29 novembre 2021

Psychopathologie de la serveuse

J’ai dragué une serveuse hier dans un snack-bar qui est situé au quartier Akwa, et nous avons filé le parfait amour pendant toute la soirée puis durant toute la nuit.
Mais ce matin elle m’a demandé de ne plus jamais lui téléphoner !

Dessin clients qui taquinent une serveuse de bar
Les clients prennent un malin plaisir à draguer ou à turlupiner la serveuse. Source: wilpf-cameroon.org /Dessin reproduit sous autorisation

Psychopathologie de la travailleuse

Il y a beaucoup de jeunes filles qui pratiquent le métier de serveuse de façon occasionnelle. Ce sont parfois des étudiantes, des mères célibataires, des orphelines ou très rarement des professionnelles des métiers de la restauration.
Il y a beaucoup de jeunes filles qui pratiquent le métier de serveuse de façon absolument noble. Ce sont bien souvent les filles qui travaillent dans les grands hôtels, dans les lounges-bars ou encore dans les maisons d’hôte. Elles sont absolument respectables ! Elles honorent leur profession et elles se donnent à elles-mêmes de la valeur, de la même manière qu’elles respectent leurs employeurs et qu’elles sont très civilisées envers leurs clients. Mais il faut dire que quand on parle des serveuses ici au Cameroun, ce n’est pas immédiatement ce genre de filles consciencieuses et très révérencieuses qui nous viennent à l’esprit.
Puisque le métier de serveuse n’est même pas encore considéré dans notre pays comme un vrai travail !

Psychopathologie de la débrouillarde

Beaucoup de Camerounaises qui deviennent des serveuses le deviennent malheureusement par débrouillardise. Beaucoup, sinon presque toutes ! Beaucoup de Camerounaises qui pratiquent cette « profession » n’avaient jamais rêvé de l’exercer auparavant, et encore moins d’y persister. Beaucoup de jeunes filles qui sont serveuses aujourd’hui le font uniquement parce qu’elles n’ont rien trouvé de mieux à faire, ou peut-être parce qu’elles n’ont pas réellement d’autres compétences ni de capacités intellectuelles…
Ce sont des débrouillardes ! Parce que parfois elles n’ont jamais suivi aucune formation, elles n’ont généralement pas de diplômes, et elles n’avaient jamais travaillé dans aucune autre entreprise auparavant. Elles sont obligés de se « débrouiller » en exerçant cette activité qu’elles n’ont pas choisie, parce que c’est l’un des secteurs qui emploient majoritairement les femmes ici au Cameroun. Surtout que bien souvent, elles ont déjà des enfants à charge. Et c’est cette débrouillardise qui les amène à passer de bars en bars au gré des innombrables licenciements abusifs qu’elles subissent, sans oublier qu’elles travaillent tard dans la nuit et qu’elles n’ont même pas véritablement le temps de pouvoir se reposer.

Dessin client devant la serveuse du comptoir
Beaucoup de clients viennent dans les bars pour voir la serveuse. Source: idata.over-blog.com /Dessin repris sous autorisation

Psychopathologie de la flatteuse

Une ancienne serveuse devient toujours une flatteuse. Une ancienne serveuse est forcément une séductrice. Une ancienne serveuse qui a déjà exercé pendant au moins huit mois dans ce métier très éreintant, sait déjà parfaitement comment on manipule les clients et comment on s’attire toutes leurs faveurs. Une ancienne serveuse peut devenir une bonne menteuse, une hypocrite+++, bref, une « embrouilleuse » professionnelle…
Et c’est exactement ce qui s’est passé avec ma serveuse d’hier soir, puisque nous avons filé le parfait amour pendant toute la soirée, puis durant toute la nuitée. Elle m’avait demandé de lui acheter un poulet entier qui coûtait pratiquement 8 500 FCFA, et je le lui ai offert sans discuter. Elle m’avait déclaré qu’elle avait extrêmement soif (elle est le chameau, mon frère ?), et je lui ai donné à boire autant qu’elle le désirait puisque d’ailleurs c’est elle qui nous servait à notre table. Elle m’a ensuite promis monts et merveilles avec ses nombreux bisous et aussi avec ses délicatesses, jusqu’à je suis finalement tombé amoureux d’elle en moins de quarante-cinq minutes !
Mais ce matin la bonne dame m’a demandé de ne plus jamais lui téléphoner !

