12 octobre 2020

On ne badine pas avec la mort

Une personne mal intentionnée a fait circuler une fausse rumeur sur mon ami d’enfance Fabrice Nouanga, faisant croire que ce dernier venait de décéder. C’est donc l’occasion pour moi de vous rappeler qu’on ne badine pas avec la mort…

enterrement des morts du covid-19 au Brésil
Le covid fait déjà assez de morts pour que nous nous amusions avec la vie des gens. Source: lapresse.ca /Image reprise sous autorisation

On n’annonce pas les mauvaises nouvelles

On n’annonce pas les nouvelles tragiques de n’importe quelle manière. Je suis dépassé ! Parce qu’il y a des gens ici au Cameroun qui t’annoncent des nouvelles vraiment catastrophiques, et qui le font de la manière la plus désintéressée et avec une telle désinvolture…

On n’annonce pas la mort de quelqu’un devant son père ou bien devant sa mère (cela nécessite une grosse préparation psychologique). On n’annonce pas le décès de quelqu’un par un simple coup de fil expéditif. On n’écrit pas sur les réseaux sociaux que « Fabrice Nouanga vient de décéder de manière tragique », et pourtant, on est bien conscient que cette nouvelle risque de faire le tour du monde, et qu’elle va sensiblement perturber les nombreuses personnes pour qui ce blogueur avait de la valeur.

On n’appelle pas les gens pour leur demander que « Tu as appris qu’un enseignant venait de mourir ? », parce que je trouve que cette attitude est macabrement cynique, lugubrement sadique et même manifestement nécrophagique. Puisque moi je n’ai jamais téléphoné à quelqu’un pour lui annoncer ce genre de mauvaises nouvelles. Puisque moi je déteste les gens qui ne détestent pas cette sale habitude. Puisqu’il y a même des gens, ici au Cameroun, dont je ne prends plus les appels, parce que je sais déjà qu’ils sont spécialistes des conversations du genre « Ecclésiaste, est-ce que tu as appris que notre ancien camarade de classe de Ndikiniméki venait de mourir ? »

La mort n’est pas un scoop

La mort n’est pas toujours un fait divers ! La mort n’est pas un amusement. Le décès d’un individu ne devrait pas systématiquement être considéré comme une statistique, et encore moins comme une actualité, ou pourquoi pas un sujet croustillant de votre kongossa…
La mort n’est pas un événement journalistique. Vous ne recevrez jamais le prix Pulitzer pour avoir annoncé en premier qu’il y a un Camerounais de Yaoundé qui vient tout juste de décéder. Non ! La mort n’est pas un scoop. La mort des gens ne devrait plus être utilisée par les internautes pour rechercher des likes sur Facebook, parce que ceux qui le font ont des troubles mentaux qui ne sont pas très éloignés de la nécrophilie et de la schizophrénie.
Contentez-vous de vos RIP hypocrites et de vos larmes de crocodiles lorsque vous naviguez sur les annonces de décès, mais, de grâce, cessez d’utiliser le trépas de nos meilleurs amis pour vous faire remarquer ou encore pour vous donner de l’importance auprès du grand public.

Chers tous, chères toutes,Vous tous que cette fausse nouvelle annonçant mon décès a boulerversés, traumatisés,…

Publiée par Fabrice Larry Nouanga sur Vendredi 9 octobre 2020

Tout le monde n’est pas un porte-parole

Et même si c’était vrai que Nouanga Fabrice était parti pour de bon, est-ce que c’était à cette personne très mal intentionnée de venir nous partager cette mauvaise nouvelle ? Hein ? Est-ce que c’était à elle de venir jouer les porte-parole, étant donné qu’elle ne fait partie ni de son cercle d’amis intimes, ni de sa fratrie ?
Est-ce que c’est tout le monde qui peut se lever un beau matin pour venir annoncer le décès d’Alfred de Musset ? Hein ? Soyons sérieux, quand même !

