Avec la bière, on sait seulement comment ça commence…

Article : Avec la bière, on sait seulement comment ça commence…
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1 février 2016

Avec la bière, on sait seulement comment ça commence…

Franchement, je vais finir par ne plus rendre visite à quelqu’un ! Parce que chaque fois que je pars rencontrer un Camerounais, la soirée s’achève toujours par des beuveries interminables.

La dernière fois je suis allé voir mon ami Pierre La Paix Ndamè à l’hôpital, puisqu’il venait de se faire mettre un pansement gastrique. Mais la soirée s’est terminée à 4h du matin dans un snack-bar à côté de Bonamoussadi…

 

ça commence toujours par une simple bière. crédit: Ecclésiaste Deudjui
ça commence toujours par une simple bière. crédit: Ecclésiaste Deudjui

 

ON SAIT QUE ÇA VA COMMENCER PAR UNE SIMPLE BIÈRE

Ça commence toujours par une simple bière. Que ce soit chez ton beau-père, chez ta tante, chez ton ami que tu viens regarder à l’hôpital, il y aura toujours quelqu’un qui va demander que « Il n’y a pas une ? »

Ça commence toujours par une simple proposition que tout le monde néglige (« Le bar du carrefour-là est déjà ouvert ? »). Tu sors du bureau avec ton collègue, et tu lui dis que « Allons d’abord prendre une bière dis donc ! » Tu rencontres un ancien camarade que tu n’as pas revu depuis l’école primaire, et il te demande que « Tu bois maintenant quelle bière ? » Tu tombes sur une fille que tu calcules au quartier depuis presque 365 jours, et tu lui proposes que « Voisine ! Tu ne veux pas qu’on aille s’asseoir quelque part ? »

 

ON IMAGINE QUE LES GENS VONT ARRIVER PETIT À PETIT

Je ne sais pas ce qu’on a mis dans la bière camerounaise (ou c’est l’aimant liquide oooh) ! Mais quand vous vous asseyez dans un bar, les gens vont commencer à vous rejoindre petit à petit comme des fourmis magnans…

Faites l’expérience ! Dès que tu vas commencer à siroter ta moyenne Guinness avec ton grand ami ou bien ta petite amie, votre table va se multiplier comme si les gens sortaient de la porte des étoiles

Parfois c’est toi-même qui les invites, parce que tu es à ta troisième bière et que ça commence déjà à te travailler le cerveau (« Tu es où ? Trouve-moi à la Rue de la Joie ! »). Parfois c’est parce qu’ils t’ont croisé au hasard dans un snack-bar vers Bonamoussadi, et quand ils viennent pour te saluer tu leur demandes de s’asseoir.

D’autres s’asseyent même avant que tu n’aies le temps de commencer à articuler ta phrase.

 

ON EST CERTAIN QU’IL Y AURA UN VACARME INTERMINABLE

Quand vous êtes déjà 4, 5, 6, 7, 8 personnes, et que vous êtes déjà à 4, 5, 6, 7, 8 bières, c’est là que le vrai bavardage commence ! Tout le monde parle au même moment, ça sort comme ça sort. On est déjà avancé, n’importe qui change de sujet n’importe comment. Certains sont sur WhatsApp, et d’autres se filment avec leur téléphone pour partager leurs photos sur Facebook.

On n’écoute même plus Maahlox qui chante en fond sonore, puisqu’on est concentré sur notre deuxième casier. Ceux qui ont leur petite amie commencent à lui chuchoter des trucs bizarres dans les oreilles. Les gens qui sont sur les autres tables, on n’écoute même pas bien ce qu’ils se disent. Mais on voit leurs lèvres remuer à toute vitesse, et on observe comment leur bouche transforme les bouteilles pleines en bouteilles vides…

C’est même pendant ce bavardage que ton ami t’explique ce que signifie un pansement gastrique.

