30 septembre 2024

C’est officiel, je suis un alcoolique !

Je passe mon temps à dire aux gens que je ne bois pas beaucoup, et que je suis un buveur occasionnel. Pourtant lorsque je fais le bilan de mes consommations mensuelles, il est tout simplement catastrophique ! Je suis bien obligé de reconnaître que je suis définitivement un alcoolique…


Je ne bois pas beaucoup

C’est ce que je passe le temps à raconter aux gens qui ne me connaissent pas très bien. Lorsque je baratine une nouvelle fille, je lui répète toujours que « je n’aime pas trop la bière hein, ne me vois pas comme ça ! Je consomme l’alcool uniquement lors de certaines circonstances extraordinaires. »

Ce n’est pas tout à fait faux, même si ce n’est pas tout à fait vrai. Car en réalité, je ne me sens pas complètement dépendant de l’alcool, puisque je n’en ai jamais réellement besoin lorsque je me retrouve tout seul. Je n’ai jamais acheté du vin ou de la bière pour venir les déposer dans mon réfrigérateur par exemple. Je ne suis pas un adepte ou un consommateur de whisky ni de quelques autres liqueurs que ce soient. Je suis quelqu’un qui préfère ingurgiter du jus de citron lorsque je suis chez moi, ou alors une bonne bouteille d’eau minérale lorsque je me régale dans un bon restaurant.

Je ne suis pas du genre à me réveiller en pensant à une bouteille de bière, et il m’arrive régulièrement de faire une semaine, deux semaines, trois semaines sans même absorber une seule gouttelette d’alcool dans tout mon organisme…


Je bois pour faire plaisir aux autres

Alors, pourquoi je bois souvent si je n’aime pas réellement l’alcool ? Eh bien c’est simple : c’est parce que je suis trop sociable ! Enfin, le mot n’est pas exactement le meilleur, puisqu’en réalité je bois surtout pour faire plaisir aux gens avec qui je me divertis régulièrement.

Je n’ai pas encore une personnalité suffisamment contradictoire, pour leur dire que je ne vais pas consommer d’alcool avec eux ce soir. Je suis du genre à me fondre dans l’ambiance, à épouser l’atmosphère de dégénérescence qui envahit la plupart des adulateurs du dieu Bacchus, afin de ne pas leur apparaître comme une fausse note ou alors une tâche noire.

Généralement, je bois pour leur faire plaisir. Que ce soit ma famille, mes amis ou mes collègues, s’ils boivent la bière, alors je vais boire la bière ! Je me sens d’autant plus obligé, même lorsque c’est moi qui règle les factures, et en cela je considère ce trait de caractère comme une véritable faiblesse. Parfois même je suis obligé de suspendre mon traitement médicamenteux, pour leur faire plaisir en me commandant une lourde bouteille de grande Guinness. Parfois aussi je sors de chez moi avec la ferme résolution de rester complètement sobre, et pourtant ils réussissent à me faire rentrer… à quatre heures du matin !

Je suis le genre de bon vivant que les gens aiment rencontrer lorsqu’il a déjà bu quelques petites bières ; parce que subitement je deviens très bavard, je commence à baratiner les filles à gauche et à droite (pas seulement pour moi hein), je suis très agité, je suis très rigolo, je suis très inspiré sur presque tous les sujets qu’il y a ici sur la planète terre, et je fais simultanément s’esclaffer presque toute l’assistance…


de jeunes Maliens assis autour d'une bière
Il est très plaisant de discuter en famille ou entre amis, autour de quelques bières. Source: malimedia.net /CC-BY

Je connais tous les bars de Douala

Je passe mon temps à dire aux gens que je ne bois pas beaucoup, et pourtant je connais tous les bars de Douala ! J’ai déjà bu à Yassa, à Nyalla, à Japoma, à Bonabéri, à Logbaba, à Ndogpassi 2. J’ai déjà soûlé à Ange-Raphaël, à Bonamoussadi, à Makèpè, à Logpom, à Logbessou. J’ai déjà effectué les virées les plus inimaginables à Bépanda et à Village, tout comme j’avais fait des beuveries inénarrables à Ndogbong, à Ndokoti, à Akwa, à Bonapriso, à Bali, à Bonanjo, etc.
Bref hein, je suis un soûlard ! J’ai déjà bu dans tous les quartiers de Douala, y compris les plus insoupçonnés comme Akwa-Nord, Sable, Kotto, PK14 jusqu’à PK8, mais aussi dans des endroits atypiques comme Bojongo, Cité des Palmiers, Déido, Beedi, etc.

