Ecclésiaste Deudjui

Musique camerounaise : il faut sauver le soldat copyright

Vraiment de Dieu ! Quand quelqu’un va encore parler, n’est-ce pas on va dire que les Camerounais bavardent beaucoup ?
L’autre jour sur Equinoxe télé, j’écoutais Raymond Tcheunga se plaindre de la condition des artistes Camerounais.

  • –    Il paraît qu’on a offert 102 guitares à 102 artistes du terroir, comme si tous nos musiciens étaient des guitaristes. Et comme s’il n’y avait que 102 guitaristes au Cameroun…
  • –    Il paraît que pour leur payer leurs droits, on les aligne en rang comme des enfants de l’école primaire. Et que les répartitions n’obéissent à aucune logique.
  • –    Il paraît que de temps en temps on les embarque dans les meetings du chef de l’état, et qu’on leur balance de l’argent pour qu’ils chantent jusqu’à-jusqu’à… comme des griots…

MAIS DE QUI SE MOQUE-T-ON ?

Moi j’ai vraiment mal quand je pense à la condition des hommes de musique dans ce pays. Parce que jusqu’à preuve du contraire, on ne les place pas à leur juste valeur.
Comment se fait-il qu’on rencontre nos hommes de culture dans des cabarets banals, dans des baptêmes insignifiants, et dans des cérémonies impopulaires ? Comment se fait-il qu’on en rencontre dans des lieux publics, qui vendent les maillots des Lions Indomptables ? Comment se fait-il que tout le monde puisse leur offrir à boire ? Et qu’ils comptent sur notre farotage pour (sur)vivre ? Et qu’on les serre comme des sardines dans les taxis ?…

Les problèmes qui tendent à clochardiser nos hommes de scène sont non seulement identifiables, mais en plus ils ne sont pas insolubles : il y a la piraterie, il y a l’escroquerie, il y a la xénophobie, il y a l’incompétence.

Il y a que les chansons de Mani Bella, on entend ça partout mais elle n’en touche même pas un centime dans son propre pays…
Il y a que les chansons que tu as passé des mois et des mois à composer, on trouve ça dans tous les carrefours à 200 FCFA le CD…
Il y a que quand nos mécènes organisent des concerts culturels, ils mettent en avant les musiciens étrangers du Nigeria ou bien de la Côte-d’Ivoire
Il y a que dans les bars on joue les chansons des artistes sans demander leur avis. De même que dans les boîtes de nuit, de même que dans les restaurants, de même que dans les chaînes de télé, de même que dans les enterrements, de même que dans les mariages et dans les campagnes d’entreprises…

Il y a que les gens qu’on met là-bas en haut pour recueillir les droits d’auteur, ils ne font pas leur travail comme ils devraient. Et c’est ainsi qu’ils ont fait dissoudre la SOCINADA, la SOCILADRA, la CMC, puis la SOCAM, à force de se remplir les poches au détriment de leurs affiliés qui demeurent misérables.

POURQUOI EST-CE QUE LES CAMEROUNAIS SONT SI EGOÏSTES ? POURQUOI EST-CE QUE LES ÊTRES HUMAINS SONT SI MECHANTS ?

Est-ce que ça ne vous fait pas plaisir de suivre votre musique dans votre voiture ? Est-ce que ça ne vous émeut pas d’écouter des chansons mélancoliques lors de vos funérailles ? Est-ce que vous n’êtes pas satisfaits le samedi, lorsque vous vous déhanchez en boîte de nuit sur la piste de danse ? Est-ce que les chansons de Grâce Decca, ou de Ben, ou de Dora, ne vous ont pas aidés à embrasser votre partenaire, avec plus de passion et plus de tendresse ?

Moi je suis choqué parce qu’il n’y a pas de vie sans la musique. Et encore plus parce qu’il n’y a pas de musique sans musiciens. Sans la musique, la vie serait une erreur (Nietzsche). Moi je suis outré parce que je sais comment on compose une chanson. Je sais comment ça prend du temps. Je sais comment ça dépend de l’inspiration, et que si cette inspiration te vient à 4h du matin, tu es obligé de te lever à 4h du matin pour travailler.
Je sais comment les artistes ont envie de nous transmettre un message. Et qu’ils abandonnent tout pour se consacrer à cette mission. Je sais comment Mathématik nous conseille, comment Fingon Tralala nous amuse, comment Petit-pays nous émerveille, comment Lady Ponce nous fait bouger…

Je sais comment en écoutant Talla André-Marie, tu te demande pourquoi est-ce que ce type-là a perdu la vue. Je sais comment Richard Bona s’élève, et qu’il nous élève avec lui. Comment Dina Bell nous fait fantasmer, nous fait rêver, nous fait aimer. Je sais comment le petit Martino Ngallè explore tous les genres de musique, et que dans tous ces genres-là il essaie de laisser son empreinte.
Je vais citer qui et laisser qui ? Erico ? Narcisse Pryze ? Longuè Longuè ? Annie Anzouer ?
Je sais comment quand tu écoute les X-Maleya, tu as seulement envie de continuer à vivre sur cette planète…

Alors je vais le dire en un mot comme en mille, IL FAUT SAUVER LE SOLDAT COPYRIGHT AU CAMEROUN ! Il faut donner à nos musiciens ce qu’ils méritent, sans jalousie et sans complaisance. C’est pour cela que ça s’appelle les DROITS d’AUTEURS, ça veut dire que ce sont d’abord des droits. Il faut faire des répartitions équitables, il ne faut pas que ça ait les yeux.
Il faut construire une maison de la culture. Il faut une école des Beaux Arts. Il faut arrêter avec ces conflits syndicaux et ces bagarres, et ne mettre en avant que l’intérêt de l’artiste.

