vu comment Jean-Miché Kankan n’est pas honoré dans son propre territoire. On voit comment nos jeunes frères se meurent dans le désert du Sahara, lorsqu’ils partent dans ce qu’ils appellent « l’Aventure »…

Albert Ebossè, moi je te dis R.I.P (rest in peace, repose en paix). Je te dis de ne pas regarder notre gouvernement, on est habitués à son apathie. Tu es parti te battre en Algérie parce que le pays-ci est dur. Ici on ne te proposait rien, comme on ne propose jamais rien à personne. Même à nos soldats on ne propose rien, pourtant ce sont eux qui nous protègent contre Boko Haram ou contre la crise centrafricaine.

Je comprends maintenant pourquoi beaucoup de « frères » changent de nationalité, lorsqu’ils réussissent à sortir de ce foutu Triangle. Mais je n’ai toujours pas la réponse à ma question : « Que vaut au juste la vie camerounaise ?… »

 

Ecclésiaste DEUDJUI


À quoi sert l’argent des Camerounaises ?

Bon ! Laissons un peu nos Lions-là comme ça dis-donc. Nous aussi on exagère. Tchaï ! Que celui qui n’a jamais fait une erreur dans son boulot leur lance le premier caillou. Que celui qui n’a jamais commis une faute professionnelle les agresse à l’avenue Kennedy, comme on a fait à Stéphane Mbia l’autre jour. Partout où on passe, on entend : « remboursez les 56 millions ! » « remboursez les 56 millions ! ».  « Remboursez les 56 millions qu’on vous a donnés pendant le Mondial… »

Vous-mêmes là, depuis que vous donnez l’argent à vos femmes du dehors, est-ce que vous leur avez déjà demandé de rembourser ça un jour ? Hein ? Et est-ce que vous avez même d’abord vu ce qu’elles ont fait avec ?

L’ARGENT DU TRANSPORT
On est là on ne fait que dire « les Lions, les Lions, les Lions ». Ooh ! Ils ont bloqué un avion pour réclamer leurs primes. Ooh ! Ça a causé un surplus de 200 millions au contribuable. Ooh ! Leur transport coûte très-très cher. ET ÇA FAIT QUOI ?
N’est-ce pas souvent ta voisine que tu dragues vient te voir, et tu lui donnes l’argent du taxi ? Alors qu’elle habite à zéro mètre ? N’est-ce pas souvent tu vas voir une autre dans son propre quartier, mais que c’est toi qui paye son taxi alors que c’est toi qui t’est déplacé ? Tu a payes ton taxi pour aller payer son taxi ? N’est-ce pas souvent tu dépenses ton argent de contribuable pour la faire venir de Mbalmayo à Bafoussam ? Alors que c’est elle qui voulait te voir ?… Je n’arrive toujours pas à comprendre comment les femmes camerounaises n’ont jamais l’argent pour se déplacer, et pourtant on les retrouve partout à la fois !

L’ARGENT DU CRÉDIT
Les Lions au moins, eux ils nous appellent quand ils sont à l’extérieur. Une fille camerounaise t’a déjà appelé un jour ? Que ça a commencé comment ? Pour qu’elle fasse sonner ton cellulaire, il faut qu’elle ait besoin de ton aide. Il faut que tu lui aies promis quelque chose, ou pire, que tu sois un numéro inconnu… Ce sont elles qui font justifier l’invention du CallMeBack. Ce sont elles qui peuvent causer avec toi pendant des heures et des heures au téléphone, à condition que ce soit toi qui appelles. Ce sont elles qui te demandent le crédit à longueur de journée, et puis quand tu envoies on ne prend même pas la peine de te saluer avec : « Tu vas m’excuser hein, je n’ai même pas su que c’était toi qui avait envoyé ça. »
Donc tu avais aussi demandé à quelqu’un(s) d’autre(s) ?

L’ARGENT DES BEIGNETS
Entre nous, depuis que les femmes prennent l’argent des beignets-là, est-ce que tu as déjà vu une femme manger les beignets avec ? Il y a entourloupe. Nos camerounaises sont les premières à dire qu’elles ont faim, qu’elles ont envie manger. Si c’est toi qui veux payer, on va te demander d’acheter quatre chawarmas avec cinq cuisses de porc. Lorsque tu leur donnes l’argent pour acheter, elles n’ont plus trop faim tout à coup. Elles achètent alors juste une ou deux brochettes pour te voiler les yeux, et le reste d’argent va au fond de la caisse (si, si, elles ont une caisse dans leurs poches !). Nos Lions au moins quand ils mangent l’argent du contribuable, on voit où ça part : vins mousseux, champagnes, caviars, moutons et méchouis entiers, poulets rôtis, farotages à gauche à droite. Avec l’argent de la femme, nièttttt !

