12 octobre 2015

Et si le vrai modèle du Cameroun, c’était le Brésil ?

Un ami m’a dit hier que si Eto’o Fils était un Brésilien, il aurait sûrement gagné le Ballon d’Or en 2006. Est-ce que je sais ? Je travaille à France Football ? Et puisque nous étions dans un bar, tout le monde a pensé que mon ami était en train de faire une plaisanterie.

Sauf moi ! Parce que quand je regarde autour de nous, j’ai constaté que les Camerounais sont de plus en plus admiratifs de la tradition sud-américaine…

 

groupe de supporters Brésiliens
groupe de supporters Brésiliens

 

LE MODÈLE DE LA CHEVELURE CAMEROUNAISE, CE SONT LES GREFFES BRÉSILIENNES

Je vous apprends quoi ? C’est même devenu la terreur des gars qui ont de nouvelles copines. Quand une fille lui dit « Je veux les mèches », le gars commence à pisser dans son pantalon…

Au début moi je ne paniquais pas trop, parce que j’achetais encore les mèches NINA qu’on vendait à 1.500 francs CFA seulement. Mais depuis quelques années, c’est devenu Shanghai ici à Douala !

La vendeuse te montre un petit lot cheveux comme ça-là, et elle te dit que ça coûte dans les 62 à 64 mille francs CFA… Mince ! Et le pire c’est qu’on te dit que tu dois acheter quatre lots comme ça hein ! Surtout si ta copine veut le genre de coiffure pour ressembler à Chantal Biya…

Non, franchement, je suis contre ce modèle. Au lieu d’importer les sérums antitétaniques qui manquent dans nos hôpitaux, nous on préfère plutôt importer les cheveux ? C’est même quoi ça ? Est-ce que nos femmes ne peuvent pas faire les nattes comme les filles qu’on drague dans les collèges ? Hein ? Est-ce qu’elles ne peuvent pas laisser leurs cheveux au vent, ou alors les raser à la façon nappy ? Est-ce qu’il y a besoin des cheveux d’une Brésilienne pour être jolie comme une Camerounaise ?

LE MODÈLE DE LA TÉLÉVISION CAMEROUNAISE, CE SONT LES SÉRIES BRÉSILIENNES

Je ne suis pas encore marié hein, et heureusement ! Parce que je redoute déjà ce moment fatidique où tu dis à ton épouse « Chérie, chauffe-moi un peu la sauce-là », et elle te répond « peux-tu attendre que Léonardo embrasse Cataluna »… Non, mais je rêve !

Je demande hein, c’est la malchance ? C’est quoi cette histoire que des histrions brésiliens sont plus intéressants que ton propre mari ? Hein ? Vous croyez qu’on ne sait pas comment ils produisent ces piètres séries ?

Déjà, ça s’appelle des Soap Opera ; c’est-à-dire des opéras de savon. Parce que quand on inventait ces feuilletons-là aux États-Unis, c’était pour faire la publicité du savon pendant que les ménagères regardent. C’est pour ça que pendant les pauses on vous montre les laits de beauté, les mayonnaises, les serviettes hygiéniques, etc.

Les séries brésiliennes, moi je sais comment on concocte ça : on crée un faux suspens qui n’a aucun sens, on met un peu d’huile sur les cheveux des acteurs, on choisit des actrices qui sont jolies et qui n’ont même pas de cicatrice… Et pour bien faire rêver les femmes, on crée des histoires d’amour qui n’ont ni queue ni tête. Mais ce qui m’étonne avec ces scénarios stupides, c’est que c’est le genre que les Camerounaises aiment regarder !

Franchement, et nos marmites brûlent tous les jours vers les 19 h 30 ? Hein ? Pourquoi on ne nous montre pas plutôt les séries camerounaises, avec des réalisateurs camerounais ? Pourquoi il faut toujours attendre soixante-cinq épisodes pour savoir si Léonardo va finalement embrasser Cataluna ?