Psychopathologie de la prostituée

À force de travailler dans un endroit où la plupart des hommes sont soûls et où ils ont souvent perdu la lucidité, on perd aussi un peu quelquefois de sa dignité. Puisque ces hommes-là vous tapent sur les fesses, ces hommes-là vous interpellent en vous sifflotant et… certains clients comme Pierre La Paix vont même jusqu’à vous proposer de l’argent afin de coucher avec vous !
Il y a des serveuses camerounaises qui sont identifiées comme des prostituées et qui le sont effectivement. Il y a d’autres serveuses qu’on prend pour des putes mais qui dans la réalité n’en sont pas. Sauf que de toute façon, l’image de ces filles qui sont parfois prudes et candides —pour certaines— dans leur véritable nature, a été sérieusement compromise.  L’image des serveuses n’est plus réellement différente de l’image des filles qui se placent dans la rue. Puisque nous ne pensons uniquement qu’à les déshabiller, nous les considérons déjà comme des objets sexuels lorsque nous buvons tranquillement nos petites bières, et d’ailleurs nous aimons toujours les inviter dans les auberges après la fermeture de leur bar… Tsuip !
Nous devrions avoir honte ! Car même si de véritables péripatéticiennes se fondent dans le collectif de serveuses pour arpenter des clients à travers ce métier qui leur sert de couverture, ce n’est pas une raison pour que nous considérions que toutes les serveuses qu’il y a ici au Cameroun sont systématiquement des putains !

serveuses en string
Il y a de nombreux snacks au Cameroun où les serveuses sont presque nues. Image: etoudiblog.cm /Photo reproduite sous autorisation

Psychopathologie de la serveuse camerounaise

Donc hier j’ai dragué une serveuse dans un snack-bar qui est situé au quartier Akwa, ici à Douala, et nous avons filé le parfait amour pendant toute la soirée et ensuite nous avons dormi ensemble.
Mais ce matin elle m’a demandé de ne plus jamais lui téléphoner…

Psychopathologie de la serveuse ! Nos filles entrent dans ce métier par nécessité ou par débrouillardise, mais la nuit peut les conduire vers des chemins qu’elles n’osaient même pas soupçonner auparavant.
Psychopathologie de la servante ! Parce qu’il ne faut pas oublier qu’elles sont d’abord là pour nous rendre un service, pour nous mettre à l’aise, pour nous ambiancer dans nos dégustations et parfois aussi pour nous accompagner.
Psychopathologie de la travailleuse camerounaise, parce que nous oublions toujours que les serveuses sont aussi des Camerounaises qui exercent un travail…

Mais puisqu’elles sont souvent mal payées, puisqu’elles sont renvoyées à la moindre incartade ou au moindre manquant imaginaire, puisqu’elles sont négligées et simplifiées par la population camerounaise qui les considère comme des filles ratées, tout le monde s’en balance ! Et c’est pour ça qu’on les traite comme des kleenex, puisque n’importe quel énergumène peut venir leur poser ses sales mains sur les fesses. C’est pour ça qu’on les assimile aussi à des prostituées, et qu’elles endurent des humiliations et des frustrations durant des années et des années et des années encore.
Jusqu’à ce que leur bonne psychologie finisse par se métamorphoser en pathologie.


Ecclésiaste DEUDJUI, moi je respecte les serveuses
WhatsApp: (+237) 696.469.637
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