L’ARGENT DES COURS
Il y a beaucoup de filles qui prennent l’argent des répétitions et qui ne répètent jamais rien. Yeuch ! Comment tu peux demander l’argent des cours, alors que tu ne fréquentes même pas ? Alors que toute ta pension est déjà payée ? Quand nos Lions vont dans les stages bloqués pour apprendre à faire une bonne passe, eux au moins ils apprennent vraiment. Tout le monde vient aux entraînements à l’heure, et personne n’a même le droit de sortir. Ça c’est un investissement dont on voit où ça part. Même si après ça ils vont nous ramener un zéro point(é) à la coupe du monde…

L’ARGENT DES HABITS
Tu as déjà marché avec une fille qui n’a pas cinq francs sur elle, et qui subitement s’achète deux paires de chaussures ? Là là là ? Les Camerounaises ne s’amusent même pas un peu avec l’argent du nyanga. Elle te dit qu’elle a besoin du crédit de 250, mais elle va au salon se coiffer pour quatorze mille. Elle te dit que depuis le matin elle n’a pas mangé, mais quand elle va au marché elle rentre avec deux survêtements Kim Kardashian. Elle te dit qu’on risque la mettre dehors à l’école, à cause des frais d’inscription, mais ce sont les talons compensées que tu veux voir dans sa penderie ? Ce sont les penderies que tu veux voir ?
Sur ce point au moins je dois être honnête, et reconnaitre que nos filles ne sont pas différentes des Lions Indomptables. De même que Puma habille nos chats-tigres sans demander un centime à la Fecafoot, de même une camerounaise te demande l’argent des mèches juste pour la forme. Que tu le lui donnes ou pas, tu la verras avec la greffe brésilienne le lendemain !

L’ARGENT DE POCHE
Il s’agit d’une poche de kaba. Le genre de poche qui arrive jusqu’aux genoux d’une fille de un mètre quatre-vingt seize. Parce que l’argent de poche d’une camerounaise, ce n’est pas pour sa poche ! C’est pour le nyanga, c’est pour la nourriture, c’est pour ses balades, c’est pour les voyages, c’est pour ses enfants et sa propre famille. Mais détrompes-toi, tu n’es pas compté là-dedans ! Alors que quand nos gars de la Tanière touchent leurs primes du Mondial, ils te signent quand même des petits autographes de temps en temps. Tu ignores quoi ?

Après vous allez accuser nos Lionceaux, en disant qu’ils sont trop gourmands et qu’ils demandent beaucoup trop. Si quelqu’un doit rembourser, ce sont d’abord nos Cameruineuses. Elles n’ont jamais l’argent, mais elles vivent mille fois mieux que nous. Elles sont comme les employés de la Fecafoot. On leur donne l’argent tous les jours et on ne voit même pas ce qu’elles font avec.
N’est-ce pas voilà Samuel Eto’o qui était en train de pourchasser Nathalie Nkoah, pour qu’elle lui rembourse tout sont argent ? Ça ce n’est que le commencement d’une révolution qui va bientôt s’étaler sur tout notre territoire…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Les prostituées ne sont pas des destituées

Je ne sais pas ce qui m’amène à vous parler de ce sujet, mais c’est parce que j’entends beaucoup de choses qui me font parfois mal aux oreilles. C’est comme quand tu vois un journaliste ventru qui n’a jamais pratiqué aucun sport, et qu’il se permet de dire que Samuel Eto’o est un mouilleur… Tsuip !

Moi j’entends des choses qui me dérangent. J’entends des bien-penseurs camerounais se permettre de juger nos compatriotes. J’entends des gens défendre les droits des homosexuels, et pas celui des homosexuelles. J’entends des gens se battre corps et âme pour les droits de l’homme, et en aucun cas pour les droits de la femme. Mais ce qui me fait le plus mal, c’est quand j’entends une fille dire que le jour où elle aura raté sa vie, c’est quand elle deviendra une prostituée…

Revenons sur terre. Les filles de la rue, ce sont d’abord des filles. Et si leur métier perdure depuis des centenaires et même des millénaires, c’est parce que ce sont les hommes qui les maintiennent dans cette déchéance. Et c’est parce qu’il y a beaucoup d’hommes qui ont besoin de leur présence.

