22 juin 2020

Et la vie redevint comme auparavant…

Certes, notre Gouvernement bataille toujours contre le coronavirus. Mais je puis vous garantir que la vie au Cameroun est déjà redevenue comme auparavant…

Malachie Manaouda
Le ministre de la santé Malachie Manaouda, en blouse bleue, continue de lutter contre la pandémie. Source: actucameroun.com /CC

Les bars sont redevenus comme auparavant

Auparavant les bars camerounais étaient bondés du matin jusqu’au soir, puis survint soudainement le coronavirus ! Et ensuite les interdictions d’ouverture des débits de boisson au-delà de 18 heures, les fermetures des boîtes de nuit et des snack-bars, la mise en suspension des espaces de plaisirs, des lupanars, des auberges, etc.
Aujourd’hui toute cette « Prohibition » n’est plus qu’un lointain souvenir. Car depuis le 30 avril que l’État a autorisé la réouverture des bistrots et des gargotes, tous les bars du Cameroun sont presque redevenus pleins comme auparavant… Malgré le port du cache-nez qui a été rendu obligatoire, ainsi que l’utilisation systématique des gels hydro-alcooliques et du savon. Mais force est de constater que nous avons pleinement retrouvé nos ambiances, et que nos sensations d’alcooliques (pas les gels hein) sont progressivement en train de redevenir euphorisantes comme avant le 17 mars…


L’amour est revenu comme auparavant

Parce que l’amour était déjà parti ! Certains couples intergénérationnels s’étaient séparés à cause de la différence d’âge, puisque l’homme (qui avait 65 ans) avait dit à sa petite amie (qui venait d’avoir 19 ans) que « Je suis désolé chérie, mais on ne pourra pas se voir ces jours-ci parce que je ne veux pas que tu me contamines avec le coronavirus… » (sic)
Moi aussi j’ai perdu ma petite amie comme cela, à cause de ce foutu virus ! Elle me disait tout le temps qu’elle avait envie de faire des galipettes avec moi, et moi, comme un connard, je lui demandais de respecter systématiquement la distanciation sociale et tous les autres gestes barrières… Puis je l’ai perdue.
L’amour va finir par revenir. Les femmes ne sont plus aussi craintives face aux dragueurs démasqués comme mon ami Pierre La Paix Ndamè. Les cache-nez ne sont plus obligatoires. Les gels hydro-alcooliques et les détergents ne sont plus la condition sine qua non pour obtenir un rencard, et encore moins un numéro de téléphone. Les Camerounaises sont progressivement en train de se déconfiner mentalement, et je pense que notre sexualité va bientôt redémarrer à plein régime comme ça avait le cas auparavant.

les snack-bars ont repris la vie après le coronavirus
Les boîtes de nuit comme Le Safari sont de nouveau bondées comme auparavant. Source: cameroontraveler.wordpress.com /CC-BY

L’école a repris comme auparavant

Dès la nouvelle rentrée fixée au 1er juin (enfin, la rentrée de la reprise des cours), les parents camerounais avaient tous crié au scandale. Ils s’étaient plaints qu’on voulait les envoyer à la mort, et même les syndicalistes avaient lancé des mots d’ordre de grève pour soi-disant « protéger la vie de tous les enseignants et du personnel administratif »…
Aujourd’hui, plus personne n’en parle. Les élèves ont retrouvé leur train-train quotidien, et même les étudiantes ont recommencé à sortir coucher avec leurs professeurs. Plus personne ne se plaint. Les parents sont les premiers à déposer leurs enfants à l’école, et les syndicalistes sont en train de proposer une prolongation de la durée des cours. Les élèves eux-mêmes ne sont pas en reste, puisque l’école leur manquait déjà beaucoup. L’oisiveté et l’ennui commençaient sérieusement à devenir pesants et oppressants. Le Gouvernement ne voulait pas supporter le risque d’une année blanche qui aurait encore dévalorisé ses diplômes sur le plan international (figurez-vous que nous sommes pires que le Tchad !), et finalement l’OMS s’était lourdement trompée sur la vitesse de propagation du coronavirus au sein de la population camerounaise.


Même la santé est redevenue comme auparavant

Les gens recommencent déjà à tousser normalement en public, mais dans leur coude bien évidemment. Les gens recommencent à se rendre à l’hôpital. Les gens recommencent à déclarer d’autres pathologies en dehors de la covid-19 (la maladie), parce que ce n’est pas parce qu’il y avait le covid-19 (l’agent pathogène) que les autres maladies comme l’AVC ou l’hypertension avaient miraculeusement disparu…
Les maladies sont redevenues comme auparavant. Les Camerounais ont de nouveau la chaude-pisse et le VIH. Les Camerounaises ont de nouveau des pertes blanches qui sont de couleur jaunâtre. Les séniors camerounais sont redevenus diabétiques. Les femmes mariées camerounaises finissent par redevenir obèses. Les plantes naturelles avaient eu la cote à un moment à l’instar du kinkeliba ou encore de l’artémisia, mais mes compatriotes ont recommencé à se ravitailler dans les pharmacies classiques. La médecine conventionnelle va bientôt reprendre le dessus, car n’oubliez pas que c’est grâce aux autres maladies et à la vente des médicaments que nous continuerons à enrichir les multinationales pharmaceutiques…

deux lycéens camerounais
L’école se déroule normalement comme auparavant. Source: salonurbaindedouala.org /CC-BY

Et le Cameroun redevint comme auparavant…

Donc certes hein, le Gouvernement camerounais bataille laborieusement contre le coronavirus. Mais je puis vous certifier que la vie dans notre pays est déjà redevenue comme auparavant…

Et la communauté redevint comme auparavant ! Les gens ont recommencé à se rendre visite, les réunions familiales ont repris, et même dans certains attroupements les Camerounais ont déjà recommencé les embrassades.
Et le travail redevint comme auparavant ! Les activités professionnelles ont recommencé petit à petit, les gens se bousculent dans les transports, les marchés sont de plus en plus bondés et les débrouillards se promènent avec leurs marchandises au bord de la route.
Et même le Cameroun redeviendra comme auparavant, puisque nous sommes en train de retourner à notre société d’irrationnel, de luxuriance et de luxure.

Parce que durant le coronavirus au moins, nous étions devenus un peu plus disciplinés. Nous ne nous soûlions plus la gueule et nous ne rentrions pas à la maison après la tombée de la nuit. Nous passions beaucoup de temps en compagnie de nos tendres épouses, et nous surveillions méticuleusement l’éducation de tous nos enfants.
Mais cette parenthèse n’était qu’un rêve et malheureusement la vie au Cameroun va bientôt redevenir comme auparavant…


Ecclésiaste DEUDJUI, moi je ne suis plus comme auparavant
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Commentaires

Mawulolo
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J'avais raté ton billet... Et comme on se suit souvent j'ai fait un billet intitulé "Les Dakarois baissent la garde"...de la même trempe...

Ecclésiaste Deudjui
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ahahahahaha on se surveille tu veux dire :-)