1 janvier 2024

Pourvu que 2024 ne soit pas comme 2023 au Cameroun…

L’année qui vient de s’achever a été remplie de catastrophes et de mauvais présages pour de nombreux compatriotes. Mais pourvu que 2024 ne soit pas comme 2023 ici au Cameroun…


Pourvu qu’il n’y ait plus autant de morts

En 2023, nous avons connu des milliers et des milliers de morts ! Au Cameroun hein, je parle. Car dès le mois de janvier de l’année dernière, on perdait déjà de nombreux Camerounais à travers des empoisonnements, des suicides, des règlements de comptes, des cambriolages à main armée, etc.
Nous avons perdu le journaliste Martinez Zogo d’une façon abominable, lui qui a été kidnappé puis séquestré par des éléments de la DGRE le 17 janvier 2023, avant d’être sauvagement torturé puis assassiné de la manière la plus abjecte et inimaginable…
Ensuite, tout au long de l’année, nous avons perdu des étoiles : Djene Djento, Madame Cooper, Cabrel Nanjip, Blaise Kalaba, Samy Lenoir, Frédérique Ottou, Corry du groupe Macase, etc. Sans parler des milliers d’anonymes qui nous ont laissés sans pouvoir nous dire au revoir, et souvent de la manière la plus tragique possible.
Les féminicides ! On a vu des hommes assassiner sauvagement leurs femmes, dont ce vieillard de 70 ans qui résidait à Obala, et qui a abattu son épouse à l’aide d’un ancien fusil de chasse. Il y a aussi ce Centrafricain qui s’était installé à l’Est-Cameroun, et qui a assassiné, que dis-je, qui a éventré de façon absolument barbare, son ancienne copine qui vendait au marché central de Nanga Eboko, ainsi que quatre autres membres de sa famille […]
Il y a eu ces accidents à Ngaoundéré et sur la route de Douala-Yaoundé, qui ont emporté des dizaines de membres appartenant à la même famille. Il y a eu ce jeune garçon qui était entré dans une secte pernicieuse, et qui a égorgé ses deux petit-frères ici dans le quartier de Mabanda à Douala. Sans parler de cette jeune adolescente de seize ans seulement, qui s’était donnée la mort en août dernier ; tout simplement parce qu’elle avait échoué à son examen du Probatoire…


Pourvu qu’il n’y ait plus de catastrophes

En ce qui concerne les catastrophes, nous avons été servis ! Certes les inondations n’ont plus fait autant de dégâts humains ici à Douala, mais dans l’Extrême-Nord c’était la catastrophe ! Les eaux de la Bénoué sont sorties de leur lit, et elles ont causé des centaines de déplacés ainsi que quelques dizaines de morts sur leur passage…
Si on voulait du sensationnel, on a eu notre compte avec Mbankolo. Une digue qui existait depuis plusieurs décennies, et dont le danger était déjà répertorié par notre soi-disant Protection civile, a cédé dans la nuit du 8 octobre 2023 ; causant ainsi un éboulement catastrophique qui a officieusement causé une soixante-dizaine de morts !
Après ce drame, Franck Biya s’est précipitamment rendu sur les lieux de la tragédie, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. On y a aussi vu Maurice Kamto, Cabral Libii, bref tous les récupérateurs politiques habituels.
À Douala, c’était l’hécatombe au quartier Ndogbong, au lieu-dit Mobile Guinness. Dans la nuit du 22 au 23 juillet, un bâtiment R+4 s’est effondré sur lui-même, causant la mort de ses occupants présents, ainsi que ceux des maisons voisines. Bilan officiel : une cinquantaine de morts ! Les autorités avaient immédiatement pris des mesures après ce désastre, comme celle de vérifier dorénavant les permis de bâtir, ou encore de démolir sans condition les immeubles qui ne respecteraient pas les normes de sécurité. Mais, quelques mois plus tard, où en sommes-nous avec toutes ces mesures ?
On pourrait aussi parler de la guerre au NoSo, qui n’a pas l’air de cesser de s’intensifier. Nos soldats y perdent la vie régulièrement, de même que les combattants séparatistes mais surtout les pauvres ressortissants de la population civile. D’ailleurs les terroristes font régulièrement des incursions armées dans les lieux publics, et ils assassinent à l’aveuglette tous les citoyens innocents qui vont se retrouver malheureusement sur leur passage…


Blaise Kalaba accident
L’humoriste Blaise Kalaba nous a quittés au mois de juillet 2023, suite à un accident de la circulation. Image: l-frii.com /Image reproduite sous autorisation

