4 mars 2024

Et Dieu seul sait si je m’en sors…

Pour faire simple, je ne touche aucun salaire ni aucune rémunération à la fin de chaque mois. Et pourtant Dieu seul sait comment je fais pour m’en sortir ici au Cameroun…


Je ne suis pas un fonctionnaire

Je n’ai jamais vraiment voulu devenir un fonctionnaire de l’Administration publique, sans toutefois critiquer ceux qui le sont devenus. Puisque j’ai beaucoup d’amis et de connaissances qui exercent dans la Fonction publique, et d’ailleurs je m’entends parfaitement avec chacun de ces agents de l’Etat.
Je n’avais jamais rêvé de devenir un sous-préfet ou bien un employé municipal comme mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè, au grand dam de mon paternel qui insistait —vainement—pour que je participe aux concours de l’ENAM, de l’EMIA, de l’ENIEG, etc…
Dieu seul sait si les fonctionnaires s’en sortent ! Certains sont des administrateurs prévaricateurs, d’aucuns sont des détourneurs de fonds publics c’est-à-dire des voleurs, et la grande majorité de ceux qui « fonctionnent publiquement » dans la Fonction publique sont des déserteurs (mais ils continuent à percevoir leur salaire hein) ou encore des arnaqueurs. Et donc je ne souhaitais pas exercer une activité qui ne me passionnerait pas réellement ; même si je sais que malgré tout, il existe une minorité de fonctionnaires qui sont demeurés professionnellement et intellectuellement très honnêtes.


Je ne suis pas un employé

J’ai déjà essayé de travailler pour des entreprises camerounaises à plusieurs reprises, mais à chaque fois je ressentais toujours des difficultés majeures à m’y adapter intégralement.
Car je déteste la routine. Je n’aime pas vraiment recevoir des ordres. Je n’aime pas travailler sur commande. Je n’aime pas me réveiller aux heures indues que quelqu’un d’autre aurait décidées à ma place. Je n’aime pas particulièrement le surmenage à cause des dossiers compliqués ou alors de certaines heures supplémentaires…
Et pourtant j’ai déjà travaillé dans une grande ONG ici à Douala, mais aussi dans une gigantesque institution universitaire. Dans la première on m’avait renvoyé pour mon « manque d’implication » et pour ma « dispersion », et dans la seconde j’avais tout simplement déposé ma démission… après six mois seulement !
Je n’ai rien contre les employés hein, au contraire ! Car je sais que ce sont eux qui vont façonner le capitalisme d’aujourd’hui et aussi de demain. Mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir la même nature et surtout la même résistance ou encore la même patience. Et c’est pour cette raison que j’aurai vraiment beaucoup de mal à devenir un jour un employé qui s’apparentera à un modèle.


Les Fonctionnaires perçoivent leur salaire à la fin de chaque mois. Source : AMISOM via Iwaria

Je ne suis pas un commerçant

Là alors, je ne le serai probablement jamais ! Pas parce que je simplifie hein, mais c’est parce que je ne m’en sens pas la compétence. Je suis vraiment un mauvais Bamiléké à vrai dire. Je ne sais pas comment on achète quelque chose là où elle abonde, pour venir la revendre plus cher là où elle est devenue rare. Je n’ai pas la nervosité suffisante pour surveiller mes marchandises au port de Douala ou à l’aéroport de Nsimalen. Je n’aime pas beaucoup me déplacer ni pour aller faire des achats, ni pour aller effectuer des livraisons. Et puis, pour ne rien arranger, je ne suis même pas un peu compétent en ce qui concerne la comptabilité et encore moins la conceptualisation des inventaires…
Je ne suis pas un commerçant et pourtant je suis entouré par des commerçants au sein de ma famille. Et pourtant j’avais longuement travaillé dans les activités commerciales de mon paternel là-bas à Souza. Et pourtant je vendais le maquereau dans la poissonnerie de ma propre mère lorsque nous habitions encore à Edéa. Et pourtant j’avais ouvert mon cybercafé à Bépanda en fin d’année 2013, et quand on m’avait cambriolé j’avais décidé que je n’allais plus jamais me risquer dans ce genre d’activités commerciales décourageantes ici au Cameroun…


Je ne suis pas un héritier

J’ai parlé de mon père en parlant de ses multiples activités génératrices de revenus, mais j’aurai tout aussi pu vous parler de ses maisons en location, de ses plantations de palmiers, de ses snack-bars et boîtes de nuit, bref, de ses innombrables et interminables investissements…
Mais. Tout cela n’est pas pour moi. Je n’y pense même pas en me rasant, pour vous dire la vérité. Je ne compte même pas sur les biens matériels qu’il aura laissés sur cette terre. Je ne me considère pas comme un héritier, et d’ailleurs le seul héritage dont je félicite mon feu géniteur, c’est d’avoir veillé personnellement à ce que je parfasse intégralement ma scolarisation.
Je ne compte même pas sur son testament, d’ailleurs il le savait parfaitement de son vivant. Je ne compte pas sur les biens matériels de mes oncles ou de mes tantes. Je ne compte pas sur les immobilisations de mes grands cousins ou de mes amis qui vivent à l’étranger. Je ne suis pas un héritier, en somme, et je n’ai jamais vraiment cherché à le devenir. Et Dieu seul sait si ce que je raconte souvent à ma seule maman c’est la réalité.


La majorité des travailleurs Camerounais sont dans l’informel. Source : Médical via Iwaria

Et Dieu seul sait si je m’endors…

Donc pour faire simple hein, je ne touche aucun honoraire ni aucune rétribution à la fin de chaque mensualité. Et pourtant Dieu seul sait comment je fais souvent pour m’en sortir ici au Cameroun…

Et Dieu seul sait si je m’en sors ! Je ne suis pas un bailleur, car je n’ai jamais perçu le loyer d’un locataire quelque part, et je n’ai jamais reçu des droits d’auteur pour un article ou pour un livre que j’aurai publiés.
Et Dieu seul sait si je me débrouille ! Je ne suis pas un homme d’affaires, car je ne fais pas des tractations avec des entreprises morales ou individuelles, et je ne suis même pas officiellement un prestataire de services.
Et Dieu seul sait comment je surnage ici au Cameroun, puisque je ne suis ni un mendiant, ni un gigolo, ni un usurier, ni un profiteur, et pourtant malgré tout je réussis quand même à payer toutes mes factures !

Et donc quand je lis souvent dans la Bible que « Si Dieu nourrit les oiseaux du Ciel, combien de fois alors Ses propres enfants ? » Je me dis que c’est sûrement vrai, parce que je ne saurais réellement vous expliquer comment je fais pour m’en sortir ici à Douala. Je ne peux même pas vous dire exactement comment je fais pour manger trois fois par jour. Je ne sais même pas comment je fais pour payer mon loyer en temps et en heure. Je ne peux même pas vous expliciter comment je fais pour entretenir ma Mercedes, et pourtant je ne suis qu’un simple petit blogueur.
Mais c’est parce que Dieu seul sait comment nous faisons pour nous en sortir ici au Cameroun…


Ecclésiaste DEUDJUI, moi je m’en sors !
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Tous mes articles sur https://achouka.mondoblog.org

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