Revenons sur terre. Moi je ne suis pas là pour vous dire ce que vous voulez entendre. Il faut d’abord savoir qu’une prostituée est d’abord et avant tout une femme. Elle n’a jamais rêvé de pratiquer le métier qu’elle exerce. C’est la difficulté de la vie qui l’a amenée à vendre le seul bien que Dieu lui a donné sur terre : son corps !

Une prostituée, c’est une fille qui a aimé auparavant. Beaucoup. Arrêtez de les (aperce)voir comme des personnes sans cœur. Une prostituée c’est une fille qui a donné tout son cœur à un homme, puis à un autre, puis à un autre encore. Une prostituée c’est une fille qui a fait des enfants, en rêvant qu’elle allait vivre éternellement avec le(s) père(s) de ces enfants. Une prostituée c’est une fille déçue, une prostituée c’est une fille déchue ; une prostituée c’est une fille qui ne croit plus en l’amour ni au mariage, c’est une fille qui se moque des vertus et des valeurs. Mais la grande question est ailleurs : POURQUOI EST-CE QU’ELLES SE COMPORTENT DE CETTE FAÇON ?

Moi je dis hein, il faudrait qu’on descende un peu de notre piédestal. N’est-ce pas on a un (bon) boulot, comment est-ce qu’on ne va pas leur parler fort ? N’est-ce pas on a un petit-ami qui est (à peu près) sérieux ? N’est-ce pas on a des parents qui nous appellent de temps en temps pour savoir si tout va bien, pour nous conseiller, pour nous consoler, pour nous réconforter ? N’est-ce pas on a des amis qui sont présents ? N’est-ce pas on a des voisins conciliants, compréhensifs ? N’est-ce pas on a fréquenté, on est allés à l’école jusqu’à-jusqu’à, et qu’on rêve même de continuer ça de l’autre côté ? N’est-ce pas on nous a donnés un fonds de commerce pour vendre notre tomate au marché central, ou nos habits, ou nos chaussures ? Qui peut encore nous parler fort ?

Et si nous n’avions pas tout ça, que serions-nous devenus ?

Moi je m’insurge contre cette stigmatisation, cette incompréhension, cette destitution. LES PROSTITUEES SONT DES ETRES HUMAINS COMME LES AUTRES !…

Il faut qu’on essaye de les comprendre un peu plus, voire de les sortir de là le plus tôt possible. Et puis, si vous voulez seulement prendre ça dans ma bouche, TOUTES LES CAMEROUNAISES SONT DES PROTITUEES :

  • – Il y a la serveuse qui va aller passer une nuit avec toi parce que tu lui as offert deux ou trois bières
  • – Il y a la secrétaire qui va te faire les (mauvaises) choses dans ton bureau, parce qu’elle espère que tu vas lui faire un avancement
  • – Il y a la voisine du quartier qui sort avec toi, uniquement pour que tu lui donnes à manger chaque jour (mais toi tu ne le sais pas)
  • – Il y a ta camarade de promotion, Jeanne-l’école devant l’éternel, qui te trouve souvent irrésistible, parce que parfois tu lui permets d’avoir la moyenne lors des examens de rattrapage…

Je vais citer qui et laisser qui ? La mère de ton enfant, qui est avec toi uniquement parce que tu vas t’occuper de son rejeton(s) ? La fille du village, qui est prête à t’épouser uniquement parce qu’elle veut découvrir la ville de Douala ? Ta seconde ou ta troisième épouse, qui se fiche pas mal de ta gueule, mais qui accepte de te partager parce qu’en fait, ce sont tes biens qu’elle voudra partager après ton décès ?

Toutes les camerounaises sont des prostituées !
D’ailleurs, on les appelle les Cameruineuses. Tu drague une fille le lundi et le mardi c’est son anniversaire. Comment vous appelez ça, hein, si ce n’est pas du péripatétisme ?

Alors en un mot comme en mille, je vous demande pardon, essayez de comprendre ces pauvres filles. C’est tout un lent processus qui les amène à se positionner devant le poteau. Ou bien derrière. C’est toute une déchéance progressive, un abandon complet, une pauvreté indescriptible, qui leur font perdre toutes les valeurs.
C’est toute une déconsidération de la société qui fait en sorte que elles-mêmes, elles se déconsidèrent. Et qu’elles se rangent de l’autre côté, du côté de la drogue, du côté de la vénalité sexuelle, du côté des insultes et des bagarres, du côté sombre que chaque être humain possède tout au fond de lui…
Essayons plutôt de les aider et de les tirer de là, au lieu de les vilipender et de les destituer.