Bon Dieu ! J’ai l’impression qu’au Cameroun, tout le monde adore la musique mais que personne ne l’aime !…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Pourquoi les Camerounais adorent détester Paul Biya

L’autre jour, peu avant que notre Nkukumah s’en aille aux Etats-Unis faire des salamalecs devant Barack Obama, j’entendais les gens commenter ses commentaires à propos de Boko Haram : « Nous avons vaincu le maquis, nous avons dominé le multipartisme, nous avons chassé la colonisation, donc ce n’est pas le petit BH-là qui va nous dépasser… »

Hum, les gens m’amusent hein, tout le monde est subitement devenu pro Boko Haram. Tout le monde est subitement devenu expert en terrorisme islamiste, tout le monde est subitement capable de vous expliquer pourquoi l’attaque contre Ahmadou Ali, et non pas contre Bello Bouba Maïgari, Cavaye Yeguié Djibril, ou encore Issa Tchiroma, le raisonneur de service…
C’est chacun qui se met à expliquer que « Pombia » a tort, qu’il devait dire ceci, et non pas cela, qu’il devait d’abord partir à Washington avant de revenir à Mvo’omeka. C’est chacun qui se met à te démontrer par A+B que l’armée camerounaise n’est pas en train de bien mener ce combat contre la peur. Qu’elle a de mauvais généraux, un piètre ministre de la défense, un service des renseignements défectueux, et surtout, surtout, un chef suprême des armées très-très-très incompétent…

Qu’est-ce qu’on cherche même au type-là, franchement ? Bon, d’accord, il est né en 1933, ce n’est pas une qualité de nos jours, mais est-ce que c’est alors un défaut ? Pourquoi est-ce que tout ce que le père-là (disons le grand-père-là) fait est mauvais à priori ? et ensuite à posteriori ? Pourquoi est-ce que quand il dit quelque chose, on ne l’écoute même pas mais on sait déjà que c’est mal pensé, et que c’est même irréfléchi et irraisonné ?

Je ne me pose pas en défenseur de ce monsieur, mais il est fort de constater que jusqu’à preuve du contraire, PAUL BIYA EST ENCORE L’HOMME DE LA SITUATION DANS CE PAYS ! C’est peut-être dommage, mais c’est la réalité.

Il faut voir avec quel punch notre président a géré la crise sociale en février 2008, alors que dans un autre pays nous serions entrés dans une guerre civile à durée indéterminée. Depuis 1992 et les événements des villes mortes, depuis la guerre camerouno-nigériane pour la presqu’île de Bakassi, j’ai appris à respecter le talent politique de cet homme, son expérience en stratégies, et sa force intérieure, pour ne pas dire son charisme. On dit que ce n’est pas lui qui a amené la paix parce qu’il n’a pas trouvé la guerre, d’accord. Mais Hitler aussi n’avait pas trouvé la guerre. Qu’est-ce qu’il en a fait ensuite ?…

Les Camerounais aiment trop bavarder : ce sont des bêp-bêpeurs. Je suis surpris que, rien que pour contrecarrer Paul Biya, les gens passent leur temps à parler de Ahidjo. Il y avait vingt mille usines, il y avait des stades de football, il y avait les bourses estudiantines, les salaires, les éclairages publics. Bien sûr ! Et même ceux qui n’étaient pas encore nés en 1990 te parlent des plans quinquennaux, de l’UNC, du coup d’état de 84. Ils te disent qu’il y avait l’éducation civique dans ce pays-ci, qu’il y avait la sécurité, et que même quand un bandit entrait chez toi il ressortait en te demandant si tout va bien… Foutaises !

Les Camerounais adorent critiquer : ce sont des critiqueurs. Paul Biya n’est pas un diable. Il faut cesser de croire que tout ce qu’il touche devient mort. C’est un rancunier, d’accord, mais il faut aussi se dire que monsieur-là tient à son pouvoir tout autant qu’il tient à l’avenir de cette Nation.
Les Occidentaux lui ont demandé la démocratie, il l’a mise sur pied (si, si, le Cameroun est un pays démocratique. Ce sont les opposants camerounais qui ne le sont pas). Les Blancs lui ont dit qu’ils ne veulent plus entendre parler de la torture, qu’il faut instaurer les droits de l’homme, il a dit yes. Il a même aussi ajouté les droits de la femme… Les Américains lui ont imposé la liberté d’expression, il est même allé jusqu’à la liberté de penser, d’insulter, de vilipender, de jalouser. Il a libéralisé les radios et les chaînes de télé. Il est même allé jusqu’à officialiser Afrique Média, c’est vous dire !

Et donc les gens utilisent ces libertés-là pour se mesurer à lui, et pour transformer son expérience en résurgence. Comme on ne peut pas l’approcher directement (il est presque comme Dieu. Pardon, c’est Dieu qui est presque comme lui), tout le monde se met à deviner ses pensées. On le critique sur tous les sujets. Et comme il ne dit rien, on en rajoute, on surenchérit.
Ceux qui sont ses collaborateurs lui racontent des bobards. Ils lui disent que le pays va bien, que les Lions Indomptables vont gagner la prochaine Coupe du Monde. Et puis on l’idolâtre, et puis on le portraiture, et puis on fantasme sur lui, et puis on dit que c’est lui qui a mis sur pied tel ou tel projet, et puis on dit que c’est grâce à lui que notre cousine a accouché, et puis on l’aime en silence, on se dit « Paapa ! on dit comme ça hein, mais on ne sait pas vraiment ce qui va se passer quand le type-ci ne sera plus là. »
Et ça fait déjà 32 ans que ça (per)dure…

Jusqu’à preuve du contraire, Paul Biya est la seule personne qui a la carrure pour diriger ce pays ! Et c’est lui qui en a voulu ainsi. Et mon avis c’est qu’on devrait plutôt l’accompagner dans sa sortie, l’aider dans son travail, plutôt que de lui jeter des peaux de banane. Il l’a dit lui-même lors de son discours de fin d’année, les Camerounais sont des égoïstes.
Ce n’est pas de sa faute si votre femme vous a quitté. Ce n’est pas de sa faute si vous n’avez pas obtenu votre permis de conduire. Ce n’est pas de sa faute si le pays est dur, si vous n’avez pas de talent ni de diplômes, si vous n’avez pas l’esprit d’initiative. Ce n’est pas de sa faute si on vous a licencié, si vous n’avez pas de moyens mais que vous vous engagez à pondre des enfants à gauche et à droite.
Etes-vous certain qu’après lui votre situation va s’améliorer ? ou empirer ? Vous avez vu ce qui s’est passé en Libye ? en Irak ? en Egypte ?

