1 octobre 2018

Une histoire de campagne électorale…

Depuis le 22 septembre que la campagne électorale a débuté, on a déjà presque tout vu au Cameroun ! Mais on ne sait pas si cela va changer quelque chose lors de l’élection présidentielle du 7 octobre…

 

Longuè Longuè chante lors de la campagne électorale de Akere Muna
Le chanteur Longuè Longuè chantant lors d’un meeting du candidat Akere Muna. Source: Facebook /CC0

 

Une histoire de slogans…

La campagne a débuté le 22 septembre à minuit par le slogan du président sortant, à savoir « La force de l’expérience ». Quelle expérience ? Quelle force ? Quel bilan en réalité puisque c’est surtout cela qui nous intéresse ?

Puis on a eu Cabral Libii qui a lancé « Construisons notre avenir ». On a eu Maurice Kamto qui a balancé « Le Cameroun pour tous et ensemble ». On a eu le SDF qui a clamé « La force de notre diversité » (qu’est-ce qu’ils ont vu avec la force ?) et cette phrase est devenue le slogan de campagne de leur candidat Joshua Osih.

Bref, on a aussi des sobriquets : le tireur de pénaltys c’est Maurice Kamto ; le candidat de la jeunesse c’est Cabral Libii ; le candidat de l’expérience c’est Paul Biya évidemment. Et puis il y a eu un certain Ndifor Franklyn, un pasteur apparemment, qui est apparu miraculeusement (c’est le cas de le dire) sur la scène politique camerounaise, et qui ne passe pas par quatre chemins pour nous dire qu’il est le candidat désigné par le Seigneur Jésus-Christ Lui-même…

 

Une histoire d’affichettes…

Les affichettes c’est pour les huit candidats de l’opposition. Parce que si c’est pour monsieur Paul Biya, on a vu comment il a déployé son arsenal de grandes affiches, de car-podiums mobiles, de panneaux d’affichage LED et de longues banderoles publicitaires dans tous les carrefours de notre son Cameroun…

Mais pour les autres candidats, rien ! Surtout qu’ils n’ont reçu que 15 millions FCFA de la part de l’Administration territoriale pour subventionner leur campagne électorale, alors que le président sortant utilise les fonctionnaires de la République, les militaires de la République, les imprimeries de la République, les véhicules administratifs de la République et un budget de campagne qui est presque quasiment illimité !

Bref, il n’y a que les affiches de l’expérience dans toutes les rues du Cameroun, et aussi celles de la force. Quelques rares gadgets du candidat Kamto çà et là. Quelques rares t-shirts du candidat Cabral Libii. Quelques rares pin’s à gauche à droite de Joshua Osih ou bien du candidat Muna Akere, sans compter qu’il y a des candidats invisibles comme les doyens Garga Haman Adji ou encore son homologue Ndam Njoya qui n’est même pas encore informé que la campagne électorale a déjà commencé…

 

Maurice Kamto les pieds dans l'eau lors de la campagne électorale
On a vu le candidat Maurice Kamto descendre dans les marchés pour rencontrer les populations. Source: Facebook /CC0

 

Une histoire de meetings…

Parlant d’invisibilité. Vous vous rendez compte que le président de la République avait annoncé sa candidature sur Twitter le vendredi 13 juillet 2018, et que c’est jusqu’au 29 septembre qu’on l’a vu réapparaître miraculeusement (c’est aussi le cas de le dire) dans la ville de Maroua ? Puisque le type était carrément invisible dans les centaines de meetings de son propre parti, le RDPC ! Et d’ailleurs il l’est toujours dans les chaînes de télévision, puisque personne n’ose même encore lui envoyer une invitation. Hein ? N’est-ce pas tout simplement odieux, méprisant et irrespectueux vis-à-vis de l’électorat que ce monsieur sollicite ?