Que celui qui n’a jamais péché leur jette la première pierre !

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Pourquoi les Lions Indomptables sont-ils [si] faibles ?

On dit comme ça hein, les Lions-là sont vraiment devenus faibles vrai-vrai. Paapa, même le Cap-Vert nous fait peur ? Ils ne font même plus rêver quelqu’un. Chacun les prend il fouette sa chose. Voici quelques raisons de cette mauvaise blague, une lente dégringolade qui dure depuis bientôt plus de dix ans…

LES VAUTOURS

Je ne pouvais pas commencer par quelqu’un d’autre, sinon ce serait faire injure à ces vautours et ces braconniers qui nous pourrissent notre football, et qui le maintiennent en cage. Les vautours sont les employés du ministère des sports et de la FECAFOOT. Ce sont des types qui sont toujours en veste-cravate-lunettes, et qui ne comprennent rien au football. Ce sont eux qui conseillent au ministre d’ajouter les marabouts et les épouses dans l’effectif des lions indomptables. Ce sont eux qui remplissent les avions lorsqu’il y a un voyage pour une compétition internationale. Ce sont eux qui se discutent les primes et les per-diem pendant que les joueurs s’époumonent sur le terrain. Ce sont eux qui créent des postes bidons qui ne veulent rien dire, comme team press officer ou encore team manager (entre nous, tu as déjà entendu les postes-là quelque part ?).

Les vautours sont tous devenus riches et ventrus grâce au football, alors que dans leur carrière antérieure ils étaient tous médiocres. Ils se battent tous les jours pour que le désordre règne dans le football camerounais, parce que si on y met la lumière on va tous les débusquer et les démasquer.

Leur formule secrète pour nous amadouer : « union sacrée », « le Cameroun c’est le Cameroun », et « impossible n’est pas camerounais ».

Image par Gordon Johnson de Pixabay

LES MAMMOUTHS

Ce sont les anciens joueurs. Pardon hein, ambassadeur ! Je t’aime beaucoup, et Dieu seul sait combien j’ai jubilé pendant que tu marquais les buts en 1990, mais maintenant-ci là, hum… comment te dire ça… tu déranges ! Les anciens joueurs de l’équipe nationale nous polluent l’atmosphère au sein de la tanière. Ils connaissent tout, ils savent tout sur tout, ils ont atteint les quarts de finale de coupe du monde, et blablabla et blablabla. Et puis quoi encore ? Est-ce que vous avez-vu Zidane ou Platini dans la délégation de l’équipe de France ? Est-ce que vous avez vu Johann Cruyff dans les antichambres des Pays-Bas ? Ou Beckenbauer en Allemagne ? Ou Maradona en Argentine ?

Vous pouvez donner votre avis comme Joseph-Antoine Bell le fait sur RFI, mais on est libre de l’écouter ou pas. Megde ! Vous avez joué le ballon plus que les qui ? Et puis il faut cesser de croire que l’Etat camerounais doit vous prendre en charge comme si vous étiez des grabataires tétraplégiques. A vous de vous battre pour devenir entraîneurs ou consultants quelque part, comme Ndjonkep ou bien Patrick Mboma. On vous a dit que la vie est facile ? N’est-ce pas vous dites tous les jours que dans votre temps on ne jouait pas pour l’argent ? Qu’est-ce qu’il y a alors que chaque jour vous embêtez le gouvernement, toujours pour les affaires de nkap ?…

Leur formule secrète pour nous amadouer : « Il faut remettre le football aux footballeurs. »

LES CHAUVES-SOURIS

Ce sont les supporters. Massa. Parmi tous les gens qui embrouillent notre football, il n’y a pas plus versatile et plus frotambo que les supporters. Tu fais nul contre l’Allemagne, tu es la meilleure équipe du monde. Tu perds contre le Mexique, qu’est-ce que tu es même allé chercher là-bas au Brésil ? Le supporter camerounais ne sait pas ce qu’il veut au juste. Quand les Lions réclament leurs primes, ils ont torts, ils ne sont pas patriotes. Quand ils ne les réclament pas, ils sont des idiots et des mougous qu’on exploite. Et puis, ce qui m’étonne chez nous les fanatiques, c’est que Moukandjo peut subitement devenir ballon d’or après un simple match contre la Tunisie. Et puis pour nous Eto’o c’est qui ? Il a déjà fait quoi ? Wèèkè ! Jésus avait raison de dire que nul ne peut être prophète dans son propre pays…