Alors arrêtez de détester le type d’autrui pour rien comme ça…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Paul Biya ne nous a pas donné la paix : c’est la bière !

Hum, les Camerounais m’amusent beaucoup. Depuis que l’affaire de Boko Haram-ci a commencé au Nord, c’est tout le monde qui est subitement devenu un stratège militaire. Il y a des gens qui te disent comment est-ce qu’on doit protéger les frontières d’un pays. Il y a des experts qui te décortiquent comment fonctionnent les mouvements terroristes. Il y a des « économes mixtes » qui te démontrent par B+A que cette guéguerre a une incidence directe sur notre économie, parce que c’est à cause de cette guérilla qu’on a par exemple augmenté le prix du carburant…

Moi ça me fait beaucoup rire. Les gens sont là ils parlent de la guerre, de la guerre. Est-ce qu’ils savent même que c’est la bière qui nous a donné la paix ici au Cameroun ?

LES BARS
Les bars camerounais sont de véritables lieux de pèlerinage. L’entrée est gratuite, on peut s’asseoir où on veut ; et en plus on peut tapoter les fesses de la serveuse. Les bars camerounais c’est pour tout le monde. Tu es riche ooh, tu entres. Tu es pauvre ooh, tu entres. Tu as l’argent pour boire ooh, ou tu n’as pas ooh, c’est la même chose. Ce sont des endroits où les chômeurs peuvent venir passer du temps, puisqu’il n’y a pas de jardins publics dans ce pays. C’est là-bas que tu peux aller voir ton match de football ou bien ton film, puisqu’il n’y a plus de salle de cinéma dans cette république…

LES MANIFESTATIONS
Est-ce que tu as déjà imaginé une manifestation au Cameroun sans la bière, hein ? Même dans tes rêves les plus fous ? Que ce soient les anniversaires, les soutenances universitaires, ou les cérémonies villageoises ? Même si c’est le baptême d’une fille de 14 ans, on va sauf que consommer la bière. Même si c’est l’enterrement d’un pasteur qui était vierge, on va sauf que boire tout ce qui mousse. Même si c’est la nomination d’un évêque, tant pis pour Dieu, on va sauf que avaler nos bières jusqu’à-jusqu’à…

LA DRAGUE
Comment draguer une cameruineuse sans l’amener dans nos bons vieux snack-bars ? Pour qu’elle avale ce que tu racontes, il faut aussi qu’elle avale ses 33 Export. Tu ignore quoi ? Combien de couples se sont formés dans les buvettes, autour d’une cuvette ? Grâce à l’alcool, combien de gens timides ont réussi à dire à la personne qu’ils aiment, qu’ils l’aiment très fort ? Et à lui faire de beaux enfants après ?

LES AFFAIRES
Je ne t’apprends rien sur les clients qu’on invite dans les restaurants, sur les fournisseurs qu’on nous présente autour d’un vin ; ni sur les négociations qui se font  dans les minibars des hôtels 4 étoiles…

Alors cessons de dire du n’importe quoi. Cessons de critiquer nos militaires qui font déjà du mieux qu’ils peuvent. On a déjà assez de chance que cette guerre-là soit –pour le moment– marginale. On a de la chance de garder le sourire, de boire notre bière de temps en temps, et de demander aux autres si on les a opérés. On de la chance de pouvoir raconter notre vie au premier venu, qu’il soit Anglophone ou Francophone, qu’il soit du Nord ou du Sud, de lui soumettre tous nos problèmes, et puis qu’il nous dise que ça va aller. Qu’il n’y a pas de problème.
On a de la chance d’avoir nos capsules gagnantes, qui sont parfois plus précieuses que la bouteille elle-même. Et puis, même si Paul Biya passe tout son temps à l’étranger, ça fait quoi ?
Je t’ai déjà dit que ce n’est pas lui qui nous donne la paix ici dehors…

Ecclésiaste DEUDJUI


Mais que se passe-t-il dans les églises réveillées ?

Pas plus tôt qu’au mois de mai, j’entendais des gens proférer que « Le Cameroun sera champion du monde 2014 » (sic). Hum, je précise hein, ils étaient culottés comme ça parce qu’on n’avait pas encore été déculottés par le Mexique (0-1), puis la Croatie (0-4), puis le Brésil (1-4).
Il paraît qu’il y a un certain TB Joshua, un [faux] Prophète, qui leur avait fait avaler cette chimère. Et moi je me suis dit non, non, non, mille fois non. Il ne faut pas que les églises réveillées nous endorment. Je m’explique.

DÉNOMINATION
Une église réveillée, ça ne veut pas dire une église qui ne dort jamais. C’est une confrérie improvisée qui ne repose que sur son leader spirituel, c’est-à-dire le pasteur. Les églises réveillées ne réinventent pas la religion, ni les textes sacrées : elles les réinterprètent. Et elles doivent partager leur « savoir » dans la condescendance, dans le mysticisme et dans la transe, dans la terreur, dans la vénalité et dans la durée. Pour espérer se faire une réputation pérenne et atteindre le plus grand nombre, il leur faut une appellation qui marque les esprits et qui témoigne de leur proximité avec le Seigneur. D’où le florilège de désignations bidons qu’on retrouve sur les pancartes dans nos sous-quartiers et dans nos ruelles.

