27 novembre 2017

Biya, il faut souvent savoir quitter les choses…

Après trente-sept ans de Pouvoir sans partage, Robert Mugabe a été chassé de son propre Parti comme s’il était un malpropre. Tout simplement parce qu’il n’a pas su quitter les choses avant que les choses ne le quittent…

 

robert mugabe et grace mugabe lors d'un meeting de la zanu pf
Robert Mugabe et son épouse Grâce lors d’un rassemblement du Parti au Pouvoir. Source: www.namibian.com /CC

 

Biya est déjà très âgé

Après trente-sept années de Pouvoir, Robert Mugabe tendait déjà vers les 94 ans ! Soit dix années de plus que notre Président qui, lui, fêtera ses 85 ans le 13 février de l’année 2018.

Paul Biya est déjà aussi très âgé. Il ne peut plus avoir la réactivité d’un Ali Bongo ou bien la spontanéité d’un jeune homme comme Pierre La Paix Ndamè. Paul Biya est déjà presque déconnecté. Il ne peut plus s’intéresser aux véritables problèmes des Camerounais. Il ne peut plus faire le tour des dix Régions puisque sa sénilité ne le lui permet plus. Il ne peut plus s’exprimer sur les nombreux problèmes du Cameroun à cause de sa santé, puisqu’il est vraiment beaucoup plus âgé et beaucoup plus usé et beaucoup plus fatigué que ma grand-mère !

 

Biya n’a pas désigné de successeur

Je ne sais pas si c’est un avantage ou alors un inconvénient. Mais ce qui est sûr hein, c’est que Biya ne va pas désigner un successeur ; puisqu’il se rappelle comment lui-même il avait trahi son prédécesseur Ahmadou Ahidjo

Bref hein, il n’a pas encore inscrit les gens de sa famille dans le listing de son successorat. Il se contente plutôt d’assassiner politiquement tous ses remplaçants potentiels, qu’ils fussent de la Majorité ou a fortiori de l’opposition. Il écrase ses adversaires comme Maurice Kamto, il en enrôle d’autres comme Issa Tchiroma, et il fait des deals financièrement juteux avec son vieil ami du SDF Ni John Fru Ndi.

Il n’a pas eu la maladresse  de désigner son épouse comme Robert Mugabe avait eu la disgrâce (sans jeu de mot) de vouloir faire en écartant son vice-président Mnangawa, mais c’est bien ce silence qui me fait peur : car si Biya n’a encore désigné personne, qu’adviendra-t-il de notre pays lorsque ce tyrannosaurus ne sera plus là ?

 

Paul Biya, première visite à Douala en tant que président
Première visite de Paul Biya à Douala en tant que Président du Cameroun. Credit: Isabelle Ebanda /commons.wikimedia.org

 

Biya a détruit tous ses adversaires

Je viens de le dire. Puisque quand toi-même tu n’arrives pas à désigner toi-même ton propre successeur, tu crois que tu vas accepter que les Camerounais choisissent un autre chef de l’Etat à ta place ?

Et cette destruction avait commencé depuis les années 1990’ et l’emprisonnement de Titus Edzoa. Puis on a eu l’enfermement de Marafa Hamidou Yaya et les humiliations sur le Professeur Vincent Sosthène Fouda. On a eu la décrédibilisation de Cabral Libii (il est même où depuis ?) et la naissance de candidats fantoches qui sont payés par le RDPC pour apparaître à trente-et-un jours des élections, et puis disparaître le lendemain de la proclamation des résultats de la victoire de Paul Biya par le président de la Cour Suprême de notre Cameroun…

 

Biya n’a pas envie de s’arrêter

C’est ce que je viens de vous dire. Puisque si tu ne désignes pas ton successeur et que tu écrases tes adversaires politiques comme Mugabe avait fait avec Morgan Tsvangiraï, il reste quoi ? N’est-ce pas il reste seulement toi ?

Et c’est pour cela que quand François Hollande était arrivé au Cameroun en juillet 2015, Biya lui avait dit cash que « Ne dure pas au Pouvoir qui veut, mais qui peut ». Et de renchérir en disant que « Les élections de 2018 sont lointaines mais certaines. » Mais ce qui m’a vraiment démontré que le type-là n’est pas encore prêt à nous rétrocéder notre Pouvoir, c’est quand il avait répondu à Ahmad Ahmad en disant que « Le Cameroun organisera la Coupe d’Afrique de football de 2019, j’en prends l’engagement. »

Donc le type-là est déjà vrai-vrai convaincu qu’il va remporter les élections présidentielles de 2018 hein…

 

Nelson Mandela
Nelson Mandela (à gauche) avait volontairement cédé le Pouvoir en Afrique du Sud après un seul mandat. Crédit: Maureen Keating /commons.wikimedia.org

 

Paul Biya, dans la vie il faut souvent savoir quitter les choses…

Donc pendant plus de trente-sept ans, Robert Mugabe a dirigé le Zimbabwe jusqu’à il somnolait même déjà pendant les conférences. Mais son propre pays l’a vomi comme un parasite, tout simplement parce qu’il n’a pas su quitter les choses avant que les choses ne le quittent…

 

Il faut souvent démissionner comme le Pape Benoît XVI l’avait fait en février 2013. Car le Pouvoir ne doit pas être subi comme une punition. Ça ne doit pas devenir un fardeau. Ça ne doit pas s’exécuter comme un pensum.

Il faut souvent laisser la place à une autre personne comme Mandela l’avait fait pour Thabo Mbeki en Afrique du Sud en 1999.

Il faut souvent partir de ton propre chef lorsque tu peux encore recevoir tous les lauriers ainsi que tous les honneurs, au lieu de te faire expulser par la fenêtre ou bien de sortir par la petite porte.

 

Parce que si Paul Biya veut continuer à perdurer au Pouvoir, il risquera d’être la victime d’un prochain coup d’Etat scientifique. S’il continue de penser qu’il est le seul « homme providentiel » qui a la capacité de piloter notre Cameroun depuis le 06 novembre 1982, il risquera de démissionner de force comme Robert Mugabe. Si Paul Biya ne veut pas toujours nous entendre, qu’il tripatouille le système électoral et qu’il ne pense même pas encore à vouloir se retirer, il va bientôt lui arriver ce qui est arrivé à d’autres chefs d’Etat longévicrates sur notre continent […]

Parce que dans la vie hein, il faut surtout savoir quitter les choses avant que les choses ne te quittent.

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi j’ai quitté les choses

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