24 février 2020

Comment créer une petite entreprise au Cameroun ?

Au lieu de continuer à fonctionner dans l’informel et dans la clandestinité, les jeunes Camerounais feraient mieux de régulariser leurs activités comme le leur avait recommandé le chef de l’État. Et ils devraient déjà savoir comment est-ce qu’on crée une petite entreprise ici au Cameroun…
infographie création d'entreprise
Quelques étapes pour mieux lancer son entreprise. Source: journalducameroun.com /Infographie reprise sous autorisation

C’est quoi une entreprise ?

Pour faire simple, une entreprise est une organisation structurée dans le seul but de se faire de l’argent. Elle peut atteindre cet objectif soit en vendant des produits (qu’elle aura elle-même fabriqués ou pas), soit en proposant ses services. Une entreprise peut être unipersonnelle ou alors composée de plusieurs individus. Une entreprise peut également être une qualification comme dans le cas des experts, des avocats, des traducteurs en freelance, des agents qui s’occupent de la carrière des sportifs ou des artistes, etc.

Il existe plusieurs types d’entreprises qui vont de l’établissement jusqu’aux multinationales. Un établissement est généralement représenté par un unique individu qui en est son créateur. Il y a aussi les SARL (sociétés anonymes à responsabilités limitées) qui sont les formes de sociétés les plus répandues au Cameroun dans le monde, puisque la responsabilité des associés y est proportionnelle au montant de leurs apports. Il y a aussi les sociétés anonymes ou SA. Celles-ci sont un peu plus complexes à mettre en œuvre parce qu’elles requièrent un capital très important, des statuts et des règlements extrêmement codifiés, et en plus elles peuvent engager leurs actionnaires sur leurs avoirs personnels en cas de faillite ou bien de liquidation…


Quelles sont les démarches de création ?

Restons sur les établissements. Puisque dans l’optique de faciliter les démarches de légalisation de ce type de structure, le gouvernement camerounais a mis en place le CFCE. Ce qui signifie Centre de Formalités de Création d’Entreprise, si je ne me trompe pas. Et les procédures y sont assez simplifiées : il suffit de se rendre dans l’un de ces centres, et puis de fournir

1°) la photocopie de sa CNI ;
2°) son extrait de casier judiciaire (qui peut être substitué par une déclaration sur l’honneur ayant une validité de 75 jours) ;
3°) le plan de localisation de son entreprise ;
4°) une fiche d’information sur vos activités que l’on vous fournira et que vous remplirez sur place.

Plus une somme d’argent à ajouter sur le dossier, j’allais oublier. Mais l’avantage c’est que le requérant n’aura plus à faire le tour des tribunaux administratifs comme c’était le cas auparavant, puisque le CFCE se chargera d’effectuer tous ces déplacements à sa place. Et qu’on lui demandera de repasser dans trois, quatre voire cinq semaines au grand maximum, afin d’entrer en possession de sa carte de contribuable et de son registre de commerce et du crédit mobilier (RCCM)…

CFCE d'Ebolowa
Le CFCE de la ville d’Ebolowa, pour les nouveaux entrepreneurs. Source: Facebook /CC

Le compte bancaire et la non-redevance

Déjà, il faut savoir que pour sortir de la clandestinité et opérer en toute légitimité et légalité, vous devez absolument posséder un numéro de contribuable, un registre de commerce, un numéro de compte bancaire d’entreprise, ainsi qu’une attestation de non-redevance. Surtout que cette dernière pièce vous est demandée comme condition sine qua non lors de la création de votre compte bancaire d’entreprise, et qu’elle ne s’obtient exclusivement que dans votre centre pilote des impôts !