Pourvu que nos entreprises respectent les consommateurs

Est-ce que nos entreprises nous respectent même encore ? Hein ? Est-ce que nous propre gouvernement nous respectait même d’abord ? Parce que, en 2023, nous avions l’impression d’être des citoyens complètement abandonnés. Et j’ai comme le sentiment que ce n’est pas bientôt prêt de vouloir se terminer…
En une seule année, nous avons connu l’augmentation du prix de l’essence en février, et ensuite la pénurie de gaz et de carburant durant les mois qui ont suivi. Où était la SCDP, la Sonara, la SNH, le gouvernement ?
Sur le plan énergétique, c’est le noir total ! La compagnie Eneo nous a transformés en orphelins, d’ailleurs plusieurs quartiers du pays subissent actuellement des coupures répétitives intempestives, alors que nous sommes en plein période de fêtes. Personnellement j’ai passé le 25 décembre 2023 dans le noir, ainsi que les trois jours consécutifs qui l’ont suivi. L’électricité est devenue une denrée rare, tout comme l’eau potable qui s’évapore systématiquement à chaque fois qu’il y a une coupe d’énergie électrique.
Les associations de défense des droits des consommateurs, sont des hypocrites. Elles font semblant de défendre nos droits le jour, mais la nuit elles font des alliances secrètes avec le ministère du commerce, au détriment de notre portefeuille qui s’amenuise tous les jours un peu plus encore.
La vie est devenue extrêmement chère. Tout a augmenté : le riz, la farine, le beurre, le poulet, le poisson, le carburant qui va encore augmenter dans les prochains jours, les œufs, le transport, les factures électriques. La connexion internet, au lieu d’être illimitée, est plutôt inexistante. Pour une fois nous avons voulu engager un mouvement de protestation contre les opérateurs MTN et Orange, mais le « Mode Avion » n’a pas véritablement réussi à décoller. Résultat : nous avons une connexion internet médiocre, pour un coût hyper élevé, et nous avons un réseau téléphonique qui est certainement l’un des plus médiocres de tout l’univers !


Pourvu que la vie devienne moins difficile

La vie sera certainement plus difficile en 2024. Plus d’impôts, moins de recettes, moins de salaire, moins de revenus. Les entrepreneurs vivent déjà le martyr, dans un environnement où presque rien n’est fait pour les y encourager. Les prix des lopins de terre sont inaccessibles, et la plupart de nos jeunes sont malheureusement souvent obligés de se compromettre moralement, voire sexuellement […]
La vie a été insupportable en 2023. Entre des commerçants qui nous vendaient des produits frelatés, lorsque ce n’étaient pas des produits formolisés qui nous causeront inéluctablement, des risques très sévères pour notre santé. Le gouvernement ne nous apporte toujours pas des justifications pour ses dépenses exorbitantes, et nous restons enfermés dans les scandales du Covidgate, de la CANgate et de Glencore. Le président de la République se fait de plus en plus invisible, et cela est très lié à son âge. Les Lions indomptables sont devenus pitoyables, et seuls les aficionados de Samuel Eto’o —comme mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè— continuent de les supporter de façon systématiquement religieuse.
On a mal dans notre système sanitaire, car les bons médicaments coûtent excessivement cher. La seule chose qui nous reste dans cet imbroglio collectif de dépravation morale et des mœurs, ce ne sont que le sexe, l’alcool et les dizaines de milliers d’églises de réveil qui foisonnent dans tous nos sous-quartiers…


mouvement de boycott contre MTN et Orange au Cameroun
Le mouvement Mode avion était censé contester les opérateurs MTN et Orange. Source: ocamer.com /CC-BY

Pourvu que l’année 2024 ne soit pas comme l’année 2023 au Cameroun…

Donc l’année qui vient de s’achever a été parsemée de catastrophes et de mauvais présages en tous genres. Mais pourvu que l’année 2024 ne soit pas comme 2023 ici au Cameroun…

Pourvu que nous retrouvions la paix ! Car comme le dirait quelqu’un, la paix ce n’est pas seulement l’absence de la guerre. Et la situation anglophone a déjà fait suffisamment de victimes, pour que nous continuions à la considérer comme une simple petite crise.
Pourvu que 2024 soit une année de transition ! Car qu’on le veuille ou non, il viendra forcément un moment où nous devrons remplacer le président Paul Biya, et ce moment se rapproche biologiquement avec la nouvelle année qui vient tout juste de commencer.
Pourvu que 2023 s’en aille définitivement avec ses mauvais souvenirs, et que nous entrions véritablement dans une nouvelle ère de prospérité.

Car le peuple camerounais est un peuple qui souffre le martyr, et qui donne l’impression d’avoir été définitivement abandonné. Nous vivons sous une administration de dictature, et avec des dirigeants qui n’ont jamais placé l’humain au centre de leur politique de mal-gouvernance.
Mais, en 2024, une nouvelle dynamique sera envisageable. D’ailleurs il sera impossible de revivre une année aussi catastrophique que 2023 qui vient de s’achever au Cameroun…


Ecclésiaste DEUDJUI, bonne année 2024 !
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Commentaires

Roland Ruckstuhl
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Je ne connais pas la sitouation au Cameroun. Mais cela semble très grave. Rien ne fonctionne. Et après, on s'étonne que les gens se mettent en route pour l'Europe. Ce dont l'Afrique a besoin, c'est de la démocratie, de nouvelles instances étatiques pour que les tribus ne soient pas déchirées. Et après, un fonds pour la reconstruction. L'Europe a le devoir d'apporter une aide correcte. Il ne suffit pas de construire quelques puits.

Le texte original est en allemand et a été traduit en français par DeepL.