INTERPRÉTATION
Un bon pasteur c’est avant tout un bon parleur et un bon dragueur. C’est quelqu’un qui a pour mission de décrypter les textes sacrés. C’est quelqu’un qui a de la prose et de l’emphase. Il ne faut pas se tromper sur leur argumentation, ce sont des gens qui lisent la Bible quarante fois par jour. Et qui parlent très bien français ou anglais. Et pour chaque verset d’un chapitre, ils peuvent te ressortir cinquante leçons de vie. Les pasteurs sont en perpétuelle réinvention de leurs discours, car ils ont l’obligation de paraître nouveaux à chacune de leurs interventions. Et quand ils veulent te convaincre de rejoindre définitivement leur congrégation, ils ne partent pas loin : ils prennent les exemples sur toi et ta famille.

FIDÉLISATION
La première chose pour qu’une église réveillée ait pignon sur rue, ce sont les fidèles. La stratégie est donc d’organiser les premiers rassemblements avec les membres de la famille et les amis du pasteur, puis de laisser faire le bouche-à-oreille. Les futurs prosélytes seront accueillis avec ferveur, et on les chouchoutera et on les nourrira (si, si). Afin que le néophyte ne se pose pas beaucoup de questions (qui pourraient l’amener à déserter), les séances de prière ont lieu quasiment tous les jours, et on lui demande de venir chaque fois avec le maximum de personnes de son entourage.

COTISATION
Quand le groupuscule d’illuminés a déjà atteint un nombre non négligeable, disons une cinquantaine, le pasteur passe à la phase financière. Il achète de gros registres pour ses bilans comptables. Il faut que les fidèles cotisent parce qu’il faut qu’on ait une cathédrale parce qu’il faut que notre église se développe parce qu’il faut que Dieu lui-même voit comment nous-là on se bat tous les jours… blablabla blablabla. Les leaders spirituels ont réussi à transformer la zakat qu’on trouve dans le Coran, en un revenu à fort potentiel économique. Prenez seulement 10% des revenus de cent mille fidèles, ça fait combien ? Et puis on raconte à ces fidèles que le taux fixé n’est pas fixe, qu’on peut aller au-delà si on aime trop Dieu (jamais en-deçà), et qu’on peut y ajouter des offrandes en nature et des victuailles (riz, chèvres, viande, poisson, etc.). Tsuip ! Tout ça va dans la poche du prédicateur.

PROLIFÉRATION
Les témoins de Jéhovah ne viendraient pas frapper à votre porte à Mvog-Atangana-Mballa, s’ils étaient restés tranquillement dans leur Massachussetts pour diffuser leurs enseignements. Ils ont des documents qu’ils éditent régulièrement (Tour de Garde et Réveillez-Vous !) et qu’ils s’attèlent à faire parvenir dans tous les recoins de la planète, au travers de leurs multiples évangélistes. C’est le schéma d’expansion préférentiel de nos églises nouvelles, qui s’implantent à Bépanda, à Bonabéri, à Bonamoussadi, à Makèpè, puis qui sortent de Douala pour aller édifier un lieu de culte à Yaoundé, puis à Bafia, puis à Garoua, puis sortent ensuite du Cameroun pour aller s’implanter en Afrique du Sud ou bien en Côte-d’Ivoire… Je l’ai toujours dit, les églises réveillées sont comme les virus.

PRÉDICATION
Le marché des églises nouvelles est tellement concurrentiel que pour s’en sortir et grappiller quelques cotisants, le pasteur doit faire preuve de plusieurs ingéniosités. L’une d’elles c’est la prédication. Entre-nous, qui n’est pas fasciné par quelqu’un qui est capable de te dire ce qui va se passer demain, après-demain, et même l’année prochaine ? Et qui ensuite va venir t’expliquer pourquoi rien de tout cela n’est arrivé ? Donc ces confusionnistes doivent haranguer à haute voix, proposer des devinettes et des charades, prouver aux fidèles qu’ils ont quatres-yeux, qu’ils voient tout ton avenir en un tour de main. Et puis, quand l’Argentine gagnera la coupe du monde et non le Cameroun, ils te diront que c’est le CHAMPION noor, n’est-ce pas ça commence par C et ça finit par N ? Ce n’est pas ce que je vous avais [pré]dis ?

THÉATRALISATION
Si tu veux voir le vrai théâtre, pas ce qu’on nous montre à canal 2 tous les jours, il faut aller dans les églises réveillées. On dirait que les pasteurs-là font exprès. Il y a un type qui parle en français et un autre qui traduit en anglais. Et celui qui traduit fait exactement les mêmes gestes que celui qui parle en français. Paapa, c’est la chorégraphie ? Et donc le francophone fait de grands gestes, il vocifère, il se balance à gauche et à droite sur les estrades, et son compère shakespearien fait les mêmes choses. J’ai parfois envie de [sou]rire devant ces chapelles, mais il paraîtrait que Dieu nous voit tous. Alors les deux messieurs descendent dans les allées de la salle, ils sautillent, ils transpirent, ils s’essuient la sueur sur le visage, ils se baladent entre les fidèles, ils énumèrent des anecdotes, et tout ça finit toujours par « Au nom de Jésus ! ». Goebbels avait raison de dire que si vous répétez une connerie assez souvent, eh bien les gens l’avalent !