Enfin, pour en finir avec le supporter camerounais qui crée un fan-club rien que pour recevoir un maillot ou bien une godasse, disons que c’est quelqu’un qui aime vraiment son équipe nationale, mais qui est simplement nostalgique de toute la gloire passée. Paapa, même le Cap-Vert ? C’est toute cette dégringolade qui lui fait mal et qu’il déguise en impassivité ou alors en indifférence. Laisse ça dis-donc, nous on connaît ça.

Leur formule secrète pour nous amadouer : « Le ballon est rond. » Comme si quelqu’un a déjà dit un jour que c’était carré.

Cette image représente des supporters d'une équipe lors de la CAN 2021 au Cameroun
Des supporters de l’équipe du Cameroun. Crédit : Franco237 via Wikimedia Commons

LES PERROQUETS

Il s’agit des observateurs. Ça alors, voilà les gens qui nous empêchent vrai-vrai de progresser. Tu vois quelqu’un dans son fauteuil sur beIN sport ou sur Equinoxe en train de dire : « les Lions indomptables vont rugir ce soir ». Maama. C’est la même équipe-là que nous on voit ? Et quand il dit ça nous on se voit plus beaux qu’on ne l’est. Mince alors, ça va faire onze années que nous ne sommes plus indomptables, depuis notre finale de coupe des confédérations contre la France en 2003. Notre qualification à ce mondial brésilien, on la doit à une erreur administrative togolaise (des vrais africains eux aussi !), et à un match de barrage contre une équipe tunisienne faiblardissime (je cherchais un qualificatif plus fort que faible). Ça fait deux coupes d’Afrique consécutives auxquelles on ne participe pas, dont une en Afrique centrale, et les observateurs continuent toujours de dire que nous sommes les rois de la forêt. Tsuip. Je pense que si les observateurs fermaient un peu leur grande bouche, ou alors s’ils se montraient plus modestes à notre égard, on se regarderait enfin dans la glace ; et on se mettrait peut-être à travailler. J’ai bien dit peut-être…

Leur formule secrète pour nous amadouer : « Les Lions sont quadruples champions d’Afrique… »

LES CHAROGNARDS

Ce sont les gens de la FIFA et de PUMA. J’aurais pu dire Dieu et ses anges. Les gens de Zurich-là quand ils parlent, même notre nkukumah national ne peut leur rien dire. Ils font et défont nos sélectionneurs, ils organisent notre championnat national alors qu’ils sont à six mille kilomètres, etc. Les gens de la FIFA ont installé un réseau inextricable avec les membres de la Fecafoot, au point que le football camerounais se trouve pris en otage par une simple poignée d’individus. D’ailleurs, FIFA, est-ce que ça ne rime pas avec mafia ?

Les types de Puma par contre leur seul problème c’est leur image et notre MVP (most valuable player), c’est-à-dire notre joueur les plus bankable. Donc pour eux tant qu’on appelle Eto’o Fils et Alex Song en équipe nationale, le reste ça vous regarde…

Leur formule secrète pour nous amadouer : « Le football est un jeu, et l’important c’est de participer. » Ah bon ?

Donc voilà à peu près pourquoi nous avons un environnement footballistique malsain, et comateux. Le football camerounais est à l’image de la société camerounaise. Comment vouloir que là-bas ça aille bien, alors que dans les hôpitaux ça ne va pas ? Ni dans les écoles ? Ni dans les marchés ? Ni dans les médias ?

Nos joueurs ne sont pas médiocres, cessons de leur crier dessus ! Ils ont quand même joué à Barcelone, Chelsea, Real Madrid, Manchester United. Ils sont juste mal encadrés et enchifrenés par les parasites qui gravitent autour. Ils sont juste lents. Ils sont juste indifférents à ce qui peut arriver au Cameroun, parce que sinon Alexandre Song n’aurait pas pris un carton rouge aussi stupide pendant la Coupe du Monde. Ils sont juste stupides. Ils sont juste faibles. Et ce n’est pas être antipatriote que de le dire les yeux dans les yeux…

Ecclésiaste DEUDJUI