Parce que les Camerounais ont déjà adopté la sale habitude de jouer avec des informations aussi sensibles, sur les questions de vie ou de mort, qu’ils n’en saisissent même plus ni la portée, ni les effets induits et indésirables. Les Camerounais confondent déjà la liberté d’expression avec la liberté de diffamation. Parce que c’est de ça qu’il s’agit en réalité ! Puisqu’ils ont même déjà atteint le niveau où ils affirment mordicus que Paul Biya est officiellement décédé, sans même daigner prudemment utiliser le conditionnel. Et pourtant, même si c’est réel que notre président n’est plus, il y a des gens dans son entourage qui sont responsables de diffuser cette information au peuple camerounais. Et ce sont uniquement ces gens-là, qui seuls détiennent la caution de revêtir cette grande et lourde responsabilité.

La mort est un sujet très important

La mort n’est pas un amusement, je vous l’ai déjà dit. La mort n’est pas une blague. La mort n’est pas un jeu d’enfant et personnellement, je la considère comme étant le sujet le plus sérieux et le plus grave de tout l’univers !
La mort fait réfléchir. En tous cas, moi. La mort nous interroge sur le sens de notre vie, et donc sur son utilité. La disparition d’un ami proche est un événement excessivement marquant, puisqu’elle nous ramène aux véritables valeurs que sont la générosité, la simplicité et surtout l’humilité. La mort des gens qu’on a vraiment connus nous affecte toujours particulièrement, parce que nous revoyons tout leur parcours et toute leur vie en une demie fraction de seconde.
La mort est un sujet tellement sérieux qu’il faut arrêter de la banaliser, et d’en parler n’importe comment. Surtout parce qu’elle est imprévisible et que chacun d’entre nous devra bientôt y passer tôt ou tard

cimetière rempli de morts en Afrique
Les cimetières sont là pour nous rappeler l’importance de la vie. Source: mopays.com /Image reprise sous autorisation

Chers Camerounais.es, il ne faut plus badiner avec la mort !

Donc une personne très-très mal inspirée avait fait circuler une fausse rumeur sur mon vieil ami Fabrice Nouanga, en vous faisant accroire que ce dernier venait de quitter ce monde. Et c’est donc là l’occasion pour moi de vous rappeler qu’il ne faut plus vous amuser avec les amitiés des gens…

On ne badine pas avec la mort ! Il s’agit d’un sujet critique qui peut faire mourir les épileptiques, clamser les hypertendus mais aussi foudroyer les gens qui nous sont chers et qui ne pourraient pas supporter une si mauvaise nouvelle.
On ne badine pas avec la mort ! Il ne faut pas en parler à haute voix, il ne faut pas en parler en riant, il ne faut pas la propager sur les réseaux sociaux sans aucune vérification préalable, et surtout sans aucune autorisation.
On ne badine pas avec la réputation des autres, à vrai dire, même si la « mort » de Fabrice a finalement été pour lui comme une sorte de renaissance.

Mais les gens qui en ont réellement souffert, ce sont surtout ses proches connaissances. Ce sont également ses amis d’enfance mais sans oublier ses innombrables lecteurs. Et je pense que Pierre La Paix Ndamè a aussi eu la même inquiétude que moi, puisqu’il m’a écrit ce matin pour me dire que « Mola, est-ce que tu peux dire à Fabrice de venir manger la viande de brousse ici à Dibombari ? »


Ecclésiaste DEUDJUI, moi je ne joue pas avec la mort
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Commentaires

Fabrice Nouanga
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Merci pour ce rappel cher frère. Mes parents, ma famille, mes amis, mes connaissances, mes fans, mes lecteurs, mes collègues, ma femme et mes enfants viennent de loin. Une nouvelle n'a jamais autant ébranlé mon entourage. J'espère m'y remettre très vite car encore traumatisé.
Vivement que la personne qui a posté cette maladresse cynique lise cet article et fasse son méa culpa.

Merci encore pour tout frangin. Tu as été parmi les personnes les plus affectés.
Dis à Pierre La Paix que, dès que je me remets, je suis à lui à Dibombari pour mon plat de hérisson.
Je vous aime tous. Merci indéfectiblent de votre amour.
À bientôt pour de nouveaux projets et défis.
Que Dieu nous donne longue vie.

Ecclésiaste Deudjui
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Nous sommes ravis de t'avoir vivant frangin

Magne
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C'est clair que l être humain est méchant C est très grave parce que très souvent ce sont des Méchancetés très souvent gratuite