INVOCATION, INCANTATION, EXORCISATION
Dans la foulée de la théâtralisation, on enchaîne avec les conversations. Ceux qui ont été émerveillés par ces pasteurs sportifs et déterminés à chasser le démon, sont appelés à faire don de leur âme au seigneur Jésus-Christ. Et donc on prie pour eux, on invoque les saints esprits. Puis on chante en commun, parce que chanter une fois, c’est comme prier dix fois. Et dans la foulée encore, on passe aux exorcisations. C’est là que tu vois ce qu’on te raconte souvent, que y a des gens qui s’évanouissent dans la salle. Le pasteur te met la main sur le front, et tu tombes seulement comme une mangue qui vient de mûrir. Wèèkè ! Comment est-ce que les gens peuvent être si naïfs ? Et l’envoyé de Jésus commence à te réciter des prières, suivi et imité par les voix en chœur de toute la salle : « paludisme, sors de cette salle ! », « paludisme, sors de cette salle ! » ; « tuberculose, sors de cette salle ! », « tuberculose, sors de cette salle ! ». Et je vous épargne toutes les autres soixante maladies qu’il va citer, qu’il va chasser, qu’il va éradiquer, qu’il va exorciser. Du diabète à la blennorragie en passant par les accidents cardio-vasculaires. Et pourtant quand lui-même il sera malade, le pasteur, c’est plutôt le médecin de l’hôpital général qu’il va aller voir…

EXPLICATION
Le dénominateur commun de toute cette mascarade, c’est la pauvreté. Je ne blâme pas les pasteurs, ils ne font que ce qu’ils peuvent pour s’en sortir. Avant ça ils avaient tenté de devenir enseignants, on leur a fermé les portes. Ils ont voulu devenir animateurs ou journalistes, et on leur a barré la voie. La vie était tellement difficile qu’ils ont décidé de monter leur propre business. A mes yeux ils ne sont différents des marabouts ou des arnaqueurs, encore moins des dirigeants de la Fecafoot ou bien de notre gouvernement.
C’est la pauvreté qui fait ça. Matérielle ou mentale. Les gens qui vont dans ces prieurés-là, c’est parce qu’ils sont dans le désespoir et le manque de réconfort. C’est parce que parfois ils sont seuls ou esseulés. Au moins là-bas, dans ces asiles ecclésiastiques, ce n’est pas comme dans l’église catholique où tu n’es même pas certain que tu vas rencontrer le pape un jour. Et d’ailleurs même que leur pape-là ne sera jamais un Noir…
Dans nos nouvelles églises qui fleurissent et qui pullulent, tu es le bienvenu. Même si tu as quatre enfants avec quatre pères différents, on te montre que tu n’es pas différente. Les gens là-bas s’acceptent, ils s’entraident, ils essaient de s’entre-aimer. Ils ne se jugent pas. Ils sont contents de se retrouver les jours de culte, ou la nuit pendant les veillées messianiques. Et ils se racontent leurs actualités. Ils parlent avec le pasteur, les yeux dans les yeux, et celui-ci leur dit que ça va aller.
C’est la pauvreté qui fait ça. Non seulement le Cameroun est dur, mais en plus il est mauvais. Il est sévère et méchant, il est impitoyable. Alors bon sang, si on a la chance de tomber sur un groupe de gens qui peuvent changer notre vie, même s’ils nous demandent notre salaire, si on a la chance de tomber sur quelqu’un qui dit qu’il est un prophète comme Isaïe ou bien Josué, comment voulez-vous que les camerounais refusent ? Si on a la chance de voir enfin quelqu’un qui vous promet de très belles choses, qui vous rassure que vous êtes beau, que votre place est au ciel à la droite du seigneur, comment voulez-vous qu’on résiste ? Si on a la chance de voir enfin quelqu’un qui nous raconte des histoires drôles, qui nous encourage à supporter toutes les misères et les injustices du quotidien, pourquoi est-ce qu’on devrait lui tourner le dos ? Hein ? Et dans ce cas qui devrait-on écouter à sa place dans ce pays ?

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Portrait-robot de la panthère camerounaise

Massa ! Pendant la Coupe du Monde, j’entendais seulement les lions, les lions, les lions. Il y avait Samuel Eto’o qui était en train de devenir écrivain petit-à-petit ; Il y avait Roger Milla qui va bientôt créer sa part de parti politique, un nouveau SDF (Social Democratic Football) ; il y avait Volker Finke qui ressemblait de plus en plus à un alien mutant, surtout lorsque la pluie le mouillait…

Dans nos forêts camerounaises, il n’y a pas que nos lions (des lionceaux à vrai dire), dis-donc : il y a aussi nos panthères. A la différence que ces panthères, elles, on les rencontre surtout dans les grandes villes et non dans les stades.

Schématisons : la panthère camerounaise, c’est une fille qui ne t’aime pas mais qui te fait accroire que si. Mais la définition ne s’arrête pas là, parce que sinon ce serait trop facile. Essayons donc de catégoriser :

