Pourquoi les Camerounais adorent détester Paul Biya

Article : Pourquoi les Camerounais adorent détester Paul Biya
Crédit:
25 septembre 2014

Pourquoi les Camerounais adorent détester Paul Biya

L’autre jour, peu avant que notre Nkukumah s’en aille aux Etats-Unis faire des salamalecs devant Barack Obama, j’entendais les gens commenter ses commentaires à propos de Boko Haram : « Nous avons vaincu le maquis, nous avons dominé le multipartisme, nous avons chassé la colonisation, donc ce n’est pas le petit BH-là qui va nous dépasser… »

Hum, les gens m’amusent hein, tout le monde est subitement devenu pro Boko Haram. Tout le monde est subitement devenu expert en terrorisme islamiste, tout le monde est subitement capable de vous expliquer pourquoi l’attaque contre Ahmadou Ali, et non pas contre Bello Bouba Maïgari, Cavaye Yeguié Djibril, ou encore Issa Tchiroma, le raisonneur de service…
C’est chacun qui se met à expliquer que « Pombia » a tort, qu’il devait dire ceci, et non pas cela, qu’il devait d’abord partir à Washington avant de revenir à Mvo’omeka. C’est chacun qui se met à te démontrer par A+B que l’armée camerounaise n’est pas en train de bien mener ce combat contre la peur. Qu’elle a de mauvais généraux, un piètre ministre de la défense, un service des renseignements défectueux, et surtout, surtout, un chef suprême des armées très-très-très incompétent…

Qu’est-ce qu’on cherche même au type-là, franchement ? Bon, d’accord, il est né en 1933, ce n’est pas une qualité de nos jours, mais est-ce que c’est alors un défaut ? Pourquoi est-ce que tout ce que le père-là (disons le grand-père-là) fait est mauvais à priori ? et ensuite à posteriori ? Pourquoi est-ce que quand il dit quelque chose, on ne l’écoute même pas mais on sait déjà que c’est mal pensé, et que c’est même irréfléchi et irraisonné ?

Je ne me pose pas en défenseur de ce monsieur, mais il est fort de constater que jusqu’à preuve du contraire, PAUL BIYA EST ENCORE L’HOMME DE LA SITUATION DANS CE PAYS ! C’est peut-être dommage, mais c’est la réalité.

Il faut voir avec quel punch notre président a géré la crise sociale en février 2008, alors que dans un autre pays nous serions entrés dans une guerre civile à durée indéterminée. Depuis 1992 et les événements des villes mortes, depuis la guerre camerouno-nigériane pour la presqu’île de Bakassi, j’ai appris à respecter le talent politique de cet homme, son expérience en stratégies, et sa force intérieure, pour ne pas dire son charisme. On dit que ce n’est pas lui qui a amené la paix parce qu’il n’a pas trouvé la guerre, d’accord. Mais Hitler aussi n’avait pas trouvé la guerre. Qu’est-ce qu’il en a fait ensuite ?…

Les Camerounais aiment trop bavarder : ce sont des bêp-bêpeurs. Je suis surpris que, rien que pour contrecarrer Paul Biya, les gens passent leur temps à parler de Ahidjo. Il y avait vingt mille usines, il y avait des stades de football, il y avait les bourses estudiantines, les salaires, les éclairages publics. Bien sûr ! Et même ceux qui n’étaient pas encore nés en 1990 te parlent des plans quinquennaux, de l’UNC, du coup d’état de 84. Ils te disent qu’il y avait l’éducation civique dans ce pays-ci, qu’il y avait la sécurité, et que même quand un bandit entrait chez toi il ressortait en te demandant si tout va bien… Foutaises !

Les Camerounais adorent critiquer : ce sont des critiqueurs. Paul Biya n’est pas un diable. Il faut cesser de croire que tout ce qu’il touche devient mort. C’est un rancunier, d’accord, mais il faut aussi se dire que monsieur-là tient à son pouvoir tout autant qu’il tient à l’avenir de cette Nation.
Les Occidentaux lui ont demandé la démocratie, il l’a mise sur pied (si, si, le Cameroun est un pays démocratique. Ce sont les opposants camerounais qui ne le sont pas). Les Blancs lui ont dit qu’ils ne veulent plus entendre parler de la torture, qu’il faut instaurer les droits de l’homme, il a dit yes. Il a même aussi ajouté les droits de la femme… Les Américains lui ont imposé la liberté d’expression, il est même allé jusqu’à la liberté de penser, d’insulter, de vilipender, de jalouser. Il a libéralisé les radios et les chaînes de télé. Il est même allé jusqu’à officialiser Afrique Média, c’est vous dire !

Et donc les gens utilisent ces libertés-là pour se mesurer à lui, et pour transformer son expérience en résurgence. Comme on ne peut pas l’approcher directement (il est presque comme Dieu. Pardon, c’est Dieu qui est presque comme lui), tout le monde se met à deviner ses pensées. On le critique sur tous les sujets. Et comme il ne dit rien, on en rajoute, on surenchérit.
Ceux qui sont ses collaborateurs lui racontent des bobards. Ils lui disent que le pays va bien, que les Lions Indomptables vont gagner la prochaine Coupe du Monde. Et puis on l’idolâtre, et puis on le portraiture, et puis on fantasme sur lui, et puis on dit que c’est lui qui a mis sur pied tel ou tel projet, et puis on dit que c’est grâce à lui que notre cousine a accouché, et puis on l’aime en silence, on se dit « Paapa ! on dit comme ça hein, mais on ne sait pas vraiment ce qui va se passer quand le type-ci ne sera plus là. »
Et ça fait déjà 32 ans que ça (per)dure…

Jusqu’à preuve du contraire, Paul Biya est la seule personne qui a la carrure pour diriger ce pays ! Et c’est lui qui en a voulu ainsi. Et mon avis c’est qu’on devrait plutôt l’accompagner dans sa sortie, l’aider dans son travail, plutôt que de lui jeter des peaux de banane. Il l’a dit lui-même lors de son discours de fin d’année, les Camerounais sont des égoïstes.
Ce n’est pas de sa faute si votre femme vous a quitté. Ce n’est pas de sa faute si vous n’avez pas obtenu votre permis de conduire. Ce n’est pas de sa faute si le pays est dur, si vous n’avez pas de talent ni de diplômes, si vous n’avez pas l’esprit d’initiative. Ce n’est pas de sa faute si on vous a licencié, si vous n’avez pas de moyens mais que vous vous engagez à pondre des enfants à gauche et à droite.
Etes-vous certain qu’après lui votre situation va s’améliorer ? ou empirer ? Vous avez vu ce qui s’est passé en Libye ? en Irak ? en Egypte ?

Alors arrêtez de détester le type d’autrui pour rien comme ça…

 

Ecclésiaste DEUDJUI

Partagez

Commentaires