 

ON VA SÛREMENT CHANGER DE MILIEU POUR FAIRE MONTER LA TEMPÉRATURE

À un moment donné, veux ou pas vous allez changer de milieu ! Quand tu vas voir que tu veux danser et qu’il n’y a pas assez d’espace dans le bar, tu vas dire à tes amis « Les gars, il faut qu’on se déplace ! » Quand tu vas voir que la serveuse vient vous demander de vider vos bières parce qu’elle veut fermer parce qu’elle n’a pas encore la licence de minuit, tes amis vont te dire que « Je demande hein, Ecclésiaste ! On souffre pour boire la bière dans notre propre pays ? » Quand la nga qui est à côté de toi va commencer à murmurer qu’elle a envie d’aller au Dreams, ou bien au JC, ou bien au Cheval Blanc, tu vas te lever comme un pistolero et tu vas pointer ta main vers la sortie : « Allons là où il y a le mouvement dis-donc ! On reste même faire quoi ici ? »

En oubliant que là où il y a le mouvement, les prix sont aussi mouvementés jusqu’ààààààà…

 

ON VA PRENDRE UNE SÉPARANTE, OU ALORS ON VA SIMPLEMENT DISPARAÎTRE

La séparante c’est la méthode classique. Genre vous êtes conscients que vous avez du travail le lendemain, et vous décidez de prendre une dernière bière avant de vous séparer. Parfois c’est parce que vous n’avez plus d’argent tout simplement… De toute façon la séparante est la bière la plus sucrée, parce qu’on la déguste sans pression et sans aucun stress. Et puis d’ailleurs, on n’est même pas obligé de la terminer pour commencer…

La disparition, c’est la méthode que pratique mon ami Stéphane Mongoué. Chaque fois qu’il veut déjà déranger, le gars se met à danser en boîte de nuit comme un malade. Et puis subitement, il disparaît ! C’est comme Pierre La Paix norr, ce sont des gens que quand ils ont déjà atteint leur limite alcoolémique, tu vas les chercher à Bonamoussadi à 4h du matin comme si tu avais perdu la télécommande de ton ventilateur…

 

La soirée se termine toujours par des beuveries
La soirée se termine toujours par des beuveries

 

AU CAMEROUN, ON NE SAIT JAMAIS COMMENT ÇA SE TERMINE AVEC LA BIÈRE…

Et donc c’est décidé, je ne vais plus jamais rendre visite à un Camerounais ! Dorénavant je vais seulement visiter les handicapés à l’orphelinat, je vais aller voir ma grand-mère qui est à Foumban, je vais aller me reposer dans une école maternelle ou bien dans un cimetière. Parce que si je rencontre quelqu’un qui va me donner une seule bouteille de Mützig, je dis bien une seule, je ne suis pas sûr que je pourrai savoir comment ça va se terminer…

 

Parfois ça commence avec une bière, et ça se termine par une grossesse avec un père qui est recherché par la Gendarmerie.

Parfois ça commence avec une petite cannette, et le matin tu n’as même plus 5 francs CFA dans ton compte en banque.

Parfois ça commence avec un simple petit tango, c’est-à-dire la bière mélangée avec le jus, et puis on se retrouve victime d’une agression ou bien d’un accident de la circulation.

 

Parce qu’on n’a pas su dire non à temps, et parce qu’on n’a pas su dire stop. Parce qu’on a regardé les autres s’adonner à l’alcool et à l’alcoolisme, et qu’on a accepté de se prêter à leur jeu. Parce que dans le Cameroun de Paul Biya, les gens sont prêts à dépenser des fortunes pour les vins mousseux et les champagnes de saison. Ils sont prêts à tout pour faire la fiesta jusqu’au petit matin, pour batifoler mais surtout pour s’abrutir avec les alcools.

Puisque pour le régime en place, ça lui permet de s’éterniser et de respirer gaillardement au Pouvoir…

 

Ecclésiaste DEUDJUI, moi je sais comment ça se termine

WhatsApp: (+237) 696.469.637

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