30 janvier 2017

J’ai compris le pouvoir grâce à WhatsApp

J’ai créé récemment un groupe sur WhatsApp pour discuter avec mes meilleurs amis. Mais depuis peu, certains adhérents exigent que je les nomme administrateurs… Malchance ! Pourtant c’est un groupe créé par moi seul ! Ils le veulent à tel point qu’ils ont même déjà commencé à intoxiquer les autres membres en leur racontant que je suis un dictateur…

 

un administrateur de groupe WhatsApp à la télévision
Certains Camerounais pensent que WhatsApp est un métier

 

J’AI COMPRIS L’OPPOSITION GRÂCE À WHATSAPP

Au début, le groupe était vraiment très sympa. J’ajoutais des Gabonais, des Béninois, des Angolais, des amis Congolais. Mais quand j’ai ajouté les Togolais, l’un d’eux m’a écrit en privé pour me dire « Je dis hein, mon ami ! Tu ne penses pas qu’il nous faudrait au moins deux administrateurs ? ».

Malchance !

C’est quoi son problème ? Je l’ai ajouté dans le groupe pour discuter tous ensemble ou bien pour venir discuter avec moi ? Parce qu’en plus de ça, les autres Togolais commençaient déjà à changer le nom du groupe. Il y a aussi un Camerounais qui a interdit qu’on se partage certaines blagues. Sans compter les plaintes des Anglophones qui ne font que sortir du groupe et qui me demandent ensuite de les réintégrer sans aucune explication…

 

logos WhatsApp
Tous les Camerounais utilisent WhatsApp

 

J’AI COMPRIS LE DÉCRET GRACE À WHATSAPP

Ils ont de la chance, je ne suis pas un mauvais gars ! Parce que depuis qu’ils ont commencé à s’agiter comme des moustiques, moi je les regarde et je souris seulement. Parce qu’il me suffit d’un moindre clic pour les faire disparaître définitivement de ma communauté virtuelle !

Mais je ne suis pas bête hein, le pouvoir c’est trop compliqué. C’est bien vrai que j’ai tous les pouvoirs, mais en même temps, ces opposants-là me tiennent. Parce que si je retire le nuisible Togolais-là par exemple, les autres Maliens vont se dire que « Ahn bon hein ! Donc c’est vraiment vrai que c’était la dictature ? » Et c’est comme ça que certains membres vont quitter le groupe petit à petit et que je vais finir par me retrouver tout seul…

Donc quand Pierre La paix m’insulte par exemple dans l’un de nos groupes en communs mes groupes, je digère seulement mais je ne l’expulse pas. Parce qu’il ne faut jamais malmener tes opposants. Il faut même parfois les inviter à la présidence comme Biya le fait souvent avec Ni John Fru Ndi. Il faut de temps en temps inviter tes contradicteurs dans un snack-bar. Il ne faut pas trop abuser de ton pouvoir. Il faut montrer aux autres participants que même si tu es un dictateur, tu es le genre de dictateur qui ne va jamais porter atteinte à la liberté d’expression…

 

Logo whatsapp

J’AI COMPRIS QU’IL NE FAUT PAS NÉGLIGER LA SOCIÉTÉ CIVILE

La société civile, c’est qui au juste ? Hein ? Franchement ! Parce que concrètement hein, j’entends ça tous les jours à la télévision mais je ne sais même pas exactement ce que ça veut dire. Hein ? Est-ce que ça veut dire que c’est la société qui n’est pas militaire ?

Parce que dans mon petit groupe WhatsApp qui commençait déjà à grandir petit-à-petit, il y avait certains Ivoiriens qui venaient régulièrement me consulter en inbox : « Ecclésiaste, pourquoi les gens-là sont fâchés comme ça ? Hein ? Tu ne penses pas qu’ils ont raison qu’il nous faut au moins deux administrateurs dans ce groupe ? »

Malchance ! Timothée ! Donc c’est pour ça que vous disiez que vous vouliez me parler hein…

Mais heureusement que je ne suis pas bête, je faisais semblant de jouer leur jeu. J’écoutais les négociateurs et les médiateurs et les intermédiaires, mais entre-temps je restais le seul administrateur. Parce que je connais très bien la société civile : il suffit que les choses se renversent pour que les gens-là te laissent dans le choc en disant que « Mouff ! C’est nous qui t’avons demandé de te représenter en 2018 ? ».

