12 septembre 2022

La dérive dictatoriale de Samuel Eto’o Fils

Le président de la Fécafoot n’a plus rien à voir avec le candidat que nous avons plébiscité en 2021. Et derrière des résultats probants, se cachent les attitudes et les comportements d’un véritable dictateur !

Le théorème de l’unanimité

Déjà au dernier rassemblement des Délégués de la Fécafoot (lors de l’Assemblée générale du 27 août), vous aurez remarqué que toutes les décisions y ont été prises à l’unanimité. À la soviétique, j’ai envie de dire. Car Samuel Eto’o Fils pense que s’il y a une seule abstention ou du moins une seule contradiction, cela entravera durablement sa légitimité et sa crédibilité.
Je le répète encore, les résultats après huit mois de mandat sont indiscutablement satisfaisants. Mais lorsque le président que vous venez d’élire commence à annoncer des résolutions qui sont votées « à l’unanimité », je vous jure que ça craint. Car cela nous rappelle un dictateur, un autocrate, un plénipotentiaire, bref, quelqu’un qui sera certainement réélu en 2028 avec un score de 99,999 % !

Les licenciements, nominations, ruptures de contrats, etc.

La plus célèbre décision unilatérale de Samuel Eto’o Fils, c’est la rupture de contrat (abusive ?) avec le Coq sportif. C’est vrai qu’aucun Camerounais n’appréciait spécialement ce Coq, mais cette dissolution de contrat a été menée de façon très cavalière. On aurait dit un dirigeant qui prend ses décisions tout seul, et pourtant cela concerne une structure (la Fécafoot) qui appartient symboliquement à tous les Camerounais. Samuel Eto’o gère notre football comme une entreprise unipersonnelle, la preuve : il nomme ses amis près de lui, et il licencie tous ses adversaires pour les mettre loin de lui. Et par adversaire j’entends même ses propres amis qui ont osé lui dire la vérité, car « le ngambè » n’entend que ce qu’il veut entendre. La Fécafoot est devenue une zone de non-droit et un no man’s land, un endroit où un seul individu peut décider de l’avenir et du devenir de toute une mégastructure.

Samuel Eto'o, président de la Fécafoot
Samuel Eto’o a été élu à la tête de la Fécafoot le 11 décembre 2021. Source: afrique-sur7.ci /CC-BY

La prolongation de mandat

Qui l’aurait imaginé ? Je suis sûr que même dans sa tombe, la Reine d’Angleterre se retournera pour se demander si la Fécafoot possède un président, ou alors un monarque hégémonique. Même le grand Paul Biya a dû se remuer de sa chaise, lui qui croyait déjà avoir tout vu en politique. Car un candidat qui modifie la durée de son mandat en moins d’un an de son élection, c’est du jamais vu ! Avec une modification qui s’applique dès le mandat en cours ! Le bon monsieur nous explique que son chantier est tellement énorme qu’il ne pourra pas l’achever en quatre ans seulement. Mais… Ne le savait-il pas avant de se présenter ? Hein ? Pourquoi est-il si pressé de faire passer son mandat à sept ans alors qu’il n’y avait aucune urgence ? Il avait peur de quoi ? Et même s’il n’avait pas achevé ses travaux en 2025, ne pouvait-il pas se représenter tout simplement ?

Des textes sur mesure

Et on en vient donc aux comportements des véritables dictateurs, ceux-là qui taillent les textes à leur mesure. Car Samuel Eto’o, avec la complicité des Délégués « qui sont seuls souverains lors des votes de l’Assemblée générale » (j’ai bien retenu mes leçons), a fait modifié la disposition sur les conditions d’inéligibilité d’un candidat. Lui qui a écopé de 22 mois de prison avec sursis en Espagne, pour fraude fiscale, sera de nouveau éligible en 2028 et 2035 ; car dorénavant il faut avoir écopé d’une condamnation avec une peine de prison ferme, et être titulaire d’un certificat de détention dûment délivré par les autorités judiciaires. Elle est pas belle, la vie ?
Samuel Eto’o s’octroie aussi le droit (en passant toujours par les Délégués qui sont souverains hein) de pourchasser tous ceux qui ont bénéficié personnellement des exonérations fiscales accordées à la Fécafoot, sous tous les exécutifs précédents. En gros, on lui a accordé le permis d’exécuter sereinement sa chasse aux sorcières…

Les dérives dictatoriales de Samuel Eto’o Fils

Donc le président de la Fécafoot n’a plus rien à voir avec le candidat que Pierre La Paix Ndamè a plébiscité en décembre 2021. Car derrière ses résultats probants, se cachent les attitudes et les comportements d’un véritable manipulateur !

Les dérives de Samuel Eto’o Fils ! Quelle que soit son aura et quelle que soit sa popularité, Samuel Eto’o a le devoir et l’obligation de rendre des comptes au peuple camerounais, sur toutes les actions qu’il entreprend.
Les dérives du Grand 9 ! Car même si nous l’avons adulé en tant que footballeur, il ne doit pas se croire tout permis au point de diriger la Fécafoot comme si c’est son épicerie.
Les dérives individualistes de Samuel Eto’o Fils, car personne ne pouvait imaginer qu’il allait prolonger son propre mandat alors qu’il vient à peine de le débuter.

Personne ne pouvait imaginer qu’il allait signer avec l’équipementier One all sports. Personne ne pouvait imaginer qu’il allait nommer ses amis personnels à des postes stratégiques. Personne n’envisageait qu’il allait oser défier le ministère des sports, au point de s’adresser aux Lions indomptables comme s’ils étaient des enfants, et de parler du Qatar 2022 comme s’il s’agissait uniquement de « sa » Coupe du monde.
Nous avons légitimé une icône alors qu’il s’agissait en réalité d’un dictateur !


Ecclésiaste DEUDJUI, je ne suis pas un dictateur
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