1 avril 2019

Un lycéen a été tué à Douala !

Vendredi dernier pendant la remise des bulletins au lycée de Déido ici à Douala, il y a eu un affrontement sanglant entre plusieurs élèves. Et un lycéen de 17 ans a été assassiné par son camarade de classe !

 

le lycéen Rosman Blériot Tsanou
Blériot Rosman Tsanou, le jeune lycéen assassiné au lycée bilingue de Déido. Source: Facebook

 

Les faits

D’après les dernières informations rumeurs, la scène s’est déroulée à l’intérieur du lycée bilingue de Déido ! Puisque pendant la cérémonie de remise des bulletins, il y a un ancien élève (il avait été renvoyé au premier trimestre) qui a pénétré dans l’enceinte de l’établissement en arborant une fausse tenue de lycéen, puis qui s’est dirigé vers la salle de classe de la future victime en compagnie de ses deux acolytes.

Apparemment, leur querelle datait de la veille. Une histoire de téléphone portable il paraît. Toujours est-il qu’ils se sont violemment bagarrés pendant plusieurs secondes, et ensuite l’ancien élève a sorti un long poignard qu’il a planté dans le thorax de Blériot Rosman Tsanou qui était pourtant son ancien camarade de 2nde C…

 

Les réactions

On ne peut pas vraiment dire qu’elles ont été spontanées. Hormis l’attroupement des élèves qui s’est grossi comme à l’accoutumée, puisque les Camerounais adorent les faits divers qui sont macabres au même titre que les histoires qui sont sanguinaires. Et il y a aussi la fuite de l’adolescent-assassin qui a été vraiment spontanée, puisque ce dernier a déguerpi des lieux tout de suite après avoir commis son homicide.

Par contre, la réaction des éducateurs a été indolente. Idem pour les secours puisqu’il n’y en avait pas. Idem également pour la Police qui n’a pas réagi à temps après l’alerte des élèves, et pourtant il y a le commissariat du 9ème arrondissement qui est situé juste de l’autre côté de la route…

Bref, ce sont les camarades de la victime qui ont dû transporter sa carcasse jusqu’à l’hôpital le plus proche, avant de s’apercevoir qu’elle avait déjà rendu l’âme ! Et au même moment le fugitif était rattrapé par les populations prévenues, et ensuite transféré entre les mains de la gendarmerie. Puis c’est la proviseure qui a téléphoné pour s’enquérir de la situation, puisqu’elle était à Yaoundé pendant qu’on remettait les bulletins dans son propre établissement ! Et il y a aussi la mère du petit Blériot qui est tombée évanouie (mais elle n’est pas morte hein !) parce qu’on venait de poignarder son fils adoptif, tandis que les enseignants de l’enfant étaient tranquillement assis en train de consommer leurs beignets-haricot…

 

lycée bilingue de Déido
L’intérieur du lycée bilingue de Déido. Image: lyceebilinguedeido.com /Image reproduite sous autorisation

 

Les explications

Quelles explications vous donner encore, alors que tout ici semble aussi clair que de l’eau de roche ? Hein ? Puisque nos adolescents sont déjà des drogués (ils consomment des amphétamines à vil prix), ils sont déjà des addicts invétérés pour les jeux de hasard (ils jouent au Parifoot comme Pierre La Paix Ndamè), et ils sont aussi des acteurs de vidéos pornographiques qu’ils réalisent avec la caméra de leur téléphone portable…

Quelles explications vous donner encore ? Puisque les bars sont alignés aux alentours de nos universités et de nos collèges, mais également aussi de nos internats ! Quels commentaires pouvons-nous encore ajouter ici au Cameroun, lorsque l’on sait que nos enfants regardent des programmes qui sont d’une violence inouïe à la télévision, et qu’ils vivent dans un climat de brutalité urbaine qui a manifestement tendance à les déshumaniser ?

Et puis c’est quoi cette histoire qu’il n’y a aucune sécurité dans nos établissements et que n’importe qui peut y pénétrer avec un long couteau ou bien avec une arme blanche ? Hein ? C’est quoi ces enceintes sans trousses de secours, sans infirmiers, sans extincteurs, sans caméras de surveillance ? Hein ? Comment pouvons-nous confier notre descendance à un ministère qui brasse pourtant des centaines de milliards de francs CFA par saison, mais qui n’arrive même pas à assurer l’éducation ni la sécurité de sa propre jeunesse ?

 

Le contexte

Et puis, il ne faut pas se cacher, chaque nation n’a que les adolescents qu’elle mérite ! Chaque République n’a que les hommes et les femmes qu’elle aura fabriqués. Chaque peuple n’a que la classe dirigeante qui lui est équivalente et ressemblante, à la réalité…

Puisque dans notre pays le Cameroun, il y a la guerre en zone anglophone avec des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés, mais cela ne choque personne ! On vient d’incarcérer toute l’intelligentsia du premier parti d’opposition qui reste le MRC, mais cela n’offusque personne ! Il y a des administrateurs qui ont détourné (et qui continuent encore de détourner) des dizaines de milliards de francs CFA dans notre modeste argent du contribuable, mais ils sont plutôt considérés ici au Cameroun comme des demi-dieux !

Alors, dans un tel environnement de violence entre les tontinards et les sardinards, comment pensez-vous que nos élèves ne vont-ils pas aussi reproduire ce qui se passe là-bas en haut au sommet de notre société ?

 

infirmières qui font des selfies
Les infirmières de l’hôpital de Déido en train de filmer le lycéen agonisant au lieu de le réanimer. Source: Facebook

 

Un lycéen camerounais a été tué à Douala !

Donc le vendredi 29 mars 2019 pendant la cérémonie de remise des bulletins, il y a eu un affrontement meurtrier au lycée bilingue de Déido ici à Douala.  Et un jeune lycéen de 17 ans a été assassiné par son propre camarade !

 

Un lycéen a été tué à Douala ! Et ce n’est même pas la première fois, puisque de telles histoires se sont déjà déroulées à Yaoundé, à Garoua, à Bafoussam, à Mbalmayo, à Bertoua…

Un adolescent a été tué à Douala ! À cause d’une simple histoire de téléphone portable. À cause d’un phénomène dangereux qui existe au Cameroun et que nos jouvenceaux appellent « le retour ».

Un Camerounais a été tué ici à Douala, mais moi je regarde ça comme si c’était la mort de toute la société camerounaise.

 

Puisque si on veut bien regarder hein, le Cameroun se porte vraiment très mal. Les Camerounais se portent encore plus mal en général. Les enfants camerounais sont livrés à eux-mêmes. Les parents camerounais n’ont pas le temps de bien s’occuper de leur progéniture, puisqu’ils sont préoccupés par la débrouillardise. Et lorsqu’un événement comme celui-ci vient de surgir, il ne faut surtout pas que vous le preniez à la légère ! Parce que le Cameroun de Paul Biya repose sur une dynamite et que cette dynamite-là va bientôt finir par nous faire exploser.

 

Ecclésiaste DEUDJUI, repose en paix, Blériot !

WhatsApp: (+237) 696.469.637

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