24 octobre 2022

J’ai assisté au mariage de ma cousine

Je reviens de Yaoundé où j’ai participé, en tant que photographe, au mariage de ma cousine préférée. Et c’est la première fois qu’un événement m’a donné envie de me marier moi-même…


Les préparatifs

Le mariage a eu lieu ce samedi 22 octobre, mais les préparatifs ont débuté longtemps à l’avance ! Je suppose que ma cousine avait commencé à chuchoter dans l’oreille de son fiancé depuis au moins l’année dernière, afin que celui-ci se décide enfin à définitivement l’officialiser.
Elle m’a ensuite contacté le mois dernier pour me désigner comme le photographe officiel de sa cérémonie. Entre-temps elle discutait aussi avec les autres membres de la famille, pour régler certains détails sur les cotisations  et pour choisir la tenue officielle de la festivité. Il y a certains oncles (pas tous hein) qui se sont accaparés personnellement de certaines charges. Par exemple il y a un oncle qui s’est occupé de toute la restauration et du service-traiteur, un autre oncle maternel qui s’est accaparé de l’aménagement des chapiteaux et de la décoration, et enfin un troisième oncle qui avait pour seule mission d’endosser le costume de chef de famille.


La cérémonie traditionnelle

La cérémonie de la dot était prévue pour 13 h 30, mais elle a effectivement débuté à… 16 heures ! Le fiancé de ma cousine a débarqué vers 15 h 30 avec toute une délégation de Bamenda, et moi-même j’ai eu du mal à le reconnaître dans cet attroupement.
On a installé les deux familles face-à-face, comme s’il s’agissait d’un duel. Le chef de famille de mon futur beau-frère s’exprimait dans un français qu’il mélangeait avec le pidgin et un peu d’anglais. Le chef de famille de la future mariée, c’est-à-dire mon oncle qui a privatisé cette fonction depuis bientôt dix ans, le regardait sans rien rétorquer en retour. La salle était vraiment bondée. Les deux familles se sont lancées dans une pièce de théâtre dont seuls les traditionnalistes des Grassfields ont le secret. Les uns disaient qu’ils sont venus chez nous pour chercher une fleur, et les autres leur demandaient que « De quelle fleur il s’agit exactement ? »
On leur a présenté ma petite nièce qui s’appelle Cassandra, ils ont faroté sur elle mais ils ont déclaré qu’il ne s’agissait pas de cette fleur-là. On leur a présenté la fille de mon oncle qui jouait le rôle de chef de famille, mais ils ont aussi décliné cette proposition. On a ensuite présenté une femme qui était emballée dans des draps volumineux de la tête jusqu’aux chevilles, et le futur marié a reconnu qu’il s’agissait là de sa future épouse. La salle s’est donc lancée dans des brouhahas assourdissants, et ensuite ma cousine a partagé la kola à toute l’assistance comme pour nous rassurer qu’elle avait définitivement choisi le bon mari…


cérémonie de mariage traditionnel (dot)
Les deux familles étaient face-à-face lors de la cérémonie de la dot. Photo: Ecclésiaste Deudjui /CC-BY

