20 mars 2023

J’ai assisté à un festival chez les Bekoko

Le village de Bekoko vient d’organiser la première édition de ses Journées Culture & Développement. Et j’y ai participé en tant que photographe…


Une idée du chef de Bekoko

Le chef du village de Bekoko s’appelle Sa Majesté Frédéric Nguimè Ekollo. C’est un personnage hyperactif qui a fait sa carrière dans le secteur pétrolier, avant de devenir le maire de la commune de Dibombari pendant plusieurs années.
À son initiative, la communauté de Bekoko a décidé d’organiser un grand rassemblement, qu’elle a baptisé « Les Journées socio-culturelles et économiques de Bekoko ». Il s’agit donc de la première édition qui vient de se tenir dans ce village, durant les journées entières du vendredi 17 et du samedi 18 mars 2023.


Une première journée d’échanges

Le vendredi, les activités ont été essentiellement intellectuelles. Ou plutôt, entrepreneuriales. Car dans la salle de fêtes de Bekoko qui est située juste en face de la chefferie, s’est donc tenu ce grand rassemblement. Outre les personnalités et élites de ce village, il y avait également des résidents étrangers ainsi que de nombreux participants venus d’ailleurs. Le facilitateur (un certain monsieur Moutomè) a donc introduit plusieurs exposants, lesquels ont tous été soumis à des séances de questions-réponses.
Ce qui m’a surtout impressionné, c’est que les interventions étaient centrées sur l’entrepreneuriat et sur le développement. L’objectif de ces journées étant l’émergence de la petite localité de Bekoko, les échanges ont surtout tourné autour des questions socio-économiques, l’aménagement du territoire et la création des infrastructures (marché, gare routière, routes, etc). Les entrepreneurs venus d’ailleurs ont partagé leurs expériences dans la création de richesses et la transformation locale, afin d’inspirer la jeunesse florissante du village de Bekoko. Ils ont notamment insisté sur la persévérance et le made in Cameroon. Le tout agrémenté par des intermèdes culturels venus des différentes aires géographique de notre beau pays le Cameroun.


le chef de Bekoko, Sa Majesté Frédéric Nguimè Ekollo
Le Chief Nguimè Ekollo a été à l’initiative des Journées de Bekoko. Photo: Ecclésiaste Deudjui /CC-BY

Un bouillon de culture

J’ai parlé d’intermèdes mais en réalité ce n’étaient que des prémices. Car dès le samedi matin, j’ai assisté à un véritable bouillon de culture !
À partir de 7h30, tout le village s’est rendu en tenue traditionnelle au bord du marigot qui est situé à l’entrée du village. Les chefs coutumiers et les notables ont fait des incantations dans leur langue vernaculaire, avant d’offrir des victuailles et d’autres objets divers à leurs nombreux ancêtres.
Entre-temps la route était barrée par la garde rapproché de la chefferie, une milice occasionnelle constituée par de jeunes garçons du village. Ceux-ci étaient vêtus d’un t-shirt blanc et d’un pagne noir, avec les pieds nus comme tous les autres membres de la communauté. La procession s’est ensuite dirigée vers la chefferie, où le chef a fait de nouvelles incantations pour bénir et honorer le tombeau de ses aïeux disparus. Puis la cohorte s’est rendue vers une autre rivière, sous un soleil ardent et toujours avec les pieds complètement déchaussés.

Les rites ont été répétés avec vigueur, sous les bruits ininterruptibles des batteurs de tam-tam. Ensuite direction l’hôpital de Bekoko, où le chef a procédé à la remise solennelle d’un don important de matériel médical, sous le patronage et la supervision de la mairie de Dibombari qui était représentée par l’actuel maire, ainsi que du ministère de la santé qui était représenté par le Délégué régional MINSANTE de la région du Littoral…


Un concept à reproduire

Les journées socio-culturelles et économiques de Bekoko, c’était une sacrée réussite ! Moi qui y était en tant que simple reporter, j’ai été émerveillé par cette velléité communautaire. Et je pense que toutes les localités camerounaises devraient penser à reproduire de telles initiatives…
En fait, le développement d’une Nation commence d’abord par le développement de ses collectivités. Et j’ai été impacté par ce bouillon d’échanges, de savoir que les élites d’un petit village de 1 250 personnes seulement, s’engagent à faire venir le monde entier à leur porte, afin de faire bénéficier à leur jeunesse de ces richesses et de toute cette intelligence.
Je remercie tout particulièrement le Chief Nguimè Ekollo, qui est la preuve vivante que dans notre cher Cameroun, il y a encore des gens qui se préoccupent essentiellement des intérêts collectif et général. Car l’Etat ne peut pas tout faire. Chacun à son petit niveau, nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice. Chaque village devrait commencer déjà par s’organiser à l’intérieur de lui-même, et planifier déjà lui-même sa propre émergence. D’ailleurs j’ai surtout retenu que le Cameroun est un territoire rempli de cultures ancestrales très précieuses, mais que la culture ne servira à rien si elle ne se fait pas accompagner par un savant processus de développement…


J’ai participé à un festival chez les Bekoko

Donc le village de Bekoko vient d’organiser la première édition de ses Journées socio-culturelles et économiques, du 17 au 18 mars 2023. Et j’y ai participé en tant que photographe…

J’ai assisté à un festival chez les Bekoko ! Il ne s’agissait pas en réalité d’un festival, mais d’un rassemblement communautaire de réflexion sur le développement économique de cette localité.
J’ai assisté à un festival chez les Bwamakalas ! Car en réalité, c’est exactement comme cela qu’on appelle les autochtones et les ressortissants de Bekoko.
J’ai assisté à un festival qui a duré pendant deux jours, à Bekoko, et dont la communication et le protocole étaient magistralement diligentés par mon ami Pierre La Paix Ndamè.

Mais ce que j’ai retenu, c’est que c’est l’union qui fait la force. J’ai aussi retenu qu’on n’a pas forcément besoin d’être très nombreux pour idéaliser de grandes choses. J’ai enfin découvert cette petite commune que je ne connaissais pas réellement, sinon à distance, mais qui conserve fidèlement —voire religieusement— les grands principes de la grande tradition culturelle des peuples sawa.
Et dire que tout ceci n’était que la toute première édition…


Ecclésiaste DEUDJUI, j’étais à Bekoko
WhatsApp: (+237) 696.469.637
Tous mes articles sur https://achouka.mondoblog.org

Partagez

Commentaires

Pierre La Paix NDAME
Répondre

Merci beaucoup Mola. J'aime beaucoup l'œil distant que tu as utilisé dans l'écriture de ce billet retour. Merci d'avoir été là mon pote!

Ecclésiaste Deudjui
Répondre

C'est moi qui te dis merci Ndandapie