Et donc la banque peut donc vous demander un minimum de 150 000 FCFA pour l’ouverture de votre compte professionnel, avec en plus certains éléments à fournir tels que les demies cartes photo 4×4, l’attestation de votre plan de localisation, la photocopie de votre CNI puis votre dossier fiscal en règle. Et ce dossier fiscal c’est ce que j’ai appelé la non-redevance, car c’est ce qui prouvera à la banque (et à vos futurs clients) que vous ne traînez pas de casseroles avec le fisc de votre pays. C’est ce qui prouve que vous êtes « non-redevable » en ce qui concerne vos taxes et vos cotisations, en quelque sorte. Et ce document importantissime s’obtient en payant les frais de localisation, le précompte sur bail, la taxe sur le loyer ou bien la taxe foncière si vous êtes un propriétaire, la THS qui est la taxe sur l’hygiène et la salubrité, les timbres pour le plan de localisation et la demande de non-redevance, etc.

On peut évaluer que ces dépenses-là avoisinent les 100 000 FCFA de dépense en fonction de votre entreprise…


Les impôts

Tout chef d’entreprise qui se respecte ou alors tout bon commerçant, doit savoir ce que signifient les impôts. Et même si nos administrateurs nous ont habitués à dilapider cet argent du contribuable en se faisant édifier des châteaux et des villas pour leur gloriole personnelle, il faut quand même reconnaître que tout chef d’entreprise qui se respecte devrait s’habituer à payer normalement tous ses impôts.

Déjà, il y a la non-redevance qui doit être payée annuellement comme j’ai expliqué tout à l’heure. Ensuite, il y a la taxe sur le chiffre d’affaires. C’est une taxe qui impose à chaque entreprise camerounaise, de verser 5,5 % de son chiffre d’affaires réalisé mensuellement (et il faut le faire avant le 15 du mois suivant). Puis il y a la patente qui coûte 50 000 FCFA pour les petites entreprises, et dont les PME sont exonérées lors de leur première année d’exercice.
Sans compter que les services fiscaux sont comme un monstre impitoyable, et qu’ils finissent toujours par vous frapper avec la sévérité la plus implacable.

Il vaut donc mieux payer ses impôts et s’installer dans un régime déclaratif systématique, sinon ces hiboux-là vous prendront un jour par surprise et ils vont vous faire ce qu’ils appellent le « redressement ». Et en général les entreprises qu’ils « redressent » finissent très vite par fermer boutique !

Aurèle Simo, fondateur de Griotys
Aurèle Simo est un jeune camerounais qui a créé l’entreprise Griotys. Source: cameroonceo.com /CC-BY

Comment créer sa minuscule entreprise ici au Cameroun ?

Donc au lieu de fonctionner comme les bayam-sellam alors que vous avez certainement de grandes et peut-être bonnes initiatives d’entreprises, vous, les jeunes Camerounais, feriez mieux de régulariser vos activités comme vous l’avait recommandé notre votre chef de l’État.
Et vous devez déjà vous préparer contre les multiples difficultés que vous allez rencontrer…

Comment créer une entreprise au Cameroun ? Il faut mouiller des barbes à gauche et à droite, il faut beaucoup marcher sous le soleil ou bien sous la pluie, et il faut aussi se familiariser avec les photocopieuses.

Comment créer sa start-up ? Il faut déjà commencer par avoir une super bonne idée (c’est indispensable), mais ensuite il faudra être capable de la mettre en œuvre et surtout s’armer de beaucoup de courage, de la patience et aussi de la persévérance.

Pourquoi créer sa micro-entreprise ici au Cameroun, alors que 90 % des entrepreneurs exercent dans l’informel, et que nous possédons l’un des régimes fiscaux les plus agressifs et les plus contraignants au monde ?

Mais c’est parce que tant que vous restez dans la clandestinité, vous ne récupérerez jamais de grande clientèle. Tant que vous opérez dans les sissongos et en dessous des radars du Gouvernement et de l’État, vous ne pourrez pas répondre à de nombreux appels d’offre. Tant que vous ne serez pas en règle avec la fiscalité de votre propre République, aucune entreprise sérieuse ne pourra jamais prendre le risque de s’engager à vouloir payer vos factures.

Et c’est pour ça que mon ami Pierre La Paix Ndamè vient de créer sa petite entreprise là-bas à Dibombari…


Ecclésiaste DEUDJUI
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Commentaires

Patrick Solari
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Merci