 

Marine Le Pen a trahi son propre père

 

JE N’AI PAS PU COMPRENDRE LE PARTAGE DU POUVOIR

Cette affaire est très compliquée. Quand les gens sont dehors dans la plèbe, ils disent « Est-ce que c’est normal que Paul Biya concentre tous les pouvoirs comme ça ? » Hum, Vous m’amusez hein !

Moi-même je parlais comme vous avant. Mais depuis bientôt deux ans que je gère mon groupe WhatsApp, j’ai compris que c’est très-très-très risqué ! Imaginez un peu que je nomme un Maghrébin administrateur. Hein ? Ou bien un Burundais. Et que lui aussi décide de nommer un Sénégalais ou bien un Guinéen que je ne connais pas. Hein ? Quel contrôle aurais-je encore sur mon propre groupe ? Hein ? Et si je m’amuse ils peuvent même se fâcher un jour et me jeter à la porte ! Hein ? Vous croyez que Paul Biya a fait comment avec Ahidjo ? Hein ? Vous n’avez pas vu comment Marine Le Pen qui a mis une croix sur son père qui l’avait pourtant installée à la tête de son propre Parti ?

 

Paul Biya et Ahidjo
Biya était pourtant le bras droit de Ahidjo. Crédit: CamerounSports.info

 

JE COMMENCE À COMPRENDRE LE POUVOIR GRÂCE À WHATSAPP

Donc, à la création de mon groupe, c’était simplement pour discuter avec mes amis blogueurs. Mais depuis que ce groupe a pris de l’ampleur, il y a parfois des inconnus qui m’écrivent en privé pour me dire : « Je dis hein, tu es malade ? C’est quel genre de groupe, ça, où on ne publie même pas les vidéos pornographiques ? »

Imaginez alors ce que Paul Biya endure depuis déjà 35 ans qu’il est là-bas à Etoudi…

 

J’ai compris le pouvoir grâce à WhatsApp ! Il faut de temps en temps intimider tes adversaires, mais il ne faudra en aucun cas les éliminer.

J’ai compris le pouvoir grâce aux réseaux sociaux, et je sais désormais que je ne dois plus répondre à toutes les attaques.

Grâce aux groupes WhatsApp que j’ai créé et qui ne font que m’attirer des ennemis et des contrariétés, je me suis rendu compte qu’il suffisait d’un seul rebelle seulement pour déstabiliser tout un pouvoir… Je dis bien un seul !

 

Et c’est pour ça que depuis un certain temps, j’ai décidé de me comporter comme Paul Biya : j’ai remanié certains membres, j’ai changé la photo du profil du groupe, j’ai ajouté deux administrateurs qui en réalité sont mes autres numéros que je n’utilise presque jamais…

Je suis resté silencieux dans mes multiples voyages, et je laisse les gens m’insulter dans les médias parce que j’ai compris une chose importante : que les Camerounais n’ont pas encore compris que ce n’est pas WhatsApp le bavardage qui va leur rétrocéder le pouvoir !

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi j’ai compris Biya

WhatsApp: (+237) 696.469.637

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Commentaires

Félicien Joseph Kueche
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T'as tout à fait raison mon frère. C'est comme ça que les gens sont. Ça m'est arrivé dans mon propre groupe WhatsApp il y a de cela deux ans et j'étais dans l'obligation de les laisser tout et m'enfuir. Comme on dit celui qui veux te renverser n'est loin d'être que ta personne.

Eric Jaurès
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Trop fort grand.

Ecclésiaste Deudjui
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Lol