  • La jeune panthère : c’est une fille adolescente, 18 ans maximum, élève ou pas, qui voit ses grandes sœurs aller dans les boîtes de nuit et rentrer avec des chawarmas, et qui envie tout ça. Elle est prête à montrer ses dents avec tous les jeunes yorobos qui lui font la cour devant le beigneitariat ou la cafétéria, pourvu que ceux-ci lui offrent un repas ou bien le ticket d’entrée à la kermesse d’un collège populaire.
  •  La panthère school : ce n’est pas vraiment une panthère à la base. C’est une fille qui fait première ou terminale, ou alors qui débute à l’université. Ses anciennes relations d’amour lui ont forgé l’idée que l’amour n’existe même pas, mais que les hommes peuvent les aider à atteindre certains objectifs. La panthère school sait donc comment sourire avec un mougou, comment obtenir un stage grâce à lui, comment bien gérer ses fins de mois, comment utiliser ce dernier pour les cours de répétition des matières difficiles. Elle ne déteste pas le gars, mais elle ne l’aime pas.
  • La panthère du kwatt : celle-là, la dernière fois qu’on la vue en tenue de classe c’était… enfin, on ne l’a jamais vue en tenue de classe. Elle est toujours au quartier, elle traînaille, elle a déjà deux ou trois enfants sous les bras (avec des pères différents, bien sûr !), et elle boit la bière comme pas possible. On l’aime bien au quartier parce qu’elle libère. Tout le monde est déjà passé sur elle, et tout le monde peut y repasser s’il veut, pourvu qu’il ait deux bières et un poisson braisé à lui offrir. C’est le type de panthère le plus capable d’aimer, bizarrement, parce que même si elle a quarante petits amis, au fond d’elle elle espère toujours qu’un homme viendra l’aimer comme dans les séries brésiliennes, sans faire comme les autres qui ont semé les enfants et qui ont disparu dans la nature…
  • La panthère waka : pas la peine de s’y attarder, il s’agit de la prostituée qui fait le poteau. Tu l’appelles à n’importe quelle heure, même à 2h du matin, elle te dit qu’elle arrive. Pourvu seulement que tu aies son argent de transport.
  • La panthère boit-le-vin : elle c’est une fille de tout âge qui a déjà son gars qu’elle aime vraiment (mais qui ne l’aime pas). Alors quand tu l’invite elle est toujours là, elle boit le vin jusqu’à-jusqu’à, mais si tu crois que tu vas soulever sa jupe un jour, hum, comment te dire ça… tu rêves !
  • La madame panthère : ici c’est une femme qui bosse, qui fait ses affaires, qui touche quatre fois ce que tu gagnes, mais elle joue toujours à la pauvrette quand elle est avec toi. Elle profite de ta présence pour réaliser ses fantasmes. « Béé, on ne part pas au cheval blanc aujourd’hui ? », « Béé, tu avais dit qu’on partait à Kribi quand ? », « Béé, le maguida du carrefour-là, il fait toujours son bon poulet-braisé là ? » Pfff ! C’est une femme, une dame, qui est parfois mariée, et qui a ses enfants qu’elle encadre sagement. Elle ne t’aime pas, elle ne boit pas beaucoup. En fait, tu es utile pour elle parce que grâce à toi son argent des loisirs ne part pas dans les loisirs…
  • La panthère de la maison : il s’agit de ta propre femme ou de ta propre titulaire. Wèèè, ne me regarde pas comme ça. Tu ne savais pas que toutes les femmes sont des panthères, même tes propre sœurs ? Donc la femme de la maison ne t’aime pas comme tu penses, désillusionnes-toi. Si elle devait choisir, elle prendrait David Beckham ou bien Zlatan Ibrahimovic. Mais puisque c’est toi qui paye ses factures… Elle s’efforce de t’aimer, elle essaie tous les jours. Tu lui offres quand même un toit, elle en est consciente. Elle te trompe tous les jours dans son cerveau, mais elle ne couche quand même pas avec n’importe qui. Elle est contente que tu lui aies offert un grand mariage, et surtout que grâce à toi on l’appelle « madame tel ». Mais tente alors de perdre ton boulot tu vas confirmer le code !
  • La lionpantigresse : ça c’est le terminator, c’est le hélélé. La lionpantigresse est une lionne + une panthère + une tigresse. Elle te boit le vin jusqu’à-jusqu’à, et elle ne boit que ce qui coûte cher : c’est les Heineken que tu veux voir, c’est les 16-64, c’est les Carlsberg ? Avec son propre argent elle n’achète que l’eau en sachet SAWAWA, mais quand c’est toi qui offre elle demande les cuvettes de canettes… La lionpantigresse est toujours sûre d’elle. Elle porte les greffes brésiliennes. Elle n’a pas de sentiment. Si tu n’as pas d’argent tu dégage. Elle est jolie, elle est sexy, elle est fashion. elle fait la manucure et la pédicure et le gommage. Ce n’est pas étonnant, ce n’est pas elle qui paye. Il y a des hommes d’affaires qui lui donnent l’argent rien que pour se faire belle. Elle se maquille à chaque seconde. Elle fait l’amour de temps en temps, mais pas trop. Sauf si tu mets un gros paquet d’argent sur la table. Si la lionpantigresse rit à une de tes blagues, estimes-toi très heureux ; car tu pourras peut-être devenir… son ami.

Ecclésiaste DEUDJUI


Comment Samuel Eto’o est devenu la risée des Camerounais

On dit comme ça hein, c’est avec beaucoup de peine que j’ai appris que Samuel Eto’o prenait sa retraite internationale. D’aucuns se sont moqué en disant que c’était son 3ème caprice de star, d’autres que c’était le gouvernement qui l’avait forcé à se retirer ; mais la grande question est ailleurs : COMMENT UN JOUEUR AUSSI EXTRAORDINAIRE A RÉUSSI À DEVENIR L’OBJET DE TOUTES LES PLAISANTERIES ?

Sur le plan du jeu et du talent individuel, les Camerounais sont tous unanimes : Samuel Eto’o est l’un des plus grands footballeurs africains de tous les temps ! Il aurait même pu (et dû) remporter le Ballon d’Or européen en 2006, mais ça c’est une autre histoire…
Je me souviens de son transfert au Real Madrid en 1997. Cet événement avait été retransmis en direct à la CRTV. Je me rappelle que lors du Mondial 1998 en France, il était le plus jeune joueur de la compétition. J’ai encore en mémoire ses débuts tonitruants pendant la CAN 2000 au Ghana-Nigéria, où il était parti comme remplaçant de Joseph-Désiré Job, avant de terminer meilleur buteur de l’épreuve…

Samuel Eto’o c’est un génie. Qui peut dire qu’il a oublié les conditions dantesques dans lesquelles nous avons remporté les jeux Olympiques en 2000 ? À 3h du matin ? En éliminant le Brésil à 9 contre 11, le Chili de Zamorano, et l’Espagne des Puyol, Xavi, et autres Victor Valdès ? Qui peut dire qu’il a oublié son but fantastique en 2003, face au Brésil de Ronaldinho ? C’est avec ce numéro 9 que nous avons remporté la CAN 2002 au Mali, sans encaisser le moindre but durant toute la compétition.
A titre de rappel, c’est lui qui détient le record de buts marqués à la CAN, le record de sélections en équipe nationale du Cameroun, où il est également… le meilleur buteur de l’histoire…

COMMENT ALORS UN JOUEUR AUSSI FANTASTIQUE PEUT-IL PRENDRE SA RETRAITE DANS L’INDIFFERENCE ?