Le mariage civil

Même pas le temps de se remettre de nos émotions, il fallait déjà se rendre dans la grande cour. Le maire qui était censé arriver à 18 heures pile, est finalement venu sur les lieux aux environs de… 19 h 30 !
Entre-temps la mariée était encore en train de se faire bien maquiller. Le marié faisait les cent pas dans le couloir, en se demandant certainement s’il avait pris la bonne décision. Les gens étaient déjà installés sous les chapiteaux avec des bouteilles de vin sur la table, mais ils se demandaient surtout où était passée la nourriture. La compagnie d’électricité venait de couper l’électricité, justement, et il fallait rapidement faire installer un gros groupe électrogène.
Je schématise. Le maire a fait asseoir les deux tourtereaux en face de lui, et il s’est mis à leur répéter ses leçons classiques de concubinage et de vrai mariage. Un mari doit faire ci, une femme ne doit pas faire ça… Bref, les deux amoureux ont finalement prononcé « Oui, je le veux ! », en se promettant de s’aimer et de se chérir jusqu’à la fin de leur vie. Ils ont également choisi le régime matrimonial monogamique, et ma cousine a bien insisté sur la communauté des biens. Ils se sont ensuite passé les alliances comme on fait dans les séries de mon ami Pierre La Paix Ndamè, puis ils se sont administré une légère embrassade. Le maire les a ensuite invités à une séance de photographie collective, afin d’immortaliser ce moment mémorable. Les deux amants nous présentaient leur nouveau parchemin qu’ils venaient de signer, et pourtant personne ne pouvait le lire dans l’obscurité ! Ils se sont filmés avec plusieurs personnes différentes car c’étaient eux les stars de la soirée, et c’est à ce moment-là que le service-traiteur est finalement arrivé —en retard— avec un gros tas de nourriture…


L’after

Cette cérémonie m’a vraiment blasé, parce qu’elle était à la fois simple et pas trop protocolaire. Le maire s’est déplacé pour venir à notre domicile, le mariage s’est déroulé en plein air, et tous les invités ont pu manger et boire à leur faim et à leur soif…
La mariée n’arrêtait pas de circuler entre les tables pour se rassurer que tout allait bien, et j’étais content de savoir que beaucoup de personnes étaient réellement contentes de la voir aussi contente. Son mari a brillamment joué le jeu, même si j’imagine qu’il était extrêmement fatigué et anxieux. J’ai pu retrouver beaucoup de membres de ma famille que je n’avais plus revus depuis très-très longtemps. J’ai constaté qu’il y a beaucoup de nouveau-nés qui viennent d’arriver dans notre famille. J’ai été très content de retrouver ma grand-mère, la merveilleuse Maman Gisèle, pour qui ce mariage faisait partie des plus beaux moments de toute son existence.
Et puis nous avons bavardé les uns avec les autres, nous avons sympathisé avec la belle-famille et les autres invités qui se trouvaient dans la clôture, et nous avons enfin esquissé quelques improbables pas de danse. Moi je suis rentré vers minuit et trente sans même dire au revoir à la mariée, mais c’est parce que j’étais très épuisé puisque je venais de capturer pratiquement neuf cent photos !


J’ai participé au mariage de ma cousine

Donc je reviens de Yaoundé où j’ai participé, en tant que photographe accrédité, au mariage de ma cousine qui s’appelle Mireille. Et c’est la première fois qu’un événement m’a donné envie de me marier officiellement…

J’ai assisté au mariage de ma cousine ! C’est une promesse que je lui avais donnée, parce que je l’aime de tout mon cœur et donc je ne pouvais pas être absent à ce que je considère comme étant le plus beau jour de sa vie.
J’ai assisté au mariage de ma grande-sœur ! Parce que Mireille s’occupait de moi lorsque j’étais tout petit à Foumban ; puisqu’elle est la première petite-fille de ma grand-mère, et qu’elle est l’enfant unique de la grande sœur directe de ma propre maman.
J’ai participé à un mariage dans ma famille, et c’était aussi pour moi comme une sorte de réconciliation…

Parce que je suis issu d’une famille maternelle dont je suis extrêmement fier, et j’ai toujours revendiqué mes origines qui proviennent de l’Ouest-Cameroun et particulièrement de Baham. Alors que ce soient mes frères, mes belles-sœurs, mes cousines, mes oncles, mes tantes, mes neveux ou encore ma grand-mère Maman Gisèle, j’ai été excessivement content de vous revoir.
D’ailleurs c’était la première fois que ces retrouvailles m’ont provoqué l’envie de me marier moi-même…


Ecclésiaste DEUDJUI, félicitations Mireille !
WhatsApp: (+237) 696.469.637
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