Bref, il y a eu d’autres meetings qui ont aussi fait parler d’eux : Cabral Libii qui a rempli le stade Cicam avec une foule qu’on n’avait presque jamais rencontrée depuis les grandes épopées des années 1990. Maurice Kamto qui a mobilisé les foules à Bonabéri lors du lancement officiel de sa campagne, et aussi à Yaoundé à l’esplanade omnisports le 30 septembre. Joshua Osih qui est allé à l’extrême-Nord puis à l’extrême-Est, Matomba et Ndifor à Bafia et aussi à Ndikiniméki, Akere Muna qui a rempli la Maison du Parti avec ses dizaines de militants, etc.

Il n’y a que les deux doyens Garga et Adamou qui n’ont plus assez de force (pas de l’expérience hein) pour se déployer sur le terrain comme ils le faisaient auparavant lorsque les gens de ma génération n’étaient même pas encore nés…

 

Une histoire de promesses…

Ce sont les promesses que voulez entendre ? Déjà, tous les candidats ont promis qu’ils vont relever le niveau du SMIG ! Certains ont prédit que l’école primaire sera gratuite et qu’il y aura à nouveau des bourses à l’Université. Les opposants ont promis que les accouchements par césarienne seront dorénavant gratuits. Joshua Osih a envisagé sérieusement de fermer l’ENAM. Maurice Kamto a déclaré qu’il va créer un Centre National des Métiers en remplacement du FNE qui ne nous sert à rien, afin que même le braisage du poisson devienne industrialisable. Il y a aussi Cabral Libii qui a décidé qu’il va s’attaquer à l’agriculture. Franklyn Ndifor qui a décidé que les fonctionnaires doivent enfin se remettre à travailler. Akere Muna qui est décidé à éradiquer définitivement la corruption (déformation professionnelle, quand tu nous tiens !), et il y a le jeune Matomba qui est tout simplement déterminé à reconstituer le nouveau profil du Camerounais du 21ème siècle…

 

le bus du candidat Serge Espoir Matomba
Le bus du candidat Serge Espoir Matomba a subi un incendie sur la route de Garoua-Boulaï. Photo: One Love /CC-BY

 

Une longue histoire de campagne électorale…

Donc depuis le 22 septembre que la campagne électorale a été lancée, Pierre La Paix Ndamè a déjà tout entendu ici au Cameroun ! Mais le drame c’est qu’on ne sait pas si cela va changer quelque chose lors des élections présidentielles qui arrivent ce dimanche…

 

Une histoire d’espoir. Car les différents meetings de Cabral Libii et de Maurice Kamto sont tellement populaires et tellement effervescents, qu’on a envie de se dire que cette année le changement sera enfin réellement possible.

Une histoire de gâchis. Car si Paul Biya remporte ces élections présidentielles de 2018, ce sera uniquement parce que tous ses adversaires auront dispersé leurs nombreuses voix au lieu de s’unir.

Une histoire de tragédie camerounaise à vrai dire, parce que ça fait déjà trente-six ans que le peuple camerounais est devenu tellement malheureux.

 

Et donc pendant cette période de campagne électorale, ça nous amuse un peu de rêver enfin à un hypothétique et utopique changement. Ça nous permet quand même de vociférer notre désolation en plein soleil et en public. Ça nous permet de découvrir des talents bruts comme le jeune Wilfried Ekanga qui s’est rallié au MRC. Ça nous permet de nous rassembler lors des nombreux meetings politiques, puisque normalement ces meetings-là sont généralement refusés. Et même si cette parenthèse enchantée va s’achever le 6 octobre au soir, c’était une simple histoire de campagne électorale mais c’était la plus belle espérance de l’Histoire de notre pays le Cameroun.

 

Ecclésiaste DEUDJUI, j’ai aimé cette histoire

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Commentaires

Marvin Essome
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On garde espoir qu'il partira cette année même avec l'aide de Dieu si les urnes ne suffisent pas!!!!!!!!!!!

Ecclésiaste Deudjui
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Cela se fera tôt ou tard