SON ARGENT :
A son arrivée à Anzi Makachkala, Samuel Eto’o figurait parmi les sportifs les mieux rémunérés de la planète ! Ce qui a peut-être exacerbé les jalousies des uns et des autres, les camerounais voyant en lui un magicien ou un sorcier, mais jamais un travailleur. Il s’est ainsi mis à se mêler de tout et de rien, à offrir des montres à ses coéquipiers, à sortir des artistes de prison, à faire soigner des pontes de notre régime, à payer pour organiser des réunions à la FECAFOOT, à faire chambre à part (et repas à part) lors des regroupements et des stages, à marcher avec des gardes du corps.

SON EGO
Un homme qui parle de lui à la troisième personne du singulier, ça fait toujours bizarre. Eto’o Fils a toujours pensé qu’il était plus grand que l’équipe des Lions Indomptables, et peut-être même plus grand que le Cameroun. Il appelle tout le monde « Papa », mais il se sent plus grand que Roger Milla, et il y a des Camerounais qui ne supportent pas ça.

SA VIE PRIVEE
Comment comprendre qu’un personnage qui doive s’ériger en modèle, en exemple, s’érige plutôt en contre-exemple ? Samuel Eto’o, c’est un coup de tête dans la gueule d’un journaliste, c’est les photos de son ex-copine sur internet, c’est des mots d’oiseaux avec les membres de la fédération, c’est des grèves organisées pour revendiquer les primes de match, c’est des choix de joueurs, des choix d’entraîneurs, c’est des immixtions dans le fonctionnement du ministère…

SES RESULTATS
Depuis qu’il est capitaine (et on sait dans quelles conditions), le Cameroun a raté 2 CAN qui ont eu lieu en Afrique centrale. On est rentrés bredouilles (avec 0 point et des valises de buts) de 2 coupes du monde consécutives. On ne fait même plus peur au Cap-Vert. Le football camerounais est rentré si bas dans le ranking mondial, que les Camerounais s’en prennent à leur idole et à leur mascotte, Samuel Eto’o Fils. A quoi sert-il d’avoir l’un des meilleurs joueurs du monde, qui est pourtant excellent en Europe, si ça ne nous permet pas de gagner les moindres matches ? Et surtout, pourquoi ce capitaine n’a-t-il jamais été décisif, comme il pouvait l’être par le passé ?…

Samuel Eto’o, nous on t’adore. On te critique parce qu’on te préfère. Tu es notre meilleur sujet de conversation. On profite de ton nom pour draguer les filles. Tu es un être exceptionnel, un joueur fabuleux, même si les Camerounais sont trop égoïstes pour te le dire. On aurait seulement voulu que tu sois moins bavard, moins pédant, moins ambitieux. On aurait voulu que tu sois humble, et que tu laisses tes aînés faire ce qu’ils ont à faire. On aurait voulu que tu sois sérieux comme en Europe, car c’est toi-même qui avais dit que tu vis là-bas, mais que ton cœur dors ici. Et que tu travailles comme un Noir pour vivre comme un Blanc.
Samuel Eto’o, tu as réussi à devenir la risée de la population. Tout le monde parle de toi n’importe comment. Personne ne te respecte. Voilà maintenant que tu annonces ta retraite internationale, et que ça n’émeuve pas grand-monde. Voilà que des gens se permettent de dire : « il attendait quoi depuis ? » Voilà que d’autres disent qu’on t’a forcé à quitter les choses, qu’on t’a retiré le brassard sans même demander ton avis, et qu’on t’a écarté de la liste parce que tu es le « principal fauteur de troubles »

Avouons que tu l’as un peu cherché quand même, même si nous n’oublierons jamais tout ce que tu as fait pour notre pays…

 

Ecclésiaste DEUDJUI


Cameroun : comment gagner la Coupe d’Afrique 2019 à Yaoundé ?

N’est-ce pas l’autre jour j’ai appris que le Cameroun allait organiser la canne à sucre 2019 ? Pardon, je voulais dire la CAN 2019, la coupe d’Afrique de football. Il paraît que les gens de la CAF-là ont annoncé ça en plein 2h du matin. Comme si son président (un Camerounais) ne pouvait pas supporter jusqu’au matin pour nous annoncer la « bonne » nouvelle…

             Vrai-vrai hein, j’ai d’abord cru que je rêvais. Quoi ça ? Le Cameroun, organiser une Coupe d’Afrique ? C’est la sorcellerie ou quoi ? Depuis que je suis né je n’ai jamais vu un joueur « Blanc comme le rose » évoluer dans un de nos stades. Et puis, depuis toujours les camerounais réparent leur vieille télé à l’approche des grandes compétitions. Parce que eux-mêmes ils savent que la CAN peut se dérouler partout-partout dans le monde (même au Qatar, je te jure !), mais pas au Cameroun…

La dernière fois qu’on a organisé le machin-là, les images étaient encore en noir et blanc. D’ailleurs les gens suivaient la plupart des matches à la radio. Il paraît que Ahidjo n’était même pas au courant quand le sultan Mbombo Njoya avait soumis notre candidature, et qu’il avait dû rafistoler à la dernière minute.
Il paraît aussi qu’il avait confié l’argent pour qu’on le donne à celui qui allait le transmettre à celui qui allait le remettre à l’arbitre de la demi-finale, mais que comme la chaîne était trop longue, l’argent n’était pas arrivé à temps dans les poches de l’homme en noir (qui en l’occurrence n’était pas Blanc) ; et donc, l’arbitre vexé, l’équipe du Cameroun avait été défaite par l’équipe du Congo, traumatisant ainsi toute une génération au stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé…

J’ai d’abord cru que je rêvais quand on m’a dit que le Cameroun allait organiser la canne à sucre 2019. Pourtant la seule fois où je rêve en même temps sur le Cameroun et sur le football, c’est quand je rêve qu’on a une bonne équipe. Et en général je me réveille brutalement, pour constater que même le petit Cap-Vert nous fait déjà peur, pour voir la Croatie balkanique nous dominer 4 buts à 0, pour voir Assou-Ekotto se crêper le chignon avec Benjamin Moukandjo en pleine Coupe du Monde. Tsuiiiiip !

