Je n’ai pas voté !
Je ne sais pas pour vous, mais ce dimanche j’étais tranquillement assis devant mon téléviseur en train de regarder les matchs du championnat anglais. Et je n’ai même pas songé une seule seconde à me lever pour aller participer aux élections législatives et municipales…

Je sais que ça ne va rien changer
Ce n’est pas la première fois qu’on
organise des élections législatives et municipales au Cameroun. Et pourtant,
rien ne change ! Que ce soient les députés de l’opposition tout comme ceux
du parti au pouvoir, ils n’impactent pas réellement sur le développement
des localités qui les auraient « élus ».
Même chose pour ce qui concerne les
mairies ! Car quelle que soit la couleur politique de nos
administrateurs communaux et de leurs conseillers, on ne voit pas grand-chose
sur le terrain. Puisque même les routes qu’ils empruntent eux-mêmes tous les jours
pour se rendre à l’aéroport ne sont jamais réparées (hormis à l’approche des
élections où ils essaient de nous bluffer avec des rafistolages expéditifs).
Puisque leur préoccupation majeure ne s’est jamais portée sur notre accès à
l’eau potable, ni à l’électricité, ni à la salubrité dans nos municipalités qu’ils
font toujours semblant de porter en cœur, et encore moins à la facilitation de
l’accès à nos propres documents administratifs tels que les actes de naissance,
de mariages, de décès, les extraits de casiers judiciaires, etc.
Je n’ai pas vu un candidat différent
Tous les candidats que j’ai observés durant
cette campagne électorale sont les multiples facettes d’une seule et même piécette !
Ce sont exclusivement des politicards carriéristes qui cherchent à se faire une
place dans le landernau gouvernemental de notre République népotiste, ou alors
ce sont des opossums qui occupent leur strapontin depuis une trentaine d’années
déjà, mais qui pourtant n’envisagent même pas de se retirer dans les trois prochaines
décennies à venir…
Tous ces candidats-là sont
invariablement similaires ! Ce sont des calculateurs qui considèrent leur
candidature à la mairie ou bien à la députation, comme un investissement sur
lequel ils espèrent tirer des dividendes. Ce sont des gens qui sont déjà en
train de penser aux marchés publics qu’ils pourront glaner grâce à leurs
nouveaux postes, ou alors à leurs nombreux émoluments et à leurs frais de
représentation. Puisque nous savons tous que l’Assemblée nationale camerounaise
n’est qu’une chambre d’enregistrement qui ne fait que conforter les projets de lois
qui lui proviennent exclusivement du gouvernement de Paul Biya, et qui
ne propose jamais aucune loi. Nous savons que tous les maires du Cameroun sont
limités dans leurs prérogatives par les sous-préfets et les préfets qui sont
systématiquement du parti au pouvoir, et que certains sont même chapeautés par
des super-maires qu’on appelle ici les « délégués du gouvernement »,
lesquels délégués sont discrétionnairement désignés par le
même superpuissant Paul Biya.

Le RDPC sera toujours au pouvoir
Et donc, avant même le dimanche 9
février 2020, jour de ces consultations électorales, le RDPC avait déjà gagné
ces élections haut-la-main ! Puisque sur les 180 circonscriptions pour les
législatives, ils étaient seuls candidats dans trente-cinq (35) d’entre
elles ! Surtout qu’ils utilisent les véhicules administratifs (de l’État) pour faire leur campagne, qu’ils
usent et abusent de l’argent du contribuable pour faire inscrire leurs
candidats sur leurs listes exhaustives, et qu’ils sont également le propriétaire
d’Elecam qui est l’organe chargé de la proclamation définitive et de la
falsification des résultats !
Le RDPC remportera également la
plupart des mairies haut-la-main, et en fin de compte rien ne changera
véritablement. Certains de ses candidats ont
même utilisé la photo de Paul Biya pour solliciter les suffrages auprès de « leurs »
populations, et pourtant ce n’est pas ce Paul Biya qui viendra pour diriger la
petite commune de Ndikiniméki.
Hein, est-ce que vous me comprenez ?
Pourquoi je devrais laisser mes matchs du championnat anglais pour aller voter
dans une élection législative et municipale, alors que tout le monde sait très
bien que les dés sont déjà pipés à l’avance et que rien sur notre quotidien ne
subira le moindre changement ?
Il a quand même manqué le MRC
Quoi qu’on dise hein, Maurice
Kamto est actuellement la force politique numéro 1 ici au Cameroun ! À tel point que sa non-participation à
ces élections a été plus commentée que la participation des autres candidats. À tel point que c’est toute la diaspora
qui est mobilisée pour sa cause, et qui le reconnaît comme son président. À tel point que beaucoup de
bendskineurs et de Camerounais du bas-peuple, s’identifient à lui. Et certains
ne sont pas partis voter parce que le
MRC leur avait tout simplement demandé de boycotter ces élections…
Maurice Kamto a beaucoup manqué à ce
scrutin électoral et à partir de là, je ne vois pas comment les futurs élus
jouiraient d’une éventuelle légitimité. Puisque le MRC aurait gagné plusieurs
mairies, plusieurs sièges législatifs, et démontré une fois de plus sa
popularité et sa (sur)puissance. Mais ils auraient aussi contribué à légitimer
ce Code électoral qui en l’état n’est ni conforme, ni équitable, ni juste, ni tout
simplement démocratique.

Je n’ai pas voté pour les législatives et les municipales !
Donc je ne sais pas pour vous hein, mais ce dimanche j’étais tranquillement assis devant mon téléviseur et mon ordinateur en même temps, en train de regarder le match de Sheffield United dans le championnat anglais. Et je n’ai même pas songé une seule seconde à me lever pour aller participer à cette mascarade d’élections législatives et municipales…
Je n’ai pas voté ! J’ai bien vu les affiches des candidats qui ont pollué les murs de Douala avec leurs sourires traficotés sur Photoshop, mais même ces affichettes-là n’ont pas réussi à me faire changer d’avis.
Je n’ai pas voté ! Car que ce soit le SDF, le NMP, le PCRN et encore moins le RDPC, aucun de ces partis politiques n’a pour priorité le développement de nos localités et l’amélioration de nos conditions de vie.
Je n’ai pas voté ce dimanche et pourtant j’avais bien participé lors de la dernière présidentielle, mais c’est parce que j’étais naïf et que je croyais encore que ce régime était disposé à partitionner le Pouvoir.
Mais quand je vois le délabrement de la plupart de nos communes, je ne pouvais que me décourager. Quand je vois comment nos élus locaux n’apparaissent que lors des échéances électorales, ça me laisse généralement suspicieux. Quand je vois comment ces candidats se bagarrent sur les plateaux de télévision au lieu de nous présenter leur programme et leur bilan, je comprends que nous sommes là dans un bal de chiffonniers. Et je préfère appeler mon ami Pierre La Paix Ndamè pour lui demander s’il peut venir me retrouver à la maison…
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