LE MODÈLE DE LA CONDUITE CAMEROUNAISE, CE SONT LES AUTO-ÉCOLES BRÉSILIENNES

A’aka ! Quelle conduite brésilienne ? Quand tu entres dans ces auto-écoles, c’est toujours le code Rousseau qu’on va te présenter (si jamais on te présente quelque chose). Mais on sait que quand tu vas lire « auto-école brésilienne », tu vas rapidement courir pour venir concourir à notre permis de conduire…

Wèè’kè ! Et puis si vous croyez que je raconte seulement des histoires, demandez à un moniteur de là-bas quelle est la langue qu’on parle au Brésil. Demandez-lui si là-bas le volant est à gauche ou bien à droite. Demandez-lui si ce sont les Noirs ou bien les Blancs qui habitent à Rio de Janeiro.

Pourquoi je complique même ? Demandez-lui « À Brasilia, quelle est la couleur du feu quand le feu passe au rouge ? »

LE MODÈLE DE NOTRE SPORT MAJEUR, C’EST LE FOOTBALL BRÉSILIEN

N’est-ce pas quand une équipe aligne trois passes au championnat de vacances, on dit déjà que ce sont les Brésiliens ? Vous n’avez pas encore remarqué ça ? Même moi quand j’étais au lycée, nous on jouait les inter-classes avec le maillot jaune, le short bleu et les chaussettes blanches. Et quand on gagnait un match on était le « Brésil », mais quand on perdait on devenait la « 3e M3 espagnole »…

Je sais, c’est bizarre.

Mais dans les corpos, dans les Coupes Top, dans les clubs de vétérans, dans les santés, etc., dès que tu fais un petit pont ou alors un passement de jambes, on dit déjà que tu es Neymar, Pelé, Garincha ou encore Ronaldinho.

Mais personne ne va dire que tu es virevoltant comme l’était Bonaventure Djonkep.

 

Ronaldo, l'un des fleurons de l'histoire du football brésilien
Ronaldo, l’un des fleurons de l’histoire du football brésilien

 

ET SI LE VRAI MODÈLE DES CAMEROUNAIS, C’ÉTAIENT UNIQUEMENT LES ÉTRANGERS ?

Donc d’après mon ami d’hier, Samuel Eto’o aurait eu le ballon d’Or en 2006 s’il s’appelait « Eto’odinho ». Et il aurait ainsi coiffé tous les champions du monde italiens, et principalement leur capitaine Fabio Cannavaro.

Le modèle de notre musique, c’est qu’on écoute les artistes étrangers dans nos radios, dans nos télés, dans nos concerts et dans nos boîtes de nuit.

Le modèle de notre vestimentaire, c’est qu’on s’habille avec les costumes et les cravates au détriment de nos pagnes, de nos boubous et de nos kabas.

Le véritable modèle dans les affaires, c’est qu’on préfère toujours traiter avec les gens qui viennent d’un autre continent (alors qu’il y a des fournisseurs qui sont à côté de notre porte).

Parce que c’est comme ça ici, nous on n’aime que ce qui vient de l’autre côté. On aime les banques suisses, la friperie française, les montres canadiennes. On aime les religions occidentales. On aime quand tu dis que ta valise vient de la Belgique. On aime manger dans les restaurants japonais avec les baguettes. On aime quand quelqu’un a déjà fait 6.000 km avant de venir proposer son idée à Paul Biya, parce qu’une bonne idée ne peut pas ressortir de Dibombari…

En fait, nous on part toujours du principe que rien de bon ne peut jamais provenir de nous-mêmes !

 

 

Ecclésiaste DEUDJUI

WhatsApp: (+237) 696.469.637

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Commentaires

renaudoss
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ça commence comme une blague, mais blague dans blague, c'est sérieux. Mine de rien, tu mets le doigt sur quelque chose d'important...et de grave "En fait, nous on part toujours du principe que rien de bon ne peut jamais provenir de nous-mêmes !"

Serge
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Par contre, le Brésil pourraît copier le "Kaba"... :)

Dave
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Effectivement Eccle.... c'est la réalité très triste de nos pays africains. ... je me souviens encore dun article très profond du journaliste Amobé MEVEGUE qui lui ne s'habille généralement qu'en boubou, dans lequel il expliquait comment il a été refoulé d'une soirée chic au Cameroun parce qu'il était en boubou, bref tout ça pour dire que l'Africain en général est animé par un complexe d'infériorité.. c'est ça même la racine du mal...
Beau billet sarcastique satirique

Guy Muyembe
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Ça c'est du Ecclésiaste Deudjui