SI ON VEUT VRAIMENT REMPORTER CETTE COUPE D’AFRIQUE QUI AURA LIEU ICI CHEZ NOUS, IL FAUT A TOUT PRIX QU’ON REVIENNE A NOS FONDAMENTAUX. Je m’explique :

             NE PAS TOUCHER A NOS INFRASTRUCTURES
Je dis hein, c’est quoi cette histoire-là que les chinois veulent nous construire des stades ? Qui leur a dit qu’on veut ça ? LAISSEZ NOS STADES TELS QUELS. Comme ça quand les adversaires vont vouloir déborder Nicolas Nkoulou, il va soulever la poussière avec ses deux mains et ceux-ci vont tirer hors de la cage…
Dis-donc ! Comment on va gagner les Ghanéens-là qui sont vifs comme l’éclair, s’ils savent à l’avance comment le ballon va rebondir ? Ou alors si le terrain est délimité ? Ou alors s’il n’y a pas un arbre au milieu de la pelouse ? Et puis si on n’arrive pas à marquer en première période, on pourra compter sur la tombée de la nuit pour frapper dans les buts, quand le gardien adverse ne verra plus bien à cause de l’obscurité dans le stade. Krkrkrkrkrkrkr.

RAPPELER SAMUEL ETO’O EN 2018
Pas tout de suite quand même ! Le gars-là a trop semé la zizanie  dans l’équipe-ci. Mais je suis « pour » qu’on le rappelle en 2018, de préférence par décret présidentiel, comme on avait fait pour Roger Milla en 1990, et pour Patrick Mboma en mil neuf cent 2004. Même si on ne le fait pas jouer, il faut qu’on le rappelle pour conserver au moins les sponsors Tangui, Puma et Orange. Et puis, il n’aura que 39 ans donc il sera encore plus jeune que ceux qui évoluent dans l’équipe aujourd’hui…

             RESOUDRE LE PROBLÈME BOKO HARAM
Hum ! Je ne veux pas que l’affaire du Cabinda qui a eu lieu en Angola-là nous arrive. En 2010, Les rebelles avaient failli tuer Adebayor. Imagine si le Nigeria part jouer son match à N’Gaoundéré et que les gars-là attaquent dans le stade. Pardon oooh. Résolvez vite le problème des gens-là, sinon on va sauf que regarder tous les matches à la télé.

             SUPPRIMER LE PROBLÈME DES PRIMES
Pour moi c’est pas compliqué : pas de prime de match aux joueurs avant la finale ! On les donne aux femmes des ministres.

             FERMER LES BOÎTES DE NUIT
Franchement si on veut gagner la CAN 2019, la première mesure c’est de fermer les boîtes de nuit. Tu as déjà vu quand un Lion (in)domptable entre dans une discothèque ? Il boit, il fume, il met les filles sur ses genoux, et après il rentre avec elles pour faire des choses que la mémoire de mon grand-père m’interdit de dire ici.
Il faut fermer les boîtes de nuit  pendant 4 ans et demi, et il faut fermer les auberges qui vont avec.

             AUGMENTER LA TAXE SUR LA TONDEUSE
Si on veut avoir une équipe du tonnerre, il faut faire comme les gars de 82’. Aoudou, Emmanuel Kundé, Thomas Nkono, Kaham Michel… Tu voyais les cheveux des gens-là ? C’était comme la forêt. Tu voyais aussi leur barbe ? Et laisse-moi te dire qu’ils ne se brossaient même pas les dents. C’est pour ça qu’ils sont rentrés de la coupe du monde avec zéro défaite (et avec zéro victoire aussi, mais ça personne ne le dit).
Quand un joueur laisse pousser sa « chabalité » ça le rend influent dis-donc ! Surtout un défenseur. Il faut que nos joueurs arrêtent d’être élégants comme Aurélien Chedjou et Stéphane Mbia qui baissent leur short tout le temps. Mofmidé ! vous croyez que le nom Lions-là on a donné ça au hasard ? Vous croyez que le lion de la forêt peigne sa crinière chaque matin ?
Il nous faut des gens comme Benjamin Massing qui te tacle jusqu’à ta godasse sort du stade. « L’homme passe, le ballon ne passe pas. Le ballon passe, l’homme ne passe pas ». Il nous faut des Mbappè-Leppé qui te tchouke le ballon en étant au centre. Il nous faut des vrais gars, je te dis, c’est quand même la Coupe d’Afrique des Nations.

Donc voilà, voilà ma part de tactique là-bas. Je pourrais ajouter qu’il faut libérer Iya Mohamed de prison, qu’il faut prolonger le comité de (a)normalisation, qu’il faut suspendre le championnat camerounais, qu’il faut voter le RDPC en 2018, qu’il faut mettre un sélectionneur Noir et le payer comme un Noir, mais avec ce que j’ai dit-là on peut déjà gagner la CAN.
Et si vous êtes trop paresseux pour appliquer cette simple recette, essayez au moins de faire comme Ahidjo : confiez l’argent pour qu’on le donne à celui qui va le transmettre à celui qui va le remettre à l’arbitre de la demi-finale…

                                                                                                                                                               

Ecclésiaste DEUDJUI