J’ai même déjà bu à Dibombari avec mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè, s’il faut parler des endroits qui sont situés hors de la ville de Douala. Et comment donc puis-je me considérer comme un personnage sobre, si j’ai déjà consommé de la bière dans autant d’endroits et dans autant de bars ? Comment s’imaginer que je puisse être un innocent dans cette histoire, moi qui suis client régulier de plusieurs petites gargotes et de snack-bars ? Il y a certaines buvettes où toutes les serveuses me reconnaissent, tous les gérants me récompensent, toutes les vendeuses de poisson braisé me font des clins d’œil aux alentours, comme au Stade Marion où je siffle mes bières sans discontinuité depuis dorénavant cinq ans et demi…


Je suis un alcoolique qui s’ignore

Et donc, je suis un alcoolique ! Mais je ne sais pas encore pourquoi j’ai toujours du mal à le reconnaître. Je suis toujours en train de considérer que je suis une victime, que je n’aime pas réellement l’alcool en lui-même puisque visiblement je ne consomme jamais d’alcool lorsque je suis tout seul, chez moi, puisque d’ailleurs je n’ai jamais acheté du vin ou de la bière pour venir les déposer dans mon réfrigérateur par exemple.

Je me considère plutôt comme un homme sociable. Je pense toujours que je consomme de la bière pour « faire plaisir aux autres », et pourtant personne ne me pointe un pistolet chargé lorsque je commande mes grosses bouteilles de grandes Guinness. Je suis constamment en train de vouloir accuser les autres, de vouloir me déresponsabiliser, et de raconter à toutes mes nouvelles conquêtes que « 99 % de mes amis sont des soûlards ! » Et moi donc…

J’ai décidé de cesser cette hypocrisie, de saisir le taureau par les cornes, et de débuter ma thérapie de guérison par une véritable séance d’auto-psychanalyse. Car malgré mes dénis perpétuels, il reste que je consomme suffisamment d’alcool pour éventuellement me causer des problèmes de santé plus tard, et force est de constater que je suis légitimement et officiellement un soûlard.


cuvettes de bières dans un snack-bar
Les Camerounais ont pris la mauvaise habitude de consommer les bières en cuvettes. Source: Facebook /CC

C’est officiel, je suis un ivrogne !

Donc je passe mon temps à dire aux gens que je ne bois pas beaucoup hein, et que je suis un buveur aléatoire. Pourtant lorsque je fais le bilan de mes consommations hebdomadaires, il est tout simplement ahurissant ! Je suis bien obligé de reconnaître que je suis définitivement un éthylique…

Je suis un alcoolique ! J’avais d’abord commencé par la « 33 export », ensuite la Castel, ensuite la Mützig, ensuite la Smooth, puis la petite Guinness et dorénavant je suis exclusivement dans la grande Guinness.

Je suis un dipsomane ! Pas encore complètement au niveau pathologique —je l’espère !—, mais disons que je bois beaucoup, je rentre assez tard, et je me sens littéralement désinhibé lorsque je dépose une bonne bouteille de bière à côté de moi.

Je suis désespérément un alcoolique et un ivrogne, puisque je suis le seul Camerounais qui boit la grande Guinness sans utiliser le moindre verre…

Et pourtant, lorsqu’on me pose la question, je passe mon temps à dire aux gens que je n’aime pas trop la bière, et que généralement je la consomme paradoxalement par contrainte. Mais curieusement, je peux siroter plusieurs bouteilles bières, et je peux siroter ces bières-là pendant plusieurs journées d’affilée. Je suis le genre de dépendant qui fait semblant d’avoir le contrôle, de se maîtriser, et pourtant je mérite instantanément une vraie séance de psychanalyse et de désintoxication.

Parce que oui, je suis officiellement un alcoolique !


Ecclésiaste DEUDJUI, j’étais un alcoolique
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